JOURnIl D'YPRES DE L'ARRONDISSEMEN'f VPRES, Ilimanche Dixième année. f\l° 42. 6 Octobre 1872. PRIX D'AROWIEMEXT POUR LA BELGIQUE francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie porl en sus. Un Nchèro 25 Centimes. PRIX RES AiHOiCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Le tout payable d'avancr. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue JElverdinghe, 52. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduit.es. Tout.es lettres ou envois d'aryent doivent Sire adressés franco au bureau du journal. C'était écrit. Nous n'avons jamais nourri une bieii grande confiance dans la durée de la re conciliation scellée a Briixelles entre les doctrinaires et les progressistes, a la veille des dernières elections legislatives. On se rappelle dans quelles circonstances cette reconciliation s'était conclue. Battus au poll de 1'Association, les doctrinaires avaicnt vu triompher la candidature pro- gressiste de M. Demeur contre laquelle ils avaient épuisé tous leurs efforts. Certes, s'ils l'avaient osé, dès le lendemain de cet échec, la scission ent été proclamée. Mais tous comprirent que le moment serait on ne peut plus mal choisi. Provoquer une scis sion a la veille des elections, c'était, en effet, accepter devant le parti liberal une lourde rësponsabilité en cas d'échec. La nécessité d'une entente en presence de l'ennemi com mon s'imposait, d'ailleurs, en ce moment, avec une force d'opinion telle que personne ne pouvait songer a s'y soustraire. De la la reconciliation, qui fut, disons-le tout de suite, un grand bienfait, car nous lui devons le puissant réveil de l'opinion libérale dans les grandes villes du pays, ré veil qui s'est, affirmé aux elections de juillet par la défaite des cléricaux a Anvers, a Louvain, a Malines, a Tournai, a Na- muretc. Mais les elections communales étaicnt a peine terminées que l'idée de la scission surgissait de nouveau. Dès le mois de scp- tembre les doctrinaires soumettaient au co mité de 1'Association une liste de 320 pre sentations nouvelles, marquees toutes au coin du plus pur doctrinarisme. Ainsi menacés dans leur preponderance, les progressistes s'empressèrentde leur cóté, de recruter de nouveaux adherents, et en moins de quinze jours, ils sont parve nus a former une liste de 320 presenta tions. Et comme si tout devait concourir a rendre la scission inévitable, voila que les presentations doctrinaires sont contestées comme irrégulières dans la forme. Aux termes du reglement, toute personne qui désire faire partie de l'Association doit en adresser la demande par écrit au comité. Or, il se trouve que les doctrinaires ont négligé cette formalité et qu'ils se sont bornés a remettre au comité des listes portant la seule signature des membres Si, comme la chose parait assez probable, le comité, compose en grande majorité de progressistes, refuse d'admettre les presen tations doctrinaires, nul doute que la scis sion éclate et que nous assistions, comme en 1859, a un nouveau et profond déchire- ment des forces libérales. C'était écrit. LE MÉDECIN DES INCURABLES. La dictature de M. Malou a sa raison d'etre. Tout d'accord que soit cet homme d'Etat avec son parti, dont il fait sans doute les affaires de son mieux, il n'est pourtant pas l'idéal de la secte ultramontainecelle-ci avait rêvé mieux. Les an ciens ministres faisaient bien mieux, non. pas ses affaires, mais son affaire, ce qui est bien différent. Ils obéissaient. C'était l'épiscopat qui était la die tatureon se moqtlait de la Constitution comme de Colin Tampon, et on était tout Syllabus des pieds a la tête. Et l'on mentait, il fallait voirAhsi cela avait pu durer, quel charmeMais cela n'avait qu'un défaut, qui était de n'être pas viable. A cela pres, M. Kervyn était aussi majestueux qu'on le pouvait souhaiter, et il portait la tête dans les nues en homme convaincu. Le fait est qu'elle seinblait facile a porter. Et M. Jacobs, n'était-ce pas le vrai lys de Loyola sur sa tige? Le joli petit jésuiteVerni, pommadé, rayé du front a la nuque, élégant, coquet, et retors avec cela, mais un peu trop dédaigneux de ces vieux principes constitution- nels, qui se rappellent quand on les oublient et s'imposent quand on croit pouvoir s'en affran- chir. Et M. Wasseige Tout cela a vécu, ainsi que M. d'Anethan et M. Cornesse. Qu'est-il devenu ce charmant mi- nistre On a fait a tout ce ministère tombé toutes sortes d'ovations dans le monde ultramontain, et, depuis ce temps-lii, il n'en est plus question. Ces ovations étaient un enterrement de première classe. Trop de fleurs, disaitM. Jacobs. Cela a fini par la remise d'un portrait lithographié, acheté tout fait chez l'imagier du coin, qui tient Particle d'Epinal, et c'était une cérémonie bien touchante Eh bienle fossoyeur en chef de l'ultramonta- nisme, ultramontain lui-même, e'est M. Malou, Tout ce qui reste de son parti, en politique, s'attache a lui comme le noyé a une planche pourrie, mais il n'est pas de ceux qni sauvent, et il sait mieux que qui que ce soit qu'il ne sauvera rien du tout et qu'il est la pour enterrer et pour bénir, C'est ce qui lui donne Pair de Calchas au premier acte de la Belle llêlèneet des dehors de sceptique. Nous disons des dehors, parce qu'il ne nous appartient pas de sonder les reins et les coeurs. II est possible qu'au fond M. Malou se rende parf'aitement compte de l'état désespéré de son parti. II le traite avec habileté et en médecin qui sait son métier, mais les indices de décompo- sition ne lui ont pas échappéil découvre chez le malade une sorte d'impossibilité de vivre. II n'use pas de la vieille médecine ultramon taine a hautes doses, mais d'u.ne espèce d'homcepa- thie constitutionnelle. II sait bien qu'il ne sau vera pas le malade, qu'une indigestion de theo cratie et d'infaillibilité étouffe; il le trompe, il l'amuse, il le berce, et quand il est avec la familie, il ne dissimule pas que ce pauvre malade n'en a pas pour longtemps. Lapreuve, c'est cette homceo- pathie que l'ultramontanisme n'eut jamais ac- ceptée en d'autres temps. Toute la presse ultra montaine, groupée autour de M. Malou, qu'en son ame elle déteste, parce qu'il a Pair de se moquer de tout et de lui-même, c'est un symptorue signi- ficatif. Elle lui dit, en lui montrant le malade Pro- longez son existence, on ne vous en demande pas davantage. Peut-être Dieu fera-t-il un miracle. Non pas Dieu, mais la Sainte-Vierge, qui a la spécialité dü genre, et qui apparait volontiers sur le rebord d'un toit ou sur un rocher isolé. Ses apparitions, il est vrai, ne sont pas d'un grand secours au parti, et il serait grand temps qu'elle fit autre chose qu'apparaitre entre quatre chan- delles, mais c'est déja beaucoup qu'elle veuille se déranger pour si peu de chose. De grace faites durer ce pauvre maladeil peut toujours faire des nominations in extremiselles sont valables, et de cette fagon, même après sa mort, nous serous encore quelque chose. Mais la secte ultramontaine peut marmoter ses prières et dire son finis Polonix. Ses jours sont comptés, etM. Malou aura été son dernier homme d'Etat. Tout annonce une fin prochaine. Le parti, avec lui, jouit de son reste. Les plus belles Inac tions doivent finir, et celle-ci est a sa fin. Ce qui lui manque, c'est son air respirable, Pair des marais du fanatisme et de l'ignorance. Celui oü vit la société nouvelle est trop vif et trop subtil il la tue. {Journal de Gand.) L'ECOLE DES PETITS-FRÈRES. Il était a Péronne un clerc qui, s'étant livrê, a l'égard de jeunes gargons de dix a douze ans, aux soins de propreté allégués par une des dernières victimes de la justice doctrinaire, s'était vu con- damner de ce chef a cinq mois de prison. Comme il est sur le point de finir sa peine oü qu'il l'a finie, l'Eglise, en bonne mère, s'est inté- ressée a la position de cette innocente brebis. Les ovations faites a Gand au vicaire Van Ecke ont mis décidément le clergé en appétit de réhabi* L'OPINION PRÉSENTANT.

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 1