Sentence du juge Koegii au sujet des
ELECTIONS DE GaLWAY (IrLANDe).
LA GRANDE COMMISSION MILITAIRE.
La grande commission militaire s'est réunie
mardi dernier all heures, a l'hötel du ministère
de la guerre.
Nous recevons, sur la séance, des renseigne-
ments dont nous pouvons garantir la parfaite
La reunion était trés nombreuse. Sauf deux ou
trois membres empêchés, la grande commission
ctait au complet.
A 1'ouverture de la séance, la parole a été ac-
cordée a M. Ie colonel Brialmont pour donner lec
ture du rapport de la sous-commission.
Cc travail tres dévcloppéprendpour point
do depart le principe du service personnel et
aboutit aux conclusions suivantes
1° Le contingent annuel augmenté de 2,000
hommes
2° Le budget do la guerre porté do trente-sept
a quarante-cinq millions, soit une augmentation
de buit millions par année.
La lecturé du rapport terminée, un membre a
déposó une proposition tendant a faire decider
par la grande commission qu'elle s'abstiendrait
de délibérer sur les conclusions de ce rapport,
jusqu'a ce que M. le ministro de la guerre lui eüt
fait connaitro, d'une fagogj certaine, s'il se ralliait
au principe du service personnel ou bien s'il avait
l'intention de maintenir le mode de recrutement
actuol.
C'est sur cette proposition d'ajournement
que la discussion s'est engagée.
II a été dit, dans cette discussion, quo la reor
ganisation militaire proposée par la sous-com
mission étant baséetout entière sur le principe du
service personnel, il devenait fort inutile de
l'examiner, si l'on n'avait, au préalable, la certi
tude que M. le ministro se ralliait a ce principe,
et qu'il y avait nécessité, par conséquent, avant
tout examen du rapport, de s'assurer de ses dis
positions.
Cette motion était si raisonnable qu'aprcs un
court échangc d'observations, elle allait être
adoptée a l'unanimité, quand le président donna
lecture d'une lettre adressée a la commission par
M. le ministre de la guerre.
Dans cette lettre mirobolantedont nous garan-
iissons le sensM. Guillaume exprime a la grande
commission l'étonnement qu'il a éprouvé en appre-
nant qu'elle s'était chargée de lui présenter un
projet complet de reorganisation militaire. Je no
vous ai point, lui dit-iJ, instituée pour cola, et
notamment je ne vous ai point demandé de me
diro votre avis sur la question du service person
nel. En agrandissant ainsi votre mission, vous
avez dépassó les limites que j'avais entendu lui
donner dans ma pensee.
On se figure la stupéfaction de la commission en
recevant communication de cette missive. Com
ment? II y a plus do dix-huit mois qu'elle s'est
prononcée en faveur du service personnel; depuis
buit mois, une sous-commission, instituée par elle,
s'occupe, au vu et au su do M. le ministre, d'un
projet de reorganisation militaire; cette sous-com
mission est composée tont entière d'officiers supé
rieurs, dont plusieurs directement attachés au
département de la guerre... et quand elle a fini
son travail et que la grande commission est ap-
pelóe a en délibérer, M. le ministro de la guerre
informe cette dernière, par une lettre, qu'elle a
outrepassé son mandat et qu'elle n'a jamais eu a
s'occuper de la question du service personnel
L'assemblée, un moment abasourdie, a bientét
compris qu'en lui adressant cette communication,
M. le ministre de la guerre n'avait pas eu d'autre
but que d'éviter do se prononcer sur la question
du service personnel, qui embarrasse tres fort le
gouvernement en ce moment.
Le général Guillaume avait prévuet vraiment
ce n'était pas difficile a prévoir qu'avant d'a-
border 1'examen du rapport dela sous-commission,
la grande commission tiendrait a connaitre son
opinion personnelle sur cette question capitale et,
pour u'avoir pas a la donner, il avait imagine de
lui faire savoir d'avance qu'en agitant cette
question, elle avait excédé les limites du man dat
qu'elle tenait de lui.
Muis la grande commission a refuse de jouer
dans le jeu du ministre et, après une courto déli-
bération, elle a décidé qu'elle no s'occuperait plus
du rapport de sa sous-commission aussilongtemps
que Mle ministro do la guerre ne lui aurait pas
fait connaitre, par oui ou par non, s'il était par
tisan du service personnel.
Les choses en sont la, c'est-a-dire qu'on peut
considérer la fameuse question de la reorganisa
tion militaire comme indéfiniment ajournée.
Encore une fois, nous garantissonsTexactitude
des détails qu'on vient de lire.
{Gazette.)
NOS ARTISTES.
Voici en quels tormes VImpartial, journal cri
tique, artistique et littéraire, apprécio, sous la
signature autorisée de M. Ch. W., les dernières
ceuvres de M. Ed. Fiers et de M. Comein, exposées
au Salon de cette année
Arrêtons-nous un instant devant los oouvres de
Edouard FIERS,\g premier el dernier souvenir1152
et le canard, platre, 1153.
M. Fiers, en foiiillant ce magnifique marbre
destine a un tombeau, a bien compris lo premier
et dernier souvenir d'ici-bas. Une femme voilée
d'un long su'ai re, drapée avec l'art des maitres
anciens, la tête un peu inclinée, tient d'une main
un médaillon, premier souvenir d'un passé qu'elle
pleurè, tandis que de l'autrc elle soutient une urne
funobre, dernière souvenance du mystéricux drame
de la vie humaino
Rien de plus simple et de plus poétique quo
l'ceuvre do M. Fiers. Quelle vérité dans la pose,
quelle simplicité et surtout quelle magnifique
nature L'exécution habile et relevée de cette
belle figure dénote un rare talent, qui rehausse
encore la grande reputation do M. Fiers.
A cóté de cette couvrc toute de poésio et de
pensée, M. Fiers expose le Jeune homme au canard.
Ici la science du fini et de l'exécution est portée a
sa dernière limite. Le dos de l'enfant est d'un
modelé serré et savant le jeu de la pliysionomie
est des plus heureux et la pose gracieuse. Cette
oeuvre fait honneur a l'artisto.
En somme, les deux ceuvres do M. Fiers sont
sans prix. Jamais on n'a pu voir plus de talent,
de fini et do savoir faire. Le voile du premier et der-
nier souvenir montre jusqu'a quel point l'artiste
sait travaillor le marbre et l'assouplir sous son
ciseau. Co chef-d'oeuvre met le sceau a la brillante
reputation de notre statuaire et le place a la tête
do la phalange artistique du xixc siècle 1
X
M. COMEIN a exposé lo buste de M"° J. M.,
platre, 1117 le portrait de M. L. II.médaillon,
platre, 1118, et un buste en terre 'cuite. Cet
artiste a droit a nos éloges, et s'est fait rcmar-
quer au Salon par la purcté de son talent ct la
finesse de son cxécution. II y a do la vie dans ses
ceuvres, et M Comein arrivera a se faire une belle
place parmi nos bons sculpteurs.
CURIEUSE IIISTOIRE
On nous apprend que le curé de Dju-
geant le collége échevinal de la commune inca
pable d'examiner les documents relatifs a la con
struction d'une tour, s'est rendu en porsonnc a la
séance du Conseil communal pour y donner les
éclaircissements nécessaires
Le brave homme s'imagine sans doute que nous
sommes rovenus aux temps ou l'autorité commu
nale ne pouvait respirer sans oxygène pasto
ral.
Variétés.
T»ute la presse d'Angleterrc s'est occupée de
l'élection de Galway, en Irlande, et do la sentence
qui en a prononcó l'annulation pour pression ille
gale sur les éloctcurs. Le débat a été porté devant
le Parlement britannique et le juge Keogii, vivc-
mont applaudi en Anglcterrc, menacé de mort en
Irlande et plusieurs fois brüló en effigie, n'y rond
plus la justice quo protégé spócialement par la
force armee contre toute tentative criminolle.
Son jugement imprimé par ordre de la Chambro
des communes d'Angleterre, n'a pas moins do
cinquante et une pages in-folio de ses documents
parlementaires (c'est-a-dire qu'il formerait la ma-
tière do plus cle quatro numéros de la Belgique
Judiciairel) Nous avons pensó, ne pouvant songer
a le reproduire, que nos lectcurs nous sauraient
gré d'en tracer ici une rapide analyse. Ce curieux
document est plein d'enscignementpour nous, soit
qu'on veuille connaitre les moeurs judieiaires, soit
qu'on étudio la situation politique cle 1'Irlande.
Le prononcé de la sentence a pris plusieurs
audiences.
M. Keogh, en prenant la parole, s'excuso
d'abord de n'avoir pas prononcé plus tót la sen
tence mais il a eu a parcourir au moins trente
mille feuillets de manuscrit, plusieurs centaincs
de journaux imprimés et des millicrs d'autrcs
documents.
Après quelques compliments adressés aux
avocats des deux parties, il énumère les personnes
qui ont successivement représenté le district de
Galway au Parlement, et arrive ainsi jusqu'cn
1870, époque a laquello un siége y devint vacant
par la retraite de lord Canning Burke. Aussitót
deux candidats se présentent aux élccteurs,
M. Mitchell Henry et le capitainc Nolan aussitót
aussi lo clergé entre en licel'un des membres du
clergé du cliocèse do Galway fait la guerre au
capitaine Nolan par des moyens dont les laïquos
font rarement usage d'autre part, lo révérend
M. Conway se constituc son défenscur passionné.
Co conflit se terminc lo 20 février, date a laquello
le capitaine Nolan se retire de la lutte dans une
circulaire adressée aux électours, il les informe
qu'il renonce a la candidature d la requête de Sa
Grace l'archevêque de Tuamquoi qu'il n'eüt
rien négligé pour s'assurer lo triomphemais en
ma qualité de catholiquedit-il,j'ai cru qu'il était de
mon devoir de me retirer sur la demande du grand
prélat de l'Oucst.
Le sacrifice n'était pas trés grand on savait
quo M. Gregory allait bientöt laisser une nouvelle
place vacante a Galwayen effet, après la retraite
do ce membre du Parlement, le capitaine Nolan
pose de nouveau sa candidature et il obtient au
scrutin 2,823 voix contre 658 accordécs a son
compétiteur, lo capitaine Trench.
Des reclamations s'ólèvent contre cette élcction
ct les motifs sur lesquels clles se fondent pouvent
se réduire aux deux chefs suivants corruption et
influence illegale du clergé catholique.
Le juge s'occupe d'abord dos cas de corruption
et les écarté faute de preuves suffisantes.
II clicrchc ensuite a définir Vinfluence illégale
laquello suffit, aux termes de la législation an-
glaise, pour vicier l'élection et s'appuio surtout
sur le commentaire fourni par sir Samuel Romilly.
qui a écrit II y aura influence illégitime, si des
ecclésiastiques se servent do leurs pouvoirs pour
faire naitre des craintes superstitieuses ou de
pieuses espérancespour inspirer selon les be-
soins de la cause, la confiance ou la terreurpour
alarmer les consciences par l'appréhension de la
damnation ou pour rassurer les esprits timides
par la perspective du bonheur éternel.
M. Keogh avait eu précédemment déja 1'oCca-
sion de déterminer lui-même en quel sens devait
être appliquée la loi anglaise et voici comment il
s'était exprimé L'influence du clergé doit être
exorcée légalement; si elle Test indüment, plus le
coupable est haut placé, plus il doit rencontrer do
résistance. Peu m'importe que ce soit un vicaire,
un curé, un évêque ou un archevêque. S'il
m'était prouvé qu'il a abusé de son pouvoir, je
n'aurais pas la moindre hésitation a annuler
l'élection... j'espère et je suis convaincu que l'in-
telligence et l'esprit d'indépendance des catholi-
ques laïques de cette région suffiront a empêcher
l'établissement par le clergé d'un despotisme
écrasant et fatal.
Du reste, les magistrats ont eu plus d'une fois
a se prononcer sur le sens de cette clause.
(La suite au prochain numéro.)
AUTHENTICATE.
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