JOURNAL D'YPR.ES DE L'ARRONDISSEMENT VPRES, Dimanche Dixième année. 14. 7 Axril 1872. PRIX D'ABOHmGlIEIT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour I'Etranger, le port en sus. Us Numéro 25 Centimes. PRIX DES AMOMCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee On s'abonne a Ypres au bureau du Journal, rue d1 Elverdinghe, 52. On traite a forfait pour les annonces Souvent reproduitesToules lettres ou envois d'argent doivent étre adressfs franco au bureau du journal. LES JÉSUITES ET LE CLÉRICALISME. Les Jésuites ont pen a pen substitute l'esprit clerical a l'esprit religieux on a fait bon marchde la foi, on a tenu beaucoup aux honneurs et a la puissance la religion est devenuc un instrument de politique in ternationale. C'est le spectacle que nous avons plus que jamais sous les yeux. La grande masse du peuple est profondément indifférente a une théologie qu'elle ne com- prend pas; pour la bourgeoisie, elle est en grande partie voltairienne; mais, par peur de la liberté, et souvent aussi par le désir de se faire un allié utile, elle croit devoir se montrer a l'église, et faire partie de la So- ciété de Saint-Vincent de Paul. Qu'il y ait encore des ames profondément religieuses, nous ne le nions pas. II n'en reste pas moins vrai que la religion n'est le plus souvent aujourd'hui, qu'un mot exploité par des alliés du clergé. En résumé, ce qui règne presque partout, ce n'est plus nu'ine le ca- tholicismc, c'est le cléricalisme. Nous ne craignons point de dire que nous n'avons pas de plus grand ennemi. Qu'on en juge les faits sont la, éclatants, indé- niables. On sait comment il se montre favo rable a l'instruction publique partout il pétitionne et fait pétitionner contre le prin cipe de l'obligation scolaireen cela, il est logique avec lui-même il a peur du grand jour et de lalumière, il ne se defend que par la calomnie et le mensonge, dont il se sert avec une rare violence. Le progrès n'a pas d'adversaire plus acharné. Est—il besoin de rappeler les doctrines du Syllabus, ct la condamnation prononcée par le pape contre La liberté de la pensée, contre la liberté de la presse, contre tous les principes sur lesquels est fondée notre société Cela nel'empêchepas sansdoute dereven- diquer a ses heures, la liberté, et de se poser en martyr, lui qui a tous les priviléges. Mais on ne l'a jamais vu la réclamer pour les autres il entend être le seul a la possé- der, et dans quel but? Voyons quels services il rend a l'individu, a la familie et a la patrie. A l'individu, il prêche une morale éner- vante de résignation et d'obéissance a la familie, il enlève le jeune Mortara pour la patrie, on sait, hélas! comme il est soucieux de son honneur et de ses intéréts. A-t-on done oublié que le clergé francais, par sa haine de la République, n'a pas craint d'ac- clamer l'Empire et de louer, dans la chaire chrétienne, le crime du 2 Décembre Aujourd'hui même, n'essaie-t-il pas de pousser ce pauvre et malheureux pays, malgré ses blessures encore saignantes, a une guerre désastreuses avec l'ltalie? La patrie est une chose qu'il ne connait pas plus que la liberté il n'a qu'un intérêt, celui de Rome, paree que c'est le sien propre. Aussi, tandis que les peuples de race ger- manique ont pu prospérer avec le protes tantisme, les nations latines, arrêtées dans leur mouvement d'expansion au dehors, semblent atteintes d'une irrémédiables dé caden ce, qu'on en juge la Relgique est entièrement aux mains des ultramontains qui font tout ce qu'U faut pour pousser notre pays a, la révolte l'ltalie n'a aucune force l'Espagnc est en proie a l'anarcbie l'Au- triche se disloque. Nous ne voulons pas parler de la France, mais d'excellents esprits se demandentsi elle pourra jamais se relever de l'état de faiblesse ou elle se trouve. Nous le croyons seulement, ce ne sera pas en revenant en arrière, ce ne sera pas par la doctrine du droit divin ni par le cléricalisme qu'elle se saxivera. A Monsieur l'éditeur de ^'Opinion. Le journal le Progrès d'Ypres, dans son numéro du dimanche 31 mars dernier, est indigné, a juste titre, nous le reconnaissons, avec le pays tout entier, de ce qu'un magistrat intègre, pour avoir défendu la loi contre les pretentions d'une corpo ration religieuse (l'institution Lamotte), ait re§u de son cure une notification dont voici le sens qu'ayant encouru les foudres de l'Eglise, il n'a plus a se présenter au tribunal de la penitence, aussilongtempsqu'üm'apassiGisÉTm'E'R'ETiiACTA.Tiozi Et le Progrès de lancer feu et flamme contre ce clergé audacieuximpudent, qui soulève ainsi des n pretentions incompatibles avec la société mo- i) derne, etc., etc. Le cliché habituel Puis il ajoute II y a des gens assez simples, i) après cela, pour prétendre que la question du clérical est vidée et qu'elle n'est plus qu'un fan- n tome, i) A quelle catégorie de personnes pourrait bien faire allusion le Progrès Mystère et incertitude Ce ne sauraitêtre, a coup sur, aux progressistes de notre arrondissement; VOpinion, qui est leur or- gane, s'étant exprimée ainsi dans son numéro du dimanche 18 février dernier L'infaillïbïlité pontificale avec 'un gouvernement clérical tend a confisquer Vindépendance et la sou- veraineté de la nation entre les mains Tun prince ji étranger. Voila qui est bien la Progrès pas plus que 1' Opinion ne veulent de theocratie. Mais comment se fait-il qu'ils ne soient plus d'accord quand il s'agit de la combattre d'une manière, pratique etefficace Se contenter de faire de l'indignation a froid comme le Progrèsrouler hebdomadairement le Thu-tur du Journal d' Ypres, a qui l'on a la bon homie de demander de l'esprit et de la logique (comme si a l'impossible il était tenu) échanger une polémique bien sentie, émaillée de paroles... düres, a quoi tout celaa-t-il etpeut-il aboutir, sinon a e'terniser la question du clérical et a nous tenir vaincus. Les cléricaux, d'ailleurs, ne lisent pas le Pro grèset les libéraux se trouveraient infiniment mieux de la propagande de leurs idees pour faire des prosélytes par des conférences a l'Association libérale, ou des articles flamands dans le Toekomst répandu gratuitement dans les campagnes au moyen du Denier liberal que l'on créerait. Le moindre grain de mil Ferait bien mieux notre affaire Mais faire la guerre platonique aux cléricaux envoyer aux Chambres des hommes qui dans toutes les questions vitales pour le libéralisme votent contre ellesautant laisser alors au pou- voir les sept Malous avec leurs adhérents. Si le clergé en est déja aujourd'hui a anéantir l'indépendance du magistrat, a considérer comme lettre-morte le Code civil et le Code pénal, que sera-ce quand, grace a nos divisions, il sera mai- tre sur toute la ligne Tout le pays est ému de cette lettre de M. le curé de Saint-Pierre d'Ypreselle n'est que le prologue de ce qui nous attend avant peu mais, en tous cas, le clergé, luiest logique et dans son droit en donnant l'absolution comme il l'entencl. C'est a ceux qui la demandent a subir ses lois pour l'obtenir, ou a s'en passer. Ce signe du temps éclairera-t-il enfin les libé raux? Comprendront-ils l'énorme gravité de l'acte que vient de poser le clergé vis-a-vis de la magis- trature beige? Nous osons l'espérer. C'est qu'il ne s'agit plus ici de nuances politiques ou de ques tions de personnes, ce sont les lois mêmes-du pays dont les magistrats sont les gardiens attitrés qui sont en jeu. Aux électeurs a aviser. II est quelquefois intéressant de relire les vieux manifestes. Dans un manifeste électoral de 1864, le parti catholique, aujourd'hui aupouvoir, reprochait a la politique libérale d'etre une po- litique de parti, ne transigeant sur rien, pous- ET PA YE UN DÉPOMMAQEMENT PECUNIAIBE.

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 1