depuis que les charpentiers de la ville s'étaient
refusés a dresser les arcs-de-triomphe et que Ton
avait du avoir recours aux soldats de la gar-
nison.
Nous interrogeons plusieurs personnes sur les
dispositions de la population les unes assurent
que l'on doit s'attendre a des manifestations
hostiles, les autres prétendent qu'on s'inquiète a
tort. Le Conseil communal, composé d'ultramon-
tains,s'estdécidé, après delongues tergiversations,
a voter un subside pour la fête on compte que ce
vote retiendra ceux qui seraient tentés de com-
mettre quelque exces. La garnison est consignee.
Cependant, je n'ai point appris qu'il y ait eu des
désordres le lendemain.
Nouslogeons a l'hótel de Zwaan.A peu pres
en face se trouve l'liötei de la Couronne, ou le
comte de Chambord a logé récemment. Qui sait
si, dans l'esprit du descendant des Bourbons, ne
se faisait point un rapprochement entre sa fortune
et celle de Charles II, le descendant des Stuarts,
qui, lui aussi, attendait a Bréda une restaura-
tionCharles II l'obtint, cette restauration, grace
a Monkje ne crois pas que le comte de Cham
bord l'attende de M. Thiers. Bien des souvenirs se
rattachent a cette ville de Bréda, des souvenirs
qui nous touchent, nous Beiges c'est a Bréda
que, lors de la revolution brabangonne, les pa-
triotes organisent en 1789 la resistance et que
Vandermeersch se met a la tête des volontaires;
c'est a Bréda qu'en 1566, au chateau du prince
d'Orange, neuf jeunes gens, inspires par Marnix
de Sainte-Aldegonde, signent le fameux com
promis des nobles, dont Marnix est l'auteur. J'en
cite un passage, il est de ceux qu'il es' bon de re-
lire Nous avons avisé de faire une bonne, ferme
et stable alliance et confédération, nous obligeant
etpromettant l'un a 1'autre, par serment solennel,
d'empêcher de tout notre pouvoir que l'lnquisition
soit maintenue ou regue, sous quelque couleur que
ce puisse être. Nous promettons et jurons d'en=
tretenir cette alliance saintement et inviola-
blement, a toujours, tantque nous vivrons. Les
signataires de eet écrit sont les premiers Gueux
ce sont eux qui relèvent le nom de Gueux que le
comte de Berlaimont leur jette au visage et qui
prennent en signe de ralliement la besace et
l'écuelle. C'est ainsi que le nom de Gueux devient
synonyme de défenseur de la patrie et de la liberté
de conscience.
Après avoir parcouru Bréda dans tous les sens
et avoir visité le mausolée d'albatre d'un ancêtre
du Taciturne, nous prenons le train, qui doit nous
conduire a Dordrecht. L'intérêt du voyage par
cette nouvelle voie ferré, c'est le pont jeté au
Moerdyck, sur l'Hollansclie Diep. Quand au siége
d'Anvers, en 1584, le prince de Parme construisit
surl'Escaut, un pont de 3,500 pieds, on s'extasia
devant cette merveillecomment exprimer aujour-
d'hui son admiration pour le pont du Hollansch
Diep II a quinze cents metres de long et il est
supporté par treize piles, qui se trouvent a cent
mètres l'une de l'autrec'est un ouvrage gigan-
tesque le train ralentit sa course et mets cinq
minutes a franchir le pont. Nous sommes bientót
dans la gare de Dordrechtun grand nombre de
curieux se pressent aux abords de la station, les
cochers se recommandent a grands cris, nous
prenons place dans une voiture et nous traversons
rapidement Dordrecht, tandis que les conducteurs
d'omnibus sonnent de joyeuses fanfares. Nous ne
faisons que passer, il est vrainous voyons cepen
dant que toutesles maisons sont décorées et qu'une
brillante illumination s'annonce; nous avions déja
remarqué que la cocarde orange brillait sur
toutes les poitrines. Ici encore, je note un grand
souvenir C'est a Dordrecht que, quelques se-
maines a peine après la prise de la Brielle, se
tient 1'assemblee des Etats Marnix y est; avec le
prince d'Orange, Marnix est l'ame de la revolu
tion c'est sur sa proposition que le Taciturne re-
qoit le commandement général des troupes et tout
aussitöt Marnix prête serment de fidélité au nom
de Guillaume.
(La suite au prochain numéro.)
LES PROMESSES DES CATHOLIQUES.
Lorsque les catholiques cherchaient a arriver
au pouvoir, ils promettaient monts et merveilles.
L'accise sur la bière, cette boisson populaire par
excellence, allait disparaïtre. Les charges mili-
taires seraient considérablement diminuées. Les
11 p. c. établis a Gand, étaient injustes et allaient
être effacés de la liste des impótsles contribu
tions allaient diminuer. Enfin, moralement et ma-
téricllement, la Belgique allait devenir un petit
paradis terrestre.
Nous ne nous occuperons pas aujourd'hui du
détail des promesses des catholiques, mais nous
pouvons en signaler un des produits généraux
Le budget de l'Etat s'élevait en 1834 a
84,279,578 francs.
En 1871 il atteignait la somme de 178,329,000
francs.
n Soit en moyenne, une augmentation annuelle
de 2,500,000 francs.
i) En 1871, au moment de leur avénement au
pouvoir, les catholiques trouvent un encaisse de
plus de 80,000,000. Non-seulement les 80,000,000
disparaissent, mais le budget de 178,329,000 fr.
est dépassé, et, pour faire face a leurs énormes
dépenses, ils ont du contractei- des emprunts.
En 1872, le budget est porté a la somme de
188,914,000 francs, soit une augmentation de
10,600,000 en une seule année.
Pour peu que ces messieurs continuent encore a
administrer la Belgique de la même faqon, notre
situation financière sera bientót d&ns l'état floris
sant qui distingue les sociétés Langrand. II est
vrai que, los administrateurs étant a peu prés les
mêmes, les résultats doivent se ressembler beau-
coiip.
Le tribunal de commerce de Bruxelles a rendu
avant-hierun judgement, qui remettait a deux mois
l'épreuvedu concordat dans les affaires Langrand.
Mais, un grand nombre de porteurs des lettres
de gage, d'heureuse mémoire, n'eurent pas con-
naissance de cette remise.
Aussi, hier, dès dix heures du matin, la cour du
palais de Justice se trouvait envahie par une foule
innombrable de campagnards.
Les communes rurales étaient largement repre
sentees par de nombreux créanciers de l'Interna-
tionale pas celle des travailleurs, qui, se
voyant encore trompés dans leurs espérances, ne
se gênèrent pas pour faire entendre leurs reclama
tions sous la forme des vocables les plus variés et
les plus pittoresques.
Ce fut bien pis encore lorsque, vers onze heures,
on vit arriver plusieurs centaines d'agricolteurs,
s'informant a tout venant de l'heure des débats,
auxquels les avaient conviés les curateurs de la
faillite de YAgricole.
Ces hommes des champs faisaient la plus triste
mine de leur déconvenue.
Et les spectateurs de cette scène faisaient cette
reflexion fort juste, que quelques-uns des nom
breux agents d'affaires de Langrand, qui avaient
jadis mis tant d'ardeur a extorquer 1'argent de ces
pauvres paysans, pourraient bien aujourd'hui se
charger de leurs intéréts, en se faisant donner
leurs procurations et en leur évitant ainsi des dé-
placements couteux et inutiles souvent.
Pour que la reunion des créanciers fut efficace
hier matin, ils auraient du être plus de deux mille.
Le millier de paysans, qui étaient présents, devait
perdre son temps et son argent, même si le tribu
nal n'avait pas remis 1'affaire.
Quand on s'arrête devant les petites boutiques
ou les enfantsvontacheter des pommes et des bon
bons, on frémit en voyant dans des bocaux, des
sucreries chargées de couleurs verte, rouge,
jaune, de.la plus mauvaise figure.
Les enfants rentrent malhdes chez eux. Le mé-
decin, s'il est appelé, ne comprend parfois rien a
leur indisposition. Dieu sait si elle n'est pas cau-
sée par les matières au moyen desquelles on colo-
rie ces friandises de mauvais aloi.
On cite des empoisonnements sérieux qui n'ont
pas eu d'autre cause.
Le gout des bonbons a l'usage des enfants du
peuple ne serait pas plus mauvais si on ne colorait
pas ces sucreries. Qu'on leur laisse leur couleur
naturelle au lieu de les barioler de teintes mal-
saines.
Nous croyons que les commissions médicales se
sont déja occupées de eet objet; mais les mesures
qu'elles ont provoquées naguère doivent être tom-
bées en désuétude, car jamais on n'a vu plus de
ces vilains bonbons. II serait done utile qu'elles
se préoccupassent de nouveau de eet objet.
Faits divers.
Un bien triste accident est arrivé avant-hier a
Goé, dft 1'Union libérale de Verviers.
Le nommé Melchior Cullers-Gaspard, ouvrier
magon, employé par le sieur Dohet, sortait avee
son patron du café tenu par M. Darimont, a Goé.
II était onze heures du soil- et l'obscurité était des
plus profondes. A quelqnes mètres du café, se
trouve une passerelle sur la Yesdre, formée d'un
simple madrier. Les eaux étaient tres hautes et
leur fracas s'entendait au loin. Melchior, qui était
en avance sur Dohet, s'engage le premier sur
l'étroite planche, lorsque tout a coup il perd
l'équilibre et est précipité dans la rivière.
Le sieur Dohet entendant ses cris et croyant
distinguer le corps de son compagnon au milieu
des vagues, se précipité cjans la Vesdre et plonge
a plusieurs reprises. Mais bientót entrainê lui-
même par le courant, il pousse des cris de dé-
tressele madrier qui servait de pont et qui était
tombé dans l'eau l'entrainait et menagait de le
noyer. On accourut heureusement a son secours
et on parvint a le repêcher.
Quant au malheureux Melchior, on ne retrouva
son cadavre que le lendemain, a 200 mètres envi
ron du lieu oh cette triste scène s'étaït produite.
On écrit de Hasselt
Notre petite ville, d'ordinaire si paisible, vient
d'être le théatre d'un déplorable événement.
Un horloger soupgonnait sa femme d'entretenir
des relations coupables avec un capitaine de la
garnison, qui occupait un appartement dans sa
maison. Hier, mardi, il dit a sa femme qu'une
affaire urgente l'appelait a Maesyck et qu'elle le
retiendrait jusqu'au lendemain. On devine ce qui
arriva. Au lieu de partir, le mari fiana dans la
ville jusqu'a la nuit et rentra ensuite par une
porte de derrière au domicile conjugal, oü le
spectacle qui s'offrit a ses yeux ne lui laissa plus
aucun doute sur son malheur.
Furieux, il se saisit d'une paire de pistolets
qu'il avait dans sa poche et en déchargea un
premier coup, a bout portant, sur le capitaine, qui
tomba raide mort. D'un second coup, il étendit sa
femme a ses pieds et, justice ainsi faite, il alia se
constituer prisonnier.
La blessure de l'épouse coupable n'est pas
mortellela balle n'ayant fait qu'efHeurer
l'épaule.
Les époux X. avaient toujours vécu en bonne
intelligence. Ils avaient de leur mariage deux en
fants, dont une jeune fille de dix-sept ans.
On lit dans le Stem der Vlaamsehe Landbouwers
a M. Edouard Demarrez de Caneghem l'un
des élèves diplómés les plus distingués de l'Insti-
tut agricole de Gembloux vient d'être nommé,
avec un traitement fixe de 5,000 fr. et 5 p. c. dans
les bénéfices annuels, directeur de la sucrerie de
et de l'exploitation agricole y annexée, contenant
170 hectares. Voila bien une preuve qu'en dépit
des prójugés de nos cultivateurs contre l'enssigne-
ment agricole, on peut trouver a l'Institut de Gem-
bloux le chemin qui conduit a une position sociale
aussi lucrative qu'honorable.
On lit dans le Globe
Nous regrettons d'avoir a raconter un affreux
assassinat commis dans Park-Lane. La victime
est une dame frangaise du nom de Marie-Caroline
Besson Riel, agée de 42 ans. Une fille a son ser
vice, une nommée Watts, l'avait vue, hier vers
onze heures du matin, s'habillant dans son cabi
net de toilette et se disposant a une promenade.
Cette fille était ensuite montée a sa chambre.
Quelque temps après, étant descendue a la cui
sine, elle trouva au bas de l'escalier la cuisinière
qui lui dit que leur maitresse était sortie. Aper-
cevant le chien favori, elle demanda pourquoi il