JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRÉ8, Diiuanche
Dixième année. 23.
2 Juin 1872.
PRIX D'ABOÜXEIIEXT
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par ^imeslre.
Pour f'Etranger, le porl enj|us.
Un Numéro 25 Centumi]
PRIX DESj AXXOXCES
ET DES RECLAMES
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Corps du Journal, 30 centimes»
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Paraissant le dimanche.
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Patience
Le Journal d'Ypres se frotte les mains du
résultat des dernières elections. C'est son
droit. Plus la victoire lui a etc vaillaxnment
disputée, et plus legitime est son ongueil.
Car si les cléricaux ont mis en oeuvre
toutes leurs ressources pour assurer leur
triomphe, il n'y a pas a douter non plus
que les doctrinaires n'ont rien négligé des
moyens qu'ils ont a leur disposition pour
réussir.
Le Journal d'Ypres a done toutes les rai-
sons du monde de monter au Capitole et de
remercier bruvamment les Dieux.
Mais les Dieux sont inconstants. Ils déci-
dent de la victoire ou de la défaite selon leurs
caprices du moment. Que les petits vicaires,
qui se gonflentaujourd'huid'orgueil,se rap-
pellent la haute, nous dirions presque la
toute-puissance de nos doctrinaires, il y a
deux aus a peine. Tout l'arrondissement
subissait leur empire. Quiconque osait leur
résister en face était aussitót mis au ban de
leur Eglise infaillible et condamné comme
hérétique. Si haut qu'ils élèvent leurs espé-
rances, les petits vicaires ne peuvent rêver
une situation plus enviable.
Les doctrinaires sont tombés pourtant
et tombés si bas que nous nous sentons quel-
qu'envie de les plaindre, bien qu'au temps
de leur omnipotence, ils ne nous aient guère
ménagés. Faut-ille dire Nous n'avons pas
perdu tout espoir qu'instruits par la dure
experience du malheur, ils finiront par avoir
conscience de leurs fautes passées, dont
leurs adversaires ont su si habilement pro-
fiter pour les perdre peu a peu daus l'estime
de l'opinion publique et qu'ils expient si
durement en ce moment.
Quant aux cléricaux, nos adversaires irré-
conciliables, nous n'avons point de conseil a
leur donüer. Plus ils se montreront pressés
de jouir de leur victoire, plus nous nous
réjouirons, convaincus, comme nous le
sommes, que celte victoire, dont ils se tar-
guent si fort, ils ne la doivent qu'a l'igno-
rance ou ils ont eutretenu le corps électoral
de leurs véritables desseins. Oui,nous avons
encore cette bonhomie de penser que le jour
ou, enhardi par ses succès, le parti clérical
osera traduire en projets de loi ses secrètes
aspirations, le pays, éclairé et indigné,
l'aura bien vite rejeté dans la minorité d'oü
un heureux concours de circonstances l'a
fait, pour un moment, sortir.
Oui, messieurs les petits vicaires, réjouis-
sez-vous. Nous en sommes fort aises. Car,
plus le succès est grand et plus nous sommes
sürs qu'il vous enivrera bientöt. Nous vous
attendons aux premières hardiesses de l'éni-
vrement. Vos vantardises d'aujourd'huinous
font espérer que nous n'aurons pas bien
longtemps a attendre.
ÉLECTIONS PROVINCIALES du 27 Mai 1872.
Cantons d'Ypres.
ler 2e 3" 4e
Inscrits481 489 493 522 1985
Votants440 445 455 481 1811
Nombre de votes valides. 435 444 441 478 1798
Majorité absolue 900
Titeca240 247 179 202 868
G. de Stuers .246 259 169 190 866
Vanheule247 249 172 195 863
Bayart246 243 183 189 861
Rabau250 249 167 185 851
Surmont-De Gheus. 184 195 269 292 940
Malou, Ildefonse 183 193 266 290 932
Verlynde187 192 270 283 932
Iweins-Storm. 191 194 260 280 925
Breyne-Devos. 180 187 261 274 902
LE 27 MAI 1872.
Le résultat de l'élection du 27 a mis le Journal
d'Ypresdans une joie féroce. Au contraire, le
Progrès,
Tous deux sont dans leur role.
On ne saurait nier, en effet, a moins de fermer
les yeux volontairement a la lumière, que les clé
ricaux n'aient obtenu un succès inespéré. II y
avait longtemps que le parti doctrinaire occupait
dans les cantons d'Ypres une situation que ses
adversaires ne songeaient même pas a lui con-
tester et les communes composant ces deux can
tons passaient a bon droit pour le boulevard du
libéralisme dans notre arrondissement.
Un souffle a renversé tout cela.
Le parti clérical, avec des candidats, pour la
plupart impossibles, modèles achevés d'ignorance,
de sottise, d'arrogance ou de fanatisme, le parti
clérical a conquis du premier coup la victoire.
A quelles causes faut-il attribuer cela?
Selon nous, les causes sont multiples. Mais on
peut affirmer de prime abord que la victoire de
nos ennemis est duebeaucoup plus aux fautes
nombreuses du parti doctrinaire qu'a la puissance
réelle des cléricaux.
II est certain qu'ici, comme dans beaucoup
d'autres localités, on supportait impatiemment le
joug des coteries. C'est de ce joug que le corps
électoral a voulu s'affranchir avant tout, dut-il,
pour atteindre son but, se jeter momentanément
dans les bras des cléricaux. Ceci est une des con-
séquences les plus facheuses de la politique de nos
doctrinaires et une des plus graves responsabilités
qui puissent peser sur eux.
Egoïstes comme toutes les coteries, ces hommes,
a l'époque de leur omnipotence, n'ont songé
qu'a jouir des bénéfices de la situation, a accapa-
rer les honneurs et les bénéfices, sans se préoc-
cuper de l'avenir du libéralisme. Louis XIY au
petit pied, l'Etat, c'est moi, pensaient-ils.
Mais un jour leur soleil palit et les voila qui en-
trainent fatalement le parti libéral dans leur
cbute. Ils ont couru pendant leur longue carrière
après une vaine popularité, croyant former des
convictions politiques avec des faveurs budgé-
taires hélasla conduite de beaucoup de leurs
anciens amis dans l'élection du 27 prouve bien
que les convictions basées sur le calcul ne résis
tent pas. II en est en politique des partisans qu'on
achète comme d'un chien qu'on attache avec des
saucisses. Les saucisses dévorées, le chien se
sauve.
Et voyez, même au point de vue du succès ma-,
tériel, les dangers d'une domination exclusive. Au
lieu de posséder une Association électorale forte-
ment constituée, réunissant dans des garanties
sérieuses, dans une libre et large discussion, tous
les éléments vitaux du parti, au lieu d'une Asso
ciation capable de ramener chaque jour l'ardeur
de tous, nous avons a Ypres un club doctrinaire,
une société d'admiration mutuelle au profit de
quelques-uns et dominee par un seul.
Quel que soit le dévouement de eet homme,
et nous voulons lui faire la part trés large sous ce
rapport il ne saurait suffire a touten suppo-
sant même ses idéés excellentes parfois, il n'est
pas infaillible, et pourtant eet homme ne veut
aucune intervention en dehors de la sienne, au-
cune idéé ne trouve grace chez luihormis ses
propres idéés.
Quelle est la conséquence de ces prétentions?
Pour le savoir, il suffit de signaler deux causes
qui ont contribué dans une large mesure a la dé
faite du 27.
En premier lieu, la formation des listes élec-
torales, qui devrait être le premier soin d'une
bonne Association, n'a pas été surveillée. II est a
notre connaissance personnelle que, dans une
commune rurale, vingt électeurs payant le eens
n'ont pas été inscrits. Chose étonnante, ces éle"-
teurs sont tous des propriétaires libéraux Le
bourgmestre de cette commune a été nommé pour
tant par la coterie. S'est-il done retranché dans
une prudente abstention, laissant agir sans con-
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee
BÜR. BUR. BUR. BUR. TOT.
L'ceil morne maintenant, et la tête baissée,