du progrès car voir sa figure réflótée comme dans un miroir et passer a la postéritó en partie decuple, le tout pour dix francs, c'est désopilant, c'est beau. Si le bélier disparait avec l'obus, et la flèclie avec le chassepot, c'est encore et toujours du progrès car renverser cent mille hommes d'une scule charge, c'est supprimer la guerre. Tout cela est élémentaire et saute aux yeuxle caractère du progrès materiel, c'est done la sub stitution d'une chose a une autre, d'une chose meilleure a une chose moindre. Mais en est-il de même dans le domaine de l'es- prit? C'est justement l'opposé qui a lieu dans le premier cas, c'est un travail de réédification qui s'opère; dans le second cas, c'est un travail de démolition. Si un liomme venait dire supprimons le téló- graplie.... on lui répondrait avec raison que voulez-vous done mettre a la place Gardez-vous clone de tenir le même langage quand il s'agit d'une réforme de l'ordre intellec- tuel ou moral; car, a coup sur, vous ne seriez plus même un statuquiste, mais un retrograde r enforce. Quand l'autorité d'Aristote a été renversée, a-t-il été possible de substituer un système a son système? non. Quand Luther a nió l'autorité du dogme, ses disciples ont-ils pu remplacer le vieux symbole par un nouveau non. Quand Rousseau a battu en brèche le Droit divin, le Pouvoir absolu a-t-il cté remplacé parun autre du même acabit non. Quand la Revolution a balayé les Jurandes et les Maitrises, ont-elles été remplacées par autre chose? non. Quand de savants naturalistes out supprimé la vieille méthode synthétique, se sont ils servis d'une synthèse nouvelle non. Quand un hardi réformateur aura eXpulsé tous les grammairiens des écoles, fera-t-on une autre grammaire non. Quand on aura chassé le dogme de la morale, est-ce qu'on l'étaiera sur une autre assise 'éter- nelle et immuable? non. Ainsi done en Philosophic, liberto absolue cle l'esprit; en Religion, liberté absolue de con science en Politique, liberté absolue de formes gouvernementalesen Economie, liberté absolue du travaildans la Science, liberté absolue d'ob- servation dans l'Enseignement, liberté absolue des méthodes. La liberté, encore la liberté et toujours la liberté elle n'estrien autre que le progrès. Et la même déesse qui tient le marteau démolisseur d'une main, voit naitre sous ses pieds les mer- veilles de la science et du génie. Le Philosophe de l'avenir, au lieu d'être raide et sentencieux, sera souple et accommodant. Le Croyant, au lieu de se laisser ronger par le ver du fanatisme, sera d'une ineffable tolerance. L'homme de bien, au lieu de se draper dans son impeccabilité, sera d'une charité sans borne. Le Gouveriiant, au lieu de se passionner pour le pouvoir fort, sera d'une mansuétude pleine d'indulgence. L'Economiste, au lieu de rêver des entraves et des prohibitions; sera d'un laisser-aller rempli d'une gracieuse désinvolture. Le Savant, au lieu de se calfeutrer dans son épais tcclmicisme, sera d'une simplicité transpa- rènte. Et l'Instituteur, au lieu de servir une doctrine marquée au coin du plus étroit pédantisme, versera a plein Hot a ses élèves le nectar vivi- liant de l'ame et du cceur. Et la paix sera entre les nations, et le cceur de l'hommesera réjoui. Amen. PAS DE CHANCE. Juste au moment oü les journaux cléricaux entament contre les bourgmestres de Bruxelles et d'Anvers une polémique au sujet d'une augmenta tion cle traitement que ces magistrats feraient trés bien, a notre avis, de refuser, la France, du Nord annonce que Mgr l'évêque d'Arras a adresssé a tous les ecclésiastiques de son diocese une lettre pastorale, prescrivant d'augmenter dans une notable proportion le tarif cle certaines pratiques du culte. Le tarif actuel n'offre, parait-il, aux fabriques et aux cures que des ressources insuffi- santes. D'après ce que nous avons entendu clire, cette augmentation cle tarif ne serait pas spéciale au seul diocèse d'Arras. Dans notre diocese même, le budget cle certaines fabriques aurait été, pour les dépenses relatives a la célébration du culte arrê- tées, comme on sait, par l'évêque, presque doublé. Si le pain, le vin, l'huile, les cliandelles, ont tant augmenté deprix, messieurs les cléricaux ont vraiment bien choisi leur heure pour se moquer de MM. Anspach et De Wael. Qu'en pensent les chers petits abbés du Journal d'Fpres SERVICE DES POSTES. Nous devons signaler une nouvelle irrégularité dans le service de la Poste. Voicilefait Une lettre timbrée au bureau do départ Ypres,25oct. 72,4 h.s.puis au bureau d'arrivée Bruxelles, 26 oc;. 72, 5 h. m. n'a été remise au destinataire, a Saint-Josse-ten-Noode, qu'a 7 heures du soir au lieu de 8 houres du matin. Ou est-elle restée pendant eet intervalle de 11 heures, pendant lequel quatre distributions ont été faites clans la commune de Saint-Josse-ten-Noode? C'est ce que nous allons voir. En effet, elle porte un troisième timbre que l'on a frotté et maculé dans le but de cacher la date. On y distingue cependant encore Saint-Josse-ten- Noode, 26 oct. 72, 7 h. m. C'est done clans ce der nier bureau que le retard a eu lieu. Nous avons a nous plaindre fréquemment des négligences de la Poste, sans que nous signalions chaque fois les retards qu'éprouvent nos corres- pondances. Récemment encore, une lettre conte- nant un accréditif de la Banque Nationale qu'on avait pris peut-être pour une valeur realisable par le porteur, a disparu sans laisser la moindre trace. Une autre, renfermant divers articles, disparut aussi, et, chose singuliere, c'était a la veille des élections Toutes les fois que nous réclamons, l'adminis- tration, avec le zèle le plus louable, ordonne une enquête dans laquelle les intéressés, sinon les coupables, fournissent les renseignements et na- turellement toutes ces enquêtes se ressemblent toujours par la nullité de leurs résultats. On devrait cependant comprendre une bonne fois que tous ces retards, qui nous font manquer nos correspondances et nous privent de nos an nonces, causent au journal le plus grand preju dice et, pour ne clire ici qu'un mot de la question de droit, nous avons la conviction que, si l'affaire était soumise aux tribunaux, nous obtiendrions gain de cause, l'administration des Postes étant tenue, tout aussi bien qu'un particulier, a indem- niser ceux a qui elle cause un prejudice. OU LE BON SENS VA SE NICHER. Le Journal de Bruxelles rapporte, d'après le Courrier des Ftats-Unis, 1'anecdote que voici, ra- contée par M. Javes, interprête cl'une commission envoyée par la Maison Blanche aux Indiens Peaux-Rouges. Dans les premiers temps, raconta Javes au chroniqueur du journal susdit, j'étais plein d'en thousiasme et je ne pensais qu'a moraliser et a évangóliser les Peaux-Rouges. Parlant un jour a Couteau-a-manchc-dJargent, j'essayai de l'intéres- ser en lui détaillant l'histoire de la creation. Quand j'en fus arrivé a l'incident d'Eve et du serpent, il partit d'un grand éclat de rire en di- santSi Eve avait été une squaw (femme) co- manche, elle aurait pris une perche et aurait cx- pulsé le serpent de la réserve de l'Eden.... Voila qui fait rêver. HélasPourquoi le bon Dieu s'est-il complu, comme nous l'apprencl Ber- gier dans son dictionnaire de théologie, a doter nos premiers parents de toutes sortes de connais- sances, celle des maux comprise? Ah! si nous avions eu pour première mère une simple Peau- Rouge de la sauvage tribu des Comanches, que de maux eussent été épargnés a la pauvre humanité Décidément, l'instruction n'est bonne a rien, et les cléricaux ont raison de préconiser l'igno- ran-e. VARIÉTÉS. (Canada). Recusation pour cause non prévue. Recevabilite'. Suprématie de l'Église. Syllabus. Les juges, dit en terminant M. Badgley, ont i) juré d'agir d'après la loi et la justice, et néan- i! moins dans cette petition (1), on leur dit qu'ils ne peuvent agir d'après la loi et la justice i! paree que certaines procédures ontétéadoptées dans un pays étranger. On ne pouvait pas sup- poser qu'un document de cette nature put pren- n dre place parmi les dossiers de cette cour. n Quant au juge Drummond, la lecture de la rê- quête l'a grandement indignó paree qu'il en re- j> garde les accusations comme insultantes pour n le banc de la reine. Son honneur dit que notre loi sur les récusations qui se trouve dans le Code de procédure civile du Bas-Canada, n° 176, aussi bien que le code fran cais (de procédure civile) découlent de l'ordon- nance de 1667, dont ils ne différent que trés peu, quant aux causes spéciales de récusation. Mais les deux codes ont omis deux des raisons conte- nues dans l'ordonnance... La partie omise est celle qui permettait do présenter des récusations pour d'autres raisons de fait et de droit que celles qui sont prévues dans la loi. Carré et Chau- veauX2), en donnant leur opinion qu'on nepeut admettre d'autres causes do récusation que celles énumérées dans le code frangais, s'appuient sur un grand nombre d'autorités. Sou honneur a rap- porté les autorités qui y sont citées. Une recusa tion ne peut done être présentée que pour les rai sons énumérées. Les petitions qui sont actuelle- ment sous consideration (3)ne sont fondées sur aucune des causes énumérées dans la loi, mais sur des raisons différentes qui entrainent non- seulement le déshonneur des juges récusés, mais celui de tous les juges catlioliques du territoire britannique, raisons inconnues jusqu'a ce jour dans les annales de jurisprudence (4). C'est la première fois qu'une partie s'est montréeassez har die pour récuser un juge desa propre croyance (5). M. Drummond croit done que les récucations doivent être déclarées inadmissiblessimplement paree que le fait n'est pas compris dans les cas de récusation prévus par la loi. Le juge Caron déclare lui aussi que les peti tions sont inadmissibles. Le code contient les rai sons qui peuvent lógaliser une récusation. Les raisons des présentes pétitions sont imaginaires et absurdes. L'honorable juge en chef Duval (6) pense que les pétitions ne devaient pas être traitées sórieuse- ment. Si l'on pouvait croire qu'elles ont été faites sérieusement, ce serait l'insulte la plus fla grante qu'on pouvait faire au juge. Ce serait les COUR DU BANC DE LA REINE A IVION ("RÉAL LA V° GUIBORD C. LE CURE ET LES MARGUILLIERS de l'Église de notre-dame, a -Montreal. (Suite et fin.) (1) Chez nous requête. (2) Lois de la procédure civile, n» 1364 (sur l'art. 378). (3) C'est-a-dire Les requêtes dont la cour est en ce mo ment saisie. (4) Comme les decisions de l'Église romaine sur les quelles ces récusations sont motivées. (5) Peut-être paree que jusque-14 on n'avait jamais soup- Qonné qu'il put exister au Canada un juge admettant le Syllabus (6) Dans les débats de première instance on invoqua un jugement du juge Duval en matière de sépulture, qui prouve qu'il adhérait alors aux doctrines gallicanes.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 2