JOURNAL O'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
ÏPilES, Dimanche
Dixième aonée. j\° 7.
18 Février 1872
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YPRES, LE 17 Février 1872.
On pouvait espérer que le nouveau règle-
ment'de notre Association libérale étant
arrêté, le Progrès, dont c'est la mission de
propager la bonne doctrine, allait s em-
presser d'en donncr connaissance a ses lec-
teurs. C'était bien le moins, nous semblait-
il, qu'une oeuvre aussi considerable étant
menée a bonne fin, le journal des frères et
amis se hatat de la répandre et de per-
mettre aux populations impatientes d'en
admirer les perfections.
II n'en est rien. Voici bientót trois se-
maines que 1'Association a jeté les bases
d'une nouvelle existence, et jusqu'a présent
le Progrès, son organe officieux, n a pas en
core daigné nous donner, par le détail, les
innovation's introduces dans l'ancien règle-
ment.
Que signifie ce silence? Yeut-il dire qu'a-
près avoir fait grand bruit de son désir de
renover ses conditions d'existence, 1'Asso
ciation a elle-même conscience de la puéri-
lité des efforts auxquels elle s'est résolue
pour reconquérir l'influence qu'elle a perdue
dans ces dernières années? 11 nous semble
difficile, quant a nous, d'expliquer autre-
ment le silence du Progrès, qui a taut d'in-
térêt a parler, s'il n'est retenu par des consi-
dérations de prudence dictees par le senti
ment que nous lui supposons, et qui est le
seul admissible.
La- misère des temps oblige les homines a
bien des concessions. Qui sait si celles que
1'Association s'est décidée a faire nc sont pas
de nature a devenir le point de depart d'une
entente commune entre les doctrinaires et
les libéraux progressistes de l'arx-ondisse-
ment? Mais du moins faut-il que nous con-
naissions ces concessions, et la répugnance
que le Progrès manifeste a nous les faire
connaitre n'est pas faite pour nous donner,
sur ce point, des espérances bien solides
au contraire.
L'événement se charge de montrer que
le dogme de l'infaillibilité papale est des-
tructif de la paix des Etats et du principe
de la souvcraineté nationale.
Chez tous les peuples, la grande question
a l'ordre du jour est la diffusion et la pro
pagation de l'enseignement public et même
de l'instruction obligatoire.
Cette preoccupation des peuples et des
gouvernements inquiète naturellement les
partisans de l'obscurantisme, ceux qui espè-
rent établir leur domination et leur exploi
tation sur l'ignorance. Rome est émue, et
1'Unit a Cattolica annonce une prochaine
encyclique du pontife.
Yoici en quels termes les feuilles cléri-
cales, le Nouvelliste entr'autres, parient de
la nouvelle
Le Pape de son autorité infaillible,
décidera si ces projets (d'instruction obliga
toire, etc.) rendent a Cesar ce qui appartient
a César et a Dieu ce qui appartient a Dieu.
Ce que le pape décidera, blanc ou noir,
nos cléricaux sont prêts a l'adopter. L'avis
du pape, c'est la loi ou les prophètes, c'est
même micux que l'Evangile, que Pie IX
peut modifier a sa guise, sans avoir rien a
redouterde semblable pour ses encycliques.
Les cléricaux répondront amen et s'efforcc-
rontd'imposer l'opinion infaillible de Rome.
Qu'est-ce a dire? N'est-ce pas reconnaitre
par la que Pie IX est devenu le maitre ab-
solu des Etats, supérieurs aux assemblees
représentatives N'est-ce pas proclamer la
légitimité de l'immixtion de la curie romaine
dans l'administration des Etats?
C'est la conséquence* de la proclamation
de l'infaillibilité papale, qui commence a se
faire sentir.
Ailleurs on pourra se moquer de cette
andacieuse prétention de Pie IX, on pourra
lui faire comprendre qu'il se trompe de
siècle, que le temps n'est plus oü les ordres
de Rome étaient acceptés comine des arrets
du ciel et non suseeptibles d'appel.
Mais en Relgique, ce sera autre choseet
tout ce qui nassera par la tête du vieillard
pale et blême du Vatican sera recu
comme des décrcts infaillibles qu'il n'est pas
permis a un pouvoir humain de modifier.
Le respect de notre majorité cléricale a la
Chambre, pour les volorités de Rome, est
connu il n'est pas sur les bancs de la droite
un seul homme assez rebelle pour braver le
Vatican.
Quand il plaira a Pie IX de faire acte de
souveraineté en Relgique et de nous gou-
verner, comme il gouvernait le soi-disant
patrimoine de Sainl-Pierre, quand il s'avi-
sera de nous dieter, de son autorité infail
lible, des lois toutes faites sur l'instruction
publique, ou sur toute autre matière, les
Cornesse, les Simonis et leurs pareils ne
penseront plus qu'a s'incliner et a se sou-
mettre en représentants indépendants qu'ils
sont.
Nous mettons le Nouvelliste au défi de
prétendre le contraire.
L infaillibilité pontificale, avec un gou
vernement clerical, tend a confisquer l'in-
dépendance et la souveraineté de la nation
entre les mains d'un prince étranger.
Qui done faisait dernièrement un grief au parti
progressiste de fournir des armes aux cléricaux
par ses attaques contre les hommes les plus
éminents de la gauche
Nous lui demanderions volontiers, a celui-la,
ce qu'il pense de la correspondance bruxelloise du
Journal de Liége.
II y est dit que la députation libérale de
Bruxelles, oü nous yoyons des orateurs de la
valeur des Demeur, des Bergé, des Couvreur, des
Guillery, est bien l'une des plus insignifiantes du
paysque les hommes qui la composent, n'ont ni
le talent ni l autorité nécessaires pour, etc. qu'ils
sont eclipsés par les députations envoyées de pro
vince...
Les députations envoyees de province!
De Liége d abord, cela va de soi parlez-nous
des Rossius, des Mouton, des Muller Voila des
hommes qui ne se laissent pas efacer.
IIy a aussi Virton et M. Bouvier...
Mais soyons sérieux.
N est-il pas révoltant de voir ces dectrinaires,
imperturbables dans leur menteries quotidiennes,
nous attribuer le discredit dans lequel ils ont jeté
le libéralisme? Quelle est done l'impudence de ces
journaux, qui osent nous accuser de dénigrement
systématique a l'égard des libéraux les jilus
éminents, lorsque, dans la colonne qui suit
immédiatement ces diatribes injustes contre nous,
ils s evertuent a amoindrirle prestige des libéraux
qui ont eu le malheur Re déplaire a M. Frère
Les journaux doctrinaires paraissent tout aba-
sourdis de l'audace des cléricaux. Les déclara-
tions de M. Delcour les exaspèrent. Encore un
peu, ils regretteront d'avoir renversé le ministère
d'Anethan et prêcheront une nouvelle croisade
des Associations de province pour le renverse-
ment du ministère de Theux. Nous ne prendrons
pas plus parti pour l'un que nous n'avons pris
pour l'autre, nous n'avons aucune préférence, un
clérical pour nous est toujours détestable.
Mais nous nous permettrons de faire observer
aux confrères de la presse doctrinaire qu'il leur