JOURNAL D'YPRES DE L'AMRONDISSEMENI
YP&E8, llimanche
Bixième année. iü° 39.
15 Septembre 1872-
PRIX D'ABOXXEMEXT
POUR LA BELG [QUE
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ou envois d'aryent doivent dtre adressés franco au bureau du journal.
Des g-exis embarrassés.
On se demande qui est le plus embar-
rassés,de M. Thiers qui n'a pas de Chambre
haute ou du Congrès préhistorique a qui
manque l'homme tertiaire.
Vous me direz peut-être que si le presi
dent de la Rhpublique francaise veut une
Chamhre haute, il n'a qu'a en créer une
que si cela prend un peu plus de temp?
qu'une Chambre basse, cela se fait tout de
même, et que l'une et 1'autre n'ont de com-
mun avec la tour de Babel que la confusion
des langues, laquelle ne s'y met qu'après
leur achèvement.
Tout cela est bel et bien, mais plus facile
k dire qu'a faire. La preuve, c'est que
M. Thiersqui est pourtant un habile
homme, n'y arrive pas.
II avait bien son gémoyen aussi simple
que primitif de former la seconde Assem
blee en en levant a la première deux cent
cinquantc de ses membres, comme jadis le
bon Dieu enleva une cote a Adam pour en
créer la femme. Et, de fait, pourquoi ce qui
a réussi a l'un ne réussirait-il pas a 1'autre?
Ahvoila, c'est que les situations ne sont pas
les mêmes.
D'abord, M. Thiers, tout puissant qu'il
soit, n'est encore qu'un demi-dieu. Ensuite,
il est plus aisé de chiper une cóte a un
homme pendant son sommeil, que d'enlever
deux cent cinquantc de ses membres a une
Assemblée qui ne dort plus depuis qu'elle
sait qu'on ne demande qu'a lui prendre non
une cote, mais le corps tout en tier..
Yous voyez que cela ne va pas tout seul
et qu'il y a des manches a mettre.
Ce moyen, il est vrai, n'est pas le seul;
maistous ceux auxquels s'est arrêté jusqu'ici
le président, trés simples en apparencè, ont
été reconnus tout aussi difficiles dans la pra
tique
De sorte que la Chambre haute de
M. Thiers est pour le moment la Chambre
introuvable.
Qui sait? Plus introuvable peut-être que
l'homme tertiaire du Congrès, mais moins
regrettable assurément.
Avez-vous réfléchi a ce qu'il y a la d'liu-
miliant pour des savants qui ont dans leurs
rayons l'homme des terrains primitifs, in-
termédiaires-, secondaires, diluviens, et pas
le moindre échantillon de l'homme de la
période tertiaire? C'est une lacune capable
de compromettre la vieille réputation de la
maison préhistorique.
Aussi songe-t-on sérieusement a la com-
bler par tous les moyens possibles et même
impossibles.
S'il ne rencontre pas ce qu'il cherche dans
sa tournée actuelle, le Congrès est décidé,
dit-on, a recourir au dieu de Guernesey.
Celui qui a fait l'homme qui rit fera bien
l'homme tertiaire. La n'est pas la difïiculté.
Seulement je dois prévenir le Congrès que
cela pourrait bien lui coüter les yeux de la
tête.
Lui ne travaillc pas dans les prix doux et
on ne le paie point en mounaie fruste. II lui
faut de beaux écus luisants, sonnants, tré-
buchants et comptants.
Lui ne rit pas sur ce chapitre. Lui est de
son temps.
Voila done le Congrès averti. On lui
fabriquera l'homme tertiaire qui manque a
sa collection, mais cela coütera cher, trés
cher, si cher que si l'homme tertiaire ne se
vendait pas, le Congrès serait ruiné du
coup.
II n'aurait plus qu'a déposer son bilan et
a fermer sa boutique préhistorique.
LES JOIES DU MILITARISME.
Lc militarisme de la Prusse, s'il fait au-
jourd'hui sa gloire, fera bientót sa ruine,
car cette gloire lui coüte chaque année des
milliers d'hommes qui fuient l'obligation
du service militaire et s'en vont demander
a l'Amérique la liberté d'employer leur
intelligence a tel usage qu'ils le jugent con-
venable et qui fuient une patrio oü l'un et
1'autre doivent être et rester pendant de
longues années au service des caprises d'un
maitre plus ou moins beliiqueux qui, lors-
qu'il désirera, par exemple, être empereur
d'AIlemagne fera tuer, afin de satisfaire ce
caprice, des eentaines de milliers d'hommes.
Les mères, les filles, les sceurs, les épouses
en ont assez de ces tueries et les hommes en
sont fatigues. Cé qui fait que des families,
des villages entiers émigrent et vont enri-
chir par leur travail la terre étrangère qui,
elle au moins, ne leur demande que leur
labeur et non leur liberté et leur vie.
La France, dit le Journal de Bruges, aura
beau verser ses milliards dans l'escarcelle du
vainqueur, la misère en Prusse restera
une vérité plus vraie chaque jour.
Et dire qu'il y a des gens qui appellent de
leurs voeux un tel régime, qui désirent en
doter notre pays, qui voudraient que, pen
dant de longues années, chaque homme
abandonnat la charrue, la navette, le rabot,.
la mine, l'administration ou le commerce,
pour prendre le fusil, plus ou moins per-
fectionné et le tenir en main a perpétuité,
afin d'etre toujours prêt a occire, le cas
échéant, un ennemi imaginaire, a qui il
est défendu, de par les traités, de nous atta-
quer en notre qualité de neutre.
On assure que le cabinet nous prépare ce
bonheur et qu'il nous en fera part dès la
rentrée des Chambres. Si Dieu et le pays lui
prêtent vie pour réaliser ses desseins, on
verra alors les Beiges émigrer en masse,
comme en Prusse, pour fuir un tel régime,
et notre pays, qui est le plus peuplé du
monde ce qui fait sa richesse con-
naitra de nouveaux jours.
La direction des Postes vient de faire droit aux
reclamations insérées* dans le n° de VOpinion du
25 aoüt dernier, concernant le service des dé
pêches entre Ypres et Ostende.
A partir d'aujourd'hui, le bureau d'Ypres ex-
pédiera deux nouvelles dépêches pour Ostende,
directement par Thourout, l'une a 7 h. 55 m. du
matin, 1'autre a 12 h. 35 m. du soir.
Nous nous felicitous, dans l'intérêt du public,
que l'administration ait admis la justesse de nos
observations et saisi cette occasion d'améliorer le
service postal sur une ligne importante. Grace a
la création de ces deux nouvelles dépêches, les
lettres et correspondances entre Ypres et Ostende
arriveront a destination en deux ou trois heures
au lieu de huit ou neuf heures qu'il avait fallu
jusqu'ici.
TARIF WASSEIGE.
On commence a pouvoir se faire une idéé exacte
des effets du tarif Wasseige sur la prospérité du
chemin de fer de l'Etat.
II résulte du tableau comparatif du mouvement
en juin 1871 et 1872, publié ces jours derniers
par le Moniteurque le chiffre des voyageurs en
première classe est descendu de 97,101 a 79,430;
celui des voyageurs en deuxième classe de 201,283
a 173,393, et celui des voyageurs en troisième
classe n'a augmenté que de 4,192. Sur l'ensemble
il y a une diminution de 26,060 voyageurs.
lopinion