JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, l)i manche
IYeuvième année. J^° 46.
12 Novembre 1871.
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Paraissant le dimanche.
I»KIX U'ABOilllEMEPST
POUR LA BELGIQUE
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l'PREü, ii Xovembri' «89 a
Les journaux francais annongaient dernière-
ment que M. Jules Simon avait terminé son tra
vail sur la question de l'instruction gratuite et
obligatoire et qu'il se proposait de soumettre a la
prochaine reunion de l'Assemblée de Versailles,
un projet de loi consacrant le double principe de
la gratuite et de l'obligation en matière d'ensei-
gnement primaire.
Mgr Dupanloup, évêque d'Qrléans, s'est em-
pressé de prendre la plume pour combattre ce
projet. II declare d'abord qu'il désire autant
que qui ce soit qu'il n'y ait pas un seul jeune
Francais, ni une seule Frangaise qui ne sache lire
et écrire; mais il soutient que la gratuite ne
favorise pas les progrès de renseignement primaire
et que partout ou l'école est gratuite, el le est
moins assidument fréquentée.
On dira peul-êlre, ajoute-t-il: Mais il y a un
moyen simple pour que les écoles gratuites soient
frèquentées, c'est de les rendre obligatoires et d'y
pousser tous les enfants.
Pourmoi, je ne trouve pas le moyen simple
et, quand le moment sera venu, j'aurai, dans l'état
actuel de l'enseignement et des mceurs en France,
les choses les plus graves a dire la-dessus. Mais il
n'en reste pas moins vrai que la gratuité n'est pas,
par elle même, favorable a la fréquentalion des écoles
et au progrès de i'enseignemenl.
De plus, la gratuité délruira la plupart de nos
écoles religieuses, par cette roison décisive qu'elles
ne pourrout plus soutenir la concurrence avec les
écoles gratuites. Et nos écoles religieuses détruiles,
tous nos enfants se trouveront livrés, par l'obliga
tion, a un enseignement qui, si on lejuge paries
efforts fait récemment a Paris, pendant la Commune,
et ailleurs en ce moment encore, pourrait devenir un
immeuse péril religieux et social
II est, je Ie sais, une raison que tout d'abord, et
avant d'avoir bien réfléchi sur la question, beaucoup
d'honnêtes gens donnent, a savoir que les Prnssiens,
car on est fort tourné en ce moment a l'imitation de
la Prusse, que les Prussiens nous ont vaincus paree
qu'il savaient mieux lire que nous.
Que les Prussiens saclient lire, je le crois. Mais
ce que je sais aussi, car je les ai vus de prés pendant
six mois de longue et douloureuse mémoire, ce n'est
pas seulement paree qu'ils savaient lire, mais paree
qu'ils savaient obèir.
L'Indépendance fait, au sujet de cette lettre de
l'évêque d'Orléans, quelques reflexions pu faite-
ment justes. Voici comment elle s'exprime
Malgré toute la sollicitude qu'il affecte pour Ie
développement de l'instruction populaire, ce qui in
téresse surtout l'évêque d'Orléans, c'est l'avenir des
écoles dirigées par les petits-frères.
II assure que la gratuité de l'instruction primaire
menace ces écoles d'une ruine compléte. Elles ne
pourrontp'us soutenir la concurrence des écoles com-
munales devenues toutes écoles gratuites.
Or, les écoles des Petits-frères sont gratuites.
Elles se développent par la gratuité corame un obsta
cle Ia diffusion de l'enseignement et ses progrès.
Ia gratuité des écoles communales ne changera
done rien a notre situation. Elle égalisera la concur
rence, voila tout. Est-ce la ce qui taquine M. Dupan
loup Est-ce a dire qu'il en est de la gratuité de l'in
struction comme de la liberté en toutes matières que
les cléricaux trouvent fort bonne pour eux, détes-
table pour les autres Peut-êtrc, mais pourquoi ces
crainles qu'exprime l'évêque d'Orléans Ne nous
dit-on pas que les écoles primaires religieuses ont la
supériorité sur les écoles laïques Elles ne seront
done pas compromises par une concurrence a armes
égales. Cela tombe sous le sens.
Et de quel droit M. l'évêque d'Orléans préjuge-
t-il les effets de la gratuité des écoles publiques, puis-
que celte gratuité n'existe pas encore.
Les écoles seront moins fréquentèes Voila qui
est invraisemblable, et d'ailleurs qu'en savez-vous.
pnisque, sauf chez les Petits-frères, dont les écoles ne
sont que trop frèquentées, la gratuité n'existe qu'a
l'état d'exception.
La gratuité fera renaitre Ia Commune Mais Ia
Commune n'est-elle pas née sans la gratuité, sans
l'obligation scolaire, et ne sommes-nous pas en droit
de soutenir qu'on la doit en partie au régime d'ensei-
gnement que nous voulons reformer et dont les cléri
caux réclament le rnaintien
O L'obligation scolaire, M. Dupanloup n'en veut
pas plus que de l'instruction gratuite. Qu'on ne lui
parle pas des pays élrangers oü l'instruction est
obligatoire. Qu'importe l'exemple de la Prusse Si
les Prussiens ont vaincu, ce n'est point paree qu'ils
savaient lire, mais cc paree qu'ils savaient obéir.
Eh sans doule, mais pourquoisavent-ils obéir? Paree
qu'ils savent pourquoi ils obéissent, paree qu'ils sont
inslruits.
II est temps de mettre sérieusement la main a
l'ceuvre de l'enseignement populaire. Cela est vrai
non-seulement pour la France, mais aussi pour la
Belgique.
Fails et gestes de Ia Socicté d'Exploitation
générale.
Le mois d'octobre a fini comme ceux qui l'ont
précédé les trains continuent a être régulière-
ment en retard. Depuis le lcr novembre cepen-
dant,ily a une certaine amelioration. Les grands
retards tendent a devenir l'exception, exception
toutefois beaucoup trop fréquente encore.
Malbeureusement, s'il y a quelque amelioration
clans le service des voyageurs, celui des marchan-
diseslaisse toujours beaucoup a désirer.
Nous allons en fournir une double preuve.
Un colis petit panier pesant 2 kil. et demi,
remis au bureau de Bruxelles le 6 novembre, pour
être expédié par express a Vlamertinghe, est
arrivé a destination le lendemain 7, a, 4 h. de re-
levée, tanclis qu'il devait y arriver a 9 h. du ma-
tin. Et qu'on ne dise pas que la responsabilité
incombe au chemin de fer cle l'Etat. Non, la gare
d'Ypres seule est responsable; car le colis en
question, après y avoir séjourné quelques heures,
a été transporté a Poperingbe, d'oü il est revenu
sur Vlamertinghe.
Un autre colis, remis le 8 au bureau d'Ypres
avant 8 h. 30 m. du matin, pesant moins de 20
kilos et portant pour adresse Vlamertinghe, par
le train de 9 h., a été remis au destinataire de-
vinez quand? a 4 heures du soir!!! Sept heures
et demie pour faire 4 kilometres, voila qui dépasse
toutes les prévisions.
C'est pourtant ainsi que les choses se passent a
la Société d'Exploitation et le fait est cl'autant
plus a signaler que, sous la direction du précé
dent chef, au milieu du désarroi qui se produit
aujourd'hui, la gare d'Ypres a toujours pu être
citée, a bon droit, parmi celles ou le service se
faisait le plus régulièrement.
Nous signalons une particularité a qui de droit
a propos de ce dernier colis, qui a été naturelle-
ment refusé par le destinataire et se trouve au
jourd'hui dans les magasins a Ypres.
Le billet de service porte Tarifn" 1. Exprès;
mais on a fait disparaitre du panier l'adresse sur
laquelle se lisait, comme nous le disons plus haut
par le train de 9 h., sans doute afin de pouvoir
prétendre plus tard que le colis n'a été remis qu'a
4 heures du soir a la gare d'Ypres.
Le lyphus cndéiuique a IMoogsteert.
La commune do Ploegsteert est devenue un vrai
foyer épidémique, divergeant sur les communes li-
mitrophes. Depuis plus de six mois que le typhus y
exerce ses terrifinnls ravages, l'autorilé communale
n'a pas pris la moindre mesure pour combattre le
mal et mainlenant, bien que le nombre de malades
r.e diminue point, elle continue a fainéanter, sans
souci de la santé publique, comme si tout allait au
mieux.
C'est par l'école communale que l'épidérnie s'in-
troduisit dans la localité l'un enfant fut atleint après
l'aulre Inrsque plus de In rnoitié des élèves ent payé
tribat a la maladie et transporté la fièvre dans les
families, alors seulement un membre de la commis
sion médicale descendita Ploegsteert, fit licencier les
écoliers et ordonna des travaux d'hygiène. Depuis
cette visile, aucun travail de salubrité n'a été fait et
l'école a été rouverte. Cependant le typhus n'a pas
cessé de sévir et, en ce moment, il attaque de nou
veau les élèves de l'école. L'autorité communale, per-
sévèrant dans sa coupable indolence, s'inquiete beau
coup moins du typhus humain que de la peste
bovine; il est vrai qu'elle suit en cela l'usage de la
campagne soignons d'abord la béte, l'homme vien-
dra ensuite.
Pourquoi, a défaul de MM. les bourgmeslre et éche-
vins de Ploegsteert, n'interviennent point M. le com-