JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPllES, Dimancbe
V
Dixièiie année. - J17.
28 Avril 1872.
Le tout payable d'avance.
PRIX D'ABOIiEIIEiIT
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
Pour 1'Etranger, le port en sus.
Uk Numéro 25 Centimes,
PRIX DES ANüOüCES
ET DES RECLAMES
10 Centimes la petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes»
Paraissant le dimanche.
Laissez dire, laissez-vous bldmer, mais publiez votre pensee
On s'abonne a Ypres,
au bureau du Journalrue d'Elverdinghe, 52.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduitesToutes lettres
ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
Le cas tie >1. Iweins.
Yoila un mois et plus quele cas de
M. Iweins défraie presqu'exclusivement la
polémique des journaux.
C'est un cas tres intéressant que celui de
M. Iweins, nous le voulons bien, mais enfin
notre procureur du roi ne peut pas raison-
nablement élever la pretention de retenir
plus longtemps l'attention du pays sur le
refus d'absolution dont il s'est si vivement
ému. Franchement, nous devons avoir
quelque chose de mieux a faire.
En definitive, quand on aura tout dit sur
cette affaire, on en reviendra toujours a
ceci Fallait pas qu'y aille! Sans doute,
M. Iweins est bien le maitre d'aller a con-
fesse, si cela lui fait plaisir; mais il ne doit
pas non plus tant se' regimber lorsque le
clergé, pour qui le sacrement de la confes
sion n'a jamais été qu'un instrument de do
mination, songe a s'en armer contre lui
pour l'humilier. M. Iweins trouverait assu-
rément fort plaisant qu'un homme qui se
jetterait, la tête la première, dans un mon-
ceau de suie, se plaignit d'en sortir, la figure
noircie. Lui-même n'a pas fait autre chose
Fallait pas qu'y aille!
M. Iweins, s'agenouillantdevant le prêtre,
entend régler sa confession a sa fantaisie. II
ne pretend pas que ce prêtre l'interroge sur
les devoirs de sa profession et lui signale les
manquements dont il a pu, au point de vue
de l'Eglise, se rendre coupable a eet égard.
Paree que, dans l'affaire Lamotte, il a donné
un avis conforme au sentiment de sa con
science, il conteste a son confesseur le droit
de l'admonester et de lui infliger une péni-
tence.
La est son erreur. Sans avoir beaucoup
hanté le confessionnal et le sermon, nous
savons comme tout le monde sauf notre
procureur du roi que le droit du prêtre
est absolu et sans limitesen pareille matière.
Ce n'est point le penitent, mais le confesseur
qui décide ce qui est péché et ce qui ne l'est
pas. La decision du confesseur, sur ce point
de fait, est proclamée souveraine par l'Eglise
elle-même, le prêtre, au tribunal de la péni-
tence, étant regardé comme le représentant
direct de la Divinité.
L'épiscopat, il est vrai, a donné tort au
curé de Saint-Pierre et si quelque chose
nous étonne dans cette affaire, c'est précisé-
ment cette reculade, a laquelle l'arrogance
de notre haut clergé ne nous avait guère
habitué. Le Bien Public s'en étonne comme
nous-mêmes, et il serait même bien prés de
s'en indigner, si la soumission aveugle dont
il fait étalage ne lui commandait de dissi—
muler ses véritables sentiments.
Au surplus, quelle que soit l'opinion de
chacun sur le cas de M. Iweins, il est temps,
répétons-le, que nous pensions aux choses
beaucoup plus importantes dont nous de
vons avoir souci a la veille des élections.
Après tout, que M. Iweins se confesse ou
ne se confesse pas, nous n'en sommes pas
encore a croire que cela intéresse infmiment
les destinées de la Belgique.
QU'A-T-IL DIT?
Une petite dispute a surgi eutre les feuilles ca-
tholiques a propos de ce que le pape a dit dans
une récente allocution au sujet de la Belgique.
D'après les uns, comme le Journal de Bruxelles
et la Belgique, S. S. aurait dit C'est un petit
i) royaume, mais bien affectionné a ceSaint-Siége;
jelebénis particulièrement, et je souhaite qu'il
garde ce qu'il possède aujourd'hui.
D'après d'autres, comme le Bien Public et le
Courrier de Bruxellesle saint Père aurait dit
Ah! la Belgique, ce petit royaume si bien
v affectionné a ce Saint-Siége, je la bénis parti-
j, culièrement, et je lui souhaite de garder ce dé-
vouement qu'elle possède.
La différence est notable, comme on voit, et ne
se peut suffisamments'expliquerpar une erreur de
traduction.
S'il nous est permis d'émettre un avis en si
sainte matière, nous dirons que nous ne pouvons
admettre la première version.
Quelle apparence que le pape qui, bon an mal
an, retire de la Belgique plusieurs centaines de
mille francs sous forme de deniers de St-Pierre,
ait dit, parlant de cette même Belgique, je sou-
i) haite qu'elle garde ce qu'elle possède
Ce serait du dernier invraisemblable et un
homme infaillible n'a pu s'exprimer ainsi.
Nous nous rangeons done a la version du ien
Public, convaincu que le Journal de bruxelles a
radoté
UN PÈLERINAGE A LA BRIELLE.
{Suite.)
M. De Vries se demande ce que la Hollande
serait devenue si elle était restée soumise a
l'Espagne. Elle n'aurait jamais été qu'un
pays conquis peut-être même n'eut-elle pas été
dépourvue de quelque prospérité matérielle, mais,
dépendante d'une volonté étrangère, sans vie
propre, sans développement libre, elle n'eut pesé
d'aucun poids dans la balance des peuples et n'eut
exercé aucune influence sur le sort de l'huma-
nité. li
Je suis convaincu que l'orateur n'y a mis aucune
intention, mais nous aurions pu nous demander
s'il n'y avait point la a l'adresse de nos provinces
ce que les Hollandais appellent een snuif he.
En même temps que l'indépendance de lapatrie,
on fête la liberté de conscience c'est le second
point du discours de M. De Vries. On peut bien
la fêter, cette pauvre martyre, car il n'y eut
jamais de liberté plus incessamment menacée.
Oh oui, il y a des Constitutions qui la garan-
tissentmais je dirais volontiers, en songeant au
mot de Talleyrand, que, pour certaines gens, une
Constitution n'est qu'un moyen de déguiser leurs
pensées. II ne sufïit pas que le respect de la con
science humaine soit inscrit dans la Charte, il f'aut
qu'il soit inscrit dans les coeurs. Comment peut-on
fonder irrévocablement la liberté, si ce qu'enseigne
le prêtre condamne ce qu'enseigne la Constitu
tion Au seizième siècle, on détenait les héré-
tiquesde nos jours, on enfouit les libres-
penseurs. Pourquoi, si les catholiques ne sont
point ho stiles a la liberté de conscience, ont-ils
montré de si grandes repugnances pour les mani
festations du ler avril? Je sais qu'on a insinué que
l'on célébrait a la Brielle le souvenir des violences
commises sur les catholiques. II parait que des
insinuations de ce genre sont de bonne guerre.
Mais comment a-t-on osé établir un ingénieux
rapprochement entre la victoire des gueux et la
St-Barthélemy? C'était faire trop d'honneur a la
journée de la Brielle que la mettre au niveau de
cette nuit fameuse, qui a valu a Charles IX la bé-
nédiction du pape, accompagnée d'une rose d'or
Les vrais amis de la liberté déplorent toutes les
violences qui sont commises en son nom. II y a eu
des représailles, des excès, quïls soient flétris
Mais que l'on songe pourtant aux atrocités qui les
ont précédés et que l'on sache qu'ils ne peuvent se
comparer en aucune manière a ceux qui les ont
provoqués.
Après avoir félicité son pays d'avoir défendu la
liberté de conscience, M. De Vries rappelle les
titres qu'ont a la reconnaissance de la nation le
grand Taciturne et ses descendants, dont le sort
a été si intimement lié a celui de la Hollande.
L'orateur s'arrête. Le roi descend alors dans l'en-
ceinte pour y poser la première pierre du monu
ment commémoratif. On rédige un procés-verbal
Le cérémonial nous parait un peu long le pro-
gramme officiel de la solennité le règle point par
point les moindres détails y sont prévus qu'on
en juge, voici ce que j'y lis De secrétaris best
het proces-verbaal voor, legt het op den daarvoor
bestemden lessenaar en biedt Zij. tl. de pen aan. De
peenningmeesterden intheher. Faut-il traduire?
Le secrétaire lit le procés-verbal, le met sur le
pupitre disposé a eet effet et offre la plume a S. M.
Le trésorier lui présente l'encrier.
Un fonctionnaire en habit de cour s'est détaché
pendant ce temps de la suite royale et est allé
offrir le bras a une jeune personne, vêtue de soie
bleue, qu'il mène auprès du roi. Elle lui présente
une truelle d'argent et le roi magonne la pierre
au milieu des applaudissements. Le roi fait signe
L'OPIHIOH
na