Les recettes totales n'ont augmenté que de
96,689 fr. 33 c., tandis que l'année dernière, pen
dant le mois correspondant, il y avait, relative-
pient a 1870, une augmentation de 976,104 fr.
59 c., c'est-a-dire plus de dix fois supérieure.
On expliquera ces differences comme on voudra
elles parient d'elles-mêmes avec une irrésistible
éloquence. Elles sont d'autant plus remarquables
que la reprise des affaires au printemps de cette
annés a tenu du prodige. L'augmentation des re
cettes de la presque totalité des lignes f'errées en
fournit la preuve, et le transport cles grosses mar-
cliandises s'est accru dans de notables proportions.
Lès diminutions portent de la fa<jon la plus évi
dente sur la colonne des voyageurs et des bagages.
Comme il était facile de le prévoir, un déclas-
sement sensible s'est produit clans le monde des
voyageurs. Ils sont descendus des premières classes
clans les secondes, et les troisièmes n'ont pas fait
récupérer la pcrte subie sur les classes supé
rieures.
En présence de ces chiffres, le tarif Wasseige
est jugé.
Comme le fait observer avec raison un journal
financier, si même les recettes s'étaient accrues
dans une proportion égale a celles des autres che-
mins de fer qui n'ont pas changé leurs tarifs, cela
équivaudrait, dans l'ordre d'idée^ oil nous nous
plagons, a un équilibre complet, attendu que cette
progression ne proviendrait pas cles changements
introduits dans les prix du barême, mais serait
due a des chuses étrangères a la mesure prise et
commune a tous les chemins.
L'abaissement du niveau est sensible, et s'il
continue, l'administration sera forcée de revenir
avant peu sur la mesure désastreuse qu'elle a prise
en dépit des protestations énergiques de la presse
et du public.
LE PÈRE DUFOUR.
Les journaux cléricaux font grand bruit de
l'acquittement du Père Dufour. A les en croire,
celui-ci est sorti blanc eomme neige du proces
qu'on lui a intenté.
Or, voici dans quels termes le fonstitutionnel
analyse le jugement du tribunal de Brest
Le tribunal prononce
Que Kergrohen, homme immoral, n'avait pas
droit de verbaliser qu'il a été réprimandé par le
directeur de la Compagnie pour avoir dressé
proces-verbalqu'il a agi plutót par malveillance
que par devoir
j! Que l'outrage a la pudeur n'est pas suffisam-
ment constaté
ij Qu'un train en marche ne doit pas être consi-
déré comme lieu public.
Enconséquence, le tribunal prononce l'acquit
tement du Père Dufour et de sa co-accusée, mais
il les blame sévèrement.
C'est done une subtilité légale qui a fait ren-
voyer le R. P. Dufour des fins de la plainte, et il
n'y a pas de quoi se vanter d'un pareil acquire
ment.
Pour la moralité de cette liistoire, il faut se
rappeler que M. l'abbé Junqua est en prison a
Bordeaux pour avoir porté induement le costume
ecclésiastique, tandis que Dufour est acquitté? II
est vrai que le Père Dufour ne nie pas l'infaillibi-
lité du Pape. Echo du Parlement.)
VARIÉTÉS.
(suite.)
Appel comme d'abus. lief us de sepulture. <om-
pétence. Délimitation entre la juridiction civile
et la juridiction ecclésiastique. Mceurs judi-
ciaires canadiennes
(la vc guiboed c. la eabkique de montbéal.)
XII. Jurisprudence canadienne. Les avocats
des deux parties invoquent, dans le cours de leurs
plaidoiries, des decisions dont ils ne reproduisent
ui motifs, ni textes, mais qui n'en sont pas moins
d'un certain intérêt pour ce qu'elles nous appren-
nent des rapports cle l'Eglise et de l'Etat au
Canada. Nous endonnons ici les principales.
La cour des Trois-Rivières étant sollicitée
d'annuler un mariage sur le motif que la femme1
n'était pas conformée cle manière a remplir les
fonctions conjugales, ordonna qu'avant de faire
droit, les parties se pourvoiraient devant l'évêque
diocésain pour, après examen, faire annuler le
sacremept du mariage.
Un cas arrivé aux Etats-Unis dans le
Kentucky L'Evêque ayant fait déterrer ie cada-
vre d'un mauvais catholique, ainsi inhumé sans
son consentement, et l'ayant fait jeter par dessus
la cloture du cimetière, fut condamné a le faire ré-
enterrer. Son procédé était par trop sommaire.
Les canadiens de Burlington ont été vraiment
indignés contre les Irlandais qui viennent d'en-
terrer dans Ie cimetière catholique, les fénians
Rowe et Obrien, cleux bandits tués les armes a la
main en combattant contre le Canada. C'est un
prêtre irlandais qui a fait l'enterrement, et chanté
le service.
De nos jours, des cures imprudents ont
donné cours a leur ressentiment contre certains
de leurs paroissiens, et les tribunaux les ont con-
damnés lorsqu'ils ont été traduits devant eux.
Dans la cause de la paroisse de Saint-Paul,
pour refus de baptême, le curé plaida qu'il avait
agi selon l'ordre de son évêque, lui enjoignant cle
refuser le baptême paree que l'enfant n'était pas
de cette paroisse. L'évêque avait fait un démem-
brement cle la paroisse sans intervention cle l'au-
torité civile. Le juge Roland condamna le curé a
20 dollars d'amende.
Le curé est le fonctionnaire que la loi reconnait
comme compétent pour célébrer les mariages, et
qui est seul chargé de la tenue des registres de
l'état-civil. Le curé Michon fut condamné par le
juge civil a 100 dollars de dommages (sic) pour
^ivoir illégalement refuse de procéder a un ma
riage. Le juge Caron était d'avis qu'il fallait le
condamner a 1,000 livres.
Enfin, en cour de première instance a Mont-
réal, par jugementque prononga le juge Chabot,
il fut jugé que le mariage d'une fille mineure, sans
publication, en consequence d'une dispense de
l'évêque diocésain, et sans le consentement de ses
parents, ne donne lieu a aucune action en dom
mages contre le curé qui l'a célébré. L'action fut
déboutée. Va sans dire (c'est M. le juge Mondelet
qui parle ici) qu'appel fut interjeté. Le lor mars
1868, il fut décidé que la célébration par un prêtre
du mariage d'une mineure sans le consentement de ses
parents est illégale et donne lieu d des dommages
contre le prêtre. Le défendeur curé a été condamné
a L. 100. Le juge Caron observa Je n'aurais
i) pas hésité a porter les dommages a L. 500, si
n j'avais cru que les moyens clu défendeur lui eus-
sent permis de payer cette somme, tant je désap-
prouve sa conduite et tant il me parait néces-
saire de donner un exemple.
Probablement s'agit-il encore d'ecclésiastique
dans l'espèce dont il est parlé dans les termes sui-
vants
L'avocat ditDans la cause de Vaillancourt
et Lafontaine, sonhonneur, M. le juge Polette...
Le jugeinterrompantLe moins qu'on par
iera de cette affaire, le mieux ce sera. II a cru de
voir rendre le jugement que l'on connait, cela le
regardait.
XIII. Discours du juge. Le procés est jugé
le 2 mai. Le jugement est précédé d'un long dis
cours du juge, qui participe des caractères d'un
rapport d'un conseiller de cassation sur les
moyens d'un pourvoi, et des conclusions du minis
tère public en matière civilele tout est précédé
de considérations qui ne ressemblent a rien de ce
qui se pratique chez nous.
Après un éloge trés mérité du barreau de Mont
real, le juge exprime le regret que la paix soit
troublée, presque anéantie par ceux qui ne com-
prennent pas, qui feignent de ne pas comprendre
quelle a été la mission du Rédempteur, et qui,
aveuglés par la soif de pouvoir, oublient leurs de
voirs envers leurs semblables, comme ils mécon-
naissent ce qu'ils'doivent a la religion, en s'exa-
gérant leur puissance.
II ajoute ces belles paroles
J'ai apporté a l'examen de cette cause toute
l'attention, le soin et le travail dont j'ai été-capa
ble. Qe travail a été considérable, mais il a été
consciencieux. II ne s'agissait ici ni de sympa
thies, ni de sentiment, j'ai déja eu l'occasion de le
dire, mais bien de la loi, et de la loi seule. Le
jugement qui va être rendu ne rencontrera pas les
opinions de l'une des parties cela est tout clair.
Heureusement que nous avons des tribunaux d'appel.
On ne condamné pas, dans ce pays, les gens sans
les entendre, et tous les moyens raisonnables sont
donnés a ceux qui se pensent lésés, de faire recti
fier les décisions dont ils se plaignent. Ce procédé
vaut mieux que les déclamations indócentes de
certaines parties de la presse qui ne savent pas
respecter les tribunaux plus qu'elles ne se respec
tent elles-mêmes. Voici brièvement l'exposé de la
demande et de la defense..
Cet exposé prend trente colonnes d'un texte ex-
cessivement compact.
(La suite au procliain numéro.)
<15
Avis au public. Nous mettons le public en
garde contre une tromperie qui pourrait devenir
désastreuse. On vend a Gand des espècés de jeton,
imitant les guinées anglaises. L'endroit porte le
portrait de la reine Victoria, avec les mots sui-
vants Victoria Begino.hQ revers porte le To Ha-
novir, la figure connue et la date de 1837. Lepoids
diffère énormémentde lapièce réelle. Qu'on prenne
done garde
Les gueux réhabilités. Le ministre de l'inté-
rieur vient de prévenir l'autorité locale de la com
mune de Sotteghem que la statue d'Egmont est
entièrement achevée et qu'elle parviendra dans
cette commune du 15 au 20 sêptembre. On désire
que l'inauguration puisse se faire le dimanche,
29 courant, pendant les fêtes de Gand qui attire-
ront unefoule d'étrangers.
En familie. Samedi a été célébré a Gand le
mariage do M. Ch. Gevaert, éditeur de musique,
a Liége, avec M"° Emilie Gevaert, soeur de l'émi-
nent compositeur gantois, directeur du Conserva
toire royal de Bruxelles.
Après la cérémonie civile, la bénédiction nup
tiale a été donnée dans la magnifique église de
Saint-Bavon. Cette cérémonie, a laquelle assis-
taient les nombreux amis de la fanfille, a présenté
cette particularité tout a fait relnarquable le
marié et la mariée portaient le nom de Gevaert
les quatre témoins étaient tous des Gevaertla
dame d'honneur encore une Gevaertenfin, le
curé qui officiait, aussi, un membre de la familie,
portait également le nom de Gevaert.
Jamais, croyons-nous, aucun mariage n'a pré
senté une coincidence de noms aussi compléte.
Martyrologe du travail. Un cruel accident est
arrivé jeudi au charbonnage du Botona Far
ciennes.
Deux ouvriers houilleurs occupés dans une
droiteur ont été ensevelis sous un éboulement.
On n'a retiré que deux cadavres. Les victimes
sont de Fleures.
Une perte pour les lettres. Mme la comtesse
Dash est morte, hier, a Page de soixante-sept ans.
Son vrai nom était Cisterne deCoutiras, comtesse
de Saint-Mars.
Un rare amour. Nous tenons d'une personne
bien informée les détails qui suivent, sur la mort
de Léon Laya.
Pendant vingt ans, l'auteur du Due Job avait
vécu avec une personne qu'il aimait éperdüment
et qui est morte il y a quelques années.
La pièce, qui sous le titre d'Anna doit passer
prochainement auGymnase, ne serait autre chose
que le roman de cette liaison.
Lors de la lecture de cette oeuvre devant les
artistes, on remarqua l'émotion de l'auteur, dont
la diction devenait parfois saccadée, nerveuse,
pénible.
Quant a son suicide, il est expliqué dans une
lettre qu'il laisse et dans laquelle il déclare que
puisqu'rffe ne pouvait voir jouer sa pièce, il ne
voulait pas la voir non plus.
COUR SUPÉRIEURE DE MONTREAL (CANADA).