lure. Ce n'était que tigres, leopards et lions
sur toute la tapisserie. Un jour, avisant le
roi des animaux Ah! c'est toi, dit-il,
qui m'empêches de sortir Attend Ce
disant, illui lance un coupdepoing furieux.
Malheurensement, sa main rencontre un
clou qui lui fait une légere écorchure. Le
tétanos s'y mit: huit jours après il était
mort, par l'excès même -de precaution
employee pour lui conserver la vie.
La morale de ceci, c'est que les nationa-
lités et les enfants doivent ètre laissés en
liberté et courir au grand air. II n'y a rien
de tel pour les faire vivre et les fortifier.
LES SCANDALES NÉCESSAIRES.
Une correspoudance de Rome, adressée a la
Semaine religieuse, commence par ces mots
II est nécessaire qu'il arrive des scandales.
Cette parole du divin maitre nous a consolé bien
des fois, depuis que cette ville sainte est trans-
formée en Babylone. Out, nous ;>vons vu qu'il est
nécessaire que les scandales arrivassent pour que,
la foi des bons fut éprouvée et leurs vertus mises en
relief.
Poiu" ètre donné par une main amie le soufflet
n'enest que plus vigoureux. Ainsi, voila qui est
bien entendu Pour que la foi des bons fut
éprouvée, il était absolument nécessaire que les
scandales financiers Langrandistes fussent mis
au grand jour que les cours d'assises eussent a
connaitre des exploits périodiques des petits
frèresque les torches de St-Genois accomplissent
leur oeuvre de destructionqu'enfin tous les révé-
rends pères de la chrétienté voyageassent avec
leur soeur.
Bonté céleste Et nous qui avions la simplicité
de croire que tout cela n'était pas positivement
fait pour mettre les vertus cléricales en relief
nous versions, parait-il, dans la plus détestable
erreur, et nous n'avons plus qu'a, remercier le
correspondant romain, dont l'écritoire bénit con-
tient des vérités aussi rayonnantes.
Une seule chose cependant met une sourdine a
notre admiration, c'est la crainte de ne point voir
s'y associer entièrement toutes les victimes de ces
scandales dont la bourse n'a pas été moins
éprouvée que la foi et dont les vertus ont été si bien
misestrop mises hélas, en relief,par le célèbre
banquier romain etses saints compères.
LES PRÊTRES MARIÉS.
L'ex-père Ilyacintlie vient d'adresser au Jour
nal des Débats une lettre dans laquelle il déclare
qu'appelé a Genève par le vceu de 300 catholiques
pour y remplir les fonctions pastorales et y prê-
cher les principes du vrai catholicisme, il croit de
son devoir cl'aller remplir cette mission reli
gieuse, ne demandant qu'une seule chose aux gou-
vernements de ce monde la liberté de prêcher
l'Evangile partout oü l'appelleront les catholi
ques résolus a n'abdiquer la foi de leurs pères ni
entre les mains de l'ultramontanisme, ni entre
celles de l'incrédulité.
Cette lettre tres calme et tres digne provoque
de la part du Journal d'Anvers une charge a fond
contre l'ancien dominicain.
Ce moine défroqué, dit-il, a sali et profané
son nom. Calvin, quand il s'en fut a Genève, était
plus franc.
Calvin était exactement dans la même situation
que le père Hyaeinthecomme lui il prétendait
enseigner l'Evangile, comme lui il croyait être
dans les véritables traditions du catholicisme, ou
plutót du christianisme. La seule différence qu'il
y ait entre M. Loyson et Calvin, c'est que ce der
nier était fanatique, avait un tempérament d'in-
quisiteur et que sa mémoire est souillée par l'exé-
cution de Servet, tandis que l'ex-père Hyaeinthe
est un esprit tolérant, profondément religieux,
mais chef chant a concilier la religion aveclarai-
son et contre lequel les cléricaux n'ont d'autre
grief que son refus de s'incliner devant le dogme
nouveau de l'infaillibilité du Pape et... son
mariage.
Quant a l'infaillibilité du Pape, nous passons
condamnation, elle est devenue depuis dix-huit
mois un article de foi qui s'impose a la conscience
des fidèles, mais il n'en est pas de même du
mariage des prêtres, et nous n'avons jamais bien
compris pourquoi les cléricaux se mettenf en
colère quand on leur parle de faire participer le
clergé a un sacrement au moins aussi honorable
que les six autres.
lis devraient se rappeler que le mariage des
prêtres a été pendant des siècles autorisé dans
l'Eglise catholique, qu'aujourd'hui encore il est
usité dans l'Eglise grecque, enfin les scandales
qui se sont produits dans ces derniers temps et
dont les ecclésiastiques ont été les héros, devraient
leur donner a réfléchir et leur faire comprendre
qui si le mariage est une institution divine, c'est
précisément paree qu'il répond a une nécessité a
laquelle l'homme ne peut pas impunément se sou-
straire.
FALSIFICATIONS.
La question de la falsification des denrées ali-
mentaires s'agite en ce moment dans la presse.
On a signalé dans diverses parties du pays, l'exis-
tence de moulins ou l'on ne travaille absolument
que le sable blanc de fa§on a lui donner l'aspect
d'une farine de première qualité. Les meuniers du
canton protestent contre cette allégation. Les
moulins signalés ne seraient employés qu'a la
fabrication des couleurs et des produits chimiques.
Quoiqu'il en soit, une enquête sérieuse est néces
saire. Malheureusement les enquêtes restent sou
vent stériles. La Presse beige dit a ce sujet
Le gouvernement croit avoir fait son devoir
quand il a prié Messieurs les gouverneurs de pro
vince de rappeler aux administrations commu-
nales les lois qui punissent les falsificateurs de
denrées alimentaires et les empoisonneurs publics.
Mais tout le monde sait ce que deviennent ces
sortes de rappel a l'ordre on les regoit respec-
tueusementles conseils communaux disent même
quelquefois qu'il pourrait bien y avoir quelque
chose a faire. Mais, en réalité, dans quatre-vingt-
quinze occasions sur cent, les recommandations
du pouvoir central ne produisent aucun effet.
ij II est done plus que nécessaire que la presse
ne lache point eet ennemi le falsificateur. De
lui-même le public ne peut rien, il faut done
l'aider. A force de répéter qu'on nous empoisonne
et qu'on nous trompe, nous galvaniserons peut-
être les autorités qui ont pour mission de veiller
sur la santé générale.
n On dit que ce ne sont pas les boulangers les
coupables. Peunous importe lesquels sont crimi-
nels mais il est indispensable de les trouver, de
les poursuivre et de les punir, aujourd'huidemain,
toujours. On n'y mettra jamais assez de rigueur
et d'obstination. Que les autorités fassent leur
devoir Que ceux qui ontle droit de voir ouvrent
les yeux II faut que la justice f'asse ce que la loi
lui ordonne.
CI1RONIQUE DES EMPOISONNEURS.
On lit dans YEtoïle beige
Nous ne savons pas si, jusqu'ici, le parquet
s'est mis en action pour réprimer la falsification
des denrées alimentaires. Seulement, notre direc
teur a été cité a comparaitre devant le juge d'in-
struction pour lui révéler le nom d'un de nos cor-
respondants qui a dénoncé certains faits sur
lesquels nous avons appelé l'attention. II va sans
dire que celui de nos collaborateurs qui a comparu
en l'absence du directeur s'est bien gardé de
donner le nom de notre correspondant, car au lieu
de rechercher les falsificateurs, c'est peut-être lui
si pas nous qu'on eüt poursuivi.
oici une nouvelle lettre que nous recevons
d'une personne dont la position est pour nous un
gage de sincérité elle aidera peut-être a mettre
le parquet sur la voie dans laquelle, de toutes
parts, on le sollicite de s'engager dans l'intérêt
de l'hygiène publique
Monsieur le directeur,
A 1 occasion d'un de vos faits divers, je crois
bon de vous fournir des renseignements sur la
falsification des farines et de vous faire palper
l'objet de cette falsification qui fait l'objet d'un
commerce énorme dans la contrée que j'habite.
On peut dire que depuis deux ans que cette fal
sification a pris naissance, elle est aujourd'hui
universelleets'étenda bien d'autres objets qu'aux
farines.
La poudre que je vous enVoie est du sulfate de
barite, extrait de la plaine de Fleurus et moulu
dans un moulin ad hoe.
A la vue et. a l'écrasement entre les doigs, c'est
de la belle farine.
Ledit sulfate n'est connu que depuis deux ans
dans notre contrée il y existe en gisements énor-
mes presque a fleur de terre. On l'extrait comme
de la terre. La réduction en poudre se fait a peu
de frais dans des moulins établis expres.
Le kilo de poudre réduite comme l'échantillon
que je vous adresse ne coüte que quelques centi
mes trois ou quatre.
On en introduit, dans 100 kil. de farines, 10 a
20 kil.
Jugez du bénéfice.
Si je dois croire l'avis de nos médecins, ce sul
fate n'est pas un poison. L'mconvénient qu'il
entraine par un usage continu est la formation de
calculs et pierres dans la vessie et autres trou
bles ce sulfate n'étant pas soluble et ne s'assi-
milant pas, on le constate trés facilement dans la
farine en délayant celle-ci dans de l'eautoute
la partie de sulfate sera précipitée au fond.
Je crois être utile, en vous faisant cette com
munication, a l'intérêt général, persuadé que vous
en tirerez parti pour éclairer le public et les auto
rités.
Agréez, etc.
Nous tenons la boite de sulfate de barite a la
disposition du parquet, qui pourrajuger par lui-
même de l'exactitude de la description qu'en fait
notre correspondant, anonyme comme le précé
dent.
Nous nous en doutions un peu.
II y a a poursuivre des voleurs qui sont des
meurtriers en même temps.
On finira par poursuivre les journalistes.
Les journaux ultramontains ont trouvé un bien
joli motQui mange du Pape en meurt. Et
comme ils ont plus de mots que d'idées, quand ils
en ont trouvé un, ils ne le lachent plus. Toute leur
polémique est la. On leur dit
Ayez un mot, une phrase, quelque chose qu'on
puisse mettre dans tous les journaux du parti et
faire servir tous les jours. Que ce soit court, afin
que les lecteurs le retiennent et qu'ils le répètent
a leur tour en se figurant qu'ils l'ont trouvé. II
n'est pas nécessaire que cela ait le sens commun
c'est la moindre des choses. S'il doit être attribué
a l'adversaire, il n'est pas nécessaire qu'il soit
vrai, cela est encore de peu de consequence. Ce
serait trop exiger que de demander qu'il soit spi-
rituelil ne faut a la presse ultramontaine que du
zèle.
Toute la preoccupation, pour cette presse, est
done de trouver le mot de chaque situation, le
thème on laisse a ceux qui le re§oivent le soin
de le varier.
Qui mange du pape en meurt, c'est, pour
tout journaliste ultramontain, le mot par excel
lence, le grand thème éternel de Fair de bravoure
on vocalise tous les jours la-dessus dans la presse
catholique. C'est d'un faux a faire frémir tous les
gens qui ont un peu d'oreille, car, étant donné
l'état actuel de la Papauté, on pourrait tout aussi
bien dire, et avec plus de raison Qui attaque
le progrès et la liberté, en meurt.
La Gazette du Weser a eu l'extrême bonté de
réfuter a ce propos la presse ultramontaine. Elle
a fait observer que ce ne sont pas les princes qui
ont mangé du pape n qu'on a vu tomber, mais
précisément ceux qu'il avait bénis, ceux qui ne
se conduisaient que selon les inspirations de Rome,
tandis que les puissances qui ont échappé aux
bénédictions pontificales se portent au contraire
assez bien, ainsi que les princes qui les gouver-
nent.
La Gazette du Weser avait cru pouvoir citer
entr'autres l'exemple des nations schismatiques,
protestantes ou libérales l'Angleterre, la Prusse,