JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
V FIVES, Ilhiianehe
Dixième année. N° 31.
21 Juillet 1872.
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Discipline et Union.
Lorsque le Denier des e'coles a lait sa première
apparition dans les colonnes de la Gazette, les
journaux catholiques ont été dans une joiel...
dans une joiedans une joie
On allait enfin pouvoir juger, dans toute son
étendue, de la désorganisation du libéralisme
beige et voir combien peu d'esprit de corps et de
véritable attachement aux principes il restait
encore dans le parti des lumières.
Mises en demeure de se montrer libérales pour
tout de bon,les bourses doctrinaires et progressistes
seraient restées closes et la souscription lancée
avec tant de confiance n'aurait abouti qu'a un
honteux fiasco. Lc Hdiculus mus du bon Phcedre
servait de thème, dans les pieuses feuilles, aux
plus savantes variations. Depuis, les dites feuilles
ont été forcées de rabattre un peu de cette pure
ivresse,voyant que 1'oeuvre fait son cbemin malgró
et peut-être grace a leurs charitables prédictions,
et le flageolet ultramoutain a pris un ton plus bas.
Paula minora canamus.
Comment règlerons-nous l'emploi de l1 argent
qui nous arrive de tons les cötésUne fois le coup
de collier donné, avec une spontanéité qu'il n'est
pas possible de contestern'allons-nous pas
nous trouver plus divisés que par le passé sur la
question d'organisation de l'enseignement qui est
déja 1'objet de tant d'attaques passionnées. II est
de fait que, jusqu'ici, nous ne sommes franche-
ment d'accord que sur l'urgence de fonder eet
enseignement,et qu'au moment de mettre la main
a la pate nous allons-nous trouver'en présence de
pas mal de systèmes qu'il faudra discuter longue-
ment avant d'en adopter un seul.
Je fais eet aveu au risque de ramener l'espoir
au coeur des petits-frères de la doctrine cTirétienne.
lis sont assez malheureux, depuis quelque temps,
pour que je négligé cette occasion de mêler un
peu de mélasse a Tamer breuvage que leur bras-
sent méchamment nos tribunaux. D'aiileurs, il ne
me gêne pas et j'y vois au contraire l'indice de la
supériorité réelle que nous avons sur ces conti-
nuateurs méconnus de certains philosophes an
tiques.
II n'y a pas de danger qu'ils soient jamais en
désaccord sur la méthode a suivre. Etant donné
TEncyclique et le Syllabus, ils n'ont qu'a émon-
der l'arbre des connaissances humaines de tous
les rameaux indiscrets qui s'égarenta la recherche
du grand air et de la liberté. Les intelligences
qu'ils ont a développer sont pour eux comme ces
ifs aux quels la serpe mystique des jardiniers mo-
nacaux donnait autrefois la forme de clochers, de
mitres et d'ostensoirs. Ils enseignent gravement
que le Soleil s'est arrêté sur l'ordre de Josué,
mais ils negligent prudemment de s'étendre sul
les villes de Sodome et de Gomorre, détruites par
le feu du ciel. Tout ce qui les gêne, ils n'en par
ient pas ou l'arrangent a leur fagon, d'après les
regies ingénieuses innovées par le fameux Père
Loriquet, qui ayant a raconter la nuit de la Ste-
Barthélemy imprimait gravement Les protes
tants ayant fait un grand massacre des catho-
liques, ceux-ci prirent les armes et déjouèrent
leurs complots sacrileges.
Nous, au contraire, nous professons un tel culte
pour la vérité, que nous sommes toujours a nous
cbamailler sur les points qui ne nous semblent
pas nettement établis. Dans la crainte de nous
tromper, nous évitons avec soin d'entretenir l'en-
fance des questions de dogmes, au sujet desquels
nous sommes généralement assez sceptiques, mais
encore plus tolérants. Ce que nous demandons, ce
n'est pas que nos écoliers cessent de fréquenter le
catéchisme, si leurs parents tiennent a les y en-
voyer, mais que nous puissions leur apprendre
que c'est la terre et non le soleil qui tourne, sans
qu'une heure après, de la cbaire oü nous avons
proclamé cette vérité démontrée par la science,
un séminariste vienne, au nom de la Bible, nous
donner un rogue démenti.
Que dis-je! Dans nos rangs il se trouve des li-
béraux t> ès convaincus qui sont partisans de la
loi de 1842 et c'est principalement ceux-la qui
nous donneront du fil a retordre. Ahdame! c'est
que nous n'avons pas le bonheur de posséder un
Pape infaillible qui nous trace notre petit itiné-
raire intellectuelEt en eussions-nous un, il se
produirait immédiatement, dans notre Eglise,
tant de schismes divers, qu'il n'aurait plus qu'a
déposer la tiare et a se faire franc-maQon.
Les catholiques ont done parfaitement raison
lorsqu'ils s'écrient avec satisfaction que nous
manquons de discipline. Notre seule pretention
est d'avoir de l'union, lorsqu'il le faut, et les der-
nières elections l'ont prouvé.
La discipline Je ne sais pas si vous êtes- de
mon avis, mais je trouve que c'est la un vilain mot
et une plus vilaine chose. Qu'est-ce que la disci
pline L'abandon dc toute initiative personnelle,
l'aveugle obéissance a des ordres qu'il n'est pas
permis de discuter et d'enfreindre. Mais c'est la
une regie bonne pour des moutons et pour des
moines, mais non pas pour des êtres intelligents
ayant au ventre quelque indépendance et quelque
fierté.
On m'objectera l'armée oii sans discipline on
n'arrive a rien. II y a beaucoup a dire sur ce
sujet. Je ne suis rien moins que persuadé que
notre organisation militaire soit le parangon des
organisations. La soi-disant égalité prussienne ne
me satisfait pas davantage. La discipline n'est et
ne peut être un frein équitable que considérée
comme une soumission temporaire, prêtée dans
un but d'intérêt commun a des chefs librement
élus. Que, sous les armes, un soldat soit tenu a
l'obéissance et au respect, rien de mieux. Mais
une fois le service terminé, celui qui porte lefusil
doit être l'égal de Thomme décoré de l'épaulette.
Non, nous n'avons pas de discipline et ne vou-
lons pas en avoir a votre fagon. Notre parti se
compose de families distinctes, logees dans un
même quartier et se prêtant mutuellement aide et
assistance dans les cas de nécessité. Mais nous
ne voulons vivre ni dans une caserne, ni dans un
couvent, n'étant pas plus partisans de la salie de
police que du martinet d'un frère correcteur.
Loin de redouter les différents qui surgiront a
propos de l'emploi de notre Denier des écolesnous
les appelons, au contraire, de tous nos vceux. De
la discussion jaillit la lumière. C'est la un axióme
vieux comme le monde, mais qui restera éternel-
lement vrai. II se pourrait que les différents co
mités locaux fussent divisés sur l'instruction a
donner dans les établissements que nous allons
élever. Eb bien après Nous ferons de l'enseigne
ment expérimental qui, fut-il incomplet et fautif
au début, vaudra toujours mieux que votre ensei-
gnement réactionnaire, lorsqu'il n'est pas une
école de mensonge et d'immoralité. Et a force de
tatonner et de perfectionner, nous en arriverons
bien a une solution pratique en harmonie avec les
tendances modernes et les progrès de l'esprit hu-
main. Pour cela, que faut-il De l'union, mais de
l'union raisonnée et dont les bases soient longue-
ment débattues. Cette union, nous l'avons loyale-
ment conclue il y a quelques jours. Gardez votre
discipline, vous n'avez plus qu'elle pour lutter
contre le libre-examen qui déja entame votre for-
teresse ébranlée.
AVEU CLERICAL. UN DOIGT DANS L'CEIL.
Nous l'avons dit plus d'une fois on ne lit pas
assez les journaux cléricaux. II faudrait même
pouvoir les lire tous, et tous les jours. Rien n'est
édiüant comme ces pages improvisées oü il y a
toujours quelque chose areprendre. Quelles
contradictions d'un numéro a 1'autreet comme il
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