11 était une lieure du matin quand le bal a fini, et rien dans la soiree n'est venu démentir les paroles de l'amphytrion. II est encore bon de constater que tousles frais de cette journée ont été supportés par l'honorable président de la société. C'était, comme on le voit, dignement inaugurer le nouveau local, qui sera a l'avenir le point de reunion de tous ceux qui, a Réninghelst, ont la pretention de s'amuser sans Fautorisation du curé. Maintenant que nous nous fiattons, peut-être a tort, de vous avoir convaincus de la nécessité ab- solue et immediate de l'enseignement du droit public, nous nous permettrons quelques considé- rations générales sur le mode d'enseignement, que nous voudrions voir adopter en cette matière. Nous admettons qu'un concours ait fait valoir F excellence d'un manuel ou catéchisme de droit public, que ce manuel ait été adopté et soit im- posé par le gouvernement a l'enseignement. Le professeur, qui donnera le cours, aura bien soin de se rnettre complétement a la portée de l'intel- ligence encore peu développée de ses jeunes élè- ves. Ceux surtout de la première année devront être préparés aux difficultés des années suivantes, avec la plus grande patience, avec la plus vive sollicitude. Le professeur ne peut oublier que ses élèves n'étudient jamais mieux que quand il s'en est fait des amis. Voic-i, a l'appui de ce que nous avangons, le résultat dune experience person- nelle. Nous avons connu monsieur W., professeur d'histoire au lycée de Lille, tres sympatliique a ses élèves, et monsieur O., professeur d'anglais, qui ne sut jamais obtenir de son jeune auditoire une attention quelque peu bienveillante. Or, il arriva que le cours d'anglais, trés utile a la plu part de nous, indispensable a quelques-uns, de- vint une corvée désagréable pour la grande majo- rité des élèves, tandis que le cours d'histoire fut pour tous une récréation instructive. C'est done au professeur de faire aimer son enseignement. La matière la plus abstraite, la plus aride, peut être enseignée sous une forme agréable, même récréative. 11 n'est pas jusqu'a la chimie, une science tout de formules, dont on puisse faire un cours trés attrayant. Quand la société aura confié au professeur des enfants ignorants, celui-ci, conscient de sa mis sion, se dira Je veux en faire des citoyens in telligents, des hommes aimant leur patrie, res- pectant leurs droitspénétrés do leurs devoirs, sachant défendre énergiquement leurs libertés, mourir noblement pour leur indépendance. Certes, le professeur qui voudra atteindre ce but, aura la tache lourde, écrasante. II lui faudra des efforts incessants, jamais de tiédeur, mais une volonté de fer au service d'une intelligence d'élite. Et s'il ne veut pas compromettre le résultat de tous ces efforts, s'il ne veut pas perdre la recom pense de toutes ces qualités prodiguées dans son enseignement, il sera forcément, dans sa conduite envers ses élèves, logique avec l'enseignement qu'il leur donne. Tout le premier, il doit mettre en pratique, dans ses rapports avec eux, le prin cipe de l'égalitó sans aucune restrictioncar la Constitution qu'il enseignera et commentera a ses élèves leur apprend qu'ils sont tous égaux, que tous les priviléges sont de droit a tout jamais abolis. Ainsi, point de préférés parmi euxtous doivent être égaux devant luile boursier sera respecté et chéri par lui a l'égal de ses condisciples. Car ter rible est la logique chez les- enfants; ils n'admet- tent pas que celui qui est chargé de leur former le creur et l'esprit vienne parler d'égalpté, quand. d'autre part, il se laisse prendre en flagrant délit de predilection, de favoritisme pour quelques pri vilégiés. II n'y a que les élèves qui se distinguent par leur zèle, par leur docilité, qui puissent pré- tendre a quelques faveurs. Quand le professeur ayant acquis l'affection de ses élèves, n'aura plus plus rien a craindre du mauvais vouloir de quelques paresseux ou de quelques turbulents, il donnera son cours avec les meilleurs résultats. Qu'on nous pardonne cette digression nous avons insisté sur ce point avec d'autant plus de force que nous craignons d'avantage de voir mal donner l'enseignement duquel nous attendons énormément pour relever le sens moral de la 'société entière. Oui, nous le répétons avec con viction, l'homme qui n'est pas logique n'a pas d'autorité et ne peut prétendre a instruire,amora- liser d'autres que lui.Le prédicateur qui enseigne la charité chrétienne et calomnie 'ses adversaires politiques, le législateur libéral qui forge des lois rognant les libertés octroyées par notre Constitu tion, le tribun démocrate qui aspire a devenir un autocrate bien tyrannique, l'industriel promoteur des idéés philanthropiques qui persiste a donner un salaire insuffisant a ses ouvriers, le philosophe qui dans sa conduite privée fait précisément le contraire de ce qu'il enseigne dans ses traités avec une si apparente conviction sont, a nos yeux, autant de négations de l'esprit, du sentiment et de la raison. Yoici, selon nous, quelle serait la marche la plus rationnelle a suivre dans le cours de droit public. La première année, le professeur fera con- naitre a ses élèves les divers fonctionnaires de la commune, de la province et de l'Etat. II com- mencera naturellement par ceux dont les élèves relèvent le plus immédiatement, tels que le bonrgmestre,chef de la commune. 11 définira clai- rement leurs prircipales attributions, démontrera d'une fa§on saisissante les rapports qui iient les différents fonctionnaires entr'eux, et fera con- naitre leurs droits et leurs devoirs envers leurs administrés. Plus tard, il donnera a ses élèves une idéé générale, miis nette et précise, de toutes nos institutions, des divers rouages de notre système politique. Par uie marche toujours progressive, le professeur viendra tout naturellement a ensei- gner a ses élèves leurs droits et leurs devoirs civiques. Commecette partie de son cours en est la plus importante, il s'étendra le plus possible, nes négligeant aucrn moyen pour inculquer a tous ses élèves les connaissances indispensables au citoyen. Trois moyens s'offrent pour atteindre ce but Enseigner et ccmmenter la Constitution, expli- quer les dispositions les plus essentielles de la législation sur les qlections, donner un exposé historique de ce quié'est fait en matière électorale parmi les peuples ar.ciens ou modernes, dont les exemples en pareilb matière seraient bons a suivré. Ilfaudrait tout au plus trois années pour donner eet enseignement qui pourrait sans inconvénient marcher de paire avec celui de l'économie poli tique, Plus tard, les élèves voulaut compléter leurs études, pourraient suivre un cours facul- tatif de droit politique. On exposerait dans ce cours les divers systèmes de gouvernement, leurs principes et leurs tendances. Par ce moyen les jeunes gens sauraient ce qui distingue l'ex-gouvernement théocratique du pape de Rome d'avec le gouvernement constitutionnel du roi d'Italieils connaitraient la difference qui existe entre le gouvernement républicain et démo- cratique de la Suisse et le gouvernement autocra- tique et despotique du czar des Eussies;ils ap- prendraient également a discerner les partis poli tiques qui se disputent le pouvoir dans les divers pays du monde. Connaissant les principes, les ten dances, les actes politiques de ces divers partis, ils ne confondraient plus les démocrates avec les républicains aux Etats-Unis, les Whigs avec les Torys en Angleterre, les légitimistes avec les orléanistes, les bonapartistes avec les républi cains et ceux-ci avec les communeux en France ils sauraient surtout distinguer dans leur propre pays ce qui sépare le parti libéral du parti catho- lique et discerner les unes des autres les diverses fractions qui divigent ces deux partis. Connais sant les principes et les aspirations des diverses nuances politiques, les électeurs pourraient aisé- ment juger les hommes et les choseset peut-être, pesant ceux-la a leur véritable valeur, les rejette- i aient-ils tous pour ne vouloir a l'avenir que des hommes libres de toute attache de coterie, uni-t quement préoccupés des intéréts réels et sérieux du pays. I)es électeurs aussi intelligents et aussi in- struits seraient en droit d'exiger a leur tour de eurs mandataires de l'intelligence et de l'instruc- tion et nous ne verrions plus le triste spectacle de sénateurs ignares, de représentants d'une nullité grotesque. Nul n'ignore, en effet, que nous avons dans certains arrondissements le bonheur d'être représentés au Sénat par des hommes qui ne sa- vent ni parler, ni écrire, a la Chambre des repré sentants par d'autres hommes dont la crasse ignorance nous fait rougir devant l'étranger. Faute de candidats, nous répète-t-on cha- que fois que nous voyons ces nullités désespó- rantes appelées a devenir des législajteurs Eh! non, il ne manque point de candidats; mais, dans notre Belgique démocratique, il nous faut au Sénat pour le moins un baron et, pour la Chambre des représentants, un prince de la fi nance A tout cela, il n'y a qu'un remède, m seul, mais il le faut énergique et immédiat de l'instruction a profusion. L'homme instruit ne courbe la tête que pour méditer aux moyens de faire relever la tête de ses semblables, courbóe par Fignorance. Jovialii~tïss clo l ïiuiws*4111* (Suite. Voir noire dernier n Yoila Brasseur entré dans la place. II ne tarde pas a prouver qu'il sait rouler le cliënt tout aussi bien que Langrand et les principaux maltó- tiers de la bande. Qu'on en juge par l'épitre cynique que voici (Sans date.) Mon cher Monsieur Langrand, i) J'ai madré M. Caune je l'ai roulé d'après les principes de la haute école qui sont de prendre le x plus possible et de laisser partir le cliënt heu- x reux et content. ,i Tout est régló. M. Caune sera payé en lettres li de gage tout ce qui sera vendu par annuité, il x n'aura pas un centime d'argent, car vous com- x prenez que je vendrai toutes les maisons par n annuitésbien au contraire, nous prélevons de il ce chef 20 p. c. du prix de vente. x Maintenant je puis lui délivrer les 20,000 fr. que vous lui avez promis a titre de pret. ij J'ai écrit a Pierlot {le bonqu'il aura la direc- n tion de la banque locale a Walcourt ou a Ma- x riembourg, comme nous en sommes convenus x dernièrement. II a l'appui du Notaire Haver- x land, son beau-frère; il aura celui du prince de Chimay, des Licot et des Villermont. n II convient que vous voyiez M. Pierlot. Puis- n je lui télégraphier pour demai'n? x Réponse S. V. P. n Je vais preparer le billet des 20,000 francs. Votre dévoué, {Signé) II. Bkasseub. L'un de ces jours, je rédigerai le nouveau contrat avec Caune. x I)e deux choses l'une ou cette lettre est fausse, et alors M. Wilmart en supportera les consé- quencesou elle est vraie, et alors on se demande comment Messire Brasseur a eu le toupet d'écrire a VEcho dit Parlement. M. Brasseur part pour 1*1 talie avec le mandat de représenter Langrand a Florence pour 1'affaire des biens ecclésiastiques. Langrand met a sa dis position, d'une manière absolue, pour assurer le succes del'opération,5,400,000 francs. Brasseur annonce qu'il alloue 4 millions aux personnes qui pourront lui rendre des services. Quelques jours après, il écrit a son cher ami Langrand Notre coup de GO millions est a peu prés eer- tain. J'en médite un autre de 25 millions qui ne x vous coütera pas le sou o Comment appelle-t-on, dans le langage deshon- nêtes gens, un coup de 25 millions qui ne coüte pas un sou? Cependant M. Dechamps s'inquiète des fails et gestes de Brasseur. II écrit a Langrand en date du 20 juin 1867 Un mot de l'Italie. Quel gachis et quel guê- x piermais Brasseur gate un peu votre affaire, x me semble-t-ils'il n'a pour but que de faire du x bruit, de poser et de ferrailler, et de se venger des x ministres, il réussit. admirablemehtmais a quo x tout cela va-t-il aboutir pour vous? Brasseur x aura roulé et renversé M. Ferrari; mais Rattazzi x resteraet comme il a attaqué l'un et l'autre, x Rattazzi sera votre adversaire personnel, x Brasseur art-il connu cette lettre de Dechamps t.cs idees de Kaoi» sur Irs qiialilcs nécessaire* aux élecleurs. LES

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 2