NAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEIENI
YPRES, Di manche
Dixième année. N0 8.
25 Février 1872
Le tout payable d'avance.
PRIX D'iBOüWElIElT
POUR LA BELGIQUE
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Un Numéro 25 Centimes
S. DES AWOXCES
ET DES RECLAMES
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YPRES, LE 24 Février 1872.
Les Francais, on l'a dit souvent, ne sau-
raient se passer d'un homme, d'ttn maitre
devant lequel ils abdiquent leur volonté et
qui leur tienne lieu destitutions. Pas de
principes, pas de convictions, mais un
chef! un chef qui pense et agisse pour
euxtel a été jusqu'ici, le résumé de leur
histoire, et tel' il semble devoir l'être dans
l'avenir. Ni la voix de la raison, ni les lecons
de l'expérience ne parviennent a leur faire
comprendre qu'un peuple ne peut sauve-
garder sa liberté et sa dignité que par des
institutions qu'il fait respecter lui-même,
et que du jour oü il confie ses destinées
exClusivement a un ou a quelques hommes,
il signe sa déchéance. En ce moment oü le
peuple francais pouvait se relcver morale-
ment aux yeux de l'Europe et fonder sur de
larges institutions un avenir stable, il recom
mence une de ces evolutions fatales qu'une
dure expiation suit ordinairement. II re
cherche, dans les pages sombres du passé, la
loi de l'avenir. Trop de liberté le gêne, l'in-
quiète. II voit a l'obuvre les intrigants de
divers partis, il les redoute et, les intéréts
particuliers aidant, il est prêt a leur céder
le terrain. Or, il n'est pires révolutionnaires
que les monarchistes évincés. Ils n'accor-
dent a leur pays ni trève ni repos quand il
s'agit de satisfaire leur ambition person-
nelle.
En France, nous les voyons s'agiter et
affirmer leurs pretentions avec une audace
qui nous inspire de tristes apprehensions
pour l'avenir de cette nation. Que lui pré
sage en cffet le rapprochement qui s'opère
entre les diverses fractions monarchiques,
et l'adoption d'un programme commun? Le
rétablissement de la monarchie en France,
c'est le retour a l'ancienne politique. De par
son origine, de par les inspirations de son
entourage, de par sa raison d'etre natu
relle, la monarchie doit reprendre la tradi
tion latine, essayer d'entrainer dans son
orbitre la Belgique, l'Espagne, l'Italie du
Sud, auxquelles elle voudra imposer de nou
veau et avant tout le frein catholique; en
même temps, elle devra flatter les instincts
nationaux en inscrivant sur son programme
politique la revendication de l'Alsace et de
la Lorraine. Opposer moralement a l'Alle-
magne, sous la bannière du pape, l'union
des Etats catholiques latins, et preparer une
revanche matérielle par l'organisation mili
taire de toute la France, telle sera infailli-
blement la politique de la monarchie en for
mation. Or, les temps sont passés oü une
pareille politique peut triompher.
Les idees politiques et religieuses des re-
présentants du passé se briseront contre
1 esprit moderne, comme la France se bri-
sera contre l'Allemagne le jour oü elle
voudra tenter de nouveau le sort des
batailles. Le génie national et libéral qui
s'est révélé a, Berlin et qui y veille, verra
venir a lui, en persistant dans sa marche
progressive, les sympathies que la France
va s'aliéner en reprenant les plus mauvais
restes de la tradition latineil aura le beau
röle en Europeil sera accepté par le monde
libéral comme son bras droit contre les der-
niers efforts ^le l'ultramontanismeil sera
plus fort que jamais pour écraser toute ten
tative d'agression venant d'Outre Rhin. Ce
que nous craignons, c'est que la nouvelle
France monarchique, travaillée de crises
intérieuresobligée de recommcnccr le
cycle de ses revolutions, ne soit en outre
jetée dans les aventures guerrières qui las-
seront la patience de l'Europe et permet-
tront aux puissances voisines d'en faire le
démembrement a la satisfaction univer-
selle.
Et voila ce qui nous attriste pour l'avenir
de ce pays, quand nous considéivrns les
convoitises dont il est l'objet de la part
d'hommes politiques qui oublient que les
soldats étrangers foulent encore son sol et
que, avant de lui ravir la liberté, il faudrait
avoir du moins la pudeur de lui en laisser
faire un sérieux essai.
La question de l'enseignement obligatoire va de
nouveau être agitée a la Chambre. Le résultat du
débat est connu d'avance. Le rapport fait par
M. de Haerne, au nom de la section centrale
chargée par la Chambre des représentants
d'examiner la proposition de M. Funck, conclut
que l'instruction obligatoire est inutile en
Belgique. Le rapporteur soutient qu'il sera facile
d'extirper complótement l'ignorance de notrepays
sans recourir a aucune contrainte. La Meuse
fait a ce sujet les reflexions que voici
Cinq sections ont repoussé l'instruction obli
gatoire la lre par 6 voix contre 3, la 3" par 7
contre 1, la 4° par 6 contre 3, la 5° par 9 contre 1
et 1 abstention et la 6° par 2 voix et abstention.
De sorte qu'avec les sept votants de la
2" section, nous arrivons a un total de quarante-
sept représentants sur cent et vingt-quatre
ayant pris part en sections a l'examen de cette
importante question.
Le rapport de M. de Haerne est divisé en deux
partiesd'abord l'exposé de l'organisation de l'en
seignement obligatoire dans les différents pays qui
en ont adopté et appliqué le principeensuite, une
appreciation de la valeur intrinsèque de ce prin
cipe, au point de vue de l'honorable chanoine bien
entendu, et un parallèle entre la situation de la
Belgique et celle des pays d'obligation scolaire.
Les pays qui ont admis a des degrés diffé
rents l'enseignement obligatoire sont l'Alle
magne, la Suisse, l'Angleterre, l'Espagne, le Por
tugal, l'Italie, la Grèce, la Roumanie, la Turquie,
le Danemark, la Suède et la Norwége en Europe,
ainsi que les trois Etats de l'Union américaine
le Masachusets, le Rhode-Island et la Pensyl-
vanie.
Ainsi, dans les trois quarts de l'Europe le
«principe de l'instruction obligatoire est admis. Les
seuls pays qui ne l'ont pas encore consacré dans
leurs lois sont la Russie, l'Autriche, la France,
la Belgique et la Hollande. En France, un projet
de loi est déposé par le gouvernementl'Autriche
et la Russie ne tarderont pas, de leur cöté, a
suivre l'exemple de l'Allemagne. II ne restera
bientót plus qu'un seul pays en Europe pour pro-
clamer la liberté de l'ignorance ce sera la
Belgique
Le clergé n'a pas fait son deuil de la loi sur les
couventsDans sonmandement,l'évêque de Tournai
la réclame, comme une conséquence de la liberté de
l'Eglise, comme un droit qui ne peut lui être
refusé sans crime.
II faut, dit-il, que l'Eglise soit libre dans l'ad-
ministration des libéralités destipées a l'entretien
et a l'éclat du culte et qui constitue son patrimoine
sacré. Libre dans les effusions de sa charité, dans
ses fondations pieuses, dans 1'établissement et la di
rection des associations religieusesqui sont sa gloire
et un de ses plus fermes soutiens. Libre, en un
mot, dans son gouvernement, dans Vapplication de
ses lois (le Syllabus entre autres), dans sa disci
pline et dans tout le bien qu'elle est appelée a
faire aux ames. Mais, contradiction et injustice
crianteCette liberté de se gouverner et de s'ad-
ministrer selon les regies et les statuts qu'elles se
donnent, les sociétés formées dans un but de com
merce et d'industrie ou de tout autre intérêt tem-
porel, l'obtiennent largement, et on la refuse a
l'Eglise, a cette société constituée par Dieu, etc.
C'est done bien, comme le dit la Vérité, le réta
blissement de la main-morte monacale, la person-
nification civile donnée aux couvents, comme aux
Laissez dire, laissez-vous blêmer, mais publiez votre pensee