Oil lit dans le Journal de Gand IDaits dirers. ont une familie a nourrir, un loyer a payer, des enfants a habiller et a instruire et qui sont obligés de demander de leurs produits un prix rémunéra- teur, sont-ils furieux decette concurrence. Le cabaret du couvent a même dü être ferme a la suite de manifestations populaires tres vives qui ont trouble tout le quartier. Nous rappelons quelques souvenirs au sujet des anciennes luttes parlementaires et des attaques incessantes dirigées jadis par M. Malou contre le cabinet libéral et sur tout contre son chef M. Frère-Orban. Nous disions que M. Malou faisait de l'art. Rien de plus vrai. Jamais il n'adressait au ministère un sourire plus narquois ni plus agréablement per fide que lorsqu'il avait mis dans son discours une extréme violence. Nous nous rappelons encore la péroraison de son discours contre la loi des suc cessions, lorsqu'il représentait le fisc étendant sa griffe décharnéè' sur un cercueil. II y avait vrai- ment, dans la droite, dés gens qui prenaient cela au sérieux. et que cette image faisait frémir. Et M. Malou, rangeant ses papiers et riant sous cape, trés visiblement, et promenant son re- gard maliri ,i sur ses amis, semblait dire:." II n n'y a pas de plaisir a faire de l'esprit pour ces j) gens-lalis croient que c'est arrivé! Mais il se savait compris du chef du cabinet qui n'était pas homme a croire que c'était arrivé, et c'était sa re compense. En effet, dans les luttes du temps, oü chacun se choisissait un adversaire, M. Malou prenait toujours M. Frère a partie et M. Frère paraissait s'être réservé M. Malouil lui répon- dait dans toutes les grandes occasions, et natu- rellement, il ne manqua pas de le faire a propos de ce fameux discours contre le droit sur les suc cessions. II fit voir que le fisc n'était pas si féroce que cela, mais què quand on parlait de griffe avide et acérée étendue sur un cercueil, cela pouvait plus justement s'appliquer a l'Eglise qui, pour les funérailles, ne fait point de crédit, vend cher et se fait même souvent payer d'avance. Dans toutes les discussions, redisons-le, la droite montra toujours une passion, Une violence inouïes. Et elle faisait des discussions a tout propos. On parlo d'un prétendu abus aCtuel du droit d'interpellation, mais quand y eut-il plus d'interpellations que lorsque les libóraux étaient au pouvoir? Qui a plus interpellé que M. Dumor- iier? Et M. Wasseige, et M. Coomans, et, ceci date déja de loin, le hargneux M. Deman-d'Attenrode, qui avait la spécialité du genre, et plus tard, le banc d'Anvers, et jusqu'a l'insignifiant M. Man- cheur II sera curieux de comparer le débat qui a eu lieu jadis sur la loi de creationde la Banque nationale et la discussion de cette loi qui, main- tenant, tend a en renouveler pour trente ans le pri'vilége. On verra que celle-ci sera votée des deux mains, et sans phrases, par les gens qui y ont fait autrefois l'opposition la plus, violente. Dira-t-on que les faits les ont convertis Non. lis savaient autrefois, M. Malou entre'autres, tout ce qu'ils savent aujourd'hui, mais la comedie d'opposition est finie. Baissez le rideau, la fai-ce est jouée. Et voila comment toutes les lois libérales, qui devaient ruiner la Belgique et la conduire aux abimes, se trouvent être toutes comine la loi sur la Banque Nationale, des lois raisonnables et pratiques trés acceptables pour tout le monde. Le parti libéral ne.fait pas de. l'opposition quand même, et il n'en fait même pas aussi souvent qu'il en devrait faire s'il s'inspirait de la tactique de sesadversaires,quil'ontnon-seulement attaqué, mais harcelé sans cesse pendant tout le temps qu'il a passé au pouvoir. Qu'il y ait eu, a la Chambre, pendant la session, des interpellations vives plutót que de grands débats quoi de surprenant Les catholiques connnettent, quand ils gouvernent, beaucoup de mauvaises actions, mais par voie d'arrêtés et par des incidents, lis ne font pas, et pour cause, de loi franchement réactionnaires ils corrompent celles qui existent. Ils n'attaquent pas les libertés dans leur principes, mais dans leurs effets et dans les mdividus, qu'ils tyrannisent et persécutent sourdement. Ils ne violent pas ouvertement la Constitution, ils la minent. Ils se placenttoujours au-dessous et a l'abri des grandes discussions c'est done sur des incidents qu'ils prêtent le flanc et c'est par des interpellations seulement qu'on les peut atteindre. Mais y a-t-il une de ces interpellations que leur majorité n'ait étouffée? Si la majorité libérale avait fait de même jadis, quelles clameurs M. Dumortier aurait demandé qu'on la décimat. Doctrinaires et cléricaux ont été d'accord, contre les progressistes, pour donner la prefe rence au projet de prorogation du privilége de la Banque, sur tous les autres objets a l'ordre du jour. Quant a l'instruction obligatoire, dit un con frère bruxellois, a la réglementation du travail des enfants, du Code de commerce, a la proposi tion de loi sur la presse, il parait que ce sont la tous objets qui font trop bonne figure a l'ordre du jour pour qu'on ne les y maintienne pas a perpé- tuité. Ces diverses questions out été examinées en section centrale. II ne Taut pas en demander da- vantage. d'ici a une vingtaine d'années. Tout ce qu'il est permis d'espérer, c'est qu'il en sera ques tion de temps en temps, pour mémoire, en ma- riière de hors-d'oeuvre. Heureusement que notre heureuse Belgique, par un curieux phénomène, continue, tout en restant stationnaire, a marcher a la tête du pro- grès. il Lundi dernier, sur la route de Poperinghe a Rousbrugge, un arbre est tombé sur la. voiture publique qui fait la correspondance entre ces deux endroits. Heureusement les voyageurs n'étaient pas nombreux. La dame Dekeyser, de Poperinghe, a étéatteinte et a succombé a la suite dé ses blessuresle conducteur en a été quitte pour quelques légères contusions, mais la voiture est littéralement brisée. C'est probablement le roulement même de la voiture qui a déterminé la chute de l'arbre qu'on était en voie d'abattre. Une plaisante histoire nous est racontée par un de nos amis. II y a quelques jours, une dame d'une commune de nos environs, chcrchant un objet rond sur lequel elle put rétablir la forme de l'abat- jour de sa lampe tout déjeté par un long usage, avisa le chapeau neuf de son mari précieusement serré dans son étui. Délicatement, elle insinue 1'abat-jour dans le vide du chapeau et l'y laisse pour se refaire. Le dimanche vientle mari s'avise de faire toilette. II prend son beau chapeau qui lui serre bien le crane un peu plus que d'habitude, mais il n'y regarcle pas de si prés et le voila parti pour la messe. En entrant dans l'église, naturelle- ment notre homme óte son couvre-chef, maisl'abat- jour ne suit pas le mouvement, et, a la grande stupefaction des fidèles déja réunis, le nouveau venu gagne sa place, porteur de ce bonnet d'un nouveau genre. II est déja pieusement agenouillé a son banc quand un fou-rire, qüe la sainteté du lieu ne pouvait réprimerattire enfin son attention mais personne n'avait le courage de lui apprendre - la cause de l'hilarité générale, et il fallut qu'il portat par hasard la main a son front pour s'ex- pliquer cê qui se passait. La presse a signalé déja diverses manoeuvres frauduleuses qui sont pratiquées, notammept a Londres. Sous prétexte de places a obtenir dans des maisons de commerce anglaises, on est invité a envoyer, a titre d'arrhes, en timbres-poste et a une adresse que Ton désigne, le montant d'une somme d'argent. Des avis con§us dans ce sens figurent dans les journaux a la colonne des annonces. Nous croyons utile de mettre le public en garde contre de pareilles tentatives, qui, parait-il, viennent encore de se renouveler. Toutes les nuits de noces ne sont pas d'une gaité folie. L'histoire suivante le démontre bien. Un cabaretier établi a Bruxelles, Hollandais de naissance, se mariait avant-hier. II avait invité a sa noce ses deux frères, habitant la Hollande. Ces deux messieurs arrivèrent, prirent part a la cérémonie nuptiale et prirent une part trop large, parait-il, au festin qui termina la journée... Toujours est-il qu'ils se prirent de querelle et, parfaitement ivres tous les deux, ils quittèrent la salle du repas pour s'en aller dans la rue vider leur diffêrend a coups de poings et a coups de ifieds. Ils avaient échangé déja pas mal de horions quand un agent de police survint, qui éntreprit de séparer les combattants. Le courageux policeman s'épuisait en efforts désespérés pour rétablir la paix au même instant sortait du logis récemment conjugal le nouveau marié, qui s'était mis a la recherche de ses frères. Le marié était, lui aussi, complétement dans les vignes. La première personne qu'il apergut, a travers les f'umées du vin, ce fut l'agent de police, sur lequel il saute et qu'il empoigna par les cheveux, le tirant violemment en arrière. L'agent tomba; les deux frères qui étaient en prises aban- donnèrent soudain la lutte et', se joignant au marié, ils se précipitèrent sur le malheureux poli ceman qu'ils rouërent de coups. La scène prit un tel caractère que des passants révoltés intervinrentun renfort de police accourut et, les bourgeois assistants lui prê.tant main forte, on parvint a contenir et a garotter les trois frères dont l'exaltation et la fureur tenaient du délire. II fallut des. efforts prodigieux pour les conduire au bureau de police de l'Hótel-de-Ville, d'oü on les envoya passer la nuit a l'amigo. Le lendemain, nos gaillards ont été écroués sous mandat de dépot a la prison des Petits-Carmes. Quant a la mariée, elle a probablement remis a des temps meilleurs (espérons-le) le moment de gouter les joies de l'hyménée... TJn médiumOn lit dans le Constitutionnel Le 30 avril est mort 'a Paris, dans un taudis de la rue du Faubourg-Saint-Antoine, un singu lier individu. C'est un Américain nommé Daniel Peer, médium de profession. II jouissait, il y a quelques années, d'une trés grande réputation de l'autre cöté de l'Atlantique. Mais il parait qu'un beau jour les esprits lui interdirent de les exiber davantage et lui ordon- nèrent de s'expatrier. Peer obéit et vint a Paris. Malgré sa soumission, racontait-il, les esprits lui en voulaient et refusaient obstinóment de commu- niquer avec lui. Les habitants du quartier se.mo- quaient du pauvre diablemais, comme sa manie était, eri somme, fort inoffensive, on le laissait tranquille, Avant-hier matin, il déclara que les esprits- étaient venus le voir, et qu'il mourrait le soir même all heures. Tout le monde lui rit au nez et lui promit d'aller a son enterrement. Peer ré- pondit qu'on avait tort de rire, et dit tres sérieu- sement adieu a toutes les personnes de sa con- naissance. A minuit, un fruitier du voisinage, le sieur Gabriel Benoit, monta chez lui et frappa a sa porte pour plaisanter, en lui criant Etes-vous mort? Personne ne répondit. M. Benoit tourna la clé, qui était restée sur la porte, et trouva Peer étendu sur son lit. II semblait dormir, mais ses membres étaient rigides et ses mains froides, M. B noit le secoua, le tourna en tous sens, appela les voisins. Un médecin arriva, et il fut constaté que le vieux médium était mort. Le chien liottentot. Tout ce qui se dit sur l'in- stinct et la fidélité.de certains chiens d'Europe ne saurait égaler les qualités de la race canine de l'Afrique méridionale. Les touristes qui ont traversé le Saint-Bernard et le Saint-Gothard ont été étonnés devoir ou d'en tendre raconter les prouesses des chiens attachés aux monastères établis dans ces montagnes, et les Parisiens ont pu suivre dans leurs rues ces chiens affreusement laids qui accompagnent les trou- peaux, régiementent leur marche, et les protégent mieux que le berger lui-même. Ces faits ne sont rien auprès de ceux que font

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 2