JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT^
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YPRES, fïi manche
Dixième année. N° 1.
7 Janvier 1872.
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POUR LA BELG [QUE .-
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ou envois d? argent doivent être adressés franco au bureait du journal.
La presse beige qui a tant soit neu con
science de sa dignité, continue a élargir le
fosse qu'elle a creusé entre elle et cette
presse agenouillée et servile qui a encou
rage pendant vingt ans, par ses bassesses
et ses approbations systématiques, les apos
tasies de ceux en qui le pays avait rends de
confiance ses destinées et qui ont froide-
ment abuse de cette confiance.
Ce réveil de.s organes indépendants est
d'un bon augure pour le pays. On ne verra
plus désormais les journaux consciencieux
lacher la bride, par une faiblesse coupable,
aux instincts de domination et d'asservisse-
ment du doctrinarisme de droit divin. On
ne verra plus des écrivains d'honneur et
parfois de courage, ramper sous la baguette
de l'Ecno du Parlement, et balbutier ma-
chinalement le mot d'ordre frériste parti de
Bruxclles.
L'honnêteté politique ne perd jamais ses
droits, et il arrive ton jours un moment ou
une reaction salutaire s'opère chez ceux
dans qui tout sentiment d'indépendance
n'est pas étoulfé.
Nous sommes heureux de constater ce
revirement conscient et étudic de l'opinion.
II honore la presse qui en prend l'initiative;
il relève la profession d'écrivain trop long-
temps avilie par les complaisances coupa-
bles, par la soumission aveugle de certaines
feuilles qui, étant connues aujourd'hui, ne
sont plus a redouter, mais a meprisef.
On s'est apercu, peut-être tardivement,
du triste role que ces feuilles imposaient a
celles qui s'étaient, de bonne foi, rangées
de leur cöté, espérant que cette condescen-
dance vaudrait au pays quelques réformes
restées, de parti pris, a l'état de promesses.
Une scission compléte ne peut manquer
de s'operer entre les progressistcs, si mo-
dérés qu'ils soient, et les absolus du doctri
narisme et de l'ancien libéralisme.
II est impossible qu'après une experience
aussi compléte, les honnêtes gens consen
tent encore a servir de marche-pied aux
ambitieux qui ont stérilisé pendant si long-
temps les aspirations réformistes du peuple
beige.
II est nécessaire, dans l'intérêt de la mo-
ralité politique de notre pays, qu'une ligue
de progressistes sincères se forme et oppose
une barrière infranchissable aux revenants
du parti-borne.
Si la question clérico-doctrinaire conti
nue a être seule discutée, si les esprits
cclairés, convaincus et honnêtes persistent
a administrer au pays ce dérivatif captieux,
si des questions plus importantes et d'un
intérêt général ne sont pas apportées sur le
terrain de la discussion, si les efforts des
intelligences et des consciences ne doivent
jamais aboutir qu'a assurer la domination
d'un ministère plutót que celle d'un autre,
la Belgique deviendra la risee de l'Europe.
Déja les feuilles les plus modérées de
France et d'Angleterre apprécient sévère-
ment notre attitude nonchalante et les intri
gues de partis qui révèlent seule notre exis
tence politique.
II faut prouverune bonne fois pour toutes
que le pays possède d'autres ressources
morales, qu'il renferme dans son sein un
milieu sincèrement progressiste-libéral-dé-
mocratique.
On le prouvera en anéantissant légale-
ment le doctrinarisme clerical et libéral et
en le remplacant par une phalange nom-
breuse et compacte d'hommes nouveaux,
desquels on ait le droit d'attendre autre
chose que de vaines et stériles promesses.
M. Bara a pompeusement annoncé le dépot
d'une proposition qui alla.it mettre a nu les repré-
sentants du pays, dévoiler leurs idees intimes,
trahir leurs tendances les plus secrètes.
La montagne doctrinaire se déclarait en mal
d'enfantles badauds accourus pour banqueter,
s'en retournèrent assurés, d'après une clameur
si haute, qu'elle accoucherait sans faute d'une cite
plus grosse que Paris.
Or quelle est cette proposition alaquelle M. Bara
attribue une vertu si grande et si redoutable
Le Journal de Liége jure ses grands dieux qu'il
n'en sait rien, mais il affirme que si c'était, par
hasard, la publication d'une edition officielle des
Annates parlementaires qui serait gratuitement
distribuée a tous les électeurs généraux, il ne
nous resterait plus qu'a élever une statue a
M. Bara.
If Echo du Parlement, enthousiasmé, ne doute
pas que ce soit cela, et il est persuadé qu'après
une telle initiative, le libéralisme ne peut manquer
de reprendre son vieux prestige.
-
II est clair qu'au moment ou le parti libéral
tout entier reproche aux doctrinaires de 1'avoir
perdu, en refusant les réformes les plus impor
tantes et les plus urgentes, la mystérieuse solen-
nité des paroles par lesquelles l'un des chefs du
doctrinarisme annongait, en quelque sorte, la re
habilitation prochaine de sa petite Eglise, ne pou-
vait cacher qu'un grand projet marqué au coin du
libéralisme le plus caractérisé.
De quoi s'agit-il, en effet?
M. Malou avait dit aux membres de la gauche
Le pays vous connait et nous connait. M. Bara
s'insscrit en faux contre cette affirmation il
n'admet pas que quarante années de disputes par-
lementaires aient suffi au pays pour apprendre a
distinguer la gauche de la droite. Et franche-
ment, il a raison, car les nuances entre elle et la
droite sont imperceptibles.
Or M. Bara pretend avoir trouvé un mode
d'éclairage destiné a les rendre saisissables aux
myopes mêmes, qui sont nombreux. Autant vsrut
promettre de nous faire voir la lune en plein midi.
Distribuer gratuitement les Annates parlemen-
taires aux électeurs généraux, aux frais des élec
teurs provinciaux et communaux et des citoyens
qui ne sont pas électeursOhl'excellente idee,
excellemment doctrinaire L'avocat, l'ingénieur,
le mëdecin, non-électeurs, payant un exemplaire
du Moniteur a des électeurs qui ne savent pas lire
et qui s'empresseront d'en faire argent chez l'épi-
cier du coin
If Indépendance a raison, M. Bara passait plus
sürement a la postérité, s'il avait eu l'idée d'en-
voyer aux électeurs censitaires, si chers au cceur
clérico-doctrinaire, un abécédaire et quelques ca
hiers de papier blanc.
ILcs Idees de ïïnoviii
snr les qnalllés nécessaires aax éleclenrs.
La presse qui rendrait incontestablement le
plus de services a la propagande des idéés démo-
cratiques serait celle qui serait le plus compléte-
ment indépendante des sacrifices d'argent que
nous serions obligés de faire pour elle. II faut en
core que cette presse, quotidienne, autant que
possible, soit d'un prix assez modique pour pou-
voir être mise a la portée de l'ouvrier et de celui
qui possède peu; qu'elle parle un langage clair
pouvant être compris par la grande masse des
lecteurs. Si tous les amis sincères du progrès, si
tous les véritables démocratessi tous les parti
sans convaincus de la diffusion des lumières vou-
laient en fort peu de temps balayer les idéés su-
rannées de ce siècle et faire de la presse une im
mense école, ils s'entendraient, se coaliseraient
pour organiser une vaste association de journaux
démocratiques et progressistes. Ces journaux se-
raient écrits en flamand ou en frangais, sclon les.
centres dans lesquels ils paraitraient.
L'OPINION
Laissez dire, laissez-vous bldmer, mais piibiiez votre pensèe
YPRES, Janvier «ssa.
Je me figure un auteur
Qui ditJe chanterai la guerre
Que firent les Titans au maïtre du tonnerre.
C'est promettre beaucoup mais qu'en sort-il souvent
Du vent.
SB