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Nous lisons dans REX sous la
signature de Jean Degaume
Je ne saurais mieux définir la cor
poration qu'en transcrivant textuelle
ment ce qu'en dit Mgr. Picard dans
le beau livre qu'il vient d'éditer
REX
Les producteurs, employeurs et
employés, déclare le Pape, ne doivent
plus être groupés selon la place qu'ils
occupent sur le marché du travail,
mais selon leur fonction sociale. C'est-
à-dire que les producteurs du charbon,
ouvriers, contremaîtres, ingénieurs, di
recteurs, administrateurs et actionnai
res, doivent constituer la corporation
charbonnière, et ainsi les producteurs
du fer, les diverses catégories de com
merçants, les agents et les directeurs
de chemin de fer, de même que les
classes de citoyens qui accomplissent
des fonctions d'autre nature que l'é
conomique, tels que les médecins, les
avocats, les professeurs et les institu
teurs.
Autrement dit, les groupements
économiques qui se cristallisent au-
jourd hui autour d idées ou de faits
qui ne sont point strictement écono
miques, doivent se grouper désor
mais autour d'un fait strictement éco
nomique la profession.
Les trusts formés automatiquement
depuis un demi-siecle des ouvriers,
des patrons et des banquiers, ont ame
né une concentration des pouvoirs
qui, compliquant l'infini les rouages
économiques du pays, fait courir les
plus graves dangers l'économie na
tionale.
Les forces économiques en pré
sence sont quelque chose de mon
strueux, qu'il s'agisse soit des ban
ques, soit de la main d'oeuvre. La
solidité de 1 Etat s'en trouve compro
mise, parce qu'il doit compter avec
des forces qui ne sont pas loin de lui
être égales et qui peuvent d'un instant
1 autre, qu on le tâche ou non, par
la violence ou la ruse, devenir les plus
fortes.
Le remède, c'est un regroupement
rationnel des intérêts, lequel automa
tiquement causera une bienfaisante
décentralisation, et pour l'Etat, désor
mais une remarquable facilité d'équili
brer les intérêts qui, dans un régime
corporatif comme partout ailleurs, ne
peuvent manquer de s'affronter.
Aux groupements corporatifs de
vront correspondre des élus de ces as
sociations, des tribunaux spéciaux
l'intérieur des dits groupes et fonc
tionnant d après la méthode spéciale
chaque groupement. Et c'est dans
son sein que seront réalisées toutes
ces entreprises, qui mettent l'Etat mo
derne en perpétuelle difficulté avec
des problèmes trop compliqués pour
lui par exemple les assurances so
ciales, les tribunaux spéciaux, les éco
les techniques, les caisses de pension,
etc.
La plupart des lois sociales se trou
veront réalisées automatiquement. Car
la corporation, cellule vivante et au
tonome, constitutive de l'Etat, pren
dra d elle-même les mesures les plus
propres assurer le bien de ses mem
bres et sauvegarder leur intérêts.
Mais ce n'est pas l'unique bienfait
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du régime futur. La décentralisation
qu'il aura produite aura pour consé
quence immédiate une extraordinaire
facilité des relations économiques. Cel
les-ci sont entravées aujourd'hui par
des causes multiples que peu connais
sent ou qui connues ne peuvent être
supprimées, car il arrive que la loi elle-
même soit un facteur de crise écono
mique. J'ai parlé de la fiscalité.
Mgr. Picard indique en passant un
grand bienfait qu'apportera le régime
futur la nation le redressement
de la conscience professionnelle dont
on sait l'affaissement trop général. Les
organisations sociales actuelles ne sont
plus orientées vers l'utilité propre et
première de l'activité économique,
nous voulons dire le service social,
mais repliées immédiatement et de fa
çon égoïste sur l'intérêt du produc
teur.
Ce n'est pas to-_.t, Car les problè
mes économiques deviendront bien
définis, seront étudiés et résolus par
des compétences. Au moins en prin
cipe.
On ne demandera plus un vété
rinaire de voter une loi fiscale, un
dentiste de s'occuper des problèmes
maritimes et coloniaux.
Chaque élu sera choisi dans la cor
poration. Et il aura grand'chance de
connaître, parce que ce sera son mé
tier, les problèmes propos desquels
il aura légiféré.
La réforme corporative, en brisant
les cadres actuels des organismes poli
tico-religieux pour en faire des grou
pements économiques et politiques li
bérera la religion et les valeurs mora
les, enfouies actuellement dans des
programmes politiques lourds de pré
jugés, de mensonges, d'incompréhen
sion réciproque.
Et cet essor nouveau du spiritualis
me sera d'autant plus vrai, plus réel,
plus fort que, sans-à-coup, facilement,
avec la facilité d'une bille qui dévale
une pente ou d'un fleuve qui suit son
cours, le corporatisme aura relégué la
lutte des classes dans la collection des
vieilles lunes.
Est-ce dire que le corporatisme
soit la suprême perfection Non
point, car celle-ci n'existe pas. Néan
moins, on peut dire qu'il s'adapte évi
demment fort bien aux nécessités des
temps actuels, et d'abord cette dé
congestion indispensable de l'Etat im
personnel, incompétent, irresponsable
et touche tout.
Le corporatisme est la formule nou
velle parce qu'il faut une formule nou
velle. Le parlementarisme a duré un
siècle et demi. Il devait mourir, il
mourra d'inadaptation.
Souhaitons son successeur une
plus efficace prospérité.
Jean DEGAUME.
