CHRONIQUE AGRICOLE
Aux généreux vins de France.
Arsène MEERSDOM-LECOURT
Ce qui justifie la valorisation des céréales.
HONORE DE BALZAC
NOTES SUR LE BLFTROi D'YPRES.
J. A.
Rue du Toucguet, 66, LE BIZET
VINS ORDINAIRES, DE TABLES et VINS FINS, VINS APERITIFS
(A
Nous approchons grands pas de la
moisson et il est urgent que le Gouverne
ment prépare un système de valorisation
qui consolide la situation, hélas trop pré
caire, de nos producteurs.
Ceux qui produisent le pain ont bien
le droit de vivre. Sans doute le Gouver
nement ne méconnaît-il pas que le pays a
des devoirs l'égard de la classe agricole
puisqu'il est intervenu plusieurs reprises,
■en faveur des spéculations animales et de
certaines céréales. Mais en toute objecti
vité, il faut reconnaître que cette interven
tion n'a pas toujours été éclectique et que,
pour le froment et l'orge notamment, elle
fut trop parcimonieuse.
Il est des économistes pour affirmer que
c'est une héresie que d'encourager en Bel
gique la production du froment. Selon eux,
nos agriculteurs se trouvent en état d'infé
riorité vis-à-vis de leurs concurrents des
pays neufs où le prix de revient du fro
ment serait sensiblement inférieur. Cette
thèse ne repose sur aucun fondement nous
en avons fait justice. Tout récemment en
core, M. Delos, professeur l'Institut agro
nomique de l'Etat Gembloux, s'est donné
la peine d'étudier le problème du froment
et il a pu conclure, en comparant le prix
de revient de cette céréale dans les princi
paux pays qui se livrent sa culture, que
l'agriculture belge peut soutenir la
lutte
Il ne fait pas de doute que si les prix
mondiaux ne s'étaient pas abaissés en deçà
du niveau qui correspond au prix de re
vient des producteurs les mieux placés, les
fermiers belges auraient pu se tirer d'af
faire sans réclamer l'intervention de l'Etat.
Malheureusement le prix mondial du fro
ment est déterminé, non par le facteur prix
de revient mais principalement par les sa
crifices que les pays exportateurs s'impo
sent pour écouler en dumping.
Et lorsque l'agriculture belge réclame
une valorisation du froment qui porte
100 fr. par sac la recette totale du produc
teur, nous pouvons affirmer que
1) Cette prétention est légitime. En effet,
n'est-il pas démontré que dans les pays
réputés pour la modicité de leur prix de
revient, celui-ci n'est pas inférieur 100 fr.
Dès lors il est permis de conclure que si
la concurrence qui règne sur le marché
mondial n'était pas faussée par des prati
ques déloyales, les prix ne descendraient
pas. de façon durable, en dessous de 100 frs.
2) Cette prétention est modérée. Il suf
fit pour s'en convaincre, de faire un rap
prochement entre le prix de vente du fro
ment dans les autres pays. C'est encore
l'étude de M. Delos que nous aurons re
cours
Prix de vente du froment dans les
pays voisins (en francs pour 100 kgs.).
Allemagne 168
France 161
Italie
Hollande
Tschécos 1 o vaqui e
Pologne
Suède
Belgique
153.80
180
124.20
82.82
90/40
75 80 fr.
(soit 55 60 fr. prix de vente plus 20 fr.
de prime.
Mais il est un autre argument que les
adversaires de la protection font valoir pour
s'opposer aux mesures qui encouragent la
production du froment. Ils affirment que
les froments indigènes sont de mauvaise
qualité boulangère et les meuniers préci
sent qu'ils sont trop humides et trop pau
vres en gluten. Lorsque la meunerie traite
des froments très secs (Manitoba 13
d'humidité) elle trouve un certain profit
puisque la farine qu'elle livre contient
15 d'humidité. En d'autres termes, elle
vend un produit qui contient 2 d'eau
de plus que les matières premières. Par
contre avec les indigènes, qui atteignent 17-
18 d'humidité, ce surprofit dispa
raît.
Les boulangers marquent également une
préférence pour la farine issue de blés exo
tiques. C'est que le rendement en pains
(nombre de pains que donnent 100 kg. de
farine) est sensiblement plus élevé pour la
farine de blés exotiques que pour celle de
blés indigènes. Si la première fournit par
exemple 138 pains, la seconde n'en fournira
probablement que 134. Les boulangers réali
sent donc, en utilisant la première, un gain
net de 4 pains sur 100 kg. de farine.
Ainsi, meuniers et boulangers s'accordent
pour préférer les froments exotiques aux
indigènes. Mais tout de même ces témoi
gnages, qui s'inspirent tout naturellement
d'un certain égoïsme professionnel, ne suf
fisent pas pour consacrer définitivement la
médiocrité des froments indigènes.
Les éléments que nous avons pu recueil-
lid au cours d'une enquête faite dans une
boulangerie où la farine de froments indi
gènes est employée exclusivement, sont de
nature faire justice de toutes ces critiques.
(Le Sillon Belge).
No 29
pur
Ça mangera donc de la frippe,
dit Nanon.
En Anjou, la frippe, mot du lexi
que populaire, exprime l'accompagne
ment du pain, depuis le beurre étendu
sur la tartine, frippe vulgaire, jusqu'aux
confitures d'halleberge, la plus dis
tinguée des frippes et tous ceux qui,
dans leur enfance, ont léché la frippe
et laissé le pain, comprendront la por
tée de cette locution.
Non, répondit Grandet, ça ne
mange ni frippe ni pain. Ils sont qua
siment comme des filles marier.
Enfin, après avoir parcimonieuse
ment ordonné le menu quotidien, le
bonhomme allait se diriger vers son
fruitier, en fermant néanmoins les ar
moires de sr Dépense, lorsque Nanon
l'arrêta pour lui dire
Monsieur, donnez-moi donc
alors de la farine et du beurre, je fe
rai une galette aux enfants.
Ne vas-tu pas mettre la mai
son au pillage cause de mon neveu.
Je ne pensais pas plus votre
neveu qu'à votre chien, pas plus que
vous n'y pensez vous-même. Ne voilà-
t-il pas que vous ne m'avez aveint que
six morceaux de sucre, m'en faut huit.
Ha Nanon, je ne t'ai ja
mais vue comme ça. Qu'est-ce qui te
passe donc par la tête Es-tu la maî
tresse ici Tu n'auras que six mor
ceaux de sucre.
Eh bien, votre neveu, avec
quoi qu'il sucrera son café
Avec deux morceaux, je m'en
passerai, moi.
Vous vous passerez de sucre,
votre âge J aimerais mieux vous en
acheter de ma poche.
Mêle-toi de ce qui te regarde.
Malgré la baisse du prix, le sucre
était toujours aux yeux du tonnelier,
la plus précieuse des denrées colonia
les, il valait toujours six francs la livre,
pour lui. L obligation de le ménager,
prise sous l'Empire, était devenue la
plus indélébile de ses habitudes. Tou
tes les femmes, même la plus niaise,
savent ruser pour arriver leurs fin,
Aux Xlle et XlIIe siècles, la ville d'Ypres
avait acquis par son industrie un dévelop
pement immense. Les draps d Ypres étaient
connus dans le monde entier. Soutenue par
les Comtes de Flandre, elle possède dès
1127 un marché important, rendez-vous des
marchands européens et même orientaux.
C'est 1 époque où elle prime Bruges et
Gand, que ses corporations, ses métiers et
ses gildes élevèrent le superbe monument
des Halles destiné avant tout aux besoins
sans cesse croissants de leur puissante in
dustrie.
Au centre de l'édifice ils placèrent le
Beffroi, symbole des libertés communales.
La première pierre en fut posée le 1er mars
de l'an 1200 par le Comte de Flandre
Baudouin de Constantinople et son épouse
la Comtesse Marie de Champagne, et par
Herlebalde grand bailli d'Ypres.
Haut de 70 mètres, le majestueux Bef
froi surmonté en 1230 d'un gracieux Cam
panile au dragon et aux aigles dorés était
richement orné de peintures, dorures et
blasons aux temps de prospérité.
Comme le droit d'avoir un Beffroi sur
monté d'un dragon, le droit de posséder une
cloche communale était un privilège exclu
sivement octroyé aux centres de population
jouissant du droit de commune le Cam
panile construit dans le but d'abriter plu
sieurs cloches fut doté plus tard, avant
1377, de petis clokettes venant s'ajou
ter aux autres, clockes déjà anciennes
l'huerclocke, le dagclocke, la werckklocke
et la poorteclocke.
Les sonneries et cadrans de l'horloge du
début du XVe siècle, furent renouvelés
vers 1540. L'ancien voorslag (sonnerie des
heures) fit place un jeu de 16 nouvelles
cloches commandées des fondeurs de Ma-
lines (1543-1547), augmentées et perfec
tionnées dans la suite, pour former enfin
un bon carillon (clockspele) de 25 clo
ches en 1609.
A la place d'honneur du Beffroi figu
rait Notre-Dame de la Halle. Sous l'admi
nistration du Ministre Alphonse Vanden-
peereboom, d'importants travaux de res
tauration furent effectués aux Halles et au
Beffroi, et le 16 septembre 1860, le Roi
Léopold 1er, accompagné du Duc et de la
Duchesse de Brabant et du Comte de Flan
dre, présidait l'inauguration de dix-huit
statues ornant la façade des Halles restau
rées. La série de ces statues au nombre de
45 fut continuée jusqu'en 1875.
Lors des travaux effectués en 1877 au
Campanile, on y fait l'examen des 33 clo
ches qui s'y trouvaient encore en 1914.
En 1909 un second carillon de 35 clo
ches fut placé dans l'étage supérieur du
Beffroi, et inauguré le 15 août par un
brillant concert de Jef Denyn. Le Beffroi
possédait donc avant la guerre 68 cloches.
Dès 1907 on avait entamé, sous l'admi
nistration de Mr le Bourgmestre Colaert,
un savant programme de restauration gé
nérale de tous nos monuments. Travaux
d'art magnifiques qui s'achevaient en 1914
par la restauration du Beffroi.
Ce fut avec un profond chagrin que les
Yprois virent s'effondrer leurs glorieux mo
numents avec leurs trésors de sept siècles
d'art et d'histoire.
Le 22 novembre 1914 les batteries alle
mandes commencèrent vers 10 l/2 h. du
matin la destruction par obus incendiaires
de notre célèbre patrimoine. Vers midi le
Campanile fut le premier touché et son ca
rillon fit entendre son lamentable chant
du cygne.
Le 11 novembre 1918, Ypres, la cité mar
tyre, assiégée durant quatre ans, n'offrait
plus qu'un lamentable spectacle de ruines
accumulées. L'antique cité était complète
ment détruite. De ses grandioses monu
ments il ne restait qu'un amas de débris
calcinés dont seul le Beffroi mutilé émer
geait. Certains archéologues rêvaient de
conserver cette ruine imposante.
Sous l'égide du Roi Albert la ville adop
tée par la nation se releva dès 1920. Après
la reconstruction de la cathédrale St Martin
inaugurée en avril 1930, on entama les tra
vaux de reconstruction du Beffroi inauguré
le 29 par nos souverains Belges le roi
Léopold et la Reine Astrid.
Le 5 août 1933, lors du 550e anniver
saire de la Tuindag, la population yproise
inaugura la nouvelle statue de Notre-Dame
de Tuine au Beffroi.
Le 29 juillet 1934, notre population roya
liste entourera ses souverains bien-aimés,
pour inaugurer en même temps que le
Beffroi, la statue de son regretté Roi-Che-
valîèr Albert 1er et celle de son auguste
compagne notre digne Reine-mère Elisabeth.
GARANTIS D'ORIGINE ET DE BONNE CONSERVATION
Gros LIVRAISON A DOMICILE Détail
Nanon abandonna la question du su
cre pour obtenir la galette.
Mademoiselle, cria-t-elle par la
croisée, est-ce pas que vous voulez de
la galette
Non, non, répondit Eugénie.
Allons, Nanon, dit Grandet en
entendant la voix de sa fille, tiens. Il
ouvrit la mette où était la farine, lui
en donna une mesure, et ajouta quel
ques onces de beurre au morceau qu'il
avait déjà coupé.
Il faudra du bois pour chauffer
le four, dit l'implacable Nanon.
Eh bien, tu en prendras ta suf
fisance, répondit-il mélancoliquement
mais, alors, tu nous feras une tarte aux
fruits, et tu nous cuiras au four tout
le dîner par ainsi, tu n'allumeras pas
deux feux.
Quien s écria Nanon, vous
n'avez pas besoin de me le dire.
Grandet jeta sur son fidèle ministre
un coup d'oeil presque paternel.
Mademoiselle, cria la cuisinière,
nous aurons une galette.
Le père Grandet revint chargé de
ses fruits, et en rangea une première
assiettée sur la table de la cuisine.
Voyez donc, monsieur, lui dit
Nanon, les jolies bottes qu'a votre ne
veu. Quel cuir, et qui sent bon. Avec
quoi que ça se nettoie donc Faut-il
y mettre de votre cirage l'œuf.
Nanon, je crois que l'œuf gâte-
rait ce cuir-la. D ailleurs, dis-lui que
tu ne connais point la manière de ci
rer le maroquin, oui, c'est du maro
quin il achètera lui-même Saumur
et t apportera de quoi illustrer ses bot
tes. J ai entendu dire qu'on fourre du
sucre dans leur cirage pour le rendre
brillant.
C est donc bon manger, dit la
servante en portant les bottes son
nez. Tiens, tiens, elles sentent l'eau de
Cologne de madame Ah c'est-il
drôle.
Drôle 1 dit le maître, tu trouves
drôle de mettre des bottes plus d'ar
gent que n'en vaut celui qui les porte
Monsieur, dit-elle au second
voyage de son maître qui avait fermé
le fruitier, est-ce que vous ne mettrez
pas une ou deux fois le pot-au-feu par
semaine cause de votre...?
Oui.
Faudra que j'aille la bouche-
ne.
suivre