Le médecin, appelé, casse sur sa jambe une bou- teille qu'il a dissimulée. Yous êtes guérivoila les morceaux. Soit. Le lendemain, le mé decin reparait Iiélas. docteur, c'est maintenant ma tête qui est de verre Celui-la se trouve un nez long de plusieurs amiesau nez de eet autre pend un gigot de mouton. Tel a un corps de beurre et crie si on l'approche du feuil va fondre Tel autre a une main de bois. Nabucliodonosor, se croyant boeuf, s'échappa de son palais, pour vivre dans les prairies, marchanf a quatre pattes au milieu de bêtes a cornes, ce que Mme Nabucho- donosor trouvait peut-être fort naturel. Théodoric, roi d'Italie, ayant fait couper la tête a Symmaque, l'un de ses ministres, revit cette tête dans celle d'un poisson qu'on lui servait a tableil en mourut. Berbignier, le flütiste, a dé- posé dans trois gros volumes ses plaintes contre les farfadets dont il était obsédé. II en saisissait la nuit des legions qu'il fixait a ses matelas avec des milliers d'épingles. Un brave officier sentait courir sur sa chemise un rat énorme dont les mouvements excitaient sa colère. Yingt fois par jour il interrompait une conversation raisonnable enportant avec precipitation la main sur son ventre ou sur ses cuisses et s'écriantJe le tiens il est prispassant sa vie a öter et a remettre sa culotte. Celui-ci est en proie aux maléfices de la conju ration; la conjuration tourmente son existence. Qu'est-ce que la conjuration? II n'est pas embar- rassé de la définir. C'est... la conjuration Quel- ques-uns se sen tent rapetisser ou grandir; d'au- tres se sentent transportés en l'air. Chez les uns, des insectes circulent sous la peauchez d'autres, le cerveau est devenu une masse de glace. La veille de la bataille de Philippes, Brutus voit en- trer sous sa tente une espèce de fantöme qui lui ditJe suis ton mauvais ange; tu me verras de- main. Mercati et Ficino s'étaient promis que le premier mort viendrait raconter a l'autre ce qu'il avait vu dans l'autre monde. Une nuit, le pas d'un cheval retentit a la porte de Mercati, qui se léve et voit le fantöme de son ami, dont il reconnait distinctement la voix, et qui lui crie Michel, ce que tu pensais se trouve vérifié. Souvent l'hallucination devient contagieuse. En 1552, des religieuses d'Allemagne furent cruellement vexées par le malin esprit; elles étaient élevées dans l'air et retombaient sans cesse. En 1591, les'démons commencèrent a pos- séder un monastère, et la possession dura pendant plusieurs annéesles religieuses, dit la chronique, couraient par les champs ala manière des chiennes et aboyaient a la lune. Sous Louis XIII, posses sion des religieuses de Loudun qui firent bruler le curé Grandier. En plein Paris, au commencement du xvm°siè cle, des miracles éclatent sur la tombe du diacre Paris. Dans leur exaltation, une foule de croyants se faisaienf appliquer sur le ventre des coups de pavés, des coups de barres defer qu'ils savouraient avec délico, se plaignant seulement du petit nom- bre et de la faiblesse des coups qu'ils appelaient des secours. Carré de Montgeron, conseiller au Parlement, appliqua lui-même sur la region épi- gastrique de Jeanne Mouler soixante coups d'un chenet en fer du poids do trente livreset Mouler s'écriait avec un air de contentement peint sur sa figure Ahque cela est bon que cela me fait de bien. Courage, redoublez encore. Une con- vulsionnaire se mettait en are, ses reins appuyés sur l'extrémité d'un baton plus gros que le bras et une pierre du poids de cinquante livres, alter- nativement soulevée et abandonnée a elle-même, au. bout d'une corde que soutenait une poulie attachée au plafond, servait, comine un bélier, a lui battre 1'abdomen, tandis qu'elle s'écriait sans cesse Plus fortplus fort 1 A Salem, dans l'Amérique du Nord, en 1692, d'autres miracles, mais ceux-ci du démon. Les filles d'un ministre anglican sont possédées. En peu de temps la possession gagne. La population se partage entre possédés et possessionnehrs. Dix- neuf malheureux et malheureuses sont pendus un vingtième, qui refusait de se défendre, fut étoufi'é par la foule. Les accusations de sorceilerie se multipliaient. Ou cela s'arrêterait-ii Un citoyen de Boston, mit un terme a ces extrava gances. A'ccusé de sorceilerie, il arrêta lui-même celui qui le chargeait, et le traina devant le tri bunal pour diffamation, réclamant mille livres sterling de dommages-intérêts. En un clin-d'ceil, les démoiis prirent la fuite et l'on n'en entendit plus parler. La recette est bonne a l'occasion. On n'en finirait pas s'il fallait raconter tou& les faits connus d'hallucination. C'est le cas de répéter avec feu le docteur Gall Pauvre humanitéPauvre humanité LA COLÈRE DU PAPE. Le pape est en colère, paree qu'on ne lui renou- velle pas assez souvent sa botte de paille, et que tout le Denier passe en subsides aux journaux catholiques. Saint-Père, lui dit l'autre jour Antonelli, il faudra cependant bien encore envoyer quelques milliers d'écus a ce pauvre our Her de ftruxelles qui vient de monter un pilori dans ses colonnes... Un pilori? Pourquoi faire? Pour y clouer les ennemis de l'Église, done Qu'il s'y mette lui-même. Mieux vaut un en- nemi qu'un maladroit ami... Et, comme le cardinal insistait Qu'il aille au diable s'écria le pape furieux, lui et son pilori... Le pape est en colère paree que notre ministre des affaires étrangères, enfin retrouvé, n'a eu rien de plus pressé, a son retour de Vichy, que de donner exequatur au nouveau consul du Pêrou a Anvers, au nez et a la barbe du sicn, devenu plus jaune que le drapeau pontifical... Ah! sire d'Aspremont, a-t-il dit d'un accent indigné, vous auriez pu épargner cette humilia tion a l'Église de lui faire sentir qu'elle n'est pas le Pérou Le papc n'est pas content de vous non plus, mes tres chers frères, parceque au lieu de choisir pour vos enfants les écoles du clergé, vous menez vos fils a l'Athénée et vos filles chez M1Ie de Ga mond, ou plutöt du démon. Et il l'est encore moins des évêques allemands, qui poussent l'hypocrisie jusqu'a se proclamer ses fidèles tout en niant son infaillibilité. Témoin Mgr Héfélé, évêque de Rottemburg. Héfélé du cerveau, lui dit le saint Père, sacrifiant toujours au concetti, même dans ses plus grandes colères, comment concilies-tu cela? Au lieu d'un féal, tu es un félon. -p Le pape est en colère paree qu'on lui a envoyé de France le cardinal de Bonnechose, qui lui en a conté de mauvjiises. Enfin, pour tout dire en un mot, paree qu'il attend le triomphe de l'Église, qui n'arrive pas, et que tout va de mal en pis. VARIÉTÉS. Recusation pour cause non prémie. Recevabilité Suprematie de l'Église. Syllabus. 8° Paree que les intimés admettent eux-mêmes que la question en litige est une question ou l'au- torité romaine doit prévaloir au mépris de l'au- rité de Sa Majesté, ou être méconnue et l'autorité de Sa Majesté prévaloir, et que ledit honorable juge, par sa profession de foi religieuse, est pro- tecteur de la communauté a laquelle appartien- hent les intimés et a intérêt a favoriser lesdits intimés, dans la décision de telles questions et de cette cause (1). En conséquence de ce que dessus et vu qu'il n'a été fait aucune déclaration par ledit honorable juge sur ce qui précède, ladite appelante déclare qu'elle récuse ledit honorable juge et le requiert liumblement de déclarer par écrit, suivaDt la loi, si les laits ci-dessus sont véritables ou non, sa- voif Ensuiie venait une série de questions formulées dans la requête aux fins avoir la déclaration du juge recusé surchacun des points ci-dessus énumérés; après quoi la requête continuaü en ces termes) Et si ledit honorable juge déclarait n'avoir connaissance d'aucun décret, ordre, déclaration ou injonction comportant les prescriptions qui précédent, il est respectueusement requis de dé clarer, par écrit, suivant la loi 1° S'il est membre de la communauté ou corps des catholiques romains? 2° Si comme tel il n'est pas soumis a l'autorité religieuse qui siége a Rome, Italië? 3° S'il se considérait lie, en conscience, par la doctrine contenue en la troisième question des présentes conclusions, si elle avait été décré- tée? 4° S'il se considérait lié, en conscience, par la doctrine contenue en la quatrième question des présentes conclusions, si elle avait été décré- tée? 5° S'il se considérait lié, en conscience, par la doctrine contenue en la cinquième question des présentes conclusions, si elle avait été décré- tée? 6° S'il se considérait lié, en conscience, par la doctrine contenue en la sixième question des présentes conclusions, si elle avait été décré- tée? 7° S'il se croiraitlié, en conscience, par la doc trine contenue en la septième question des pré sentes conclusions, si elle avait été décrétée 8° S'il se croirait lié, en conscience, par la doc trine contenue en la huitième question des pré sentes conclusions, si elle avait été décrétée 9° S'il se croirait lié, en conscience, par la doc trine contenue en la neuvième question des pré- sentes conclusions, si elle avait été décrétée 10° S'il se croirait lié, en conscience, par la doc trine contenue en la dixième question des pré sentes conclusions, si elle avait été décrétée 11° S'il se croirait lié, en conscience, par la doc trine contenue en la onzième question des pré sentes conclusions, si elle avait été décrétée 12° Si dans l'exercice de ses fonctions comme juge il se croirait lié, par sa foi ou profession religieuse, a l'obéissance a ladite autorité ro maine Et après que ledit honorable juge aura ainsi déclaré, l'appelante demande humblement que cette honorable cour procédant a adjuger sur ladite recusation la déclare bien fondée, le tout avec dépens suivant le sort final de cette cause. Montreal, le ler décembre 1870. La Cour s'occupa en son audience du 9 décem bre des requêtes qui avaient été déposées le 2. Nous lisons a eet égard dans le Pays de Mon treal (2) COUR DU BANC DE LA REINE A MONTREAL (Canada). LA V" GUIBORD C. LE CUBÉ ET LES MAEGUILLIERS de l'Église de notre-dame, a Montreal. (Suite.) (l)Déjüdansla premiers plaidoirie de première instance, M Laflamme avait dit, parlant de la position faite au juge pat' le Syllabus Ce document contient des dispositions tellement ex- traordinaires que si elles étaient sérieusement appliquées, il serait difficile de trouver un individu sachant lire, qui ne se trouverait par le fait excommunié Tous ceux qui lisent sérieusement sans autorisation du Saint Siége les livres des auteurs prohibés, ceux qui forcent directement ou indirectement les juges laïques a trainer devant leur tribunal des ecclésiastiques, ceux qui communiquent avec un excommunié sont ipso facto excommuniés. Ainsi nous sommes excommuniés et le juge siégeant, entendant cette cause, est par le fait excommunié, a moins qu'il ne pro feste et ne renvoie avec indignation la demande. On comprend qu'avec cette doctrine si votre honneur l'admet et l'accepte, vous devez vous récuser vous ne pouver.ju- ger, p 34 (Comparez ce que les journaux politiques nous apprennent de certaine lettre regué par M. le procureur du roi d'Ypres (2) Numéro du 15 décembre 1870 de l'édition hebdoma- daire. II est digne de remarque qu'au Canada, en mention- nant une décision judiciaire, les journaux ajoutent qu'elle aété unanime, ou donnent les noms des juges dissidents. Exemples textuels, pris au même numéro du Pays Cour du Banc de la Reine. En appel 9 décembre 1870. Grant et Mitchell Jugement confirmé. Jules Drum mond et Stuart dissidents Lane et la Corporation des Townships de Milton. Ju gement unanimement renversé McGowan et Masson. Jugement unanimement ren versé, et opposition maintenue. Guyon Lemoine et Lionais.—Jugement confirmé. Juges Lorenger et Stuart dissidents.

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L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 2