BEAÜX -ARTS. La Marguerite de M. Fiers. ENCORE UN servant toute sa libertó dans les luttes qui vont s'ouvrir, use de toute son influence pour assurer l'élection des bons candidats, et le triomphe défi- nitif de Notre Sainte Religion menacée par les effort» coalisés de tous les méchants. Et a Vous révéler, Monseigneur, notre pensee toutè entière, c'est même en vue de ce résultat, et pour donner a Faction du Clergé son efficacité la plus compléte, que nous avons trouvé utile d'im- poser, a tous les fon'ctionnaires, une passivité qui ne saurait d'ailleurs nous priver d'aucune influence amie, les esprits liostiles devan-t seuls craindre l'effet des avertissements donnés a tous ceux qui enfreindraient les ordrés donnés. Mais dans cette latitude illimitée laissqe au Clergé, ilya, Monseigneur, en vue même du ré sultat poursuivi et espéré, certains ménagements a garder et des formes a suivre. Et c'est la l'autre point, tout accessoire, d'ailleurs, sur lequel nous avons désiré, avec tout le respect du a l'Episcopat, Vous exprimerun humble avis que nous souinet- tons tout entier, au surplus, a Votre sagé et quasi infaillible appreciation. Nos diverses circulaires aux fonctionnaires n'ont pas fait le tour du pays sans rencontrer, ci et lit, certains esprits, modérés d'ailleurs et plutót amis qu'hostiles, qui se sont demandé, même a haute voix, pourquoi nous n'avions pas adressé au Clergé les mêmes recommandations et imposé la même réserve? Les Prêtres, ont-ils observé, non sans une fausse apparence de fondement propre a séduire des électeurs peu réfléchis, sont aussi salariés par l'Etat, etpayés avec l'ar- geht de tous les contribuables. Plus que n'im- porte quels autres fonctionnaires ils ont de l'in- fluence sur les électeurs, sur ceux des campa- gnes particulièrement. Et, dès lors, il ne serait i, que trop juste de les mettre sur la même ligne, et de modérer également leur zèle électoral par i! une circulaire en bons termes, pareille aux au- tres. Et quelques-uns, poussant encore plus loin la manie du raisonnement, et comme pour donner a leur opinion une consécration divine, ont ajouté que semblable mesure serait d'autant plus louable qu'elle serait en harmonie avec la pa role même du Christ, disant a ses Apótres Mo?i royaume n'est pas de ce monde. Ils tiennent d'au tres discours encore. Ces personnes se trompent assurément, et sont de celles qui n'entendent rien, ni au traitement du Clergé, qui est une restitution bien plus qu'un salaire; ni au vrai principe de la separation de l'Eglise et de l'Etat qui veut que la Première, de par .son institution divine, prime naturellement le second. Mais comme en ces temps difficiles, et devant les hasards et les incertitudes des prochains com bats, il faut, autant que_possible, éviter de froisser des préjugés honnêtes et de blesser d'hono.rables susceptibilités, nous avons pensé, Monseigneur, après Vous peut-être, que dans l'intérêt de notre commune cause, il serait souhaitable que le Clergé he fit pas trop vivement sentir sa liberté d'action et son ardeur de propagande, en presence de l'ab- stention forcée a laquelle nous avons réduit tous les autres employés du gouvernement. Le con- traste des situations pourrait paraitre trop vif, l'inégalité dans la lutte trop choquante," et de la pourraient surgir on ne sait quelles comparaisons irritantes ni quelles contagieuses emotions. Done il conviendra, pensons-nous, et sauf meil- leur avis, que les Curés et les Vicaires n'aillent pas cette fois visiter les électeurs en plein jour, accompagnés de leurs candidatsqu'ils n'invec- tivent pas, en pleine chaire, confre les candidats du parti ennemiet, surtout, qu'ils n'adressent pas aux électeurs récalcitrants des lettres commi- natoires pareilles a celle qu'un honorable Curé d'Ypres adressa naguère au procureur du roi en la même ville, compromettant ainsi, du même coup, l'Autorité Episcopale et la cause du parti qui lui est si dévoué. Refuser, a. ceux qui s'ob- stinent en politique a penser autrement que le Clergé, la participation aux redoutables mystères de notre Sainte Religion, c'est sans doute un droit pour le prêtrec'est même un devoir, comme n'a pas hésité a le reconnaitre rnon honorable collègue des Finances, dans une lettre confidentielle au sujet de l'affaire d'Ypres prérappelée. Mais ces mesures rigoureuses, si salutaires d'ailleurs, et si propres a ramener les volontés dans la bonne voie, il ne faut les appllquer qu'avec le plus de discrétion possible et la plus grande circonspec- tion. II faut notamment qu'elles ne sortent pas du tribunal de la Pénitence même, demeurant ainsi secretes entre le Confesseur et l'ouaille bien-ai- mée, de manière que si l'électeur, le pénitent, veux-je dire, oubliant les lois de la délicatesse, divulgue les rigueurs dont il a été l'objet, oh puisse nier ces rigueurs sans devoir, devant les clameurs-d'une presse ma-lveillante et hostile, dé- savouer le prêtre ou, ce qui est peut-être plus fa- cheux encore, forcer le prêtre a se désavouer lui- même. Agir autrement serait, ce me semble, com- mettre une imprudence contre laquelle l'intérêt religieux non moins que l'intérêt politique, s'il est permis de faire une difference entre les deux, doit prémunir tous ceux a qui la Providence a conlié la conduite des ames. Dans eet ordre de' considérations, il y aurait done lieu, Monseigneur, si Votre Grandeur approuve notre humble avis, de veiller a ce que, dans les prochaines campagnes ólectorales, chaque Prêtre' garde une certaine réserve extérieure et apparente, de telle fagon que le public puisse croire que les élections se font réellement dans ces con ditions d'entière indépendance et de pleine libertó que nous avons vantées dans nos précédentes cir culaires. A cette fin, il serait bon pogit-être qu'une copie de la présente fut adressée a^tes Curés de Votre Diocese, a moins que Vous ne préfériez, Monsei gneur, leur transmettre des instructions par Vous- même ou ne leur rien transmettre du tout. Espérant, Monseigneur, que, quelle que soit la détermination a laquelle Vous Vous arrêtiez, Vous approuverez, dans les recommandations qui pré cédent, au moins l'esprit qui les a dictées, j'ai l'honneur de vous prier de daigner agréer, Mon seigneur, l'assurance de ma plus profonde vénéra- tion et de mon plus absolu dévouement. De Votre Grandeur, le trés humble et trés dévöt serviteur, Le ministre de la Justice, Ét ait signéDel andsheere Pour copie conforme Zoroastre, notaire. La ville d'Ypres vient d'acquérir, pour le Mu- sée, une statue en marbre de M. Fiers intitulée la ilarguerite. C'est une toute jeune fille, assise sur'un tertre, la jambe droite ployée sous elle, qui demande a la blanche fleur des prés 1'oracle bien connu de tout le monde et, surtout, des amoureux. Cette oeuvre, qui est exposée a la Salie bleue, est assurément une des plus belles de notre émi nent artiste, et nous ne pouvons que féliciter la ville d'Ypres de l'avoir acquise. Rien de délicat, de suave, de gracieux, comme cette composition oü le sentiment poétique brille a l'égal de l'habi- leté du ciseau. Involontairement on songe a Gra- ziella, la poétique amante de Lamartine, et on se rappelle ces vers d'une elégie célèbre, oü l'illustre poète a pieusement enseveli, comme dans un mau- solée d'or.pur, la mémoire désormais impérissable de la belle et candide enfant de Procida ElleavaitseizeansOuiseize ans et eet '-ge n'avait jamais brille sur un front plus charmant Elle a seize ans aussi, tout au plus, pas même peut-être, la jeune fille de M. Fiers. L'amour a, pour la première fois, touché son coeur de femme, et l'a, dès ce moment, transformée. Enfant, hier encore; adolescente, femme, aujourd'hui."Sous la mystérieuse influence de ce sentiment nouveau, jusque-la inconnu, le sang plus agité, comme une sève printannière, a imprimé plus d'ondulation aux lignes et mieux arrondi les contours C'est la vie, la vie féminine, dans toute la grace de son épanouissement, dans toute la poésie de sa pre mière efflorescenceL'aimable enfant a voulu savoir si son amour est partagé, et elle interroge sur ce grave problème une marguerite, arrachée parmi celles qui ornent sa chevelure déja coquette- ment tressée pour mieux piaire. Que répondra la douce et sincère fleur? La belle questionneuse l'ignore encore. Elle est la, attentive, émue, dou- cement agitée d'espoir et de crainte., oubliant de respirer, absorbée tout entière dans sa naïve evocation. Ahc'était chose bien difficile de faire exprimer au marbre eet ensemble de sentiments délicats et de sensations fugitives, et de les fondre en une harmonieuse unité. L'artiste a réussi pour- tant, et admirablement réussi. La tête de la jeune fille, belle et expressive, se rattache au tronc svelte et élégant par un cou souple et délicat. Les bras sont potelés, gracieux dans leur attitude, et les mains bien modelées pour effeuiller cette fleur. Les jambes, plus fortes en proportion, ainsi que la nature et l'art 1'exi gent, se distinguent également par une grande correction de formes et une admirable pureté des courbes. Ce qu'on n'en voit pas a nu se devine aisóment sous la souplesse de ia robe qui les drape en partie. Les pieds, enfin, sont charmants,et dignes de tout le reste. Elle est vivante, en sonime, cette belle jeune fille, et volontiers, en l'admiraht, on se laisse aller a l'illusion qu'elle va tantót se lever d'un bond, et courir confier a sa mère l'oraclerendu par la discrète fleur. Ajoutons ce détail qui n'est pas un des moin- dres mérites de l'oeuvre, c'est que, de quelque cöté qu'on la regarde, elle n'offre a l'oeil charmé que de gracieuses lignes et de moelleux contours. II y a des pères qui sont la gloire de leurs en- fants. Voila une fille qui sera la gloire de son père. La section centrale chargée d'examiner la pro position de loi de M. Bara, relative a la traduc tion en flamand des Annales parlementairs et la publication dans les deux langues d'un compte- rendu analytique des séances de la Chambre, s'est reünie sous la présidence de M. gchollaert. Elle a adopté la proposition en ce qui èöncerne la tra duction en flamand des Annales parlementaires et a repoussé l'autre partie de la proposition. Lundi dernier a été appelée devant le tribunal correctionnel de Bruxelles l'affaire Camille No- thomb, épouse Langrand, Langrand fils et con sorts, pour compiicité de banqueroute frauduleuse et détournements. L'audience s'est ouverte a 10 h. 1/4, sous la présidence deM. Schollaertjassisté deMM.Knoff, juge, et Delecourt, juge suppléant. M. le président a fait connaitre que par suite de l'insuffisance du personnel du tribunal, il a été impossible d'appliquer a l'examen de l'affaire Nothomb tous les soins qu'elle réclame. Dans ces circonstances et*dans l'intérêt de la direction des débats, l'affaire doit être remise a quinzaine. Les témoins sont successivement appelés et la cause remise au lundi 20 mai. On lit dans les Coles du Nord Un bruit étrünge, et qui malheureusement se confirme de plus en plus, émotionne vivement la ville de Saint-Brieuc (France). Certain frère de l'école chrétienne du bourg de Langueux, serait en fuite depuis dimanche, et cette fuite se rattacherait a des actes honteux d'immoralité commis sur un grand nombre d'en- fants de son écele. i, Nous n'aimons pas a enregistrer de tels faits déplorablespourl'humanité, dequelquecóté qu'ils viennentmaisle public et les families des victimes tiennent a savoir sil'auteur de telles monstruosités n'échappera pas aux investigations de la justice. i! Jusqu'ici la justice n'a pu, d'après ce qu'on dit, que suivre les traces du codpable jusqu'a Rennes, oü elle l'aurait perdu de vue. Nous doutons fort que la justice parvienne a mettre la main sur ce petit-frère, qui trouvera contre elle, aide et protection dans tous les cou- vents. II parviendra ainsi a gagner la frontière, et l'on n'en entendra plus parler jusqu'au jour oü de nou- veaux exploits révèleront sa présence dans l'une ou l'autre école. II est possible encore qu'on le retrouve comme directeur de conscieftce d'une communauté de femmes. «re rnntaii mi—i

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 2