JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, Dimanche Neuvième année. N° 43. 22 Octobre 1871. Le tout payable d'avance. PRIX B'ABOÜÏiEMEUT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes, PRIX DES AAAOACES ET DES REC1JLMES 10 Centimes la^petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Paraissant le dimanche. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue de Dixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois dargent doivent être adressés franco au bureau du journal Un arrèté royal, en date du 8 oclobre, nomme M. Durutte membrede la commission administrative de 1'institution royal de Messines, pour un terme expirant le 31 décembre 1872. Un arrêté du ministre de la justice, en date du 11 octobre, nomme M. A. Godtsseels, propriétaire Bruxelles, secrètaire-lrésorierde 1'institution royale de Messines, en remplacement de M. Durutte, démission- naire. Le caulionnement a fournir par ce comptable est fixó a 30,000 fr. On n'a pas oublié la pénible impression qu'a- vait faite la nomination de M. Emile Durutte comme trésorier de 1'institution royale de Mes sines. Cbacun disait que cette nomination, faite par nos doctrinaires déchus, n'était autre chose qu'un acte de camaraderie ayant pour but de favoriser des combinaisons de familie, que les intéréts de 1'institution étaient sacrifiés et que l'administra- tion des biens souffrirait cruellement, entre autres choses, de la faculté concédée au nouveau tréso rier, contrairement a tous les précédents, de ré- sider Ypres. Quelques-uns allaient même jus- qu'ê contester a M. Durutte les capacités requises pour être la tête d'une administration si im portante. Nous voyons avec plaisir que l'ancien titulaire, plus clairvoyant que ses lout-puissants protecteurs d'autrefois, vient de se faire justice en donnant sa démission. Aussi approuvons-nous l'arrété mi- nistériel ci-dessus, sauf une réserve toutefois. Pourquoi le ministre de la justice a-t-il choisi un étranger, un Bruxellois, pour les functions de secrétaire-trésorier de l'institut de Messines Croit-il qu'il n'existe pas dans la localité même un homme assez intelligent, assez actif, assez probe, capable de remplir convenablement ces fonctions? Et, mérite égal, n'est-il pas évident que les biens de l'institut seraient mieux gérés par celui qui connait la localité, le pays, que par un étranger qui doit s'initier tout Telle n'a pas été pourtant l'appréciation de M. le commissaire d'arrondissement Ruzette, aux manoeuvres du- quel on attribue la nomination de M. Godts seels. Si les bruits qui circulent sont exacts, tout s'explique. Homme de parti, clérical fanatique, M. le commissaire Ruzette veut des nominations de parti et on comprend dés lors qu'il ne se soit trouvé personne 5 Messines d'assez humble, d'as- sez soumis pour se courber sous les passions poli— tiques de M. le commissaire. Faits et gestes de la Soelétè d'ExpIoUalion générale. Le 12, le dernier train part de Bruges son heure, arrive a 1'heure a Rouleis, Ypres 9 h. 15 m., en retard de 35 minutes. Ici tous les voyageurs doivent descendre. La locomotive dé- traquée ne pouvait plus avancer. Comme conséquence, la rmrche de tous les trains fut bouleversée. Ainsi, celui d'Hazebrouck qui ne doit partir de Poperinghe qu'après l'arrï— vée de celui de Roulers, entre le premier en gare d'Ypres, en retard, lui aussi, d'une dizaine de minutes. Puis arrive second celui de Courtrai qui doit être le dernier 10 h. 10 m. au lieu de 9 h. 36 m. Enfin, comme dans le monde re- bours, le premier vient le dernier le train de Roulers, le fameux train a la locomotive boi- teuse, part d'Ypres 10 h. 30 m. au lieu de 9 h. 50 m. Le 14, le train part d'Ypres pour Poperinghe a 6 h. 45 m. de relevée au lieu de 6 h. 32 m. heure réglementaire. Le 15, ceci concerne 1'Etat, le train pour Audenarde part de Courtrai a 7 h. du ma tin au lieu de 6 h. 47 m., après avoir attendu celui de Mouscron qui étaiten retard. Le même jour, le train de 2 h. 35 m. de re levée est parti de Courtrai ayant le ressort du premier wagon de bagages attaché, au moyen d'une corde, èi la planche du marche-pied. La voiture brisée a fait dans eet état le trajet depuis Courtrai jusqu'è Poperinghe certainement et peut- être jusqu'a Hazebrouek. Ne craint-on pas d'ex- poser la vie des voyageurs par de pareilies im prudences Le 16, le dernier train quitte Ypres 10 h. 30 m. du soir au lieu de 9 h. 36 m. en retard de prés d'une heure Le 19, celui de 10 h. 10 m. du matin, venant de Roulers, entre en gare d'Ypres avec un retard de prés d'un quart d'heure. De tous cótés des plaintes surgissent. La semaine avant ceile qui finit, il y a eu ren contre detrains, déraillement, etc., dans la sta tion de Heule. Le service des marchandises est d'ailleurs aussi mal fait que celui des voyageurs sur nos lignes ferrées. En voici deux preuves entre mille. Lesamedi, 30 septembre, trois malles remplies d'objets de toilette sont expédiées de Vlamertinghe h Louvain elles arrivent destination le mer- credi, 4 octobre, au soir, c'est-a-dire qu'elles avaientmis5 jours pour faire 30 lieues lavitesse d'un bon piélon Mais ce n'est pas tout elles furent remises a leur destinataire cassées, abimées, dans un piteux état. Une autre malle, expédiée de Bruges Vlamer tinghe le 8 octobre, arrive a destination le mardi 10 au soir, mettant ainsi trois jours pour faire dix lieues C'est a peu prés trois heures par jour En l'ouvrant on trouve l'intérieur, qui contenait des toilettes de dames, entièrement bouleversé. Ou était allée cette malle Qu'en avait-on fait Pourquoi avait-eüe été ouverte Passe encore si elle avait contenu du vin, mais des vêtements de femme, cela ne se boit pas En instituteur mort de faim. Nous lisons dans le Burger und Bauern-Freund, de Crimmitschau On nous écrit de Reindorf La commune de Reindorf possède une école a laquelle fut appelé, il y a trois aos, l'inslituteur Edouard Scheller. Les a vantages de cette place cou- sistaient dans l'abitation etun traitement annuel de 40 florins, (c'est-a-diro de cent francs). En même temps, tous les mois, les habitants devaient fournir une certaine quantilé de vivres, a tour de róle mais depuis des mois cette condition n'était plus remplie, la commune étant en procés avec l'Ëtat eontre ['ad mission de ce deuxième instituteur, elle ne se croyait pas obligée a lui fournir des moyens d'existence. Scheller eutfaimcomment avec son faible traitement eüt-il pu se nourrir avec ses deux enfants Le 23 septembre dernier, on le trouva mort dans son lit. Le bruit s'ètant répandu que la mort de Scheller n'était pas naturelle, une descente de justice eut lieu, et l'on reconnut que le malheureux institu teur, la suite d'une nourriture insuffisante, était mort du typhus et de la faim. Belle époque de progrès et de civilisation que celle oü les corrupteurs du peuple, prêtres et moines, engraissent a plaisir, ou les plus inutiles et en même temps les plus nuisibles des hommes, rois et empereurs, palpent de grosses listes civi- les, oü les sinécures fleurissent, oü l'art de mas- sacrer les hommes absorbe la moitié des ressour ces des États, et oü un instituteur, celui que l'on appelle, par dérision sans doute, Ie pionnier de ia civilisation, est condamné S mourir de faim! II ne manque pas pourtant, dans tous les Etats, de gens qui font de beaux discours sur l'instruc- tion, qui parient de l'apostolat de l'enseignement, mais quand il faut passer aux actesü! N'avons- nous pas cité dernièrement le bel exem'ple des conseillers commuuaux de Charleroi qui, ayant a choisir entre une école ou une église, ont voté pour l'égüse. Ces gens-la feraient mourir de faim L'OPINIOl Laissez dire, laissez-vous Maimer, mais publlez votre pensee Alieux vaut tard que jamais.

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 1