JOURNAL D'YPRES k DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, Dimanche fteüvième année. ft0 51. 17 Décembre 1871* Lb töut payabi.e d'avancr. PltlX U'ABOXXEIIENT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie porl en sus. Ua Numéro 25 Centimks PlilX l»ËS AXXOXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes* Paraissarit le dimanche. - Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Dixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois d'arpent. doivent être adressés franco au bureau du journal. ÏPE5E"», «o Oécembre A Monsieur l'éditeur de TOpinion. A l'opposé du parti liberal qui semble depuis sa défaite ne pas se relever, ou du moins ne rien faire pour cela, le parti clérical, lui, outre qu'il est au pouvoir et qu'il dispose par ce fait d'une grande puissance, ne s'endort pas dans sa victoire et met au contraire en usage tous les moyens de prosé- lytisme. C'est que les élections de l'été prochain sont la, et il faut surtout chercher a se rendre favorable la nouvelle catégorie d'électeurs qui appartiennent, en majeure partie, a la classe laborieuse. Demander toujours de l'argent a des hommes dont la vie est un labeur incessant pour se donner le strict néces saire, est peu habile, surtout au moment oü l'on va avoir besoin d'eux, et ou la mendicité religieuse est arrivée aux dernières limites du possible. Ne les convier qu'a passer une grande partie du dimanche (leur seul jour de repos) a l'église pour y assister aux messes solennelles ou le luxe et la magnificence contrastent singulièrement avec les austères principes du Christa entendre des ser mons dont la politique est l'unique objectif, et ou. il est plus question du pape que de Dieu, ne con- stituera plus, a l'avenir, le seul moyen dont les prêtres comptent disposer comme influence poli tique. Si nous comprenons et respectons les convic tions religieuses, nous sommes ennemis declares de la religion mise au service de la politique. L'on semble vouloir, tout au moins a Bruxelles, se servir d'un nouveau moyen pour captiver les masses travailleusesmais je vous mets bien au défi. Monsieur l'éditeur, de le deviner. Moi-même il m'a fallu la petite affiche verte que j'ai sous les yeux (serait-ce a dessein que l'on a donné a ce programme la couleur qui représente l'espérance?) pour me convaincre que je n'étais pas en proie a un rêve. Voyez plutöt; je transcris textuellement les parties éssentielles dudit programme vert 2e année sociale. Salle Saint-Georges, rue des Alexiens, n° 10. ji Soiree réCréative et dramatique donnée le di manche 10 décembre 1871, a 7 heures précises, par le cercle La Fidélüé. ii Sous la présidence de M. Frizcuré de Notre- Dame de la Chapelle. Le Joueur ou les deux frères, comédie en 3 actes. Puis, pour la deuxième partie, des romances, un hymne et des chansönnettesenfin, comme bouquet, Les consultations de Jocrissevaudeville en un acte. Comme on le voit, le théatre devient a la fois un moyen politique, un enseignement et un délas- sement pour les cléricaux, et l'art dramatique et les comédiens, naguère mis au ban de l'Eglise, semblent remis en honneur, puisque les curés eux-mêmes se font impressario Car il n'y a pas que le curé de la Chapelle qui e soit fait en quelque sorte entrepreneur de plai- sirs scèniques celui de Saint-Boniface préside également a certaines représentations qui se don- nent au théatre Molière, a bureau ouvert.Voila de tes coups, politique II y avait foule a la representation de la salie des Alexiens. Cinq a six prêtres occupaient les premières places, et les petits-frères, qui sem- blaientles commissaires de la fête, se multipliaient dans la salie pour être utiles et agréables aux au diteurs. Dans une salie du rez-de-chaussée il y avait un buffet a la disposition des consommateurs, oü les jours ordinaires les membres du cercle La Fidélité obtiennent, moyennant payement, un faro déli- cieux, servi par des petits-frères. N'est-ce pas le cas de s'écrier Oü allons-nous, mon Dieu, oü allons-nous? Les cléricaux le savent bien, eux; mais les li- béraux divisés le savent-ils? II n'est que temps d'aviser pour donner aux sociétés dramatiques flamandes, qui sont libérales, des encouragements et surtout des subsides. Que nos amis, qui ont encore la majorité dans la plupart des conseils communaux de nos villes, y songent. Le théatre avec la musique feront une heureuse diversion a la pipe et a la bière qui envahissent tout, et constituent, pour ainsi dire, l'unique dé- lassement des ouvriers. S'il faut l'estaminet, pas trop n'en faut, a l'heure surtout oü l'on voit les prêtres se mettre a la tête d'un mouvement pour réformer les plaisirs publics, mouvement que l'on ne peut qu'appröuver a quelque parti que l'on ap- partienne. Dans cette voie, les libéraux se laisseront-ils aussi distancer par les cléricaux? C'est ce qu'un avenir prochain nous apprendra. Les idees de Rkoum sur les qunlités nécessaires ai,ix clecteurs. II est profondément regrettable que eet enseigne ment, dont nous vous avons entretenu, sera encore bien longtemps a l'état de projet, que ce cours de droit politique, donné aux enfants et aux adultes, qui serait si fertile en heureux résultats, sera trop longtemps une utopie. Nous ne devons pas nous le dissimuler, pour que eet enseignement soit vrai- ment utile et pratique, il doit être donné a tous. Or, peut-il l'être aussi longtemps que nous n'au- rons pas l'iustruction obligatoire et gratuite pour tous? Et nous ne pourrons avoir de longtemps cette instruction obligatoire réclamée par tous les esprits prévoyants par tous les amis destitutions libres et fortes. Nous ne sommes pas préparés a cette instruction disons même que nos gouver- nants ne veulent pas nous y preparer. Tout nous manque pour donner l'instruction a tous les écoles, les professeurs et surtout un programme rationnel d'études. Pour abriter tous les enfants en age de recevoir l'instruction, il f'audrait le double des locaux actuels pour donner l'ensei- gnement a tous ces élèves, il faudrait augmenter le nombre de professeurs dans une plus forte pro portion encore. Nous devrions inscrire a notre budget au moins tous les ans vingt-cinq millions pour l'instruction afin de pourvoir efficacement aux besoins les plus urgents. Car, si nous devons compter beaucoup sur les efforts individuels, nous nepouvons, dans notre pays oü l'esprit d'initiative privée est si rare, nous passer de l'appui moral et surtout financier de l'Etat, de la province et de la commune. Tous, nous devons done réunir nos efforts les plus éïiergiques pour arriver a notre but commun l'affranchissement de l'homme par l'instruction. Et que nous sert-il de réclamer cette instruction, si nous ne savons nous décider a payer de notre personne et a ouvrir notre bourse toujoursfermée? II faut encore que cette instruction gratuite et obli gatoire soit rationnelle afin de ne pas imposer, en décrétant l'instruction obligatoire, un abrutisse- ment forcé, par la conservation du programme en vigueur aujourd'hui et surtout par le maintien, entre les mains des élèves, des livres classiques actuels. En effet, que de choses a faire pour cor- riger les défectuosités de 1'enseignement contem porain Ne voyons-nous pas encore chaque jour enseigner les absurdités les plus renversantes Notre éducation des plus illogiques, ne nous élève-t-elle pas dans le culte de tout ce qui est faux Les manuels d'histoire que l'on met daiis nos mains, ne célèbrent-ils pas les faits d'armes de tyrans sanguinaires, de conquérants foulant aux pieds la liberté et l'indépendance des peuples N'avons-nous pas, tous, été élevés dans l'admira- tion des vertus d'un roi que l'on nous disait être trés grand et qui n'était qu'un abominable despote? Et que nous dit-on, dans ces mêmes livres d'his toire, des sages réformateurs, des grands bienfai- teurs de l'humanité des législateurs illustres et des inventeurs célèbres Elle est bien petite la place consacrée aux Franklin, aux Newton, aux Washington, aux Galilee, a tous ceux qui ont illus- tré le monde. Cela se comprend. Quand on pro- digue tant'd'encens aux Philippe II, aux Louis XIV, aux Napoléon, on ne saurait s'arrêter long temps devant des hommes qui n'ont pour toute gloire que leurs vertus, leurs inventions, leurs réforrnes. Et plus tard, nous nous étonnons dene pas avoir plus en horreur le terrible fléau de la guerre, de nous trouver imbus d'idées qui seient mal aux citoyens libres d'un pays démocratique. Le plus souvent nou's avons toute une nouvelle éducation a faire si nous voulons être autre chose que des sujets humbies et soumis, dignes d'un due d'Albe quelconque. On récolte toujours ce que Ton a seméne nous étonnons done plus de voir si peu de véritables PROGRAMME

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 1