JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Uimaiiche
öixième aeeée. ft0 46.
3 Noyembre
PaSÏX D'ABOMXESIEXT
POUR LA BELGIQUE
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L'OUVRIER AUTREFOIS ET L'OUVRIER AUJOURD'HUI.
Les feuilles cléricales ont coutume d'exalt or le
passé. Pas un jour ne se passe sans qu'on lise
dans un Bien public quelconque un éloge des temps
ou le maitre se croyait oblige envers le vassal.
Selon les journaux catholiques, il naissait de la
uneréciprocité de services et d'attackementfondée
sur les idéés dé morale et de hiërarchie. Phrases
que tout cela, phrases creusesnous allons essayer
de dépeindre qu'elle était la situation de la classe
ouvrière sous le régime du compagnonnage.
D'abord, Partisan ,n'était point libre.
II ne pouvait empiéter sur le métier d'autrui
sans se voir condamné a des amendes exorbitantes
et souvent a l'emprisonnement. Le savetier ne
pouvait faire ses propres bottes, le ravaudeur son
propre habit lorsque 1'on n'était point de l'état,
faire la moindre réparation a un vêtement ou a un
objet de ménage était considéré comme un délit
grave, et puni avec la plus extréme rigueur. La
tyrannie du monopole fut poussée si loin, que,
sur la demande des faiseurs de bas de Bruxelles,
en 1813, des femmes furent condamnées jusqu'a
cinquante sous d'argent (cela faisait 150 francs)
d'amende pour avoir confectionné elles-mêmes les
bas de leurs enfants
Manquant complétement d'instruction, recevant
pour un dur travail plutót des aumónes qu'un
juste salaire, liée éternellement a la corporation,
quelles que fussent les aptitudes des individus
pour un autre métier ou une autre carrière, subis-
santune volonté souvent tyrannique sans pouvoir
changer d'atelier sous peine de privation complete
de travail, privée de tous les agréments moraux
autres que ceux que lui procurait la confrérie, la
classe ouvrière était emprisonnée dans un cercle
infranchissable on naissait malheureux et on
mourait malheureux, sans espoir d'un meilleur
avenir.
Quel serait de nos jours Partisan qui voudrait
voir revivre ce régime dégradant
Yoyons maintenant sous quel rapport, par quel
cóté, la situation des classes laborieuses d'aujour-
d'hui serait devenue plus mauvaise que celle d'au-
trefois.
On ne saurait mettre en doute que l'accroisse-
ment immense et incontesté des deux premiers a
exercé une influence considérahle sur la situation
du plus grand nombre on est forcé de convenir
que la diminution sensible du dernier (Pimpót) a
non-sculement déchargé la classe ouvrière des
taxes iniques quipesaient autrefois presque exclu-
sivement sur elle, mais encore que sa forme de
perception a suivi les progrès de la civilisation
qu'en un mot, elle ne blesse plus la dignité des
individus, et qu'en réalité Pimpót n'atteint plus
les contribuables que dans la mesure dc leurs
ressources réelles.
Pour l'alimentation, qui pourrait nier qu'ellö
ne soit plus variée, plus abondante, moins chère
même qu'autrefois, surtout si 1'on a égard au
grand nombre de produits nouveaux et incessam-
ment améliorés que la science agricole met cha-
que jour a notre disposition?Quel est l'ouvrier de
nos jours qui voudrait retourner au pain d'avoine
dont se nourrissaient nos pères Encore, oü sont
ces épouvantables famines qui jadis décimaient
des milliers de malheureux? Pour nous, elles sont
dans l'histoireet grace aux progrès de la science,
tout fait présager qu'elles ne se renouvelleront
point.
Et le vêtement, eet agent si actif de l'égalité,
qui conduit plus vite même que les institutions et
les mceurs a l'effacement graduel des castesqui
contestera les améliorations réalisées sous ce rap
port? Personne assurément; et il serait plus que
naïf de demander a l'ouvrier s'il retournerait avec
plaisir au temps ou ses pères marchaient nu-
pieds, dans la crainte d'user leurs sabots, et ou,
en route, ils ótaient leur blouse de chanvre ou de
coton pour ne point la salir par la poussièreau
temps, enfin, ou un habit durait la vie d'un, de
deux et même de trois hommesou la ménagère
de l'ouvrier ne lavait pas sa robe de peur de
l'user, car, pour en aeheter une nouvelle, il en
coütait 30 a 40 journées a son mari.
Quant au logement, il y a progrès incontesta
ble, lent peut-êtro, a cause de la plus grande va-
leur do la chose, mais manifeste, continu.
Le salaire, les conditions du travail, ont suivi
la loi du progrès général. Si le chiffre brut du
premier parait ne pas être en rapport et augmen-
ter dans une proportion également sensible pour
toutes les industries, l'ouvrier doit se rappeler
qu'aujourd'hui, avec moins d'argent, on se pro
cure plus de choses utiles, ce qui équivaut a un
accroissement de salaire.
Quant aux conditions de travail, nul doute
qu'elles ne soient considérablement améliorées
maintenant, tout l'alteste. On prend beaucoup
plus de précautions qu'autrefois pour garantir la
santé et la sureté des ouvriersles travaux les
plus pénibl s sont devenus le lot presque exclusif
des machines.
Que dire du dóveloppement, de la diffusion de
l'instruction dans les rangs de la classe ouvrière
Comparativement aux temps anciensPartisan
n'aurait fait que cette conquête, qu'il faudrait en
core proclamer l'époque actuelle bien supérieure
a celle d'autrefois. La connaissance de l'écriture,
de la lecture, aujourd'hui si répandue, a incon-
testablement exercé sur l'amélioration des masses
une influence des plus fécondes en résultats utiles
et durables.
En définitive done, jamais la situation des
classes ouvrières n'a été moilleure qu'a notre
époque. Est-ce a dire qu'il n'y a plus rien a faire
Certainement non. Mais qu'y a-t-il a faire? Voila
la question.
Les feuilles cléricales de cessent de répéter que
si le peuple n'est pas ramené a l'ancien système,
il n'y a plus de sécurité pour ceux qui possèdent.
La crétinisation, voila leur romède. Sans la cré-
tinisation, a bientót le pillage. Sans la crétinisa
tion et le retour au moyen-age, plus d'ordre, plus
de civilisationles masses, qui par le nombre ont
la force, livreront la société a toutes les horreurs
de l'anarchie.
Nous ne sommes point de eet avis.
Non, ce n'est pas la foi seule, privée du soutien
de la raison, qui guide l'homme et le préserve du
mal dans la societe. Ce qu'il faut, c'est persévérer
dans la voie féconde de la diffusion des lumières
c'est éclairer la conscience du peuple, fortifier sa
raison, lui enseigner ses droits et ses devoirs.
L'instruction, voila le seul moyen de protéger les
positions légitimement acquises dans la société
l'instruction, voila le seul préservatif contre les
désordres et les bouleversements.
Le véritable intérêt-de l'aristocratie moderne
sortie des rangs du peuple par l'instruction, le
travail et 1 ordre, n'est done pas de maintenir le
peuple dan3 une sorte de servitude morale, mais
de travailler a son emancipation intellectuelle. Si
1'on veut que les classes inférieures respectent les
bases de la société, les vérités éternelles de la
morale et de la paix sociale, qu'on éclaire leur
intelligenceCe qu'on doit redouter, ce sont les
préjugés qu'entretiennent l'ignorance et les fausses
notions enseignées par lapresse catholique. Des
écolesdes écolesNotre société repose sur des
bases naturelles elle ne saurait avoir de meilleur
soutien que la raison. Ceux qui vivent des abus
peuvent craindre de réjiandre la lumière mais
ceux qui veulent le règne de la vérité et de la jus
tice, doivent avoir confiance dans la liberté et la
raison humaine.
LE PROGRÈS.
Si le piéton est remplacé par le cocherle co-
cher par la locomotive, et la locomotive par la
mongolfiore, c'est du progrès car dévorer l'es-
pace est mieux que le parcourir.
Si le messager cède le pas a la malle-postela
malle-poste au télégraphele télégraphe au fluide
électro-sympathique, c'est encore du progrès
car expédier une correspondance en moins de
temps qu'il ne faut pour l'écrire, et recevoir la
réponse instantanémentc'est le sublime 'du
genre.
Si le barbouilleur est détröné fiar l'artiste,
l'artiste par le photographec'est toujours
L'OPMIIOni
DU CAPITAL, DU BE VB NU, DE L'lMPÖT.
L ALIMENTATION.
LE VÊTEMENT.
LE LOGEMENT.
LE SALAIEE.
DE L'iNSTEUCTION.