JOURNAL D'YPR.ES DE L'ARRONDISSEMENT
VPRES, Dimanche
Dixième année. 14.
7 Axril 1872.
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LES JÉSUITES ET LE CLÉRICALISME.
Les Jésuites ont pen a pen substitute
l'esprit clerical a l'esprit religieux on a fait
bon marchde la foi, on a tenu beaucoup
aux honneurs et a la puissance la religion
est devenuc un instrument de politique in
ternationale. C'est le spectacle que nous
avons plus que jamais sous les yeux. La
grande masse du peuple est profondément
indifférente a une théologie qu'elle ne com-
prend pas; pour la bourgeoisie, elle est en
grande partie voltairienne; mais, par peur
de la liberté, et souvent aussi par le désir
de se faire un allié utile, elle croit devoir se
montrer a l'église, et faire partie de la So-
ciété de Saint-Vincent de Paul. Qu'il y ait
encore des ames profondément religieuses,
nous ne le nions pas. II n'en reste pas moins
vrai que la religion n'est le plus souvent
aujourd'hui, qu'un mot exploité par des
alliés du clergé. En résumé, ce qui règne
presque partout, ce n'est plus nu'ine le ca-
tholicismc, c'est le cléricalisme.
Nous ne craignons point de dire que nous
n'avons pas de plus grand ennemi. Qu'on
en juge les faits sont la, éclatants, indé-
niables. On sait comment il se montre favo
rable a l'instruction publique partout il
pétitionne et fait pétitionner contre le prin
cipe de l'obligation scolaireen cela, il est
logique avec lui-même il a peur du grand
jour et de lalumière, il ne se defend que par
la calomnie et le mensonge, dont il se sert
avec une rare violence. Le progrès n'a pas
d'adversaire plus acharné. Est—il besoin de
rappeler les doctrines du Syllabus, ct la
condamnation prononcée par le pape contre
La liberté de la pensée, contre la liberté de la
presse, contre tous les principes sur lesquels
est fondée notre société
Cela nel'empêchepas sansdoute dereven-
diquer a ses heures, la liberté, et de se poser
en martyr, lui qui a tous les priviléges.
Mais on ne l'a jamais vu la réclamer pour
les autres il entend être le seul a la possé-
der, et dans quel but? Voyons quels services
il rend a l'individu, a la familie et a la
patrie.
A l'individu, il prêche une morale éner-
vante de résignation et d'obéissance a la
familie, il enlève le jeune Mortara pour la
patrie, on sait, hélas! comme il est soucieux
de son honneur et de ses intéréts. A-t-on
done oublié que le clergé francais, par sa
haine de la République, n'a pas craint d'ac-
clamer l'Empire et de louer, dans la chaire
chrétienne, le crime du 2 Décembre
Aujourd'hui même, n'essaie-t-il pas de
pousser ce pauvre et malheureux pays,
malgré ses blessures encore saignantes, a
une guerre désastreuses avec l'ltalie? La
patrie est une chose qu'il ne connait pas plus
que la liberté il n'a qu'un intérêt, celui de
Rome, paree que c'est le sien propre.
Aussi, tandis que les peuples de race ger-
manique ont pu prospérer avec le protes
tantisme, les nations latines, arrêtées dans
leur mouvement d'expansion au dehors,
semblent atteintes d'une irrémédiables dé
caden ce, qu'on en juge la Relgique est
entièrement aux mains des ultramontains
qui font tout ce qu'U faut pour pousser notre
pays a, la révolte l'ltalie n'a aucune force
l'Espagnc est en proie a l'anarcbie l'Au-
triche se disloque. Nous ne voulons pas
parler de la France, mais d'excellents esprits
se demandentsi elle pourra jamais se relever
de l'état de faiblesse ou elle se trouve. Nous
le croyons seulement, ce ne sera pas en
revenant en arrière, ce ne sera pas par la
doctrine du droit divin ni par le cléricalisme
qu'elle se saxivera.
A Monsieur l'éditeur de ^'Opinion.
Le journal le Progrès d'Ypres, dans son numéro
du dimanche 31 mars dernier, est indigné, a juste
titre, nous le reconnaissons, avec le pays tout
entier, de ce qu'un magistrat intègre, pour avoir
défendu la loi contre les pretentions d'une corpo
ration religieuse (l'institution Lamotte), ait re§u
de son cure une notification dont voici le sens
qu'ayant encouru les foudres de l'Eglise, il n'a
plus a se présenter au tribunal de la penitence,
aussilongtempsqu'üm'apassiGisÉTm'E'R'ETiiACTA.Tiozi
Et le Progrès de lancer feu et flamme contre ce
clergé audacieuximpudent, qui soulève ainsi des
n pretentions incompatibles avec la société mo-
i) derne, etc., etc. Le cliché habituel
Puis il ajoute II y a des gens assez simples,
i) après cela, pour prétendre que la question du
clérical est vidée et qu'elle n'est plus qu'un fan-
n tome, i)
A quelle catégorie de personnes pourrait bien
faire allusion le Progrès Mystère et incertitude
Ce ne sauraitêtre, a coup sur, aux progressistes de
notre arrondissement; VOpinion, qui est leur or-
gane, s'étant exprimée ainsi dans son numéro du
dimanche 18 février dernier
L'infaillïbïlité pontificale avec 'un gouvernement
clérical tend a confisquer Vindépendance et la sou-
veraineté de la nation entre les mains Tun prince
ji étranger. Voila qui est bien la Progrès pas
plus que 1' Opinion ne veulent de theocratie. Mais
comment se fait-il qu'ils ne soient plus d'accord
quand il s'agit de la combattre d'une manière,
pratique etefficace
Se contenter de faire de l'indignation a froid
comme le Progrèsrouler hebdomadairement le
Thu-tur du Journal d' Ypres, a qui l'on a la bon
homie de demander de l'esprit et de la logique
(comme si a l'impossible il était tenu) échanger
une polémique bien sentie, émaillée de paroles...
düres, a quoi tout celaa-t-il etpeut-il aboutir, sinon
a e'terniser la question du clérical et a nous tenir
vaincus.
Les cléricaux, d'ailleurs, ne lisent pas le Pro
grèset les libéraux se trouveraient infiniment
mieux de la propagande de leurs idees pour faire
des prosélytes par des conférences a l'Association
libérale, ou des articles flamands dans le Toekomst
répandu gratuitement dans les campagnes au
moyen du Denier liberal que l'on créerait.
Le moindre grain de mil
Ferait bien mieux notre affaire
Mais faire la guerre platonique aux cléricaux
envoyer aux Chambres des hommes qui dans
toutes les questions vitales pour le libéralisme
votent contre ellesautant laisser alors au pou-
voir les sept Malous avec leurs adhérents.
Si le clergé en est déja aujourd'hui a anéantir
l'indépendance du magistrat, a considérer comme
lettre-morte le Code civil et le Code pénal, que
sera-ce quand, grace a nos divisions, il sera mai-
tre sur toute la ligne
Tout le pays est ému de cette lettre de M. le
curé de Saint-Pierre d'Ypreselle n'est que le
prologue de ce qui nous attend avant peu mais,
en tous cas, le clergé, luiest logique et dans son
droit en donnant l'absolution comme il l'entencl.
C'est a ceux qui la demandent a subir ses lois
pour l'obtenir, ou a s'en passer.
Ce signe du temps éclairera-t-il enfin les libé
raux? Comprendront-ils l'énorme gravité de l'acte
que vient de poser le clergé vis-a-vis de la magis-
trature beige? Nous osons l'espérer. C'est qu'il ne
s'agit plus ici de nuances politiques ou de ques
tions de personnes, ce sont les lois mêmes-du pays
dont les magistrats sont les gardiens attitrés qui
sont en jeu.
Aux électeurs a aviser.
II est quelquefois intéressant de relire les
vieux manifestes. Dans un manifeste électoral de
1864, le parti catholique, aujourd'hui aupouvoir,
reprochait a la politique libérale d'etre une po-
litique de parti, ne transigeant sur rien, pous-
ET PA YE UN DÉPOMMAQEMENT PECUNIAIBE.