JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSËMfiNT
YPIIËS, Dimanche
ixième aniiée. N0 20.
19 Mai 1872.
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LES ELECTIONS PROVINCIALES.
Le corps electoral de notre ville aura
prochaincmcnt a faire choix de cinq conseil-
lers provinciaux. Cléricaux et doctrinaires
ont chacun leurs candidats, qu'ils recom-
mandent chalcureusement aux sympathies
des électeurs. C'est le droit incontestable
des uns et des autres. C'est leur droit et
même leur devoir. La-dessus, nous n'avons
absolument rien a dire.
Nous ne demandons qu'une chose, une
seule c'est qu'on nous permette d'assister
en spectateurs indifférents a la lutte qui se
prépare et de ne prendre fait et cause ni
pour les candidats qui combattent pour la
conservation de leurs sieges ni pour ceux
qui prétendent les en chasser pour se mettre
a leur place.
Pourquoi nous ne voulons pas des cléri
caux, c'est a peine si nous avons besoin de
le dire. Disciples de la Libre-Pensée, nous
ne pouvons éprouver que de l'horreur pour
un parti qui est la négation même de la
liberté, et dont l'audace, enbardie par quel-
ques succès de circonstance, ne tend a rien
moins qu'a asservir l'esprit humain a l'ou-
trecuidante infaillibilité d'un vieillardrentré
en enfance.
Mais si nous no pouvons nous rallier aux
candidatures recommandées par les bons
petits vicaires d'Ypres, il ne nous est pas
moins impossible de patroner les candidats
de 1'Association libérale qni leur sont op-
posés.
Certes, nous ne faisons aucune difficulté
de le reconnaitre, 1'Association aurait pu
plus mal cboisir. Nous voyons figurer sur
sa liste pourquoi ne l'avouerions-nous
pas? certains noms recommandables par
d'incontestables services rendus a la chose
publique et bonorables a tous le's titres.
Aussi n'hésiterions-nous pas un instant a
les recommander de notre faible influence
a toutes les sympathies de nos amis, si la loi
que nous nous sommes imposée de ne re
connaitre en rien les droits que s'arroge
notre Association en matière électorale ne
nous faisait un rigoureux devoir de nous
abstenir.
Depuis le jour oü nous avons ouverte-
ment rompu avec 1'Association soi-disant
libérale d'Ypres, nous n'avons pas var ié
d'opinion sur l'influence funeste qu'elle a
exercé sur l'éducation politique de notre
arrondissement, et aujourd'hui plus que
jamais nous sommes convaincus que le sys-
tème d'iNFLUENCES qu'elle n'a pas cessé de
mettre en pratique depuis sa fondation est
la principale cause de la situation péricli-
tante du libéralisme dans notre arrondisse
ment.
Nous ne voulons point, a l'occasion des
élections provinciates, rouvrir line polé-
mique depuis longtemps épuisée. Mais en
fin, il y a des faits qu'il est bon de rappeler
parfois, ne fut-ce que pour interrompre la
prescription, dont s'accommodent si facile-
ment ceux qui n'ont pas d'autre droit a in-
voquer.
Notre Association a été fondée en 1847.
Depuis vingt-cinq ans qu'elle existe et qu'elle
fonctionne sans relache, qu'on veuille bien
nous dire quels progrès elle a fait faire a
l'opinion libérale dans notre arrondisse
ment. Yictorieuse, parfois, battue souvent,
elle en est arrivée aujourd'hui a n'avoir plus
qu'un seul représentant dans la Chambre et
a craindre trés sérieusement pour les cinq
conseillers qu'elle avait envoyés a la pro
vince.
Que 1'Association en soit la, après vingt-
cinq ans de fonctionnemènt, cela s'explique
le plus naturellement du monde. Au beu de
se faire l'éducatrice politique de l'arrondis-
sement, elle n'a vu dans son organisation
qu'un moyen de s'entourer de créatures et
d'exploiter lesdites créatures au profit de
quelques frères et amis toujours les
mêmes et jamais satisfaits. Au lieu de fonder
sa puissance sur des principes, elle l'a cher-
chée dans des intéréts, lesquels intéréts, va
riables selon les circonstances, sont allés
tout naturellement du cóté du parli clérical,
chaque fois qu'il leur a paru que le parti
clérical leur offrait plus d'avantages que le
parti liberal.
C'est eette pratique detestable, anti-libé
rale par excellence,que nous avons toujours
combattue et contre laquelle nous avons a
cceur de protester encore par notre absten
tion dans les élections du 27 juillet.
Nous dira-t-on que 1'Association, par la
révision de son reglement et la proclama
tion du principe de l'instruction obligatoire,
vient de donner des göges sérieux de la sin-
cérité deses convictions libérales?En vérité,
cela ne serait pas sérieux. Le règlement re-
visé laisse debout tous les griefs qui ont été
si justement articulés contre le règlement
ancien et, quant aux principes, nous savons
trop ce qu'ils valent dans la bouche de cer
tains hommes pour nous laisser prendre a
un aussi grossier appat. 11 y a vingt-cinq
ans que 1'Association porte en tête de son
programme la révision de la loi de 1842, ce
qui n'empêche pas notre représentant,
M. Vandenpeereboom, de voter a la Cham
bre contre la révision de cette loi et, étant
ministre, d'en étendre l'application a des
écoles que cette loi n'avait pas prévues.
Après une'pareille expérience, on ne
trouvera pas mauvais que nous haussions
les épaules quand les frères et amis nous
parient de leurs principes et que nous
nous abstenions de faire leurs petites affai
res, le jour de l'électiori venu.
Clironiqwe électorale.
Ecce itehum.... Henricus.
Le club clérical de Saint-Laurent vient de publier
la liste de ses candidats au conseil provincial.
Cette apparition, chose remarquable coincide avec
celle des hannetons. Parmi les cinq bienheureux
destinés a passer au conseil provincial et a la célé-
brité, l'un des plus célëbres est certainement
M. Henri Iweins-Storme d'Eeckhoutte, chevalier
deS.Grégoire deNaziance, comte du Saint-Empire
Komain quel conté camérier secret de
Sa Sainteté Pie IX, moutardier du Pape inpartïbus
infidelium, etc., etc., etc. A tous ces titresajoutons
et certes ce ne sont pas les moins importants
puisqu'ils sont énumérés par le Journal d'Ypres
lui-même ajoutons qu'il est de la commission
des Ecoles gardiennes et membre de l'ceuvre
ingrate c'est le Journal Ypres qui parte
de St-Kégis pour la fabrication des mariages (sic).
A épelerhauttant de titres on perdraithaleine. 31
n'en faut pas la moitié pour representee tres con-
venablement le cléricalisme le plus noir et le plus
fanatique.
II y avait du temps qu'on n'avait plus entendu
parler de M. Henri Iweins-Storme... depuis le
jour oü sa petite ambition s'éveillant tout a coup,
l'intéressant jeune homme se jugea digne de de-
venir capitaine de garde civique. On sait que ses
concitoyens qui avaient promptement apprécié ses
mérites, firent de lui un caporal. Et chacun de
croire que c'était un baton de maréchal pour
M. Henri Iweins Mais cliez eet homme extraor
dinaire la modestie se róvéla plus grande encore
que l'ambition il refusa noblement les présents
d'Artanerxès et, pareil au plus sage des rois, il
médita sur la vanité des grandeurs humaines.
I
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee