LE SYLLABUS EN BELGIQUE.
L'article 13 de la Constitution porte
Nul ne peut être contraint de conco.wir d'une
manière quelconque aux actes et aux cérémonies
d'un culte, ni d'en observer les jours de repos.
Or, le Journal de Liége posajt bier la question
suivante
Serait-il vrai, comme on nous l'assure, que
notre pieux ministre des travaux publics, scam
dalisé du travail qui se fait le dimanehe sur le
chemin de for de l'Etat, voudrait faire punir
d'une amende tout entrepreneur qui se permet-
trait de faire travailler le dimanche et les fêtes
légales
Le Journal de Bruxelles pourrdt probabler
ment nous renseigner a eet égard.
Nous avons eu vent de la nouvelle dont le
Journal de Liége se rend l'écho.
Contraindre les entrepreneurs, adjudicataires
publics, d observer, sous peine d'amende, les jours
de repos, prescrit par un culte, ce serait manifes-
tement violer, dans son esprit et dans sa lettre,
l'art. 15 de la Constitution.
Ce serait une concession exorbitante accordée
a l'épiscopat, qui spécialement depuis l'avénement
des cléricaux, cberche a obtenir pour le catholi-
cisme les privileges d'une religion d'Etat.
On se souvient que M. le colpnel Brialmont,
dans un article de la Belgique militairea fait
connaitre les instances et les négociations des
évêques auprès du general Guillaume pour rendre
lamesse et la confession obbgatoires dans l'armée
ils offraienta cette condition de propager et d'ap-
puyer le système du service personnel.
L'assertion de M. Brialmont n'a pas été dé
mentie, que nous sachions.
M. le général Guillaume a résisté, et peu après
il donnait sa démission.
La nouvelle du Journal de Liége prouverait que
l'épiscopat a trouvé meilleur accueil auprès de
M. Moncheur, ministre des travaux publics et
nul doute que si cette concession n'est pas éner-
giquement combattue, elle ne fasse insensible-
ment son chemin.
M. Kervyn de Lettenhove reproche aux admir
nistrations communales de ne pas faire assez de
sacrifices pour l'instruction publique.
De la part d'un ancien ministre <jui n'a signalé
son passage au pouvoir pg,r aucune mesure en
faveur de l'enseignement, la plaisanterie est au-
dacieuse.
Elle paraitra telle surtout a ceux qui savent
que, dans toutes les communes, l'opposition aux
dépenses relatives a l'instruction vient des cléri
caux. Partout, ils ne plaident l'économie que pour
avoir un prétexte d'attaquer le budget des écoles.
Leur hostilité systématique est évidente, a Ver-
viers comme a Renaix et a Ninove.
C'est, d'ailleurs, .ce que nous avions prévu,
lorsque nous les avons combattus aux elections
communales.
Espérons que l'événement ne nous aura pas
inutilement donné raison, et que nos paroles en
auront plus de poids, lorsque nous djrons aux
électeurs
Nommer un catholique, c'est confier un.e part
de 1 administration publique a un adversaire de
1 enseignement, d autant plus dangereux qu'il
sera plus hypocrite.
Le parti catholique continue a exploiter pour
son compte l'éternel dada communard. Dans la
discussion qui viept d'avoir lieu a laChambre,
plusieurs représentants cléricaux ont encorè
dénoncó les événements de la Commune comme
la légitime conséquenee de l'absencede l'influence
religieuse dans l'enseignement.
Or, la statistique nous apprend qu'a Paris
même, la ville réyplutionnaire par excellence
l'enseignement copgréganiste est pour ainsi dire
le seulque regoivent les classes qui ont fourni a la
Commune ses plus vaillants défenseurs.
Si Paris a été mis a feu et a sang, nous chan-
tent sur toiK les tons les feuilles cléricales, c'est la
faute au libéralisme, a Voltaire et nu? détestables
principes de 89, c'est pour s'être détachée de tout
principe religieux que la France a subi ses
désastres
Mallieureusement pour le triomple d'une aussi
belle thèse, nous le répétons, s'il est une ville oü
l'élément clerical domine dans l'enseignement,
c'est a Paris. La majorité des communards que la
presse cléricale accable de ses maledictions,
étaient pour la plupart des élèves des petits-
frères tons du moins avaient fait leur première
communion.
Et, sans aller plus loin, sans sortir de notre
pays, ne sont-ce pas les moines et les prêtres qui
pendant la Revolution brabangonne ont soufflé le
meurtre et le pillage. Faut-il rappeler les ineen-
dies de Saint-Génois oü le fanatisme religieux le
plus execrable a cause lë? malheur? dont chacun
a le souveuir.
L'ÉTAT ENSEIGNANT.
II y a, sans, doute, parmi la population beige,
beaucoup de families catlioliques. Mais il y a
aussi des families protestantes, des families juives,
et un trés grand nombre de citoyens qui ne sont
ni catholiques, ni juifs, ni protestants.
L'Etat les représente tous, et au même titre.
Ce n'est pas comme catholique, comme protes
tant, comme juif ou comme libre-penseur, que
chacun de nous occape le rang qui lui appartient
dans la société politique c'est comme citqyen.
Cette qualité seule nous .donne le droit d'attendre
de l'administration publique les services pour
lesquels nous la payons. Ces services doivent done
être les mêmes pour tous, catholiques, juifs ou
protestants, paree qu'ils ne visent pas les affaires
religieuses, particulières et divergentes, mais
les affaires civiles, qui sont concordantes et uni-
verselles.
L'Etat est, en outre, une institution humaine,
faite de commun accord entre gens de différents
cniltes, pour assurer la bonne administration des
intéréts de ce monde qui leur sont communs. II
est le résultat d'un contrat tacite entre des hom.-
mes naturellement égaux. II doit done a tous éga-
lement les services pour lesquels il a été institué,
et il ne peut équitablement en rendre de spéciaux
a quelques citoyens privilégiés.
La religion n'est pas du domaine de l'Etat, et
ne peut pas l'être. L'action de celui-ci doit être
restreinte aux choses de sa compétence. D'ail
leurs, elle cesserait nécessairement d'être équi-
table et générale, si pour organiser ses services,
il s'inspirait de sentiment ou d'intérêts religieux
quelconques. Car aucun avantage n'est procuré a
une religion sans détriment pour les autres,
toutes s'excommuniant mutuellement.
D'oü il spit que l'Etat, enseignant, n'a ni le
devoir ni le droit de proposer une religion, pas
plus celle de la majorité que celle de -la minorité.
II enseignera les sciences positives, se gardant
d'approuver ou de combattre les dogmes d'aucune
église. II ne sera ni catholique ni anti-catholique,
n'ayant pas a prendre parti dans un débat qui ne
l'intéresse pas. II ne sera pas anti-religieux, mais
il sera sans religion, afin d'être équitable env,ers
tous les cultes.
LOURDES ET LA SALETTE.
Décidément la Salette commence a être démo-
dée;^ Notre-Dame de Lourdes l'a tout a fait
détrónée partout on fait des neuvaines, des
Triduum en l'honneur de l'üpparition pyrénéenpe
on expédie de Lourdes des quantitós cjl'eau prodi-
gieuses et qui donnent a cette localité perdue une
prospérité croissante.
La Gazette de Liége publie un récit d'un pèleri
nage a Lourdes, inséré dans la Revue générale et
dü a la plunge de M. Léon Collinet, avocat a Liége.
Voici un petit échantillon de ce récitdont nous
ne voudrions altérer la saveur toute particulière
par aucun commentaire
A peine arrivés, nous nous empressames de
courxr a la grotte. La nuit régnait sans partake.
Le moment était solennelEn face de nous les
Cierges allumés, la statue de marbre de la Sainte-
Vierge, l'église souterraine et l'église supérieure
auteur de nous, quelques habitants de la ville'
quelques jeunes filles vêtues du capulet blanc ou
rouge derrière nous le Gave, qui semblait, en
passant, élever la voix de ses fiots pour rendre
hommage a l'Etoile de la mer. Tout a coup, une
voix fraiche et pure s'éleva et chanta le beau
cantique
J'aurais voulu voir le sceptique en un pareil
moment Tout portait l'ame it Dieu, et l'ame se
sentait heureuse de pouvoir offrir ses adorations
au Créateur en les faisant passer par les mains de
Marie. C'est la même émotion,lamême confiance,
la même paix que j'ayais ressenties a une autre
extrémité de Ja France, sur les montagnes de la
Salette, sur les sommets élevés du Gorgas
Nous étions le 6 octobre, et plus de cinquante
mille personnes étaient a Lourdes parmi elles
figuraient plusieurs évêques, et derrière eux des
centaines de prêtres.
Voila le pèlerinage de la France catholique
La France libre-penseuse et communarde a le sien
le pèlerinage vers l'ex-dictateur de la défense
nationale. La nation frangaise, comme une mer
obéissant a des vents différents, se divise en deux
courantsTun vaa Lourdes et l'autrea Gambetta.
Puisse la France croyante l'emporter sur la
France radicale
Une multitude de plus de mille personnes a vu
la cette année un fait prodigieux. Une mère venait
de loin avec cette confiance et cette-piété qu'ont
seules les mères, portant dans ses bras son enfant
atteint d'une sorte de lèpre affreuse. Elle arrive a
la grotte, élève ses yeux vers l'Immaculée, son
visage rayonne de confiance et d'espéranceelle
se relève, plonge son enfant dans la piscine et l'en
retire entièrement guéri, le corps purifié, la peau
redevenue blanche et rose. Nous avons a démêler
dans cette guérison l'image de la future guérisqn
de la France. L'église est la mèreelle cherche a
plonger sa fille ainée dans les eaux de la misé-
ricorde. La France en sortira purifiée, rajeunie,
sauvée
Voici encore une des fleurs qui émaillent le
récit de M. Collinet
Les gpérisons les plus nombreuses, le? plus
importantes, que Notre-Dame de Lourdes distri-
bue d'une main si large, restent cependant com-
plétement inconnues. Les guérisons de maladies
et d'accidents corporels se voient par les yeux du
corpsmais qui connaitra, qui publiera les yeux
de l'ame, les conversions, les apaisements de pas
sions coupables et rugissantes, les soumissiops a
la volonté de Dieu, les réconciliations, le? paix
de familie, les vocations, les lumières obtenues
aux pieds de PImmaculée
Nous trouvons dans la Patrie des renseigne-
ments au sujet du traité de commerce qui vient
d'être conclu entre la Belgique et la France et
qui s'est négocié dans le plus grand mystère.
Le traité anglais et les trav.aux de la commis
sion internationale qui a siégé a Paris ont enlevé
apx droits compensateurs .ce qui pouvait consti-
tuer un surcroit de protection en faveur de l'in
dustrie frangaise, et le gouvernement beige serait
parvenu a obtenir pour les industries qui inté-
ressent spécialement la Belgique, des garanties
qui sauvegardent les principaux intéréts.
D'abord, les houilles et les fers restent dans la
situation que leur avait faite le traité du premier
mai 1861. A eet égard, le traité anglais ne change
point la condition de ces articles, et il est positif
que la Belgique ne sera pas autrement traitée que
l'Angleterre.
On assure que les effoi-ts des négociateurs
beiges ont eu spécialement en vue de garantir les
intéréts de l'industrie linière et qu'ils ont obtenu
sous ce rapport un résultat satisfaisant.Non-seu-
lement les droits compensateurs, qui frapperont
les tissus de lin, ne seront que Ja représentation
exacte des droits nouveaux qui vont peser sur
l'industrie frangaise, mais encore l'importante
question des types des toiles écrues et ardoisées
aurait été réglée de manière a donner toute sa
tisfaction aux vceux de nos fabricants.
La France aurait obtenu, pour l'industrie de la
laine et du coton, les mêmes garanties que l'An
gleterre, et celle-ci a fait fixer le montant des
droits compensateurs a un taux modéré.
Salut, Viérge immaculée
Brillante Étoile du matin