L'ASSOCIATION C'EST NOUS. Les colonnes desjournaux d'Anvers sont pleines des adresses de félicitations qu'envoient aux libéraux anversois la plupart des Associations liberates du pays. Nous n'avons pas vu figurer Ypres dans le nombre.Cependant pas n'est besoin pour cela de consulter 1'Association. Que M.Henri Carton saisisse sa bonne plume de Tolède, celle qui tranche si bien toutes les questions dans le Progrès et que, soutenu des lumières de M. Pierre Beke, il fabrique une pancarte dans ce haut style et ce francais du terroir qui lui est familier. Nous lui promettons un succès de fou rire. L'Associa- tion sera contente, contente et glorieuse. L'Asso ciation? Fi done! Est-ce qu'on la consulte quand les élections sont faites L'ont-ils consultée les trois messieurs qui, se disant ses délégués, sont allés dimanche dernier promener leur éminente petite personne aAnvers? e'est bien assez Louis XIV, le grand roi, a dit l'Etat, e'est moi. Singeant le monarque, nos roitelets politiques disent a leur tour L'Asso- ciation, e'est nous. CURIEUSE REMARQUE. On copnaït les récentes paroles du Pape au sujet des élections en Italië. Le Journal de Hmxelles (n° du 10 juillet) nous apprend que ces paroles ont soulevé une discus sion entre la Voce della Verita et 1' Osservatore ro- mano deux journaux également dévoués au Vatican—sur l'interprétation qu'il convenait de leur donner. D'après la Voce, le conseil de prendre part au vote s'étend a toutes les élections. D'après V Osservatore, ce conseil doit être restreint aux seules élections municipales. Cette discussion nous remet en mémoire celle qui a surgi entre les journaux catholiques de Rome et d'ailleurs, a propos des paroles pronon- cées par le St-Père au sujet de notre pays. Ces journaux n'etaient pas d'accord non plus sur le eens a donner a ces paroles. Cela nous rappelle aussi que dernièrement le Pape a dit, dans une lettre au Cardinal Antonelli, qu'il était bien libremais pas independent. Or, il nous semble d'après tout cela, que depuis que le St-Père est infaillible il p irle absolument comme les anciens oracles, celui de Delphes et au tres, qui s'exprimaient toujours a double sens, ainsi que chacun sait. Voila qui est certes peu prop re a ramener les vieux-catholiques. Plusieurs articles nous sont parvenus trop tard pour trouver place dans notre précédent numéro nous les publions aujourd'hui. LISTES ÉLECTORALES. FRAUDES CLÉRICALES. On a pu lire dans tous les journaux libéraux les lignes qui suivent Des ólecteurs d'Anvers viennent d'adresser j) a la Chambre une pétition constatant que pen- d dant les années 1869,1870 et 187-1 ils ont adres- sés a la députation permanente 1,583 réclama- tions contre les listes electorates dont 1,397 ont été admises, et que, depuis peu de jours, ils ont décoüvert que l'inscription d'au-dela deóOOélec- n teurs libéraux a encore été empêchóe par rad ii ministration communale qui vient de s'écrouler i> Les pétitionnaires insistent sur ce fait sans précédent que les erreurs commises au prejudice y> du parti liberal approchent du chiffre exorbi- tant de 2,000, ce qui prouve qu'il ne peut être le n résultat d'une négligence involontairequ'il est au contraire le résultat d'un système préconqu de falsifier volontairement les listes électorales, au détriment d'adversaires politiques. Dans la crainte que leurs reclamations nou- velles ne fu^Sent pas admises par parti pris de n l'administration communale, les pétitionnaires j) demandaienta la Chambre d'enlever aux admi- nistrations communales la confection des listes électorales et d'en transferer la responsabilité aux fonctionnaires de l'administration des con- tributions directes. ;i Voila par quels moyens l'administration com- munale d'Anvers, dont les libéraux viennent de i) faire justice, s'était maintenue jusqu'ici. Ce qui s'est passe a Anvers s'est passé partout ou la gent cléricale a eu la patte a la confection des listes.C'est ainsi que les cléricaux repré- sentent l'opinion dans une foule de localités, dans beaucoup de villages notamment. Or, il s'en va temps que ces fraudes disparais- sent. Nous nous joignons aux pétitionnaires d'Anvers pour demander que la confection des listes élec torales soit transferee a des mains plus süres. Et, en attendant, nous adjurons tous les libé raux de veiller avec le plus grand soin pour em- pêcher des abus qui constituent, en définitive, la, principale force du parti des encvclistes. MAGISTER ITSE DIXIT. Nous lisons dans le Progrès les incroyables lignes qui suivent M. Nolf aobtenu en tout 42 voix. II faut espé- rer que cette legon lui sera utile. N'y a-t-il pas, Monsieur Emile, un peu trop de présomption a vous poser, si jeune encore, comme homme-prin- cipe, et a vouloir entraver le succès de votre parti, uniquement pour le maintien de vospréven- tions personnelles d'ailleurs contestables et dont plusieurs de vos amis ont su faire un si noble sa crifice? Ainsi done, pour le magister qui catéchise au Progrès, la jeunesse est un motif d'exclusion et le docte professeur préférerait sans doute voir les administrations peuplées de vieilles perruques. Mais que parle-t-il de preventions, lui dont toute la politique n'est qu'une succession de preven tions, d'injures et de haines Quoiqu'en puisse dire le folliculaire qui a tracé leslignes ci-dessus, il n'en est pas moins vrai qu'en acceptant une candidature dans les conditions que Ton sait, M. Emile Nolf a donné des preuves indubitables de dévouement a ses convictions. Ni le nombre de voix obtenues par lui, ni la désapprobation du magister et tutti quanti ne diminuent en rien le mérite de son énergie et de son désintéressement. Us sont bien a plaindre ceux dont les senti ments ne sont pas assez élevés pour apprécier ces qualités devenues fort rares de nos jours. INFAME LIBELEE... ODIEUX PAMPHLET. Le 30 juin, dans un de ces accès de vaine et ridicule colère, véritable monomanie furieuse dont il est périodiquement affligé, le Progrès, mentant comme un arracheur de dents, nous langait a la tête un déluge de grossièretés empruntées au dic- tionnaire de la Ilalle, dans ce frangais barbare et ce style iroquois dont il possède la spécialité. Infame libelle... odieus pamphlet, sont les gracieusetés qui se présentaient le plus fréquem- ment sous sa plume. Nous pourrions demander au Progrès s'il con- nait rien de plus odieux, rien de plus infame que d'attaquer la mémoire des morts? Or, ce fait n'est pas le nótre, mais le sien. A différentes reprises nous avons publié des extraits du Progrès et le public a pu juger la po- lémique de ce journal. Aujourd'hui il n,'est pas besoin de chercher bien loin. Ce même numéro du 30 juin contient une chanson ayant pour titre La Politique. Ce fac tum, injurieux au premier chef, donne la mesure de ceux qui tiennent la plume au Progrèsaussi annonce-t-on qu'une plainte sera déposée au par quet, si elle ne l'est déja, contre ce journal. Le comte de Montalembert a écrit avant de mourir une sorte de testament religieux, dans le- quel il est question desjésuites et des palinodies effrontées i.e Rome. D'après des personnes bien renseignées, ces deux écrits furent la cause «léter- minante de l'anatième dont le Saint-Siége frappa sa mémoire. La dernière oeuvre de l'illustre ora- teur frangais fut envoyée au Correspondentqui re 'usa de la publier. Par suite d'une indiscrétion dont on ne connait pas l'origine, elle vient de pa- raitre dans la Gazette d'Augsbourg M. de Montalember, qui futle plus zélé défen- seur de la cause desjésuites en France, a fini par réprouver de la facon la plus éclatante les doc trines de la Civitta cattolica, l'organe accrédité de la cour de Rome, qui, d'après lui, outrage jour- nellement la raison, la justice et l'honneur. II dit que, si les principes affirmés dans ce journal sont destinés a prévaloir, il ne sera plus possible a l'Eglise de co-exister avec les libertés modernes, et que M. Renan aura eu cent fois raison de con- sidcrer comme des hypocrites ou des fous les ca tholiques libéraux qui - e som déclarés les déf'en- seurs de la Compagnie de Jésus. A la lecture de ces palinodies effrontées, j'ai rougi jusqu'au blanc des yeux et été froissé jus- qu'au bout des ongles, écrit l'ancien collaborateur de Lamennais et de Lacordaire. La doctrine des jésuites peut êt e orthodoxe au point de vue théo- logique, mais elle n'est plus conforme a la vraie foi. Si un seul membre de l'ordre avait professé de 1848 a 1850 ce qu'enseigne aujourd'hui la Civittapas un collége de jésuites n'aurait pu exister en France, pas un soldat francais n'aurait été envoyé a Rome en vue de restaurer le pouvoir temporel. La casuistique des jésuites est inhu- maine, féroce et détestable. Leur fagon de servir l'Eglise ressemble au traitement de bêtes féroces dans une menagerie, oii elles sont exibées dans une cage de fer, avec invitation au public d'exa- miner leurs dents et leurs griffes, et de songer au mal qu'elles pourraient faire, si elles étaient libres d'user de leur force. La Gazette d'Augsbourgen pubiant ces lignes de M. de Montalembert, en tire cette conséquence que s'il avait vécu, il aurait, sans approuver la politique de M. de Bismark, rejeté sur les jésuites eux-mêmes la responsabilité de leurs malheurs, et conseillé a Pie IX d'imiter Clément XIV en sup- primant l'ordre de St-Ignace dans l'intérêt de l'Eglise et pour épargner aux souverains la peine de l'expulser de leurs territoires. LA PART DES FEMMES DAXS L'ENSEIGNËMENT AUX ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQIIE. Tant vaut le maitre, tant vaut l'enseignement, dit-on. Le personnel qui enseigne dans ces innom- brables écoles et la fagon dont il se recrute pré sentent encore bien des particularités faites pour étonner les Européens. Et d'abord, dans la plupart des écoles ce sont des femmes qui sont chargées de l'enseignement. En 1861, on comptait dans le Massachusetts, 4000 institutrices et seulement 1500 institqteurs; dans le New-York, 7853 instituteurs et 18,915 institutrices; dans les écoles des villes prises isolé ment, sauf les directeurs et les maitres particu liere, on ne trouve que des femmes. Ainsi a Phila- delphie il n'y a que 82 instituteurs pour 1112 ins titutrices a New-York, oncompte dans les gran- des écoles 3 hommes pour 21 ou 22 femmes. Dans les campagnes et surtout dans les Etats de l'Ouest, la proportion n'est plus la même paree qu'une fille ne peut pas aussi bien y résider seule qu'un homme. Les gargons et les filles fréquentent la même école et lamême classe jusqu'a quinze etseize ans, etc'estmerveilledevoir la jeune institutrice main- tenir l'ordre dans ce groupe d'élèves, dont plu sieurs sontpresqus aussi agés qu'elle. Ce système offre de nombreux avantages d'abord celui de l'économie, car le salaire d'une institutrice est d'un tiers moins élevé que celui d'un institut ur, et cette différence est importante, puisqu'il y a de quatre a cinq fois plus d'écoles en Amérique qu'en Europe. En outre, a connaissance éga es, il est établi que la femme communique mieux ce qu'elle sait aux enfants que les hommes. Elle a moms de roideur, de sécheresse et de pédan tisme, plus de patience, d'imagination et de dou ceur. Douée des i stincts de la mère, elle s'em- pare de l'attention des auditeurs, et les commen cements, d'ordinaire si arides, deviennent un jeu. La grace même et la beauté ajoutent un charme secret a ses legons. L'école n'est plus ainsi cette IlS ONT DAIGNÉ SE CHARGER D'UNE MISSION et (Style du Progrès).

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 2