JOURNAL D YP11ES, Bi manche Ilixième année. - j\To 43. 13 Octobre 1872, PRIX D'ABOIüElIEü'T POUR LA BELGJQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie porl en sus. Us Numéro S55 Centimes PRIX WES AXXOXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes* Lb tout payable d'avancb. Paraissanl le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue A Elver ding he, 52. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduitcs. Tout.es lettres ou envois d'aryent doivent être adressés franco au bureau du journal. ASSEZ DE DISCOURS. Le Journal de Gand se demande s'il y aura cette année un discours du tröne ou s'il n'y en aura pas et il estime qu'il n'y en aura pas, qu'il ne peut pas y en avoir. Le contraire, dit notre confrère, ent été possible aussi a la condition que ce discours ne contint ricn des réalités de la situation, et qu'il ne dit rien des éventualités. parle- mentaires. II est vrai que dans de telles conditions le silence se recommande; nous croyons done que e'est avec raison qu'on a pu dire que la session s'ouvrirait sans céré monie et sans discours. Le proverbe dit qu'on s'instruit en voya- geant. Or, le roi a un peu voyagé dans le pays depuis quelque temps. II a pu voir dans quels termes est son ministère avec le pays. A Gand, oü l'on n'a pas coutume de dissimuler, les ministres qui accompa- gnaient Sa Majesté out joué un assez triste róle. On ne peut pas dire cependant qu'ils ai ent été l'objet de manifestations désagréa- bles. Non, mais c'était bien pis. On les te- nait pour non avenus. C'est une situation assez nouvelle ce n'est plus le To be er not to be, c'est Être et ne pas être. On n'a jamais vurien deplus bizarre que la position de ces ministres in- fortunés. lis suivaient le roi comme des ombres, et ils n'intéressaient personne. On ne s'occupait pas d'eux, on ne s'informait point qui ils pouvaient être ni de ce qu'ils représentaient. C'est la première fois que nous assistons en pays conslitutionnel a, un pared spectacle. Nous avons vu dans le temps des ministres accompagner le roi; ils étaient de la fete, ils vivaient de la vie commune, il y avait échange de sympathies entre eux et la foule; ils partageaient les ovations faites au souverain. Les ministres actuels avaient l'air de captifs qui suivent un triomphateur. lis sentaient tout ce que leur position avait de faux et de ridicule. Ils étaient mornes, comme des étrangers qui ne savent pas la langue du pays. Et en effet, il ne la savent point, ni leurs collègues non plus, ni les nltramontains qui les ont fait nommer, ni ce clergé, eet épiscopat qui ont poussé a cet anachronisme et a ce défi. Alors, que voulez-vous qu'ils disent au pays? Et comment le roi pourrait-il s'asso- cier en un discours a leur politique, ou a leur absence de politique Refaire le pro gramme de Saint-Nicolas, il est trop tard, on n'y croirait plus.D'ailleurs, s'il étaitbien placé dans la bouche de M. Malou, qui peut tout dire et même ce que doit démentir son administration, il le serait mal dans la bou che d'un roi qui connait le mot de Louis XII. Le caractère beige vent aussi du sérieux dans le souverain, et, dès son avénement, Léopold II a prouvé qu'il en avait, et qu'il savait la politique. Le roi a de plus infiniment de tactil a jugé sainement de l'état des chosesil ne se fait pas illusion sur l'immense escobardcric electorale qui a mis la Belgique dans les mains d'un ministère gardien du sérail pour le compte des évêques et des jésuites, et, comme il a le sentiment de sa dignité et le souci d'une popularité de bon aloi, il ne mê- lera pas ia majesté royale a cette miserable comédie. De tont quoi notre excellent et spiritual confrère conclut qu'il ne peut pas y avoir de discours du tróne. Nous avouons, pour notre part, que cela nous est parfaitcment indifférent et que nous ne donnerions pas un zeste de citron pour qu'il y ait un discours du tróne on pour qu'il n'y en ait pas. Ge ne sont pas les discours qui nous ont jamais manqué. Que notre confrère se donne la peine de parcourir les Annales parlemen- taires il en trouvera par douzaines, tous plus pompcux et plus monteurs les uns que les autres. Un de plus, un de moins, qu'est-ce que cela peut nous faire? II est tempsplus que temps d'en finir avec ces vieilles rengaines. Laissons la les discours, morbleuet allons droit au fait. Le pays ne s'en plaindra pas. Qué ne nous ont-ils pas promis, les dis cours du tróne? Si les divers ministères qui se sont succédés en Belgique avaient pris la peine d'exécuter seulement la moitié des séduisantes promesses qu'ils contiennent, notre pays serait, a 1'heure actuellc, un pe tit Eldorado. Maintenant qu'une longue experience nous a appris a quoi nous en tenir sur tont ce charlatanisme officiel, nous demandons qu'on ne nous en parle plus. Ni les doctri naires ni les catholiques n'ont intérêt a ré- veiller dans le pays de tels souvenirs. LA SCISSION. Nous prévoyions, clans notre numéro de diman che dernier, l'imminence d'une scission entre les doctrinaire et les progressistes de 1'Association libérale de Bruxelles. Les prévisions que nous avons émises a ce moment ne se réaliseront pas, parait-il. Le comité de l'Association, appelé a, statuer sur les presen tations doctrinaires, a résolu de passer légèrement sur les irrégularités qui les ont accompagnées, en sorte que nul obstacle ne sera opposé a leur admis sion. Mais le danger écarté d'un cöté, va bientöt renaitre d'un autre. Au mois denovembreprochain doivent avoir lieu les élections pour le renouvelle- ment du comité, et comme la majorité reste acquise aux progressistes en dépit des 316 admis sions doctrinaires nouvelles, il n'y a pas a douter que les élections de novembre maintiennent la prépondérancedes progressistes au sein du comité. Les vaincus s'inclineront-ils devant le scrutin C'est plus que douteux. Les doctrinaires d'e Bruxelles rêvent depuis longtemps de quitter VAssociation-mère pour en fonder une de leur cboix. II est assez vraisemblable qu'ils saisiront cette occasion pour donner suite a leur projet. Nous les engageons cependant a, y réfléchir a deux fois avant de rompre la trève. Le souvenir de leur politique n'est pas suffisamment efface des esprits pour qu'ils puissent songer sérieusement a constituer, a eux seuls, le parti libéral. Le jour ou l'envie leur prendra d'en tenter l'entreprise, le pays leur tournera le dos, comme il l'a fait aux mois de juin et d'aoüt 1870. LA GRISE CHARBONNIÈRE. YiEloile se joint a plusieurs autres journaux pour réclamer l'abolition du tarif spécial n° 1, qui accorde a la houille, au coke et aux briquettes de charbon destines au transport a l'extérieur, des conditions beaucoup plus favorables qu'aux cbarbons destines a la consommation intérieure. La feuille bruxelloise dit II y a en moyenne une différence de fr. 1-25 par mille kilos ou de fr. 12-50 par waggon a l'avantage de l'exportation. Le gouvernement, a notre avis, devrait sup- primerune faveur qui n'a plus aucune raison d'etre. Cette faveur, qui est une prime indirecte a l'ex portation, offrait de l'utilité et constituait même un bienfait dans le passé, lorsque nos houillères produisaient plus que le pays ne consommait et qu'on voyait sur les rivages de nos canaux d'im-

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 1