statistiques publiés en 1857 par le département
de l'intériexir, tome Ier, pages 158).
Sur 100 miliciens,
En 1851, 36 sont privés de toute instruction,. 11
peuvent lire, 25 savent lire et écrire.
En 1852, 34 sont privés de toute instruction, 11
peuvent lire, 25 savent lire et écrire.
En 1852, 34 sont privés de toute instruction, 11
peuvent lire, 23 savent lire et écrire.
En 1854, 35 sont privés de toute instruction, 14
peuvent lire, 23 savent lire et écrire.
En 1855, 34 sont privés de toute instruction, 9
peuvent lire, 22 savent lire et écrire.
C'est-a-dire que le tiers de notre population se
trouve en 1855 comme en 1840, en proie a l'igno
rance nous ne parierons point de la misère, des
vices et des crimes qui sont la conséquence de ce
fléau socialqu'on'consulte les livres d'écrous des
prisons et les registres des dépots de mendicité.
C'est-a-dire que dans l'état des classes ou-
vrières, sous le rapport de Finstruction, il n'y a
pas, depuis vingt ans, d'amelioration, ou bien, s'il
y a progrès, ce progrès consiste en infiniment
petits dont le statisticien, ce mathématicien de
l'économie, ne peut tenir aucun compte.
Et encore s'agit-il ici uniquement de Finstruc
tion des hommes Quel affreux résultat ne donne-
rait done pas la statistique relative aux femmes,
abandonnées sans souci, même par les adminis
trations libérales du pays, celle de Verviers entre
autres, a l'enseignement négatif des corporations
religieuses.
Que conclure de ces chiffres officiels C'est que
pour combattre un mal terrible, pour lutter contre
l'ignorance et la superstition, ces deux lèpres
sociales, il f'aut des moyens d'une énergique
efficacité.
Et en effet comment espérer qu'une généra-
n tion ignorante prodigue a la génération qui
s'élève les soins qui lui ont été refusés a elle-
i) même, et dont son ignorance l'empêche d'ap-
précier les bienfaits.
Et cependant, Finstruction est gratuite pour les
indigents.
Mais combien profitent de cette faveur
Les documents officiels répondent
Pas même un sur deux
II ne suffit done pas, on le voit, que l'enseigne
ment soit libre pour amener la diffiusion des
lumières.
Le mal sera-t-il guéri si Finstruction est rendue
obligatoire?
Nous disons oui, et nous allons le prouver
Une démonstration en règle serait chose de
luxe.
Nous sommes d'accord sur le principe avec nos
contradicteurs
L'instruction est une condition indispensable de
l'équilibre social, et quelque banale que soit de-
venue l'image, elle est devenue si frappante et si
exacte, que nous ne craindrons pas de la répéter
Les idéés marchent a toute vapeuror. l'idée est
a la société ce que l'irrésistible haleine du feu est
a la machine qu'oppose-t-on a cette puissance
d'entrainement? Lefrein; obstacle impuissant
autant qu'impie il sera brisé. Le train sera jeté
suite a ces deux coeurs, a vivement intéressé l'au-
ditoire comme naïveté de forme et spécimen de
l'ancienne musique sacrée.
L'Alleluia, de Leisering, avec ses chceurs dis
posés a une certaine distance l'un de l'autre et
re produisant les phrases du choeur principal en
échoont été saisissants. II y a un enthousiasme
continu, de la verve religieuse dans ce morceau,
ainsi qu'il convient a un chant d'allégresse.
II a dignement terminé la première partie de ce
magnifique concert.
La Canlale (Téglise (1730) de J.-S. Bach, avec
solos cliantés par Mlle YanEdelsberget MM. Faure
et Cornelis, ainsi que les chceurs, l'orchestre et
M. Mailly ont fait merveille. lis sont parvenus a
vaincre toutes les difficultós dont ce morceau est
hérissé.
M. Gevaert, avec le respect religieux qu'il a
pour les oeuvres des grands maitres, avait tenu a
reproduire lè texte 'original de Bach et non les
éditions romancées, comme cela est de mode, pa-
rait-il, depuis quelque temps, en Allemagne
en dehors de ses rails. Laissez le frein au repos et
ménagez-vous une soupape de suretéet vous
pourrez ainsi, en dehors de tout danger, diriger
le sublime engin qui entraine la société, sans en
retarder la marche. Ce moyen de salut, quel est-il
done, si ce n'est Finstruction.
Voila un point aujourd'hui incontesté par les
hommes qui ne se disent pas ouvertement les enne-
mis du progrès et pour lequel toute discussion
serait une superfétation.
Beste done ceci a établir Finstruction étant
indispensable, suffit-il, pour arriver au résultat
que tous nous voulons atteindre, que l'enseigne
ment soit libre, et même gratuit pour les classes
indigentes.
Demandons la réponse aux faits, et nos adver-
saires trouvent leur refutation dans la statistique,
argument irrefutable.
Ainsi nous n'avóns ici qu'a conclure, qu'a faire
sortir une conséquence de deux prémissesadmises.
Asseyons le syllogisme, et nous verrons si nous
n'arriverons pas tous a une conclusion fatale.
L'instruction est indispensable.
Deux moyens s'offrent pour la distribuer aux
massesla liberté et 1'obligation.
Depuis 28 ans, la liberté est octroyée; pour
rendre le droit plus facile dans l'application, la
gratuite est venue en aide a la liberté.
Quelles ont été les conséquences de ce régime?
Pas un indigent sur deux n'en a profité et le
tiers des miliciens inscrits est encore plongé dans
l'ignorance la plus compléte?
Qu'on conclue, et on arrive rigoureusement a
ceci
Done il faut forcer le malade a prendre le re-
mède qui ddit le sauver, dont ilrefuse l'emploi.
Est-ce un droit? Etrange question, puisque
c'est un devoirSalus populi, suprema lex.
Aussi espérons-nous que notre cri sera entendu,
et qu'il trouvera de l'écho, non-seulement dans
tous les coeurs honnêtes, mais dans toutes les con
sciences éclairées qui comprennent qu'aujour
d'hui il n'y a pas a lutter contre le mouvement,
qu'il n'y a pas a chercher a l'enrayer, mais qu'il
faut le conduire et le diriger.
TRIBUNAUX.
Un proces trés curieux vient de recevoir sa
solution definitive a la cour d'appel de Varsovie.
Un paysan du gouvernement de Lublin, Chris-
toli Podgourniak, était accuse de profanation et
de sacrilége. Son crime consistait dans les faits
suivants.
Podgourniak possédait plusieurs ruches d'a-
beilles qui, ces dernières années, ne produisaient
plus de miel. II avait épuisé tous les moyens pour
remédier a ce malheur, et résolut enfin de suivre
un conseil que lui donna un paysan ruthèné de ses
amis, lequel le persuada que si l'on met dans la
ruche une hostie consacrée, les abeilles repren-
nent leur productive activité.
Pour se procurer l'hostie en question. Podgour
niak alia a l'église voisine et s'approcka de la
sainte table; mais, après avoir regu l'hostie des
mains du prêtre, il la garda dans sa bouche, et,
en s'éloignant de l'autel, voulut la cacher. II fit
Tout a coup des salves d'applaudissements écla-
tent; c'est M. Faure qui apparait! II chante, avec
choeur, le O foces pietatis de Hay dn, avec ce style
ample, ce gout exquis qui ont porté si haut sa re
putation.
Trois rappels accusent le diapason de l'enthou-
siasme des auditeurs.
L'accueil plus que froid fait au cantique fla-
mand O nacht, o schoons naghtde Justus de Har-
duyn (Gand 1810), nous a semblé peu mérité, car
la musique et les paroles étaient déja célèbres en
France au xvne siècle sous le titreO mat, jalouse
nuit. L'hostilité au mouvement flamand devien-
drait-elle systématique en beaux-arts comme en
politique
L'idée de faire chanter les fragments Quando
corpus morietur du stabat de Pergolèse et Pro pec-
caiis du stabat de Rossini, l'un après l'autre, était
heureuse. Composés a un siècle de distance, sur le
même texte, et jouissant, a titres différents, dans
le monde musical, d'une égale célébrité, cela devait
donner lieu a des observations intéressantes.
cela si maladroitement que l'hostie tomba a terre.
Podgourniak, craignant d'être apergu, mit le pied
sur l'hostiemais il fut saisi par ses voisins et
livré aux autorités.
Jugó en première instance par le tribunal de
Lublin, il fut reconnu coupable du chef de profa
nation et de sacrilége et condamné aux travaux
forcés a perpétuité dans les mines. L'accusé inter-
jeta appel, et la cause fut portée devant le tri
bunal de deuxième instance de Varsovie.
Le procureur impérial, M. Atensky, s'éleva
vivement contre Pinterprétation donnée a Facte
de Podgourniak par le tribunal de Lublin, et dé-
clara que cette action prouvait au contraire la foi
sincere et ardente de l'accusé, foi mêlée, il est
vrai, a de tristes préjugés provenant du manque
d'éducation, pour lequel il est impossible d'infliger
a un homme une peine aussi sévère.
Le procureur conclut a l'acquittement complet
de Podgourniak, et la cour déclara l'accusé non
coupable du chef de profanation et de sacrilége et
ordonna sa mise en liberté. Ainsi Podgourniak en
sera quitte pour une peine disciplinaire qui lui
sera infligée par l'Eglise.
IGaits «1 i voix.
Nous lisons dans X Opinion d'Anvers
II nous revient que samedi dernier M. B...
partant d'Anvers pour Bruxelles par le train de
4 h. 50, avait oublié dans la salie d'attente de
lre classe une liasse d'obligations de cent dix-sept
mille francs, enveloppée dans un vieux journal.
Après le départ du train, le garde de cette salie
trouva ces valeurs trainant sur les banquettes et
s'empressa de les remettre au chef de station.
Etant arrivé aBruxelles, M. B... télégraphie
a ce dernier pour lui faire connaitre son facheux
oubli. Un télégramme expédié aussitót apprit a
M. B... que les valeurs avaient été retrouvées et
déposées au bureau, grace a la vigilance et a la
probité du garde de la salie d'attente.
M. B..., revenu le soir a Anvers, alla re-
prendre ses obligations et demanda avec empres-
sement après le garde pour lui donner la recom
pense qu'il avait si bien méritée.
Jusqu'ici tout allait bien, mais quand M. B...
voulut glisser une pièce de cent sous dans la main
du garde, celui-ci refusa en disantMonsieur,
je n'accepte pas d'aumöne... n Et voila comment
on encourage les gens a rester honnêtes
Le 21 mars courant, vers 8 heures du soir, la
nommée Wénin Mélanie, agée de 26 ans, céliba-
taire a Septon, commune de Borlon (Luxembourg),
en mettant de l'huile de pétrole dans une veilleuse
allumée, qui devait bruler la nuit, a répandu le
liquide sur elle et s'est fait des brulures tellement
graves, qu'elle a succombé le lendemain a une
heure de l'après-midi.
L'explosion produite par le pétrole a mis le feu
a son lit et au berceau de son enfant illégitime,
agé de 3 mois, qui a eu le visage brulé, mais on
espère que ses blessures sont sans gravité.
Le père de la victime, qui était accouru pour la
secourir, a eu également les mains fortement bru-
lées.
En regard des maitres austères du xvxe siècle,
l'on a pu constater que la musique religieuse de
Rossini se ressent des effluves mondaines, et
semble plutot faite pour ces temples-boudoirs dont
l'église de Notre-Dame deLorette est le type, que
pour cette vaste basilique de Saint-Pierre de
Rome oü le stabat de Pergolèse a été entendu
pour la première fois.
Le choeur (les Cieux nous annoncent), de la
Création de Haydn, avec solos chantés parM"6 Cro
quet, MM. Cornelis et Mechelaere, a couronné
dignement le concert qui fait le plus grand hon-
neur a notre Conservatoire de musique et a son
jeune directeur M. Gevaert.
Quoiqu'a la musique religieuse, les cérémonies
du culte soient nécessaires paree qu'elle a été
faite pour elles, et qu'elle perde, suivant nous, a
être exécutée dans une salie mondaine, le concert
spirituel du 21 mars dernier n'en laissera pas
moins un grand souvenir dans la mémoire de ceux
qui y ont assisté.