JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI
Le tout patablb d'avancb.
YPRES, Di manche
Neuvième année. i\10 48.
26 L\oyeuibre 1871.
PK IX U'ABOS^EMEST
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
Pour PEtranger, le port en sus.
Us Numéro 25 Centimes
PKIX »IN AAA04CE*
ET DES RECLAMES
10 Centimes l& peiite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes.
Paraissant Ie dimanche.
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee
On s'dbonne a Ypres,
au bureau du Journal, rue de Dixmude, 59.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres
ou envois dargent doivent être adressés franco au bureau du journal.
Troubles a Bruxelles.
Les journaux cle. Bruxelles nous appor-
tent de graves nouvelles. Des troubles ont
éelaté dans la capitale. La foule, ameutée
devant le palais de la Nation, a poursuivi de
ses huées les représentants de la droite, a
leur sortie de la Chambre, des vitres ont
été brisées chez MM. Brasseur et Nothomb,
désignés tont particulièrement a l'indigna-
tion populaire...
A i'heure oü nous écrivons ces lignes,
ces troubles ne sont pas apaisés et, s'il faut
en croire certains organes pessimistes, tout
annonce, qu'ils vont prendre uil caractèrc
plus grave encore, par suite de la resolution
arrêtée du gouvernement de faire appel a
l'arméc pour les réprimer.
Certes, nous comprenons l'indignation
qui règne a Bruxelles après tous les scan-
dales dont les tripotages des sociétés Lan
grand nous ont offert le honteux spectacle;
il ne manquait plus a la droite, pour com-
bler la mesure de son infamie, que de fermer
la bouche a ses accusateurs. Nous ne con-
naissons, quant a nous, rien de plus odieux
dans les Annales parlementaires d'un pays
libre que l'ordre du jour par lequel les
hommes vertueux du parti clérical ont em-
pèché M. Bara de répondre au discours de
M. Nothomb. Après eet acte inouï de vio
lence, un parti est jugé et l'on a le droit de
lui dire qu'il n'a plus ni pudeur ni con
science.
Mais si nous partageons de tons point le
sentiment d'indignation qui vient de faire
explosion a Bruxelles, nous ne croyons pas
du tout que ces manifestations du sentiment
public réalisent les espérances que le doc-
trinarisme semble fonder sur elles. Ou nous
nous trompons fort sur l'état des esprits
dans la capitale, ou le mouvement échouera
précisément paree que son triomphe aurait
pour inevitable consequence le retour des
doctrinaires au pouvoir. On est dégoüté des
cléricaux, e'est certain, mais on ne l'est pas
inoins des doctrinaires, et la crainte de re-
tomber sous le joug de ceux-cifera qu'on nc
mettra pas grande ardeur a se débarrasser
de ceux-la
Quoi que vous fassiez, a dit M. No-
thomb en rdpondant a M. Bara, vous ne
reviendrez jamais an pouvoir. En tant
qu'elle s'applique au doctrinarisme dont
M. Frèrc-Orban fut, pendant treize an rices,
l'dclatante personnification au pouvoir, nous
tenons pour certaine la prediction de M. No
thomb, et e'est parce que telle est notre
profonde conviction, que nous n'avons pas
cessé, clepuis l'avénement du parti clerical
aux affaires, de pousser a une union intime
et sincère de toutes les forces éparses du
libéralisme, en vue d'une lutte a outrance et
decisive contre l'ennemi commun, si habile
a exploiter nos divisions. Le jour oü cette
union sera faite, nous n'aurons pas besoin
d'émeute pour resaisir le pouvoir le scrutin
suffira.
l-.es pndenrs du JOURNAL D'YPKES.
Les petits vicaires du Journal d'Ypres sont in-
dignés. Fil'horreur. Des libraires étalent a leurs
vitrines les gravures les plus ignobles, les ou-
vrages les plus orduriers et l'autorité
laisse faire
Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les ames sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensees.
Certes, nous nous garderons bien de prendre
parti pour les brocanteurs qui excitent si fort la
colère de nos petits vicaires. C'est un as.sez vilain
commerce que celui qu'ils font la, nous le recon-
naissons volontiers. Mais comment se fait-il que
nos petits vicaires, si éloquents pour flétrir des
exhibitions de gravures obscènes, gardent un si
lence si discret quand il s'agit des monstruosités
commises par les petits-frères? Est-ce que, par
hasard, a leur avis, ces monstruosités seraient
dignes d'indulgence, ou bien, entendent-ils que
le caractère sacré des monstres qui les commettent
commande de n'en pas parler?
Quant a l'autorité publique qui tolère l'exhibi-
tion des livres et des gravures dont la vue offense
si vivement leur pudeur, nos petits vicaires ont a
s'en prendre, non pas aux libéraux, mais a M. le
ministre de la Justicej qui ne fait pas respecter la
loi. Si nos petits vicaires, au lieu de s'escrimer
dans les gazettes, se donnaient la peine d'étudier
un peu la législation de leur pays, ils sauraient
qu'il y a dans le Code pénal une disposition con-
cernant l'exhibition des gravures obscènes, et que
si cette disposition n'est pas respectée, la faute en
est a M. le ministre de la Justice Cornesse, qui
aime a confondre dans une même impunité, et les
scandaleux tripoteurs des sociétés Langrand et
les marchands d'images grivoises.
société, fondée seulement en 1834, a déja brülé
jusqu'a ce jour 11,304 mauvais livres. On sait ce
que ces barbares entendent par mauvais livres et
personne n'ignore qu'en ayant sous les yeux le
Catalogue-Index d'un jésuite, qui ne pouvait man-
quer d'etre affilié a cette bien pensante, M. De
Decker, alors ministre de l'intérieur, aujourd'hui
gouverneur du Limbourg, disait a la Chambre
"Je connais ce catalogue d'ancienne dateet il
m'est arrivé lien souvent de déplorer la redaction de
semllalles piecesqui ne tendraient d rien moins qu'a,
preparer a la Belgique unegénération de crétins. II
est vrai que d'autre part VAssociation de St-Fran-
cois dit avoir distribué 13,000 bons livres, tels que
La parfaite congréganisleNotre-DamedeLourdes,
Notre-Dame de la Salette,Le lienfait du rosière
Les indulgences du chapelet a grains d'oli-
vier, etc., etc.
Si ces bons livres ont porté leurs f'ruits, depuis
1854 que cela dure, nous craignons fort que la
prédiction de M. De Decker se réalisant, le
royaume des, crétins ne soit procbe.
Yne oeuvre ciérieale.
Nous lisons dans le rapport publié par YAsso-
ciation de St-Francois-Xavier que cette intelligente
4 quoi sert Ie confessionnal.
La lettre suivante, adressée a la Meusevous le
dira
Monsieur le Rédacteur,
Laissez-moi vous raconter un petit entretien
qui a eu lieu au confessionnal de B...,près de L...,
entre le révérend vicaire de ce hameau et un péni-
tent.
Le confesseur, après avoir entendu la confes
sion
Ne dit-on pas que vous lisez la Meuse, ce said
journal
Le penitent. Oui, mon père.
Le confesseur. Eh bien, a partir d'aujour-
d'hui, vous ne le lirez plus, n'est-ce pas
Le penitent. Et pourquoi cela, s'il vous
plait?
Le confesseur. Parce que votre intérêt tem-
porelaussi bien que votre intérêt spirituel, vous
commandent de ne plus ouvrir un journal sem-
blable.
Le penitent. De graceveuillez d'abord me
dire comment nos intéréts temporels sont com
promis
Le confesseur, se; redressant. Ignorez-vous,
mon cber ami, que dans un an tout le Conseil com
munal est renouvelé, et que son successeur, que
nous aurons fait nommer, pourrait bien ne plus
vous faire travailler pour la commune?
Le pénitent. Et vous pensez...
Le confesseur. Pas d'observation, mon ami
c'est oui ou non; tenez, dès ce soir, je vous en-
verrai mon journal
Le pénitent, indigné d'une pareille conduite.
Eh bien, c'est non, Monsieur le vicaire, et mille
fois non encoregardez votre journal jusqu'au
jour ou je vous le demanderai, et je continuerai a
LES