JOURNAL O'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT ÏPilES, Dimanche Dixième aonée. j\° 7. 18 Février 1872 Le tout payable d'avancb. pitix ii5«\\i:ui;\r POUIt LA BELG [QUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, ie porl en sus. Un Numéro 25 Centimes PRIX DES ANNONCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes% Paraissant le dimanche. r v/' Laissez dire, laissez-voiis blamer, mais publiez votre pensee On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Dixmude59. i On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envoiS d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. YPRES, LE 17 Février 1872. On pouvait espérer que le nouveau règle- ment'de notre Association libérale étant arrêté, le Progrès, dont c'est la mission de propager la bonne doctrine, allait s em- presser d'en donncr connaissance a ses lec- teurs. C'était bien le moins, nous semblait- il, qu'une oeuvre aussi considerable étant menée a bonne fin, le journal des frères et amis se hatat de la répandre et de per- mettre aux populations impatientes d'en admirer les perfections. II n'en est rien. Voici bientót trois se- maines que 1'Association a jeté les bases d'une nouvelle existence, et jusqu'a présent le Progrès, son organe officieux, n a pas en core daigné nous donner, par le détail, les innovation's introduces dans l'ancien règle- ment. Que signifie ce silence? Yeut-il dire qu'a- près avoir fait grand bruit de son désir de renover ses conditions d'existence, 1'Asso ciation a elle-même conscience de la puéri- lité des efforts auxquels elle s'est résolue pour reconquérir l'influence qu'elle a perdue dans ces dernières années? 11 nous semble difficile, quant a nous, d'expliquer autre- ment le silence du Progrès, qui a taut d'in- térêt a parler, s'il n'est retenu par des consi- dérations de prudence dictees par le senti ment que nous lui supposons, et qui est le seul admissible. La- misère des temps oblige les homines a bien des concessions. Qui sait si celles que 1'Association s'est décidée a faire nc sont pas de nature a devenir le point de depart d'une entente commune entre les doctrinaires et les libéraux progressistes de l'arx-ondisse- ment? Mais du moins faut-il que nous con- naissions ces concessions, et la répugnance que le Progrès manifeste a nous les faire connaitre n'est pas faite pour nous donner, sur ce point, des espérances bien solides au contraire. L'événement se charge de montrer que le dogme de l'infaillibilité papale est des- tructif de la paix des Etats et du principe de la souvcraineté nationale. Chez tous les peuples, la grande question a l'ordre du jour est la diffusion et la pro pagation de l'enseignement public et même de l'instruction obligatoire. Cette preoccupation des peuples et des gouvernements inquiète naturellement les partisans de l'obscurantisme, ceux qui espè- rent établir leur domination et leur exploi tation sur l'ignorance. Rome est émue, et 1'Unit a Cattolica annonce une prochaine encyclique du pontife. Yoici en quels termes les feuilles cléri- cales, le Nouvelliste entr'autres, parient de la nouvelle Le Pape de son autorité infaillible, décidera si ces projets (d'instruction obliga toire, etc.) rendent a Cesar ce qui appartient a César et a Dieu ce qui appartient a Dieu. Ce que le pape décidera, blanc ou noir, nos cléricaux sont prêts a l'adopter. L'avis du pape, c'est la loi ou les prophètes, c'est même micux que l'Evangile, que Pie IX peut modifier a sa guise, sans avoir rien a redouterde semblable pour ses encycliques. Les cléricaux répondront amen et s'efforcc- rontd'imposer l'opinion infaillible de Rome. Qu'est-ce a dire? N'est-ce pas reconnaitre par la que Pie IX est devenu le maitre ab- solu des Etats, supérieurs aux assemblees représentatives N'est-ce pas proclamer la légitimité de l'immixtion de la curie romaine dans l'administration des Etats? C'est la conséquence* de la proclamation de l'infaillibilité papale, qui commence a se faire sentir. Ailleurs on pourra se moquer de cette andacieuse prétention de Pie IX, on pourra lui faire comprendre qu'il se trompe de siècle, que le temps n'est plus oü les ordres de Rome étaient acceptés comine des arrets du ciel et non suseeptibles d'appel. Mais en Relgique, ce sera autre choseet tout ce qui nassera par la tête du vieillard pale et blême du Vatican sera recu comme des décrcts infaillibles qu'il n'est pas permis a un pouvoir humain de modifier. Le respect de notre majorité cléricale a la Chambre, pour les volorités de Rome, est connu il n'est pas sur les bancs de la droite un seul homme assez rebelle pour braver le Vatican. Quand il plaira a Pie IX de faire acte de souveraineté en Relgique et de nous gou- verner, comme il gouvernait le soi-disant patrimoine de Sainl-Pierre, quand il s'avi- sera de nous dieter, de son autorité infail lible, des lois toutes faites sur l'instruction publique, ou sur toute autre matière, les Cornesse, les Simonis et leurs pareils ne penseront plus qu'a s'incliner et a se sou- mettre en représentants indépendants qu'ils sont. Nous mettons le Nouvelliste au défi de prétendre le contraire. L infaillibilité pontificale, avec un gou vernement clerical, tend a confisquer l'in- dépendance et la souveraineté de la nation entre les mains d'un prince étranger. Qui done faisait dernièrement un grief au parti progressiste de fournir des armes aux cléricaux par ses attaques contre les hommes les plus éminents de la gauche Nous lui demanderions volontiers, a celui-la, ce qu'il pense de la correspondance bruxelloise du Journal de Liége. II y est dit que la députation libérale de Bruxelles, oü nous yoyons des orateurs de la valeur des Demeur, des Bergé, des Couvreur, des Guillery, est bien l'une des plus insignifiantes du paysque les hommes qui la composent, n'ont ni le talent ni l autorité nécessaires pour, etc. qu'ils sont eclipsés par les députations envoyées de pro vince... Les députations envoyees de province! De Liége d abord, cela va de soi parlez-nous des Rossius, des Mouton, des Muller Voila des hommes qui ne se laissent pas efacer. IIy a aussi Virton et M. Bouvier... Mais soyons sérieux. N est-il pas révoltant de voir ces dectrinaires, imperturbables dans leur menteries quotidiennes, nous attribuer le discredit dans lequel ils ont jeté le libéralisme? Quelle est done l'impudence de ces journaux, qui osent nous accuser de dénigrement systématique a l'égard des libéraux les jilus éminents, lorsque, dans la colonne qui suit immédiatement ces diatribes injustes contre nous, ils s evertuent a amoindrirle prestige des libéraux qui ont eu le malheur Re déplaire a M. Frère Les journaux doctrinaires paraissent tout aba- sourdis de l'audace des cléricaux. Les déclara- tions de M. Delcour les exaspèrent. Encore un peu, ils regretteront d'avoir renversé le ministère d'Anethan et prêcheront une nouvelle croisade des Associations de province pour le renverse- ment du ministère de Theux. Nous ne prendrons pas plus parti pour l'un que nous n'avons pris pour l'autre, nous n'avons aucune préférence, un clérical pour nous est toujours détestable. Mais nous nous permettrons de faire observer aux confrères de la presse doctrinaire qu'il leur

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 1