ce même enclroit, et sans la moindre benediction préalable, des gens parfaitement morts dans le giron de l'Eglise. On a continué depuis, et, au- jourd'hui, le coin est presque rempli de fidèles dont les ossements reposent en paix parmi les ossements de non-fidèles. Messieurs les tonsures du Journal voudront-ils nous expliquer comment, si c'est une profanation d'enterrer un non-catholique dans un cimetière bénit, ce n'est pas une profanation que d'enterrer des catholiques dans un coin de réprouvés LA LETTRE DE Mgk HEFELÉ. Dans une lettre adressée au Deutsche Volhsllaet- ter, sous la date du 15 octobre, Mgr Hefelé, le savant évêque de Rottenbourg, a propos de la publication d'une autre lettre par lui adressée a un conseiller prés de la Cour de Bonn, raconte que, adversaire du dogme nouveau de l'infaillibi- lité papale, il a hésité jusqu'au 10 avril 1871 a y donner son adhesion. D'un cóté, dit le prélat, j'étais convaincu qu'un schisme serait le plus grand des mal- j) heurs, et de l'autre, je ne croyais pas pouvoir, ij avec une entière adhésion intérieure, proclamer dans mon diocese les décrets du Concile du )i Vatican; mais pouvoir échapper, en résignant mes fonctions, a cette situation intolérable. Ainsi, voila un évêque, un prince de l'Eglise, et un des plus recommandables sous tous les rap ports, qui avoue, avec une franchise absolue, que, longtemps encore après la proclamation du nou veau dogme, il n'a pu y rattacher sa foi. Comparons a ce langage celui de notre prélat, a nous, fesant affirmer dans toutes les chaires du diocèse, dés avant la décision du Concile et en contradiction flagrante avec les enseignements de l'histoire, que la croyance a Finfaillibilité du pape avait été, en tous temps et en tous lieux, la croyance unanime et constante du monde catho- lique CE QUE NOUS N'AVONS LU DANS AUCUN JOURNAL CLERICAL. Au nord-est de la Nouvelle-Calédonie se voit l'archipel de Loyalty, appartenant a la France. Deux iles fort peuplées, trois a peu prés désertes, le composent. Dans Uvéa (méridien 164° 18 est parallèle 20° 30), le 24 avril dernier se produisaient d'horribles scènes. Un chef d'indigènes, nommé Wangareil ou Ombalou s'était emparé du pouvoir et exécraient les protestants au point de vouloir complétement les expulser de tout le pays. Eu conséquence, des catholiques romains assemblés a Faallüe, se saisi- rent d'un certain nombre de nouveaux protestants natifs, en de sang froiden assassinèrent quatrea l'instigation d'Ombalou. Une seconde bande de catholiques, profitant d'un moment ou d'autres protestants étaient a la pêche ou en prières, en égorgèrent aussi quatre et en blessèrent griève- ment plusieurs autres. Les survivants s'enfuirent vers leur village, poursuivis par Ombalou et ses hommes bien armés. La les protestants furent encore victimes mal- gré un semblant de résistance. Un vieillard fut torturé jusqu'a la mort, trois autres de ses corré- ligionnaires tombèrent sous les coups des meur- trierstinais un de ces derniers fut tué. Ombalou interdit le protestantisme. De Fallalie a Wilkert, il fut commandé a tout habitant de se faire catholique romain. Lapersécution commenqa. Le chef sauvage proliiba la lecture de la Bible, chassa les cathécumènes protestants de leurs vil lages. Certains cathécumènes ne se dirent romains que sous le contact de la hache. La cause de cette révoltante persécution avait été, dit-on, la construction d'un temple protestant sanctionnée par.le gouvernement calédonien dont Uvéa dépend et qu'avait désapprouvée Ombalou. Le 8 mai, M. Sleigh envoya au gouverneur un rapport. A cette date tout était dans le pire état; la guerre, ou plutót une boucherie se qontinuait. Le contre rapport de M. Roussel, le prêtre ca tholique, ne réussit pas a exonérer ses ouailles des crimes commis. On espère que bientót, liberté de conscience, justice et indcmnité, seront accordées aux families persécutées et que la cruelle usurpation de? pou voir de Wangareil Ombalou sera dumént chatiée par l'autorité de la mère-patrie. Ges faits, rendus publics par les journaux de la Nouvelle-Galles du Sud, préoccupent actuelle- ment l'opinion de 1'Australië, de l'Amérique du Nord et de l'Angleterre. Quel dommage que ces protestants massacres ne soient des catholiquesNöus verrions paraitre dans tous les journaux du clergé une liste des martyrs nouveaux, dont les Bollandistes s'apprê- teraient déja a raconter la vie, la mort et les mi racles posthumes. LES BOLLANDISTES ET LE SÉNATEUR MAZEMAN. Nous lisons dans YEcho du Parlement Les Bollandistes ont imaginé un moyen trés ingénieux de se procurer de l'argent. Ils se sont fait envoyer de Rome un saint inédit, dont les ossements proviennent des catacombes. Ces ossements, dont le Pape leur a fait pré sent, ont été soigneusement encastrés dans une statue de cire qui se désarticulc de manière a li- vrer a la curiositó dqs badauds les précieuses re- liques, Cette statue, solennellement inaugurée di- manche dernier, est exposée dans la chapelle des Bollandistes, dite chapelle du Gésu, rue Traver- sière, a St-Josse-ten-Noode. Elle a été baptisée du nom de saint Priscus, et les dévots assurent que ce saint martyr ne tardera pas a manifester par des guérisons miraculeuses et autres prodiges le crédit dont il jouit en haut lieu. Le moyen n'est pas nouveau II y a environ vingt ans, M. Jules Mazeman, avant qu'il fut sénateur, s'en alla quérir a Rome la carcasse d'un prétendu légionnaire romain, martyr des premiers siècles, qu'on baptisa du nom de Léon. Parti de Rome en compagnie de la sainte relique et tout couvert d'indul- gences, M. Mazeman s'en vint a Proven ériger une chapelle a saint Léon, dont la charpente fut placée dans une statue de cire imitant les iormes d'un charmant jeune homme. Neuvaines, indulgencespèlerinagesrien ne manqua au saint et au baron... On dit même que c'est a l'in- tercession de Léon que Jules Mazeman obtiht les suffrages catholiques et fut nommé sénateur. Les Bollandistes pour de l'argent, Mazeman pour un fauteuil au Sénat, c'est tout un Char latanerie 1 ENCORE UN! L'arrestation du nommé Delavallée, frère lai attaché a l'établissement des Jésuites, a Mons, a vivement ému la population de cette ville. Cette arrestation a été opérée mardi vers midi, au mo ment oii Delavallée sortait de l'établissement de la rue des Dominicains en compagnie de deux élèves; la maison était cernée depuis le matin, et c'est M. le commissaire-adjoint Dehon qui a exibé au frère le mandat d'amener lancé par M. le juge d'instruction Pecher. II s'agirait, cette fois encore, de faits de la plus haute immoralité. Voici les renseignements re- cueillis a eet effet Dimanche matin, M. le docteur DesCamps était appelé chez un boucher de la ville pour donner ses soins a un petit gargon de 11 ans, élève ex terne du collége Saint-StanislasM. DesCamps constata immédiatement que le malheureux en fant, épuisé, avait été la victimc d'odieux atten tats. Nous ne pouvons entrer dans les détails de la constatation faite par eet homme de Partbor- nons-nous a dire que le petit gargon est dans une situation critique actuellement, et que le médecin n'oserait en répondre. Interrogé, pressé de questions, l'enfant désigna le frère Delavallée comme ayant commis sur lui les attentats. Le père du petit étant absent, on attendit son retour, et hier matin, aussitöt son arrivée, il se rendit avec M. Descamps au par quet et y raconta ce qui se passait. M. le procu reur du roi en informa M. le juge d'instruction Pecher, qui se rendit auprès de l'enfant, l'inter- rogea trés adroitement, oh tint ainsi les renseigne ments qu'il désirait, et langa le mandat d'amener contre le sieur Delavallée. Une instruction judiciaire est ouverte, nous devons attendre que les declarations du petit D... soient confirmées par elle avant de nous engager dans des commentaires. SIGNATURES. Accueillant le bon sens d'oü il vienne, nous re- produisons avec plaisir Partiele suivant, paru dans le Courrier de Hruxelles Une des infirmités de la bureaucratie, c'est la prétention de rendre toute signature illisible. Ce travers foisonne dans la bureaucratie judi ciaire, administrative, financière, militaire et aur- tres. C'est un véritable abus, et il nous semble ur gent de prendre a eet égard des mesures radi- cales. Qu'un fonctionnaire publicdépositaire de pouvoirs redoutables et investi de fonctions im- portantes, s'évertue a rendre méconnaissable sa signature qui donne seule a l'acte l'authenticité et l'exécution parée, que sur un griffonnage hiéro- glyphique que Champollion ne déchiffrerait pas, la liberté, l'honneur et la fortune des citoyens puis sent être mis en danger, cela est-il permis, et cela offre-t-il plus de garantie que la f des an ciens temps qui remplagait la signature autrefois Et alors encore la f ne valait qu'a la condition d'etre certifiée coram testibus requisilis. Un notaire, avant d'entrer en fonction, doit dé- poser sa signature au greffc, pour qu'il reste un terme de comparaison pour toutes les signatures qu'il apposera sur les divers actes de son minis tère. Ainsi, conserve-t-on l'étalon du mètre et du kilogramme pour servir de prototype aux instru ments de mesurage et de pesage. Mais qu'un procureur du roi, un juge d'in struction, un oonservateur des hypothèques, un receveur de contributions, un employé des doua nes, du chemin de fer, etc., puisse authentiquer une pièce au moyen de pattes de mouches et d'arabesques plus entortillées et moins saisissa- bles, cela est souverainement absurde. Ce n'est pas le Pro justitiani même le sceau qui rend exécutoire un mandat d'amener, de com- parution ou de dépöt, c'est la signature du ma- gistrat. Et si cette signature n'est pas une signa ture, mais un paté d'encre ou une suite de lignes droites et brisées comme les losanges en sapin que soutiennent les jeunes liaies, cela ne fournit aucuüe garantie, ni pour le fonctionnaire chargé d'exécuter l'ordonnance, ni pour ceux contre qui on l'exécute. Le conservateur des hypothèques a une respon- sabilité énorme envers tous ceux dont los noms passent en ses registres. Sa signature constitue la garantie, mais engage sa responsabilité comme elle engage la responsabilité et couvre celle des propriétaires et des débiteurs. Mais s'il n'y a pas de signatureOn voit trés souvent dans les procédures des pièces authen- tiques qui doivent mentionner la signature appo- sée au bas d'actes qu'elles rappellent. Combien de fois n'arrive-il pas de reneontrer la mention Enregistré avolume, etc... Signé le receveur (signature illisible). Or, ces signatures illisibles appartiennent a des fonctionnaires actuellement en exercice.. Qu'en sera t-il dans vingt, trente ou cinquante ans Passez a l'état-civil. De quelle importance, dans bien des circonstances, n'est pas la signature de l'officier qui tient l'histoire généalogique des families Ici encore c'est la signature seule qui donne l'authenticité, la force probante a l'acte. Le sceau communal peut être une garantie de plus, mais elle est seulement accessoire. Tout le monde sait que les .sceaux, dans les administrations, consti tuent un objet mobilier manié, le plus souvent par les employés, au même titre que la cire a cacheter. Nous pourrions multiplier les exemples voyez les bulletins de douanes et autres, et dites s'il est facile de déchiffrer le nom du fonctionnaire qui a signé. Que dans la hiërarchie administrative de fonc-

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1872 | | pagina 2