JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDiSSEMENT
Lr toot payable d'avance.
YPilES, Di manche
IVeuvième année. ft0 50.
10 Décembre 1871,
PltlX UUBONRB1IEHT
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
Pour l'Etranger, Ie port en sus.
Us Numéro 25 Centimes
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ET DES RECLAMES i
10 Centimes Ie. petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes»
Paraissant le «limanche.
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YPBïES, nècembre i«»i.
Nous voila enfin débarrassés de ce minis
tère avili, qui faisait la honte denotre pays!
Les voila ces ministres, se jouant sans ver-
gogne de l'opinion publique, honteusement
chassés du pouvoir par la Couronne, aux
acclamations de tons les honnêtes gens!
Qu'en diront certains membres du clergé,
qui, depuis quinze jours, n'ont cessé de
tambouriner dans leurs cbaires dites de
vérité, qui ont déversé toute leur bile sur
les libéraux, paree que ceux-ci ne veulent
pas que le pouvoir appartienne a des gens
qui foulent aux pieds l'bonnêteté et la mora-
lité publique, et qui ont soutenu le cabinet
Langrand par tous les moyens, lionnêtes ou
non, peu leur importe, en appelant notam-
ment la damnation éternelle sur leurs
ouailles qui conti nuent a lire les journaux
libéraux; qui ont le grand tort de relever les
odieux mensonges, pour ne pas dire les
calomnies, qui foisonnent journellement
dans les pieuses feüilles, de stigmatiser les
irtfames tripotages et qui ont le tort non
moins grand de ne pas partager les gros-
sières erreurs et les funestes doctrines des
ultramontains.Ces Messieurs reconnaitront-
ils maintenant que les libéraux ont bien fait
de sommer eet odieux ministère de se re-
tirer,alors que le Roi lui-même, ne pouvant
étouffer le cri de sa conscience, révplté du
cynisme de ses ministres; leur retire violem-
ment sa confiance Ou pousseront-ils l'im-
pudence jusqu'a blamer la Couronne qui,
par son énergique attitude, a su monteer a son
peuple qu'elle n'est pas un tourniquet entre
les mains de ses ministres et l'instrument de
leurs haines et de leurs rancunes politiqu.es,
et qui, en exécutant les ministres en masse,
a donné satisfaction aux cris d'indignation
qui se sont échappés de tout cceur honnête
Ct que la passion politique n'avejigle point?
Quoi qu'ils fassent, qu'ils nous permet-
tent de le leur dire avec une entière fran
chise certains prêtres, en s'immiscant dans
les luttes politiques et en faisant de la lutte
politique jusque dans les confessionnaux et
les chaires de vérité qu'ils transforment en
tout autre chose, se rendent indignes du
nom qn'ils portent, avilissent la religion et
justifient les reclamations de ceux qui sont
d'avis que le prêtre ne doit pas être payé
pour faire de la politique!
La Belgique a retrouvé son calme. On nc peut
ni ne doit regretter les incidents qui ont amené
la retraite du cabinet. Dans un pays de liberté
légale, et nous avons la gloire d'etre un tel pays,
il n'est jamais bon de mépriser les reclamations
du peuple surtout quand elles sont aussi legitimes
que celles qui orit surgi dernièrement a Bruxelles
a propos des hommes qui nous gouvernaient et
dont quelques-uns se trouvaient plus ou moins
compromis dans les misérables tripotages lan-
grandistes. Les hommes ne sont nulle part des
anges ni des êtres de raison. II n'est pas de parti
qui, ayant a sa disposition une arme telle que le
dossier Langrand-Dumonceau, eüt eu la magna-
nimité de ne pas s'en servir, et il n'est pas de
pays ou la revelation d'un tel dossier n'eut eu pour
contre-coup des manifestations tumultueuses.
Un cabinet affligé d'amitiés et de solidarités si
compromettantes, eüt dü se préoccuper avant
tout de ne pas provoquer l'esprit public, et il l'a
incontestablement provoqué par la nomination de
M. De Decker. Quant a la conduite du roi Léo-
pold II, elle a été parfaitement correct et poli
tique. En congédiant un ministère déconsidéré et
devenu dangereux par sa déconsidération, il a fait
un bon usage de son droit constitutionnelil s'est
fort sagement séparé d'hommes devenus person-
nellement impossibles, mais il ne s'eét pas mis en
conflit avec la majorité.
Le parti qui avait le pouvoir le garde, en vertu
de sa force numérique dans le Parlement, et il
gagne plus qu'il ne perd, puisqu'il va trouver a sa
tête des chefs non compromis. C'est done une er-
reur de dire que les institutions beiges sortent
affaiblies de cette épreuve, ou que la situation du
roi soit diminuée ou ébranlée. La Constitution a
fourni au roi un moyen facile de dénouer la crise,
et le roi s'est opportunément servi de ce moyeh.
Si Louis-Philippe avait fait de même en 1847,
alors que le flot de l'imp'opülarité montait autour
du ministère Guizot. il ne serait vraisemblable-
mentpas mort en exil.
Mais les cléricaux ne savent qu'une chose, c'est
que le roi a révoqué leurs ministres, et, par
tous les moyens en leur pouvoirsurtout les plus
perfides, comme on pense les cléricaux ne
cherchent plus qu'a faire porter tout le poids de
la situation critique du moment par le roi tout
seul. Dussent les cléricaux ameuter contre Léo-
pold II les populations des campagnes, dussent-
ils faire appel aux communistes et aux démago-
gues, qui ne guettent que l'occasion de s'aflier
pour tout de bon au parti catholique, rien ne les
arrête. Us poursuivent a travers tout leur oeuvre
deloyale, oeuvre de désorganisation et de déman-
tèlemeut pleine de perils et de dangers, non-seu-
lement pour la nation toute entière, mais encore
et surtout pour les catholiques eux-mêmes, qui
préparent de la sorte leurs propres funérailles.
Serait-il vrai, ainsi que l'affirmë Edmond
About, que les éperviers ne couvent pas de co-
lombes Ou bien le spirituel et caustique auteur
de la Question romaine et d'une foule d'autres,
serait-il plus fort en thème qu'en Histoire natu
relle et le beau ciel de France se montrerait-il
revêche a une éclosion qui inonde la monacale
Belgique d'incommensurables félicités Pos
sible, mais nous, nous connaissons pour notre
part, une espèce d'éperviers au noir plumage, a
l'oeil injecté, aux griffes crochues, qui met a cou-
ver l'oiseau de Vénus les soins jaloux de la plus
tendre tourterelle. Ce carnivore, si bien disséqué
par Buffon et si confortablement habillé par Vol
taire, c'est le moinela colombe, le beau sexe en
trois volumes Jeune fille, femme, épouse. Re-
flet de la Trinité. Or, quand le sinistre froqué
se mêle de couvée, ce n'est pas pour l'amour de
l'art, et, a peine sorti de l'ceuf, le produit ré-
chauffé sous la bure, devient l'agent le plus sub
til et le plus dangereux de l'homme coffbe-fobt-
ivoke, qui préfère le roti a la chair crue et aime
d'amour la bourse du prochain. On n'a pas ou
blié eet aveu dépouillé d'artifice, échappé au
moine, en pleine Cour d'assises C'est par le.
cceur qu'on arrive au porte-monnaie. La co
lombe est done naturellement la ménagère de la
celluie.
Rien de plus complet, de plus ingénieusement
combiné que la volière, espèce de harem ailé, oü
l'homme de Dieu dresse le sémillant oiseau aux
exercices varies de la haute-pègre sacrée beauté,
jeunesse, volupté, laideur, oui, laideur!
tout y est et le compartiment réservé aux rossi-
gnols rébutés de l'amour pour cause d'incompati-
bilité, est le plus nombreux,. II y en a pour tous
les goüts, pour tous les emplois, a toute finA
la colombe aux blanches ailes, aux langoureux
roucoulements, le sort de la pomme d'Eve, jetée a
la convoitise de l'homme; le déchet, le fruit sec
jauni et ridé avant 1a, maturité, les coe'urs gangre-
nés par l'envie, la jalousie et les désirs inassou-
vis, les soifs brülantes devant lesquelles fuit la
source limpide, les écarts de la nature qui se
plait en diversités et auxquels le saint Concile de
Trente n'a octroyé une ame qu'a la simple majo
rité d'une voix distraite, a ces torses accidentés,
qui n'ont rien de la femme, les forts röles, les
RodinAdmirable calculLe moine, par une
longue et intime pratique, connait le cceur de la
jeune fille, ardent foyer d'amour, de passion ou
de haine, et, avec une infernale adresse, il uti
lise au profit de sa stratégie, les trésors d'envie
accumu'lés dans les êtres dédaignés. Epouse
i) la cause sainte, soüfHe-t-il a l'oreille de ces dé-
ii classée3, et, chenille sur cette terre, tu échan-
geras au Paradis, par l'entremise de saint Jo-
n seph, ton compagnon en infortune et l'illustre
epoüx mpartilus in fidelium de la bienheureuse
ii Mère-Vierge, ton enveloppe immonde contre
ii les brillantes ailes du Scraphin
Laissez dire, laissez-vous blAmer, mais publiez votre periseé
du Moine.