par la voix de ses ministres, qui protégé les cou-
pables contre le jury et la justice, qui refuse a la
minorité des éclaircissements, des explications, et
jusqu'a la communication des pieces qu'invoque
le ministère dans les débats, que sera-ce, disons-
nous, si elle fait de ces énormités un système et si
elle donne presque a cbaque séance les plus scan
dal eux exemples
Elle ne parviendra pas a discréditer le régime
parlementaire, mais elle provoquera dans le pays
de graves manifestations. Si Ton ne peut pas pal
ier a la Chambre, la presse pariera et l'opinion
fera bientöt entendre une voix que, bon gré mal
gré, il faudra bien écouter. Alors, la droite fera
entendre des plaintes amères, et elle dira que le
gouvernement descend dans la rue. Mais qui l'y
aura poussé?
II n'est presque pas de révolutions qui n'aient
été provoquées par un gouvernement inique et une
majorité oppressive.
A Monsieur l'éditeur de POpinion.
L'autre jour, a Versailles, comme, a l'occasion
j) de la loi sur l'Internationale, on se laissait aller
n de part et d'autre a proposer l'éternel remède,
n la souveraine panacée de la monarchie ou de la
république, un interrupteur jetait dans le bruit
n ces simples mots Nous voulons avant tout que
v la France vive
Ainsi débute la clironique de la quinzaine qui
se .trouve dans la Revue des Deux-Mondes du
15 mars dernier.
Eh bien, nous aussi, nous voudrions jeter ce cri
au milieu de la discorde libérale, il faut avant
tout que la Belgique viveMais le pourra-t-elle
comme par le passé? Car si nous n'avons pas nos
provinces envahies par l'ennemi, si nous ne de-
vons pas lui payer trois milliards, nous avons les
ultramontains,'les jésuites qui sont l'Internatio-
nale noire, comme les appelle le prince de Bis-
mark, et qui, sans pétrole, sont en train, par les
captations, les testaments, de ruiner le pays, au-
quel dans un temps donné, s'ils restent les mai-
tres, ils enlèveront successivement toutes les li-
bertés incompatibles avec le Syllabus. Et au point
de vue des intéréts matériels, nous avons vu dans
la remarquable étude sur YAgro romano, de
M. Roller, ce qu'ils ont fait des Etats romains.
Quand tout tend a s'unifier en Europe, les Etats
comme les églises, le parti libéral, en Belgique,
s'obstine, par ses divisions, a ne pas prendre en
main la cause commune.
La circulaire du comité de l'Association libé
rale d'Anvers avait reQu cependant un excellent
accueil de la plupart des journaux libéraux du
paysYEcTio du Parlementle Journal de Lie'ge et
Y Union libérale seuls ne s'y rallient pas. Pour
eux, l'enseigneinent obligatoire, l'organisation
des écoles moyennes de filles, l'abrogation de la
loi de 1842, sont des questions qu'il faut remettre
aux calendes grecques.
Dans un autre ordre d'idées, et pour ajouter a
la désunion, le Progrès d'Ypresdans son numéro
de dimanche dernier 17 mars, trouve
Que ce n'est pas, en résumé, avec des règle-
ments qu'on fait des élections, et moins encore
avec des programmes con$us tout d'une pièce.
Tout en reconnaissant qu'il est impossible de
réaliser d'un coup tout un programme, nous vou
drions cependant que, comme en Angleterre, l'on
fit les élections sur une question en eonviant tous
les libéraux, a quelque nuance qu'ils appartien-
nent, a se rallier a elle, de faqon a la faire entrer
par une loi dans le domaine des faits, si le résultat
des élections nous ramenait au pouvoir. A l'ave-
nir et successivement serait ([réservé le soin de
réaliser les autres parties du programme libéral.
Mais ce n'est pas même ainsi que l'entend le
Progrès.
A notre avis, dit-il, cbaque association doit
étudier le tempérament politique du corps
électoral qu'elle représente et y adapter son
programme.
Mais en admettant cette these du Progrès
quelle partie du corps électoral fera loi Seront-ce
les électeurs oampagnards dont l'éducation poli
tique est encore a faire ou ceux des petites villes
oü les questions de personnes priment souvent les
questions de principes Et que deviendra, dans
tout cela, la mission de l'Association libérale, qui
au lieu d'être l'initiatrice, le guide, ne serait plus
a l'électeur que ce que le baromètre est a l'atmo-
spbère?
Puis voyez-vous les associations libérales du
pays se scinder en autant de petites églises avec
des prêtres et des doctrines différentes
Ne serait-ce pas tout simplement l'abdication
du parti libéral, paree qu'il lui manquerait l'unité,
la discipline, qui font la force de l'armée cléricale.
Les considérations qui précédent semblent de
peu d'importance pour nos doctrinairespour eux
il y a quelque chose qui prime tout cela
C'est la politique personnellecertains
hommes au pouvoir, qu'ils y fassent n'importe
quoi pourvu qu'ils y soient, qu'ils y restent, et
)i qu'ils y reviennent.
La maison Frère et Cie, quoi
Eh bien, nous le disons en toute sincérité, si
c'est la le dernier mot de la lutte entre doctri
naires et progressistes, le devoir de ces derniers
est tout tracé pour les futures élections, c'est
l'abstention.
Aider a tirer les marrons du feu pour que, par
personne interposée, les cléricaux les croquent,
est un róle de dupes que les progressistes ont
repoussé déja et qu'ils ne reprendront plus.
POUTRE ET PAILLE.
On a pu lire dans tous les journaux catholiques
l'entre-filets suivant, extrait de la pieuse Gazette
deNivelles
Mardi dernier comparaissaitdevantle tribunal
de simple police de Nivelles, sous la prévention
n d'injures, le sieur F. V., professeur au collége
communal de cette ville. Les faits ayant été
i) bien établis, il a été condamné a cinq francs
i, d'amende et aux dépens envers la partie civile.
n Un public tres nombreux assistait a 1'audience.
C'est tres édifiant
Nous aurons a revenir sur cette affaire, que
n nous ne pouvons passer sous silence.
Assuróment que le professeur en question est
blamable plus que tout autre il devait se garer
de la simple police. On reviendra sur son cas.
SoitMais touchera-t-on, en même temps, un
petit mot des nombreux cas des petits-frères qui
se font, cbaque mois au moins, condamner en
Cour d'assises a des dix et des quinze ans de ré-
clusion pour le plus honteux d'entre les crimes
On verra bien que non.
Ceci est encore plus édifiant.
TRIBUNAUX.
Après les fabricants de chicorée,lesboulangers.
Un boulanger établi a Anvers, nommé J. Wou
ters, agé de 36 ans, avait été attrait devant le
tribunal correctionnel de cette ville, du chef
d'avoir faisifié le pain qu'il fabriquait et qu'il
débitait pour la consommation de ses clients.
De l'expertise qui fut ordonnée par la justice,
il résulte que l'on reconnut la présence du sulfate
de cuivre dans le pain de froment de ladite bou-
langerie, tandis que le pain de seigle contenait un
mélange de gruau, de farine d'orge, de fèves ou de
haricots.
Le tribunal d'Anvers n'avait condamné le pré-
venu qu'a un emprisonnement de 15 jours et a une
amende s'élevant a 500 francs.
Ce jugement fut frappé d'un double appel du
procureur du roi et du condamné.
La cour d'appel de Bruxelles, 4me chambre,
accueillant le réquisitoire de l'avocat-général,
vient de réformer le jugement attaqué en élevant
a six mois la peine d'emprisonnement prononcée a
charge du falsificateur poursuivi. L'amende de
500 fr. est maintenue, et la cour a, de plus,
ordonnó que son arrêt soit inséré dans deux jour
naux de la localité et qu'il serait, en outre, im-
primé par affiches, au nombre de vingt-cinq
exemplaires, pour être placardé sur vingt-quatre
points de la ville d'Anvers, ainsi que sur la
demeure du condamné, le tout aux frais de
celui-ci.
Le même arrêt encore prononce la suppression
a toujours de la patente de J. Wouters.
Voila une sentence qui doit, certes, donner a
réfléchir a ceux des boulangers qui seraient en
core tentés de falsifier leur pain.
A quand les épiciers et autres drogueurs
Faits divers.
Anthropophages.Une exposition de cannibales
va avoir lieu cette semaine, rue Turbigo, a Paris.
Le Barnum des anthropophages en question, un
sieur Shower, a quatre pensionnaires, avec leur
attirail de guerre au grand complet. II est arrivé
hier a Paris avec sa cargaison. Voici les noms des
quatre sauvages Kina, Bose-Yaca, Koya, Tumu-
sumora et Ra-Bia. Ce dernier est un horrible nain
de trente-cinq pouces de haut. Tous quatre ont
été capturés par Trokambau, roi de l'ile Freyee.
Ils sont nés a Va-Viti Léon, la plus grande ile de
1'archipel polynésien.
Après les quatre anthropophages, M. Shower
exhibe une princesse nommée Otovah, également
cannibale, mais convertie au protestantisme. La
princesse et les guerriers danseront devant le pu
blic la danse de la guerredans cette danse,
Koya-Tumusumora agite triomphalement la main
desséchée de son ennemi le roi Lavoni, qu'il a tué
et mangé. Pendant les danses, la princesse Otavah
bat la mesure sur une planche avec des batons, en
chantant un air tantót vif et animé, tantót doux
et mélancolique. Les cannibales de M Shower,
privés naturellement de viande humaine, se rabat
ten! sur la chair crue et dévorent tout ce qu'on
leur présente, chats vivants ou morts, poulets
crus, etc. Tous cinq prononcent quelques mots
anglais.
Nobles étrangers. Une nouvelle ambassade
japonaise, qui se dirige sur Paris, est arrivée le
11 mars a Marseille, a bord du steamer YAtlanta,
venant de New-York. Elle est conduite par un
grand dignitaire de la cour du taïcoun, Peï-Jadd-
Hong, et composée de vingt-deux seigneurs et
mandarins de toutes catégories.
L'ambassade, descendue au Grand-Hötel de la
rue de Noailles, séjournera quelques jours a Mar
seille, et partira ensuite pour Paris, afin de re
mettre au président de la République une lettre
et des présents dont Peï-Jadd-Hong est chargé.
Un naufrage. Nous avons assisté hier, dit la
Liberiea un assez curieux naufrage qui a failli
couter la vie a deux mariniers. Le bateau YEspé-
ranceen aval du pont d'Iéna, sans que rien ait
pu faire présager la catastrophe, coula bas, avec
sa cargaison et les mariniers qui le montaient. Le
navire était, nous assure-t-on, trop chargé. On
procéda immédiatement au sauvetage et l'on
réussit a dégager les deux malheureux mariniers
qui avaient été surpris par l'accident, et se trou-
vaient en ce moment a fond de cale en train de
calfater le bateaupuis après avoir transbordé les
marchandises, un des nouveaux bateaux pompes
amarré au quai arriva au secours du naufragé et
grace a la puissance d'une pompe aspirante et
foulante mue par la vapeur, le releva au bout de
quelques heures. Rien de plus curieux que de voir
fonctionner ce nouvel appareil de sauvetage.
Une scène comique. Une noce descendait de
voiture pour se rendre devant M. le maire du
huitième arrondissement de Paris. Le gendre, la
mariée, la mère de la mariée, tous les gens de la
noce enfin étaient déja sur le trottoir, que le beau-
père se faisait encore attendre.
On ouvrit la portière de la voiture, oü il avait
exigé qu'on le laissat seul pendant le trajet, et on
le trouva étendu sur la banquette horriblement
gris. Le malheureux avait avalé en chemin un
demi-litre de cognac. Reconduisez-le a la mai
son, cria le gendre exaspéré. De quoifit le
beau-père avec majesté et en titubant. On na'in-
sulte! jereprends ma fille! Viens, monbien!
Et, malgré les clameurs du gendre, il forqa la
mariée a remonter en voiture et a le suivre, tandis
que tout le quartier était en émoi.
FALSIFICATION DU PAIN.