JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, llimanche
Onzième année. J\° 3,
19 Janvier 1873.
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A <pti le panache?
II fut uil temps oil nos généraux, sem-
blables a Boum et a Fritz de la Grande-
Duchesse, se seraient battus pour avoir
le panache. Anjourd'hui, c'est a qui ne
l'aura pas. Aussi vite qu'un de nos officiers
supérieurs apercoit l'ceil du gouvernement
tourné de sou cóté, ventre a terreil s'ap-
platit et fait le mort.
C'est qu'aussi la position de chef des ar-
mées de terre du beau royaume de Belgique
n'est plus guère enviable simple applica-
teur d'un programme impose par le gou
vernement, programme qui n'a ni les sym
pathies du pays; ni celles de l'armée, ni
même celles de la couronne, le ministre de
la guerre joue le röle d'une veritable tête
de Turc.
Aussi, le petit pcre Malou a-t-il beau se
tourner et se retourner, il ne voit rien
venir. II est absolument dans la situation
de la belle-sceur de Barbc-bleue.
Line cliose heureusement le console, c'est
qu'il sait, a n'en pouvoir douter, que son
temps est prés de linir, le ministère dont il
est le chef marchant vers son effondrement
a pas précipités. Ce n'est plas l'affaire que
de quelques séances parlementaires, et, la
question du chemin de fer du Luxembourg
aidant, le petit père Malou et ses collcgues
seront envoyés jouir de 1'otium sans aucune
espèce de dignitate.
Par exemple, si tous nos ministres ac-
tuels se sont fait preparer, en vue de leur
chute, des édredons dans le genre de ceux
qu'a fait confectionner, pour tomber moël-
leusement, le general Güillaume, ils pour-
ront choir de haut sans se faire de mal, -
au contraire.
Ce brave general Guillaume nous di
sons brave sans en rien savoir, le general
n'avant jamais été au feu a notre connais-
sance, jouissait le mot est encore im-
propre d'une position impossible. Comme
ministre, il était en disaccord avec tout le
monde et touchait, dans ces conditions,
21,000 francs de traitement.
Aujourd'hui, il s'occupe doucettement de
sa petite direction de l'Académic militaire
il n'a plus a redouter le moindre tracas, et
il va empocher, bon an mal an, 26,000 fr
Benefice net cinq mille francs et la liberté.
Voila ce que nous sommes en droit d'appc-
ler une sensible amelioration de sort!
II faudrait encore porter pour mémoire
a la colonne des bénéfices attachés a la nou
velle situation du dernier ministre de la
guerre, le titre de baron, qui va lui tomber
sur la tête un de ces quatre matins. Mais ca,
c'est la régie. II est depuis longtemps con-
venu que l'on ne peut pas sortir du minis
tère de ia guerre sans passer par la baron-
NlFICATION.
II cxiste, au-dessus de la porte cochère
de l'hótel qui fait le coin de la rue de Ia Loi
et de la rue Royale, un immense crampon,
auquel est appendu un colossal écusson de
baron.
Tant qu'on est ministre, il n'y a pas le
moindre danger a passer sous cette en-
seigne. Elle tient ferme. Mais a peine le roi
a-t-il accepté votre démission, que le con
cierge du ministère se met aux aguets, et,
quand il voit que vous vous en allez pour
de bon, crac il coupe une corde et vous
recevez l'accolade. 11 n'y a plus a vous en
dcfendre, vous êtes baron C'est ce qui vient
d'arriver au valeureux Guillaume et arriva
précédemment aux généraux Chazal et
Greindl.
Mais nous revenons nos moutons. On
ne trouve done personnc pour rémplacer le
directeur actuel de l'Académie militaire.
Dans ces circonstances, il est fortement
question, en haut lieu, de faire du poste de
ministre de la guerre une punition disci
plinaire pour nos officiers supérieurs. Voici
ce que nous tenons de bonne source
A l'avenir, iorsque, dans une revue, une
petite guerre, une parade quelconque ayant
eu le roi pour témoin, tout n'aura pas mar-
clié comme sur des roulettes, le roi serait
disposé a envoyer au Moniteur un arrêté
dans le gout suivant
Leopold II, roi des Beiges
A tous présents et a venir, salut
Voulant reconnaitre, par un témoignage pu-
blic de notre mécontentement, les mauvais ser-
vices rendus dans tel exercice par le general
Culottedepo,
Nous avons arrêté et arrêtons
Art. ler.Le général Culottedepo est nommé
ministre de la guerre.
Art. 2. II subira cette peine pendant trois
mois.
i, Donné a Laeken, le
Au moins, de cette facon, l'hotel de la rue
de la Loi ne sera jamais vacant.
Ce qu'il y aura de plus difficile pour les
futurs ministres, ce sera, non pas de con-
duire la galère ministérielle, mais de se pre
parer une position équivalente a celle que
le général Guillaume s'est taillée dans le
drap des contribuables.
Vingt-six mille francs ne se trouvent gé-
néralement pas dans le pas d'une mule,
cette mule fut-elle celle du Pape. Or, en sup-
posant que, d'après le procédé qui précède,
nous ayons seulement par an dix ministres
de la guerre, cela nous fera, au bout de
deux lustres, une rente de 2,600,000 fr. a
ajouter au budget de la guerre.
Trève de plaisanteries nous sommes
sans ministre de la guerre et les choses me-
nacent de rester longtemps encore dans le
Cette situation n'est pas dróie, surtout si
l'on songe aux difficultés créées par le petit
père Malou, lequel, sans en avoir l'air le
moins du monde, est en train de nous four-
rer dans, les bras de la Prusse.
Heureusement que les jours du ministère
sont comptés.
L'AFFAIRE DU GRAND-LUXEMBOURG.
La polémique a laquelle donnait lieu le projet
de cession du chemin de fer luxembourgeois, s'ar
rêté enfin, et les lecteurs des grands journaux ne
s'en plaindront probablement pas.
Mais le public ne serait pas faché de voir clair
dans cette affaire, dont tous nos confrères ont
beaucoup parlé, sans parvenir a nous faire voir le
dessous des cartes.
M. Defré n'a pas mieux réussi, én interpellant
le gouvernement. Gar M. de Theux, dans sa ré-
ponse, n'a fait que rééditer la note officieuse de
la veille par laquelle M. Malou informait le pays
qu'il cédait aux protestations de l'opinion pu-
blique et refusait l'approbation. Le chef du cabi
net a seulement ajouté que, dans l'intérêt du pays,
il ne pouvait entrer dans d'autres explications.
Ce qui n'est pas sans signification l'orsqu'un
ministre d'affaires, comme M. Malou, le finaud,
T. i.'t!WJ
L'OPINION
STATU QUO.