est aisé de voir, dans lés inconsequences qui émail-
lent la polémique des tonsures, tout ce qu'il y a
d'outré, de louche et de faux dans leurs agisse-
ments. Personne n'a oublié les declamations furi-
bondes auxquelles, dans le camp des oints, a
donné lieu la loi cle 1864 sur les fondations au
profit de l'enseignement. On n'a surtout pas
oublié les violences de langages et de procédés
auxquelles nos cléricaux se sont livrés a propos de
1'application de la dite loi a une fopdation de
notre ville. D'après le Journal d'Ypresla loi de
1864 était une loi de voleurs. Elle constituait une
atteinte scandaleuse aux droits de l'Eglise. Elle
'était de celles auxquelles les catholiques, même
magistrats, ne pouvaient obéir sans forfaire a leur
conscience. XJ autorité compétente est même allée,
on s'en souvient, jusqu'a refuser les sacrements a
tous ceux qui, par nécessité de position, ont prêté
leur concours a l'application de cette loi dans le
cas spécial susvisé.
Eh bien C'est après toutes ces affirmations
indignées et toutes ces rigueurs disciplinaires, que
l'organe de notre clergé, le même Journal d'Ypres
dans son numéro du 13 courant, et sous la rubrique
du devoir des catholiques sur le terrain electoral,
après avoir justifié la ci-devant abstention des
électeurs catholiques italiens, publie les lignes que
voici
Aucun motif semblable n'existe pour les ca-
M tlioliques beiges jamais -ni électeurs ni élus ne
se sont vus dans le cas soit de disposer illégitime-
i) ment des biens qui ont été enlevés par violence
j) a l'Eglise, soit de devoir exécuter ou rati-
n fier ce qui n'est conforme ni a la doctrine ni a
la morale catholiques.
Ces lignes sont claires, et ne sollicitent pas plus
d'explications qu'ellesne comportent d'équivoque.
Eh bien! que penser et que dire de gens qui, a
quelques jours d'intervalle, s'infiigent ainsi a eux-
mêmes de pareils démentis
Ahbons petits vicaires et bons petits abbés
Vous l'avouez enfinJamais en Belgique, ni élec
teurs ni élus n'ont été exposés a disposer illégitime-
ment des Mens ranis d l'Egliseou a devoir ratifier
ou exécuter ce que la doctrine et la morale de l'Eglise
condamnent I Et que signifient alors, dites-nous,
toutes vos déclarations passionnées a propos de
la loi de 1864 et de 1'affaire des nonnettes Et
que faites-vous de l'Encyclique et du Syllabus qui
réprouvent et condamnent, eux, toutes nos libertés
constitutionnelles
Continuez, continuez, chers petits. Yotre prose
a plus de succès encore que vous ne vous l'ima-
ginez. Tant de duplicité servie par une si colos-
sale étourderie ne saurait aboutir qu'a rendre la
vue aux aveugles mêmes.
A QUI SE FIER DÉSORMAIS
On lit dans.les journaux
Le croira-t-on?
M. Jules Simon vient d'interdire les conféren
ces faites par M. Itoussel dans les départements de
l'Oise sur l'enseignement populaire; M. Roussel
conférait sur l'instruction obligatoire, laïque et
gratuite.
N'y aura-t-il done jamais d'hommes sérieux en
France?
PH1LOSOPHIE RELIGION.
Paree que nous nous sommes consolé de l'in-
succès de M. Mazeman a Proven par le résultat
obtenu a Messines, le Journal d'Ypres .observe
avec une pointe de railleries que la philosophie
apprend a se contenter de peu.
Le Journallui, se console des échecs subis
dans le pays entier par le triomphe obtenu a Po-
peringhe.
La religion, parait-il, apprend a se contenter
de moins encore.
IL YA ARRIVER BOUM
Le Journal annonce avec grand fracas que c'est
encore le Ré vér end Père Henri-Antonin Iweins
d'Eeckhoutte qui viendra, cette année, prêcher
'octavo de Notro-Dame du Mont-Carmel, dans
'égli-e des Carmes Déchaussés.
On nous assure que l'envoi de eet illustre ora-
teur est la recompense promise a ceux qui ont
envoyé siéger le non moins illustre frère au Con-
seil provincial.
Le Révérend Père en question est le célèbre
auteur de la vie de la bienheureuse A arguerite (sic)
d'Ypres.
On lit dans cette fameuse cacograpliie, entre
mille autres choses également surprenautes, le
tout traduit en un frangais impossible
La B. Marguerite d'Ypres naquit encette ville,
'i l'an douze cent dix-huit (1218) d'une familie
illustre par sa noblesse, elle y mourut en douze
cent trente-sept (1237) a 1'age de vingt-un (21)
ji ans.
Et 1'auteur ajoute en note
(1) Remarquons d'abord que la précision de
ces dates protlve bfeaucoup en faveur de l'au-
n thenticité de<ee réöit.
Faites le calcul, chér lecteur, et allez ensuite
écouter le prédicatëur.
CIIRONIQUE JÜDICIAIRE.
1 .a chambre des mises en accusation a rendu un
arret de non-lieu en l'affaire du frère Martial.
Get homme est reconnu innocentc'est bien, et
ii est facheux qu'il ait été injustement poursuivi.
Mais les journaux cléricaux font paraitre une
joie tellement indecente, qu'on devine aisément
qu'ils ne s'attendaient pas a cet acquittement-la.
Cela se concoit du reste. Martial est le premier
petit-frère qui, poursuivi pour les peccadilles que
l'on sait, n'ait pas été condamné en cour d'as-
sises. Et ils sont nombreuxles non-absous.
Nous déférons au désir qui nous est exprimé
en insérant les lignes suivantesinutile d'ajouter
que nous laissons a notre honorable correspon-
dant toute la responsabilité de ses appréciations.
Monsieur l'é.diteur de VOpinion,
Pour l'édification des libéraux de Poperinghe,
je vous prie de bien vouloir reproduire dans votre
estimable journal le passage suivant d'une lettre
écrite par un ex-habitant de cette ville a un de ses
amis politiques
Mais abandonnons ce sujet et disons un
mot de vos elections.
i) Oui, j'ai été frappé de la nouvelle de votre
brillant.... échec, et j'ai été indigné de l'échec
n de M. le baron Mazeman. Je comprends de
moins en moins la population de Poperinghe et
de ses environs. Aussi pourquoi admettre sur
votre liste l'aristo en blouse, M. Lebbe-Bate-
35 man? Yous avez déja commis la même faute il
33 y a trois ans, lorsqu'il s'agissait de la candida-
33 ture de M. Berten. Ce sont vos transactions et
33 vos faiblesses qui vous tuent, car je pario que
33 ce candidat a double face a travaillé et voté
33 contre vous. Pourquoi ne prenez-vous des hom-
33 mes de bonne trempe? Ne voyez-vous pas
33 Pénorme ambition qui se cache sous cette
33 blouse. II y a du Loyola la-dessous, mon cher,
33 prenez-y garde Bat groot verstand milt burg-
33 meester morden
33 II y a trois ans qpe j'ai prédit cela. 33
Agréez, etc,-
LES ÉLECTEURS A DIX FRANCS.
Avant les elections. On pouvait lire, il
y a quelques jours, dans la plupart des feuilles clé-
ricales du pays
C'est une belle et salutaire réforme que celle
dont le ministèreconservateur de MM. d'Anethan-
Jacobs a pris l'initiative. Au corps électoral an
cien, pourri et gangréné dans tant de centres im
portants, voila que s'ajoute un élément nouveau,
sain, honnête, loyal, qui échappe aux influences
délétères du doctrinarisme et consolidera, dans
notre religieuse Belgique, la situation du grand
parti catholique, le seul parti véritablement na
tional, le seul qui puisse compter sur l'appui réel
de nos populations, etc., etc. 3>
Apbès les elections. On lit dans le Uien
public de mardi
Nous ne disons pas la cause catholique, mais
d'une manière générale, la cause conservatrice n'a
rien de bon a attendre de la majorité des nou-
veaux électeurs. Ce n'estpas seulement le cabaret,
ce sont les plus infames bouchons qui ont acquis,
dans les élections communales, une importance
considérable. II y avait hier, a Gand par exemple,
dans les bureaux électoraux, des figures sinistres
qui faisaient songer aux communards dc l'avenir.
Ces citoyens 33 venaient, la casquette sur l'o-
reille, sacrant et jurant, voter pour le trés liaut,
trés puissant et tres millionnaire comte Charles
de Kerchove de Dentergem. 33
Conclusion. MM. les électeurs a dix francs,
nous vous avions, nous cléricaux, accordé l'élec-
torat, non point pour vous faire plaisir, mais
paree que no' s avions la conviction que vous se-
riez nos tres aplatis serviteurs, que vous voteriez
pour nous, et que vous recevriez liumblemeiit les
ordres de nos courtiers et de nos journaux.
Et maintenant vous nous plantez laVous avez
la pretention d'être aussi indépendants que des
électeurs a 4-2 francsAllez au diableYous n'ê-
tes plus que d'ignobles sacripants.
Voila comment l'qr pur de l'électorat a dix
francs se change en un plomb vil aux yeux du
Bienptéblic et de ses congénères.
Et puis, des électeurs qui viennent voter la
casquette sur l'oreille, 33 fi done
A la bonne lieure les estimables maltötiers de
•-
la bande LangrandCeux-la ont des chapeaux et
viennent voter en équipage
JVaits divers.
■Ascension du Mont- lanc. Un ancien élève
de l'Université de Liége>, M. Albert Vanden
Bossche, a fait le 4 de ce mois l'ascension du
Mont-Blanc.' Cette expédition tentée depuis quel
ques années par un certain nombre de voyageurs,
n'en reste pas moins aussi pénible que dange-
reuse par les innombrables obstacles qu'il faut
vaincre et surtout par les perils imprévus d'un
chemin qui peut s'effondrer a chaque instant.
M. Vanden Bossche, quoique familiarisé par
plusieurs autres ascen-ions remarquables, entre
autres par celle du Mont-Iiose avec les hautes re
gions alpestres, n-'a atteint le sommet du Mont-
Blanc qu'après une marche de 6 heures depuis le
chalet des Grands-Mulets (déja a 2,800 metres),
situé a mi-chemin et a été un moment entrainé au
fond d'une crevasse al'entrée du Grand-Plateau.
La prudence, autant que l'agilité, est nécessaire
pour se tirer de ces mauvais pas, et les circons-
tances climatériques de la dernière heure de
montée ont une action si puissante sur 1 organisme
qu'il faut la plus grande énergie pour vaincre les
souffrances physiques qu'elles occasionnent.
La descente jusqu'a Chamounix, parfois verti-
gineuse, en glissant, roulant et sautant, a pris
plus de huit heures.
Le typhus contagieux des bêtes a cornes, dont
l'invasion en France a suivi celle de l'armée alle
mande, peut être considéré comme éteint aujour-
d'hui. Nous recevons, en effet, dit VOpinion natio
naledu ministère de 1'agriculture et du commerce,
communication de la note suivante
D'après une dépêche de M. le préfet du Nord,
en date du 6 juillet, il ne s'est produit aucun cas
de peste dans ce département depuis le 13 juin
dernier.
33 Aucune manifestation nouvelle de l'épizootie
n'est également signalée dans les derniers dépar
tements envahis. 33
La période d'incubation étant de vingt jours, et
vingt-quatre jours s'étant écoulés depuis le
13 juin jusqu'au 6 juillet, il est permis d'augurer
que le mal ne reparaitra plus désormais.
La peste bovine aura couté a l'agriculture Irani
(jaise 57,000 animaux abattus, d'une valeur totale
Poperinghe, le 17 juillet 1872.