JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT I'S'li ES, Dimancbe öixième anoée. J^l0 38. v 8 Septembre 1872. Le TOUT payable d'aVANCE. seas PKIX D'iBOliEIHEXT POUR LA BELGIQUE 6 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie porl en sus. Us Numéro 25 Centimes PKIX DES AXXOXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite iigne. Corps du Journal; 30 centimes*. Paraissant Ie dimanche. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue d'Elverdinghe, 52. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal. RAPPROCHEMENT INSTRUCTIF. La presse cléricale, ainsi qu'il était facile de le prévoir, se déchaine avec furenrcontre ce gros joufflu, ce tendron ultraquaclrege- naire (sic), ce honteux rénégat, cafard, liy- pocrite, cette personnalité véreuse qui a iiom père Hyacinthe et qui, pour ces hon- nêtes et pudiques plumes, était, il y a cinq ans a peine, l'éminent orateur, l'apotre illustre de Notre-Dame de Paris. Quelques écrivains cle cetté bonne presse, après avoir accabléM. Loyson de ces injures au gros sel que l'on est convenu de qualifier d'injures de sacristains ou de sacristie, ont cependant jugé bon de lui donner quelqUes conseils. Pourquoi, lui disent-ils, vouloir donner au monde le spectacle d'un mariage public, legalise par Monsieur le maire? Pourquoi ne pas se contenter pour tout mariage, d'un serment juré devant Dieu, c'est-a-dire d'un mariage oü les paroles échangées n'au- raient eu d'autre garant que la bonne foi des deux parties contractantes? Et comme si ce canonique conseil n'était pas assez elair, les dévots écrivains ajoutent ce distisque fait a l'intention des jésuites et de tous points conforme a leurs maximes Le scandal e du monde est ce qui fait l'offense Et ce n'est pas pëcher que pécher en silence. Le Bien public résumé ainsi sa fou- droyante appreciation du projet de mariage concu par Hyacintbe Loyson, qui entend rester prètre et digne prêtre après comme avant l'accomplissement de ce devoir social. Ce serait groteste si ce n'était avant tont lamentable et odieux, et si, sur ce couple funeste, ne planait l'opprobre indélébile, attaché au sacrilege et al'apostatie. Un autre journal de la 'même frempc, qui s'inspire plus volontiers du cynisme de TUnivers que de l'ascétisme du Bien public, s'écrie Fermons sur Monsieur et Madame Loyson la porte de la chambre a coucher et laissons les tendres époux goüter paisible- ment les douceurs de la lune de miel. Ouilaissez M. Loyson réfléchir a ce saint conseil des apötres de rultramontanisme que le concubinage des prêtres, péché comrnis en silence, n'est réellement un péché que lorsqu'il provoque «le scandale du monde, mais que leur mariage serait une abomina tion, une damnation. Oui! fermez la porte de la chambre a coucher sur Madame Loy son, mais ouvrez celle du compartiment- wagon oü Madame de Valmont se livre a d'imiocentes pratiques sur les genoux du révérend père Dufour. Tableau pour tableau, les cagots préfè- rent celui-ci a celui-la. Et vous les verrez sourire, hausser dédaigneusement les épau- les, humer une prise de tabac et se signer dévotement en disantla belle affairelors- qu'ils liront entre deux pages de leur missel et deux articles du Courrierde laMeuse, ce passage de la deposition d'un employé asser- menté de la compagnie d'Orléans, dans le scandaleux procés qui vient de commencer a BrestJ'ouvris brusquement la portière et je frappai légèrement de la main les par ties charnues mises a nu par les vêtements relevés de Madame de Vaimont, en rappe- lant aux lois de la décence les deux voya- geurs iriterdits. Monsieur et Madame Loyson inlerpellés par un indiscret dans leur chambre Cou cher, n'auraient pas a rougir, sans doute, et cependant nous doutonsqu'ils eusseut, quoi- que mariés, une presence d'esprit égale a l'audace hautaine de Madame de Yalmont surprise en flagrant délit et s'écriant«Nous ne faisonspasduMAL; ou a l'impertinente effronterie du père Dufour prétendant que cette dame ainsi posée sur ses genoux, n'est autre que sa sceur. Oh nontout ceci n'est rien en comparai- son de la resolution du père Hyacinthe. Et les jésuites continueront a recommander le concubinage plutöt que le mariage des pré- tres que réclame si vivement la morale, que les pères de l'Eglise romaine ont admis, ap- prouvé et pratique eux-m'êmes, et qui est en usage dans tout le clergé d'Orient. CHRONIQÜE LOCALE. Lisez n'importe quelle bourde dans l'un ou l'autre journal clérical, vous êtes certain, surtout si oette bourde est assaisonnée d'un peu de venin ce qui arrive le plus souventde la retrouver, quelques jours après, dans les colonnes du Journal d' Ypres. Voici la chose pyramidale—extraite du journal au pitre Veuillot que nous lisous dans son numéro de mercredi dernier Dans les eaux de Civita-Vecchia, nous avons un navire, VOre'noque,qvLi, depuis septembre 1870, se tient la en observation, n'ayant d'autre but que de se mettre, le cas échéant, aux ordres du Saint- Rère, s'il plaisait a Pie IX de quitter Rome pour échapper a ses geölièrs. Les geöliers du Papen'est-ce pas, que c'est prodigieux? II y a quelque chose de plus prodigieux encore, c'est que sur dix lecteurs du Journal d' Ypres, on en pourrait compter au moins sept qui, de tres bonne foi, s'imaginent que le Pape est réellement prisonnier. O bêtise humaine Tes profondeurs sont inson- dables Autre bourde celle-ci, empruntée a la Gazette de Liége Cette même presse libérale nous reproche de ne pas vouloir pour nos adversaires la liberté que nous réclamons pour nous. Si nous croyons qu'en soila liberté illimitée de la presse et des cultes est un mal, nous défions qui que ce soit de nous dire quand nous avons refusé a un libéral, a un soli daire, les libertés constitutionnelles. Une simple question aux petits vicairesRecon- naissent-ils aux solidaires le droit de pénétrer de force dans la chambre d'un moribond catholique afin de le dissuader de recevoir les derniers sacre- ments ik proclament ce droit poüf M. le vicaire Smaelen al'égard deM. Altmeyer. Le proclameraient-ils également si M. Smaelen étant a Particle de la mort, M. Altmeyer préten- dait se faire recevoir chez lui, afin de l'arracher aux superstitions du romanisme? Les petits vicaires se garderont bien de ré- pondre a cette question. Oü en sommes-nous, s'écrie le Journal d'Ypres, a propos de la poursuite dirigée contre le vicaire Smaelen. Oü nous en sommes chér ami, je vais vous le dire. Nous en sommes a ce qu'il y a quelque part, dans le Code pénal, un article de loi qui interdit a n'importe quel citoyen, füt-il prêtre, de pénétrer dans le domicile d'un autre citoyen et de s'y installer malgré sa défense. Voila oü nous en sommes, et si cela vous fache, tant pis II faudra que vous finissiez par én prendre votre parti, car bien certainement, on ne changera pas eet article de loi pour vous faire plaisir. Quoi que vous en puissiez dire, cher ami, vous ne trouverez personne a la Chambre pour demander que le prêtre ait acces auprès d'un moribond qui ne l'a pas fait mander. Vous-même vous seriez ministre, que nous vous défierions bientót de prendre l'initiative d'une semblable proposition, Alors, pourquoi prendre des airs désespérés et vous écrierOü en sommes-nous n Si vous voulez que l'on croie a votre bonne foi, commencez done par ne pas débiter des balour- dises qui font hausser les épaules au genre humain. La foi des catholiques beiges ne se lasse pas d'attendre et d'implorer du Ciel le triomphe de la

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 1