DE I!i YPIIKS, Dimaoche Onzièmc anoée. i^i0 9. li Mars 1873. PRIX D'ABOiVIEIIEifT POUR LA BELG1QUE 8 francs par an; A fr. 50 par semeslre. Pour I'Etranger, le port en sus. U» Numéro PRIX RES :WSOM i:s Eï DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps clu Journal, 30 centimes* Lk tout payarle d'avance. Paraissanl le dimanche Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre perisée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue Close, n" 1 On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal. La Boite Bit Journal est transferee a partir tie ee jour rue Close, n° 1- YPRESle ler Mars 1873. A quoi done pensons-nous, nous autres journalistes libéraux Nous ne protestons pas contre l'expulsion de M. Mermillod et cepcndant le Bien Public nous affirme que nous devrions protester, si nous voulions ètre consequents avec nos principes. En avons-nous seulement, des principes? Le Bien Public n'en jurerait pas. Nous pensons même que le venerable organe de l'évêque de Gand préfère que nous n'en ayons pas, car si nous en avions, et si nous nous montrions conséquents avec cux, it serait force de reconnaitre que ces principes ont du bon, en certaines circon- stances, et ca lui ferait saigner le cceur. Décidément protestons-nous ou no pro testons-nous pas Examinons d'abord la question. Dans la situation actuelle de l'Europe, les États ne sont absoluinent indépendants del'Église catholique. que dans certains pays protestants, comme i'Angleterre. Partout ou it y a des catlioliques, l'Etat est plus ou moins sounds a l'Eglise et les pays ou,la situation est relativemeut la meilleure, sont ceux oil, comme en Belgiquc, l'Etat n'a con tracts constitutionnellementparlant, d'autre obligation que cellc d'entretenir l'Eglise. Nous disons constitutionnellcment ou théoriquement parlant, parce qu'en prati que, nous sommes esclaves de l'Eglise a plu- sieurs autres points de vue, notamment en matière d'enseignement. Cette situation dans laquelle l'Eglise ne nous doit rien, tandis que nous lui devons le vivre et le couvert, et autre chose encore, cette situation est assez brillante pour elle; néanmoins, elle no l'accepte que contrainte et forcée, et en gémissant sur le malheur des temps. Dans plusieurs autres pays, notamment en France, en Autriche, en Suisse, l'Eglise a exigé davantage. Elle a voulu placer ses représentants dans une situation tout-a-fait privilégiée, les mettrc en quelque sorte au- dessus de la loi commune. L'Etat, en y con- sentant, a dü se réserver certaines garan ties, et tout d'abord le droit d'intervenir dans le choix de ces représentants, sur les- quels, une fois nommés, il ne lui reste aucun moyen d'exercer une action quclconquo. De la les concordats, en vertu desquels, en France, les évêques sont nommés par le gouvernementen Suisse, ils ne peuvent l'être qu'avec son agréation. Mais on sait que les concordats ne sont faits que pour être violés par l'Eglise tout au moins; on sait que la doctrine de l'Université de Louvain consiste a établir que les concordats n'obligent que les Etats et ne lient jamais le pape. C'est cette doctrine quele Bien public nous somme d'accepter en nous mettant en demeure de protester contre l'expulsion de M. Mermillod. Protestons-nous En effet, au terme des contrats interna- tionaux, le pape n'avait pas le droit de nommer, maigré 1'opposition de l'Etat, M. Mermillod vicaire apostolique de Geneve. Lepape l'a fait néanmoins, etM. Mermillod avant déclaré vouloir exercer ses fonctions, il no restait au pouvoir central d'autre moyen qu'une expulsion pour l'en empê- cher. Décidément nous ne protestons pas. Nous pourrions reprocher au conseil d'Etat de n'avoir pas saisi cette occasion trés favorable de décréter la separation absolue de l'Eglise et de l'Etat. Mais de leur cöté, les Suisses pourraient nous répondre Et vous done Vous nous Ia donnez belle, messieurs les Beiges si vous la trouvez si bonne, cette separation, eom- menccz par l'appïiquer chez vous. Eh tournez-vous de grace, et l'on vous répondra. Si seulement le pape n'était pas infail- lible, on pourrait comprendre quelque chose a sa pretention de n'observer les contrats qu'il a conclus que jusqu'au jour oü il trouve avantageux ou commode de les violer. Songez, pourrait-il dire, qu'il y va du salut éternel de tout un pays pcut-on admettre, paree qü'a la legére j'aurais pris tel ou tel engagement, que, recónnaissant mon erreur, je suis forcé néanmoins de livrer en proie au grand diable d'enfer tous ces pauvres Suisses qui n'en peuvent mais. Mais comme le pape est infaillible, comme il ne peut ni se tromper ni s'engager a la legére, ni se repentir d'une resolution qu'il a prise, ces excuses seraient en tons cas inadmissibles. On peut même se demander, étant donnée l'infaillibilité du contractant, s'il peut s'em- pêcher, en signant un contrat, de prévoir a quel jour et a quelle heure il lui sera profi table de le violer, et, cela étant, trouver fort mauvais qu'il n'ait pas, dés lors, lixé comme limite a ses engagements le terme au-dela duquel il n'a pas l'intention de les tenir. Décidément, Bien public, nous regrettons vivement de ne pouvoir vous obligor en cette occasion, mais nous ne pouvons pas procester. On sait que M. de Laveleye, qui s'est fait un nom europeen, a l'lionneur et le privilege d'être aujourd'hui l'objet des injures et des outrages de toute lapresse devote. Qu'elle discute et qu'elle c'ombatte ses opinions, rien de plus légitimemais on connait de longue date les procédés de l'école que les Provinciates ont si cruellement fustigée elle se garde bien de raisonner mais elle affirme que M. de Laveleye n'a ni talent, ni savoir, ni mérite quelconque. Hier encore, le bilieux et grossier Courrier de Bruxellesla doublure du Uien publicparlait des monotones élucubrations que M. de Lave- leye s'évertue a répandre dans toutes les revues, dont rindigencefaitd:ccarï^«*sa prose pen variée, mais en revanche trés soporijique Ces appréciationsplus idiotes encore que méebantes, sont partagées naturellement par le Bien public et par la Gazette de Liégeces grands admirateurs de M. Kervyn de Lettenhove. Et cela se comprendM. de Laveleye donne un exemple qui peut devenir contagieux, et on veut effrayer ceux qui en Belgique affirment les droits de la liberté intellectuelle et scientifique. Ah si M. de Laveleye faisait un cours bien

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L’Opinion (1863-1873) | 1873 | | pagina 1