D'YPRES DE L'ARROSDISSEMENT YTIIES, Dimanche öixième année. IY° 18. 5 Mai 18/2. PRIX D'iBOHWEIIEiT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an 4 fr. 5© par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes Paraissant !e dimanche. PRIX RES AM05CES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Lb tout payable d'avanck. On s'abonne a Ypres. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres au bureau du Journalrue d''Elverdinghe, 52. ou envois d'argent doivent être adressés franco au bureau du journal. YPRESLE 4 MAI 1872. L'affaire d'Espagne est une preuve de eet état de conspiration permanente dans lequel vit ie clergé a l'égard de la société moderne. II y avait longtemps que les feuilles ultramontaines prédi- saient le mouvement. Elles le prédisaient a coup sur. II était arrange par le clergé co mme on ar range des fetes a l'Eglise. Le mot d'ordre était donné comme ce parti-la seul sait le donner. II n'y a que lui pour faire ainsi éclater un mouvement dans tout un pays, le même jour et a la même heure. Chercliez quelle autre influence pourrait le faire vous ne trouverez point. C'estl'art desmet- teurs en scène de la Saint-Barthélemy. Après cela, qu'il y ait plus ou moins de prêtres dans les bandes carlistes ou a la tête des bandes, peu importe, c'est dans l'organisation de ce vaste complot que se manifeste le clergé. A l'oeuvre, on connait Partisan. Du reste, il ne clissimule pas tout ce qui est ultramontain en Europe, partis ou journaux, se prononce ouvertement pour don Carlos. C'est vers lui que se portent toutes leurs espérances et tous leurs voeux, ils le traitent comme un héros, comme le sauveur de la société, comme l'Elu de la Providence. Le clergé est partout admirablement placé pour organiser ces vastes conspirations. II n'y a pas de village, pas de hameau oii il n'ait un représentant, et oü ce représentant ne soit une influence. La hiérarchie catholique met naturellement tous les fils du complot dans les mains d'un chef, et celui-ci est a la fois assure de l'unité d'action et du secret le plus absolu. II dit un mot et tout obéit. Et ce n'est pas seulement dans lepays même que se trouvent les complices, ils sont partout, et partout organisés de même, avec le même pouvoir et la même certitude d'impunité en cas d'échec. La conspiration légitimiste qui éclate en Espa- gne a done des ramifications dans tous les pays ou les catholiques pensent avoir un prince óu un gouvernement a restaurer. S'ils le voulaient', le mouvement qui a éclató en Espagne, pourrait éclater de même et dans les mêmes conditions, en Italië et en France. Nous avons toujours pensé que le voyage du comte de Chambord a Anvers devait se rattacher de trés pres a la conspiration cléricale. II se peut que les manifestations des Anversois aient jeté que}que trouble dans les dis positions du prince et dans l'esprit de ses parti sans. On ne saurait trop faire remarquer le langage des feuilles cléricales a propos de cette insurrec tion d'Espagne, si visiblement organisée par tout le clergé de la Péninsule. La confiance qu'elle leur inspire est énormeils considèrent la restau- ration du Tróne et de l'Autel comme un résultat certain, acquis il semble a les lire, que l'Epagne n'a pas fait un pas en avant depuis 1833, et qu'elle appelle le joug le plus honteux comme une sorte de délivrance. II faut pourtant que le clergé se trompe dans ses calculs, puisque, malgré bien des tentatives diverses pour renverser en Espagne le régime constitutionnel, après quarante années, il est en core debout. Les complots du clergé sont parfai- tement organisés, ses calculs sont fort bien éta- blis, et il peut soulever tous les carlistes du pays a la même heure, mais il y a toujours un élément qu'il ne peut faire entrer dans ses calculs, un cer tain imprévu qui le trompe et qui lui échappera sans cesse. C'est sans nul doute, sauf le cas d'une prompte répression qui ferait avorter cette levée de bou- cliers, avec eet imprévu que l'ultramontanisme aura encore a compter cette fois. II forme beau- coup de complots et de desseins, et il les pousse a l'exécution, mais, ou l'exécution ne répond pas a ses vues, ou les conséquences sont autres que celles qu'il avait préparées. II connait mieux qu'aucun autre parti le sic vos non vóbis. Nous pensons que bien des gens, en Espagne, doivent être fatigués de ces éternelles conspirations et que le clergé pourrait bien voir toutes ses espérances estrangement déipies. Mais ce qui doit surprendre tous les gens censés, c'est l'impudence avec laquelle la presse ultra- montaine soutient .et vante ce mouvement carliste. Quelle difference y a-t-il, cependant, entre un tel mouvement contre l'ordre étnbli, ou un soulève- ment de la Commune. Quant aux atrocités, celles des carlistes d'autrefois et celles des communards se valent. Les journaux publient la lis te des éligi- bles au Sénat. Tout le monde la connait, elle reste la même depuis 40 ans, car le nombre des citoyens qui paient 2,116 fr. 40 c. de contribution ne s'élève malheureu- sement pas dans la même proportion que le prix des denrées alimentaires. La partie intelligente de cette liste se compose d'une demi-douzaine de personnes, le reste représente la fine fleur du créti nisme clerical. Et pourtant c'est le Sénat qui nous gou- verne. Ge sont ces idiots, payant 2,116 fr. 40 c. de contributions qui dirigent la poli tique du pays. Si le progrès a été enrayé en Belgique, c'est par le Sénat. Si le ministère liberal n'a pas pu rëaliser les rélormes dé- mocratiques qu'il rêvait, c'est grace au Sénat. Supposons le gouvernement le plus avancé et la Chambre la plus radicale, il sutlira d'une majorité de quatre ou cinq vieux bons hommes soufflés par leur confes- seiir, pour entraver leur action et les empê- chcr de marcher en avant. On peut dissoudre le Sénat, dira-t-on, mais a quoi bon? Le pays sera toujours forcé de prendre ses sénafeurs sur la liste que l'on sait, c'est-a-dire qu'en les triant sur le volet, il ne parviendra jamais a for mer un Sénat qui ait le sens commun. La révision de la Constitution et la sup pression du Sénat devraient être a l'ordre du jour de toutes nos associations politi- ques. Celles-ci, en effet, auront beau inscrire sur leur programme les réformes les plus nécessaires, les principes les plus démocra- tiques,tous leurs efforts n'aboutiront a rien, aussi longtemps que quelques censitaires de l'aristocratie financière conserveront ce droit de veto qui a été l'une des principales causes de la resolution de 93. Nous lisons dans une correspondance adressée (TAnvers a la Gazette de Bruxelles La presse anversoise a signalé dans ces der- niers temps l'existence, en notre ville, de phalan- stères créés et exploités par le clergé et sur les- quels j'ai regu de curieux renseignements. Ce sont des couvents, soumis a une sorte de règle monas- tique et dans lesquels sont attirés des ouvïiers de tous les métiers qui y travaillent a yil prix. lis y sont logés, nourris, vêtus (ils portent une sorte de soutane) et re§oivent de 75 c. a 2 fr. par se- mainequ'ils doivent consommer dans le cabaret du couvent ou dans des établissements désignés a eet effet. Pour être plus certain que le salaire des frères travaïlleurs rentrera dans leur caisse, les directeurs de ces couvents-ateliers les paient en une monnaie conventionnelle qui, naturellement, n'a cours que dans les établissements affiliés a l'institution. n Les ouvriers recrutés ainsi ne sont pas tous, comme on pourrait le croire, des vagabonds ou des misérables qui demandent au couvent refuge et la garantie du pain quotidienon compte parmi eux beaucoup de jeunes gens qui ont quitté leurs families ou leur patron par fanatisme, dans l'idée que pour faire leur salut ils doivent se soustraire aux testations du monde. Ce sont ceux-la que le clergé exploite et a l'aide desquels il essaie en ce moment de s'emparer d'un immense monopole in- dustriel par l'avilissement des salaires. Le couvent do la ruelle du Livre, au quartier Saint-André, est un énorme batiment dans lequel se trouvent réunis des ateliers de tailleurs, de bottiers, de menuisiers, de charrons, de serru- riers, etc., etc. L'établissement fournit tout ce qu'on lui demande, jusqu'a des croque-morts et des gardes-malades il y a des peintres, des masons, qui, travaillant a vil prix, lui permettent de faire aux entrepreneurs une concurrence désas- treuse. On me cite une maison qu'aucun de ceux-ci ne voulait construire a moms de 17,000 francs et qui a été batie pour 12,000 par les Frères... II en est de même de toutes les industries exploitées par le clergé. Aussi nos artisans qui Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre perisee

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 1