DROLERIES ELECTORALES. La peau de l'oubs. Depuis son succes ines- péré du 27 mai, M. Ildeplionse Malou s'imaginait être déja le chef puissant et redoute de sa com mune. Être bourgmestre de Vlamertinghe, c'était le rêve doré qu'il caressaitles échos d'alentour répétaient ses espérances. Hélas! le réveil a été une cruelle deception lorsque le 1" juillet les élec- teurs ont élu un cultivateur, compétiteur de M. Ildephonse, par 124 voix contre 62 données a cenouveau seigneur de village. Bon jeune homme, apprenez done qu'il est dangereux de vendre la peau de Lours avant de l'avoir tué. Le feu du ciel. C'était dans la commune de VUn petit vicaire voulait éclianger, dans les mains d'un électeur, un bulletin a lui contre celui donné par les francs-masons (sic)Ne pou- vant réussir, malgré de longues instances, le petit vicaire prenant tout a coup un air de Jupiter OlympienMalheureux, s'écria-t-il, si vous con- servez ce mauvais bulletin sous votre toit, le feu du ciel dévorera votre habitation cette nuit. II attendait majestueusement l'effet de cette menace biblique, lorsque le paysan lui répondit sans s'é- mouvoir M. le vicaire, tout est assuré ici. Le petit freluquet court encore. Audaces fortuna juvat. Un vicaire de l'une des paroisses de cette ville, cbez qui l'au- dace est en raison inverse de la taille, apergoit'en entrant dans une maison ouvrière un journal li beral, le décliire et enveloppe dans les débris un bulletin clérical qu'il présente. II est bien étrange que messieurs les ecclésiasti- ques ne se permettent pareilles incongruités que chez ceux qu'ils supposent trop timorés pour leur résister. Eh 1 venez done faire vos farces ici, petits vicaires, et vous verrez avec quelle rapidité vous serez mis a votre place, e'est-a-dire a la porte. CONTRE-LOI, CONTRE-BOURGMESTRE. On s'est demandé, a l'apparition de la liste cléricale, pour- quoi M. Biebuyck était candidat au conseil com munal Dampour faire de lui un contre-bourgmestre en cas de succes. Promettre et tenir sont deux. On faisait circuler avant l'élection communale le bruit que M. Charles Becuwe se retirerait du bureau de bienfaisance, M. Becuwe, membre de ce bureau, controle sa prop re administration au conseil. Comprendra-t-il enfin mieux vaut tard que jamais que ce cumul est chose délicate. Nous verrons. Rare désintéressement. On a f'ait beau- coup de bruit de certain candidat catholique ou- bliant facilement ses amis pour se recommander lui-même aux électeurs. U parait que semblable désintéressement se rencontre dans les deux camps car on nous rapporte le fait d'un candi dat libéral et 1 un des moins populaires, si pas le plus impopulaire, qui s'en aliait disantSi vous ne tenez pas aux quatorze autres noms de la liste PORTEZ-MOI TOUT SEUL, 5a m'est égal. Ce PORTEZ-MOI TOUT SEUL vaut tout un poème. Les amis. Votez ix»ur Beau court, pour cette fois encore, disaient a l'Hotel-de-Ville quelques personnages haut placés, dans trois ans nous le lacherons. Voila des amis sur lesquels M. Beau- court pent compter La lutte n'a pas eu le ler juillet dans toutes les localités de l'arrondissement un résultat aussi brillant pour le libéralisme qu'a Ypres. A Poperinglie notamment, malgré de grands -efforts et des espérances qui paraissaient fondées, les libéraux ont été battus a une grande majorité. A Proven, on a éliminé M. Mazeman. Quoique le Progrèsparlant de eet échec, écrive avec un sang-gene peu aimable de mi nimis non curat praetor, nous trouvons que ce résultat a bien son importance. Souvent nous avons combattu M. Mazeman sur le terrain poli tique nous trouvons néanmoins que son élimina- tion a Proven est une mauvaise action dont cette commune ressentira promptement les effets. Avions-nous raison de reprocher a M. Mazeman ses nombreuses complaisances pour ses adver- saires? Qu'a-t-il gagné a toutes les concessions qu'il a si souvent faites? Les cléricaux l'ont-ils attaqué avec moins d'acharnement que s'il s'était agi du libéral le plus résolu? Ah! quand done verra-t-on clair enfin? Quand done l'ère des con cessions au cléricalisme haineux et irréconciliable sera-t-elle définitivemeut close? Le succes n'a pas été meilleur a Wervicq qu'a Poperinghe. Heureusement les élections de Messines, oü le parti clérical n'a même pas osé tenter la lutte, consolent un peu de ces résultats néfastes. L'extension de suffrage est loin d'avoir été nuisible au parti libéral,et l'instrument forgé par les cléricaux a tourné contre eux. Mais quels suc ces bien plus éclatants encore pour nous si le mi nistère libéral avait fait lui-même cette extension sur la base de l'instruction rcmplacant le cens comme droit de suffrage. Cette mesure était la mort du parti clérical. AVANT APRÈS. On ne se rappellera que trop bien toutes les declamations, et toutes les violences de langages auxquelles les journaux cléricaux se sont laissé entrainer avant les élections communales. La religion était en perilet e'est l'Eglise même qu'il fallait sauver dans la lutte. A peine les élections sont-elles passées, laissant derrière elles le résultat que l'on sait, que le lan- gage des mêmes journaux change complétement de ton et d'allure. Ecoutons, entr'autres, le Journal de bruxelles n° du 3 juilletvoici comment il parle Avant d'analyser le résultat général de ces élections, il est une observation sur laquelle nous insistons paree qu'elle est vraie, et elle frappera tous les esprits impartiaux. Dans les élections législatives, la question politique domine dans' les élections provinciates, elle joue un róle moins important, mais elle n'est pas absente dans les élections communales, sauf dans quelques grandes villes, la question politique et de parti s'efface le plus souvent devant des questions de localité et de personnes, devant les intéréts ou des ambitions de petites villes ou de villages. Ici, c'est un indus- triel qui lutte de suprematie locale avec tel autre la, c'est une guerre de notaires ou de brasseurs plus loin, c'est un conflit soulevé par un impGt communal. Dans les élections communales, de bonne foi on ne saurait nier le fait,, les intéréts de personnes, de localité, d'administration priment presque partout les intéréts politiques. Le lende- main des élections, les journaux classenttous ces résultats confus et mêlés sous les dénominations politiques de conservateurs, de doctrinaires ou de radicaux rien deplus arbitraire et de plus faux. Nous pourrions citer telles listes enregistrées comme conservatrices par la presse, et parmi lesquelles pas un seul membre peul-être ne va a la messetandis que bon nombre de catholiques font partie de listes qui regoivent le nom de lïbérales. La conclusion que nous tirons de cette ob servation irréfutable est celle-ci L'opinion ca tholique et conservatrice a obtenu deux triomphes indéniables et décisifs, dans les élections législa tives et dans les élections provinciales, oü la ques tion politique, a des degrés divers, est directe- ment posée et domine. En supposant que les élec tions communales, dans leur ensemble, soient un insuccès pour notre opinion, qui oserait soutenir que le résultat de ces élections communales, oh l'intérêt politique est secondaire, annule le résul tat clairement politique des élections provinciales et parlement aires Le renard auquel on avait coupé la queue par- lait dans la même gamme, et sa sournoise philo- sophe a, comme on voit, fait école. Libre aux organes des évêchés de conclure comme ils le font. Nous conclurons, nous, d'une autre manière. C'est notre droit aussi. II résulte de l'article que nous venons de repro- duire d'après le journal préféréde l'épiscopat, que toutes ces objurgations qu'a la veille de chaque élection le clergé adresse aux électeurs que toutes ces invectives qu'il jette alors a la tête de ses ad- versaires, ne sont que d'insidieuses blagues qui n'ont d'autre but que de séduire les simples et de tromper les imbéciles. Avant le scrutin, c'est Dieu même qui est en cause. Après, ce ne sont plus que de mesquins intéréts d'ambition ou de boutique qui ont été en jeu. De la l'explication de ces listes conservatoires et cléricales, oü l'on voit figurer pas mal de gens qui ne vont pas même a la messe, lo;n de prati- quer en croyants. L'aveu est bon a .noter, encore que nous n'en avions nul besoin. Nous.savions depuis longtemps, pour l'avoir vu de nos propres yeux, que le choix des candidats n'est, pour le clergé, qu'une chose accessoire et que, d'après les nécessités ou les convenances de de l'heure, nos pasteurs savent parfaitement s'ac- commoder de candidats qui, au lieu des préceptes du Christ, pratiquent, publiquement même, cette morale indépendantesi souvent représentée comme étant celle de tous les libéraux indistincte- ment. Oh les Baziles On nous demande l'insertion de la cir culaire suivante EXPOSITION UNIVERSELLE d'économie domestique de paris en 1872. CIRCULAIRE Aux Industrials et aux Producteurs beiges. Monsieur, Une Exposition universelle d'Économie domes tique aura lieu a Paris, au Palais de l'Industrie, a dater du ler aoüt prochain. Organisée par la Société nationale d'encourage ment des Travailleurs industrielset avec le con cours du Gouvernement frangais, elle se présente dans les conditions économiques des plus favo- rables. A la demande des organisateurs, nous avons cru devoir accepter la mission de solliciter et de faciliter la participation des industriels beiges. Cette mission n'implique de notre part aucune responsabilité matérielle quelconque mais, bien qu'officieusë, nous la remplirons avec tout le dévouement qu'elle comporte. Vous trouverez ci-joint, Monsieur, un regle ment de cette Exposition, ainsi qu'un bulletin d'adhésion que nous vous saurions gré de nous renvoyer düment rempli, si vous désirez y parti- ciper.Les frais d'emplacement sont peu importants, ainsi que vous pourrez vous en assurer par la lec ture du document ci-joint (3 francs le mètre carré), et, d'autre part, une reduction de 50 p. c. a été accordée sur les frais de transport par les lignes frangaises, des objets destinés a être exposés. La même faveur est accordée pour les trans ports par les voies ferrées beiges. De plus, le^ Gouvernement beige, en vue de faciliter 1'oeuvre du comité et le concours de nos nationaux, a bien voulu nous accorder, entre autres facilités, la franchise de port pour nos correspondances. L'un des membres de notre comité se chargera de surveiller le déballage, l'étalage et le réembal- lage a Paris et la réexpédition des produits en- voyés par nos nationaux. Dans ces conditions, et en présence du but émi- nemmentutile de l'Exposition, nous espérons que vous voudrez bien y prendre part. Les plus h- y *5* COMITÉ BELGE bureau Bruxelles, le 14juin 1872. 47 et 49, rue des Fripiers, A BRUXELLES. Les lettres adressées a M. le Président du comité beige ne doivent pas être affraneliies.

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 2