démocrates dans un pays dont les institutions démocratiques, les libertés constitutionnelles, les franchises coramunales sont si pen comprises. On ne saurait répéter trop souvent, il faut a priori un nouveau programme d'études, dans lequel figure- ront moins de sciences inutiles et plus de sciences indispensables a tous. La méthode aussi doit être changée de fond en comble. Pour préciser davan- ttge notrepensée, nous prendrons pour exemple l enseignement de l'histoire dans lequel nous vou- drions rencontrer moins de travail de mémoire, et beaucoup plus d'appréciations philosophiques quant a Penchainement des faits. Ainsi, nous vou- drions rencontrer chez le prof'esseur d'histoire plus d'indulgence pour une date ouhliée, et plus de sévérité pour les élèves qui apprennent l'histoire comme une fable de Lafontaine, II est parfois tres curieux de constater les résultats pour ainsi dire nuls de l'éducation chez la plupart des élèves. Eécemment encore, nous avons été témoin de pa red résultat. On interrogeait un jeune négociant de vingt-cinq ans sur les connaissances indispen sables, selon lui, a un homme de sa profession. Croiriez-vous que, loin de les posséder, il ne sut même pas les énumérer. Lire, écrire, calcuïer, tenir convenablement les livres en partie simple ou en partie double, avoir des notions pratiques du genre spécial d'affaires traitées par le commer- gant, tel était, selon lui, l'ensemble des connais sances nécessaires au négociant. Mais l'économie politiquele droit commercialla géographie commerciale, tout cela était pour lui parfaitement inutile. Et qu'on ne croie pas que nous en imposons. Nous-même, nous avons suivi a Lille un cours de commerce et nous n'y avons jamais regu lamoin- dre notion d'économie politique; il est vrai que nous y avons appris les lois de la mécanique et les mathómatiques supérieures, tellement supérieures que les trois quarts des élèves n'y ont jamais rien coinpris. N'est-ce pas que tout cela est bien ratio- nel, que tout cela est bien logique Puisque nous n'avons pas l'instruction obliga toire et gratuite, qui nous aurait si puissamment aidés a la realisation de nos vceux les plus chers, et que nous n'avons même pas l'espoir de la voir décréter dans un bref délai, examinons quels sont les moyens a notre disposition capables d'y sup- pléer quelque peu momentanément. Nous avons d'abord, pour les adultes, la presse, cette puissance titanesque, qui porte l'idéejusque dans le recoin le plus obscur du plus ignoré des hameaux. Oui, c'est notre conviction que si la presse libre, indépendante, le voulait énergique- ment, elle convertirait aux idéés saines de la dé mocratie, la grande masse de ses lecteurs. La presse qui comprend sa mission, sera la tribune de la pensée humaine, d'oü elle fera jaillir la lu- mière vivifiante de la raison. La presse doit s'oc. cuper constamment de l'éducation politique du peuple, auquel elle ne donnera en pature les indi- vidualités que lorsque le triomphe des principes l'exigera impérieusement. Et, dans ces questions d'individualités, qu'elle soit mesurée, qu'elle n'ou- blie pas que Pon ne se fait point d'adeptes parmi ceux que l'on blesse. Un article de journal doit toujours être clair et explicite. La forme agréable est la plus instruc tive. Done, point de phraséologie creuse, mais des idéés dont l'exposition est saisissante pour tous. Et surtout souvenons-nous que les lecteurs n'es- timent la presse que pour autant qu'elle se montre digne de respect par son honnêteté, par ses allures franches, libres et indépendantes, par son désin- téressement et l'absolu détachement de tout inté- rêt matériel. Si la presse veut enseigner, si elle veut moraliser, elle doit se rendre digne de sa mission, sinon elle sera ridicule et méprisable. Coï-r-esaspoiitlaaice. Monsieur le rédacteur en chef de TOpinion d'Ypres Je vous prie d'avoir l'obligeance d'accorder l'hospitalité, dans votre estimable journal, a la me communication que je vois obligé de faire au Conseil communal de la rille d'Ypres. J'ai l'honneur de porter a la connaissance du Conseil communal de la ville d'Ypres, qu'un de ses membres a prétendu que je jouis encore toujours du benefice d'un subside qui m'a été accordé au mois d'octobre de l'exercice 1862-63si cette as sertion est basée sur une erreur contenuc dans la liste des subsides de la ville d'Ypres, je donne par faitement raison aux plaintes de ce membre mais si cette assertion était une calomnie, j'userais de mon droit pour y répondreparee que j'affirme ici que je n'ai plus regu ni subside, ni encourage ment depuis l'exercice 1864-65 et que je crois m'être loyalement acquitté envers la générosité de la ville d'Ypres., en lui olfrant, en 1866, comme gage de ma reconnaissance, un tableau représen tant le retour d'UIysse, tableau dont le mérite, il est vrai, ne pouvait qu'être en rapport avec les études que je venais de faire, mais qui prouvait suffisamment que le subside dont j'avais disposé avait été exclusivement consacró a mes études artistiques. Je prie,»ionc- Ie Conseil communal de la ville d'Ypres de bien vouloir rectifier cette erreur, si elleexiste, et de m'excuser de ne pas m'être adressé directement a lui, pour la raison que l'assertion mentionnée plus haut a été émise en public. Je prie le Conseil communal de la ville d'Ypres d'agréer l'assurance de ma parfaite considéra- tion. K. VANKEvrVIEL. 11 décembre 1871. II est difficile d'admettre que l'assertion dont se plaint notre honorable correspondant soit une pure calomnie, et il faut plutót croire a une erreur dans la comptabilité communale.. Le public par- tagera l'avis de M. Yankemmel la chose vaut la peine qu'on lexamine et il sera curieux de savoir, si erreur il y a, ce qu'est devenu le montant de ce subside de quelques centaines de francs, accumulé depuis plusieurs années et que personne n'a touché. LES JTovialités deM. BrasscHr (Suite et pin. Voir notre dernier n°). Quels sont maintenant les bénéfices réalisés par M. Brasseur dansles affaires Langrand? M. Wil- mart, toujours en s'appuyant sur la correspon- dance de son adversaire, établit qu'en vertu de son premier contrat Brasseur a touché, en 1865 et en 1866, 260,000 francs. Le 16 novembre 1866, un nouveau contrat plus avantageux est signé par lui. Onze pages du dossier sont employées a donner la liste des traitements et commissions regus par Brasseur. L'exiguïté de notre format ne nous permet pas de les reproduire. Nous nous borne- rons a indiquer le total. II est, d'après M. Wil- mart, de trois millions huit cent dix mille francs. M. Wilmart ajoute Encore dans ce nombre assez grös déja, tout n'est-il pgs compris. Je ne puis dire, comme nous l'avons vu, quelle a été l'exacte impor- !i tance des tantièmes prélevés sur les bénéfices it et, de plus, je suis loin de posséder tous les ii documents échangés entre Brasseur et Lan- I! grand si céux que je produis révèlent tant d'a- ii vidité, que nous auraient appris les pièces qui it sont ou détruites, ou égarées, ou cachées ii Ces chiffres vous mettent a même de décider, ii messieurs, si j'ai exagéré ou colore les faits, en attestant que Brasseur s'est gorgé d'or dans le ii maniement des affaires Langrand. Vous vous ii ferez une idéé de la fortune qu'il y avait acquise, ii en voyant qu'au 29 septembre 1868, il prêta a ii Langrand 250,000 francs, part évidemment li minime de son avoir, car il n'etait pas homme a ii confier toutes ses ressources a un financier dont ii il avait prédit maintes fois la ruine, la faillite, ii la lionteuse banqueroute. Dans la Cote lïbre, M. Mandel assure que ce n'est la que la partie minime des sommes gagnées par M. Brasseur ses spéculations a la hausse et a la baisse sur les valeurs Langrand lui ont assuré des bénéfices plus considérables encore. Telle est du moins l'assertion de la feuille financière. M. Brasseur prétend, lui, qu'il n'a gagnó que quelques pauvres milliers de francs. Je prouverai a la dernière évidence, dit-il dans sa lettre a YEcho du Parlementque ces millions ii n'existent que dans l'imagination de mon détrac- n teur, et qu'en dehors de mon traitement et de la ii somme qui m'a été allouée pour abandonner ma li position de professeur, j'ai regu pour toutes li commissions quarante-deux mille francs, en n vertu d'un contrat formel. Voila comment je me n suis gorgé d'or dans les affaires Langrand?II va sans dire que, lorsque M. Brasseur publiera ses preuves, nous en parierons a nos lecteurs nous voulons qu'on entende les deux cloches et les deux sous. Quoiqu'il en soit, voici la conclusion de M. Wil mart Un homme, après avoir attaqué Langrand, a ii été comblé de ses faveurs. 11 s'en est servi pour n s'enrichir. Pour toutes les opérations dont il ii s'est mêlé, il s'est fait attribuer des avantages n énormes. Au bout de quelques années, sa for- I! tune est faite. Mais les institutions Langrand n menacent ruine. Le serviteur feint de quitter le ii maitre pour se mettre a couvertil envoie sa li démission officielle et pour la forme mais, li sous main, il se réserve de profiter de toutes les n bonnes affaires qui pourraient survenir. Or, il ii arrive que Langrand en est réduit a demander ii a son ancien protégé un pret de 250,000 francs, ii L'autre y consent, moyennant 34,4p. c. d'intérêt. li L'ingrat, coupable de cette usure, c'est Bras- seur. n Puis, le même M. Brasseur, dans l'opulence, ii s'étant présenté aux suffrages de ses compa- ii tmtes, s'indigne qu'on écrive qu'il a coopéré au ii contrat de Hirsch et Bischoffsheim, paree que n ces banquiers ont exigé une commission exa- n gérée n C'est trop d'impudence. Ce citoyen instruit, n doué de tous les dons de l'intelligence, consa- i! crant ses facultés, son temps, son savoir au n service de déplorables spéculations, et commet- ii tant toutes les infamies pour de l'or, c'est un il spectacle qui confond, et l'on se demande si l'in- n térêt du pays n'exigeait pas impérieusement li que de tels faits fussent dévoilés, quand celui-la ii même qui s'en était rendu coupable, voulait ii entrainer mes compatriotes a l'honorer du plus il périlleux des mandats Je ne suis pas juris- i! consulte, mais on m'a souvent répété que la ii jurisprudence avait pour mission de plier les li principes du droit aux exigences des moeurs et ii a la souveraine équité. Jus enim semper queeren- n dum est cequabïleneque enim aliter jus esset. Si ii M. Brasseur sortait du Palais de Justice avec n une sentence de nature a l'absoudre, que fau lt drait-il penser de nos moeurs et n'y aurait-il ii pas lieu de douter de l'équité de nos lois DE LA MOUT ARDE APRÈS LE DINER. Le mémoire Brasseur vient de paraitre. M. Brasseur nous rappelle un ambassadeur sué- dois qui fut présenté a Louis XIV, et qui, ayant oublié la harangue qu'il avait apprise par coeur, se mit a réciter son cathéchisme, demandes et ré- ponses. Personne ne se douta de la supercherie, sauf les gens de la suite du prince ambassadeur, qui pensèrent mourir du mal qu'ils eurent a tenir leur sérieux. M. Brasseur avait évidemment le droit de croire que personne ne lirait son mémoire, et il aurait pu, lui aussi, y fourrer une forte partie du catéchisme de Malines, sans grave inconvénient. 11 ne l'a pas fait, il faut lui en savoir gré. Notre oeil est tombé par hasard sur un passage que nous citerons pour montrer de quelle fagon concluante M. Brasseur prouve qu'il ne s'est pas gorgé d'or dans les affaires Langrand. Voici la chose Admirez-vous autant qu'elle le mérite cette noble assurance de la vertu injustement accusée M. Brasseur ne parait pas avoir une excellente mémoire; après ga, on regoit tous les jours 27,500 francs, on les fourre dans son porte-monnaie, et on n'y pense plus jamais. Quoi quil arrive, Pexplication de M. Brasseur ne le mettra point dans l'embarras, au cas oü la quittance se retrouverait. C'est un homme exces- sivement circonspect que M. Brasseur. (Chronique.) Actes Oflloiels- Par arrêté royal du 30 novembre et confor- mément a la demande de la Société anonyme du canal de jonction de la Lys au canal d'Ypres, le Quant a I'allocation extraordinaire, sans date de 27,500 fr., renseignée par M. Langrand a la comptabilité de l'Internationale, je n'en ai aucun souvenir, et je ne puis l'accepter que si on produit une quittance de ma part. J'ai toujours donné quittance pour toute somme perque.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 2