l'instituteur pour doubler la ration du curê.' II n'y a pas de danger qu'on laisse mourir de faim un curé, oh non ces apólres-la ont plutót a craindreune indigestion. La presse doctrinaire affecte volonliers un beau zèle pour l'instruction du peuple. Mais on sait que cette vive et généreuse sollicitude est purement platonique. Le Progrès de Verniers le rappelle en excellents termes dans sa réplique suivante 5 1 'Union dite libérale de la mème ville. C'Unionse defend fort vivement d'admirer ce que le ministère doctrinaire a fait en faveur de I'ensei- gnement primaire. Nous ne la taquinerons pas sur ce point. Nous ne lui rappellerons pas les pompeux panégyriques qui, si souvent, ont déooré ses co lonnes, a moins toutefois qu'elle n'insiste sur son in nocence et nc nous force a fouiller son dossier. Kile parait avoir a cceur d'oublier ses éloges d'autrefois et surtout de les faire oublier. Ainsi soit-il, si son bon- heur en dépend. Nous n'avons pas le caraclère telle- ment mal fail que nous ne puissions sacrifier a la tranquiliiló d'un confrère le souvenir do ses égare- ments passés. Mais si I'Union n'admire plus ce que ses amis dé- chus ont fait au pouvoir, elle demande qu'en retour nous ne lui contestions pas tout mérite. Pour lui plaire et la récompenser, nous devrions reconnaitre que nous avons fait preuve d'un enlê- tement déplacé,en maintenant, malgré ses chiffres, qu'ils n'ont rien fait pour l'enseignement. Nous lui refusons nettement cette concession, quelqu'agréable que nous soit d'ailleurs le refroidissement de son en thousiasme. Car nous avons l'esprit tourné de telle fajon que nous ne savons nous renure qu'è la vérité et a l'évi- dence. Nous avons dit que la petite augmentation du bud get de ['instruction, qui s'est produiteen un quart de siècle de doctrinarisme, est due a la force même des choses. Nous avons soutenu que les amis politiques de 11 Union y sont pour rien. Nous avons démontré qu'uneaugmentation qui portaitce budget a 7 millions était dérisoire, lorsquo l'ou élevait les dépenses mili- taires a quaranle millions par an, et qu'en outre l'on n'hésitail pas a enfouir cent cinquante millions dans des fortifications inutiles. Nous maintenons cette ap preciation juste et l'opinion publique la confirme. L'Union croit avoir beaucoup prouvé, lors qu'elle a dit Mes amis ont decuple le budget de l'instruc tion C'est montrer peu d'estime pour ('intelligence de ses leoleurs. Car le plus niais de ses abonnés sen- lira que décupler est un mot imposant peut-être, mais qui ne signifie rien par lui-même. Le decuple de rien n'est rien, et le decuple de presque rien est fort peu de chose. Ainsi le budget était de 700,000 francs, autant vaut dire qu'il n'y en avail pas. En décuplant ce budget dérisoire, on n'a pas fait, pour ['instruction, le tiers de ce que l'on a fait pour l'armée, bien que le budget de celle-ci n'ait été que doublé. Si le budget de l'instruction avail été, a leur avé- nement, de 7,000 fr., au lieu de 70,000, les doctri naires l'auraient décuplé en l'augmentant de 63,000 francs seulement nous aurions un budget de 70,000 francs, on en rirait bon droit, el, cependant, si le mot employé par VUnion avait la valeur d'un argu ment, nous ne serions pas encore admis a prétendre que ses patrons n'ont rien fait. Vous voyez comment le confrère paie Ie bon public de vains mots. La verité est que ies doctrinaires ont gaspilié, durant ces 25 années, plus de huit cent millions dans des dépenses militaires qui n'ont d'aulre merite que de plaire a la Cour, et qu'ils n'ont pas su trouver la dixième partie de cette somtne pour procurer au peuple le bicnfait de l'instruction, dont le moindre avantage est d'être la base même de I'ordre et la source de lout progrès durable. lEncore desix La Chronique publie la correspondance suivante Vendredi 6 octobre, la gendarmerie de Charleroi s'est rendue a Gohyssart (Jumel) afin d'opérer i'ar- resialion du trés cher frère Plularque, accusé d'al- tentals la pudeur sur la personne des enfants confiés a ses soins. La gendarmerie s'en erapara afin de le conduire la prison de Charleroi. Jusque-Ia tout est bien, mais ce qui souleva ('indignation géné rale, c'est qu'on le fit changer de vêtements on lui mit une blouse et une casquette afin de cacher sa qualité et de le faire passer pour un ouvrier, ce qui serait arrivé sans le contours de 5 a 600 gamins, qui couraient en avant de I'escorte, etqui criaient h tue- tête venez voir emmener le frère Plutarque de Gohyssart, le voilaentre Ies gendarmes C'est contre ce déguisement que nous venons pro tester de toutes nos foices. A chacun selon ses oeavres. L'orsqu'on arrête un ouvrier ou un négociant quel- conque, on l'emmène comrrie on le trouve de même lorsqu'on arrête un From Ignorantin, qui a commis de ces petites infamies qie vous qualifiez si bien de Petit-Frérisme, on ne doit pas avoir plus d'égards pour lui que pour un autre. Est-ce que par hasard ces messieurs du parquet croient que la blouse d'un ouvrier est moins respec table que le froc d'un hideux satyre Un frère mariste, qui répond au doux nom de Servus Dei (Serviieur de Dieu quel diable de serviteur Dieu s'est-il choisi-la 1 et qui est nó St-Martin et Coailleu, a été arrêló, sur la plainte de plusieurs pères de familie, et conduit par la gendar merie en prison aSt-Etienne. Ce triste individu, accusé, qui le croirait? d'attentats a la pudeur sur la personne de plusieurs de ses élèves, va ètre jugè par |a cour d'assises de Monlbrison, Emancip Correspondance particuliere de l'OB'li^IONI. liruxelles, 20 octobre 1871. Nous vivons dans un temps oü il faut s'attendre tout, pour n'êlre surpris do rien. Certainement, nous avons vu beaucoup de choses depuis un an, et des plus extraordinaires. Mais jamais, au grand jamais, personne n'eut considéré comme possible, que le mi nistère osat tenter publiquement Ia róinlégralion dans l'estime publiqne des hommes qui, de prés ou de loin, ont trempé leurs mains dans les affaires Langrand* Dumonceau. Pour avoir eu cette eudace, pour n'avoir pas tenu compte du sentiment de réprobation que Ia nomina tion de M. De Decker devait nécessairement soulever dans le pays, il faut que le cabinet soit résolu a en- trer dans les voies d'uue politique extréme, dècidée briser toutes les résistances. Car on ne me fera pas facilement admetlre que le cabinet a pu se méprendre sur l'impression que la nomination de M. Dedecker allait produire dans le pays. Si aveuglé qu'il soit par le succès, il a dü sa- voir que cette nomination serait considérée par l'opi nion publique comme un défi, comme une insulte, et qu'il allait fournir par li une arme formidable a l'op- position libérale. Si celto considératioa n'a pas arrêté le ministère, qu'est-ce dire, si ce nest que la nomination Dedec ker doit être regardée eomme le signal d'une guerre a outrance aux hommes et aux idèes du parti libe ral Longtemps le ministère a cherché a tromper le pays par des paroles de modération auxquelles quel- ques hommes de bonne foi, mais peu clairvoyants, se sont même laissés prendre. Aujourd'hui, il léve le masque et lance ces naïfs le fameux C'est a vous d'en sorlir..-. qui jette le bonhomme Orgon dans une si grande épouvante et lui fait craindre pour un instant la ruine el la prison. C'est du moins ainsi que j'interprète la nomination Dedecker et l'attitude de la presse libérale devantcet insolent défi dit assez qu'elle est unanime a partager ce sentiment. Autre fait non moins significatif. M. Célarier, dont les opinions libèrales sont bien connues, est chargé, depuis un an, en qualité de juge spécial, de l'instruc tion des affaires Langrand. Tout a coup, au moment oü il était sur le point dedéposer son rapport, M. Cé larier se voit déchargé de ses fonctions et remplacé par un autre juge. Est-ce assez d'effronlerie Le Journal de Druxelles allègue en vain, pour la defense du ministro de la justice, qu'il est loisible au tribunal de continuer M. Célarier dans ses fonctions. 11 ne s'agit pas de savoir ce que le tribunal fera ou ne fera pas, mais de ce que M. Cornesse a fait. Si, comme je l'espère, le tribunal confie a M. Célarier le soin de terminer l'instruction Langrand, cela n'em- pêchera pas M. Cornesse d'avoir fait tout ce qu'il pouvait pour que cette mission lui fut retirée. C'est ce qu'il importait de metlre au jour. On se demande si la session sera ouverte par un discours du tröne. A dire vrai, je ne crois pas que Ie besoin s'en fasse sentir. A quoi bon? Nous savons de la politique ministérielle tout ce qu'il nous importe de savoir et, quant au cabinet lui-même, on n'aper- coit pas l'intérêt qu'il pourrait avoir a la préciser plus nettement qu'il n'a fait jusqu'a présent. De toute fagon, du reste, une grande discussion politique s'engagera au débul de Ia session, soit a l'occasion de l'adresse, soit sur le budget de l'inté- rieur. On ne se fait pas idéé de la terreur que les aver- tissements salutaires de la presse cléricale a semée parmi les fonctionnaires suspects de libéralisme. On me cite dans le Limbourg un petit journal libéral ré- digé en flamand, qui a dü cesser de paraitre paree que tous les fonctionnaires de l'arrondissement, y compris les notaires, ont renoncé a leur abonnement, de peur d'être mal notés auprès du gouvernement. N'est-ce pas que c'est tout a fait édifiant? Les amateurs de petits scandales en auront été pour leurs frais. Le dossier Lessinnes n'a pas tenu ce qu'ils en attendaient. On a peine jeté les yeux sur ces pages honteuses, qui soulèvent le cceur de dégoüt. L'incroyable, c'est que Napoléon III ait pu prêler l'oreille ces ignominies jusqu'a accorder une en- vue particuliere l'être immonde qui offrait de lui livrer son pays pour une croix d'honneur. t N'est- il pas vrai que si Victor Hugo avait écrit cela dans ses Chaliments, vous, tout le premier, vous n'y au- riez pas cru? lnföme, oui, eussiez-vous dit, mais stu pide, non. Eh bien! vous vous sericz Irompé le glorieux empereur des Francais était les deux la fois. Dé9us de ce cólé, les amateurs de scandales ont trouvé une ample compensation dans la chronique judiciaire des écoles a atmosphère religieuse d qui donnent de jour en jour plus de besogne a MM. les juges d'instruction. C'étaient hier les doux petits frères de Jumet. C'est aujourd'hui le tour de l'orphe- linat St Joseph, a Schaerbeek, dont le directeur, l'abbé Luytgarens, et les doux sous-directeurs, vien- nent d'être arrêtós sous la prévention de Inutile de continuer, pour que vous sachiez de quoi il s'agit. Les écoles a atmosphère religieuse n'ont, du reste, rien redouter pour leur considération, de leurs fréquents démêlés avec la justice. Aussi long temps que ces messieurs porteront des chapeaux il trois cornes, ils sont assurés de conserver leur pres tige. Ahce serait une autre affaire s'ils avaient des chapeaux ronds, comme nous autres tous. La répro bation publique les aurait forcés depuis longtemps fermer les maisons de débauche qu'ils entretiennent sous prétexte d'écolesmais dès qu'ils ont la tête couverle d'un tricorne, il n'y a plus rien dire et la religion commande de les respecter jusqu'au plus profond de leur ignominie. M. Delehaye sera-t-il appelé a remplacer M. Vilain XIIII a la présidence de la Chambre J'ai des raisons sérieuses d'en douter. Quoique trés avancé en êge, M. Delehaye a conservé une vivacité d'allures et une violence de langage qui ne doit guère convenir au cabinet, leque! a toujours affecté une extréme modé ration extérieure dans ses luttes avec l'opposition. Le ministère a des motifs de craindre permetlez-moi ['expression que M. Delehaye ne mette les pieds dans le plat. Je serais beaucoup moins surpris, pour ma part, si le choix de la droite se portait sur M. Tack ou sur M. Delcour. f 4 i* 4 4

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 2