Ypres ressuscitée
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Hebdomadaire Catholique d'intérêt Général
Ire ANNEE No 31. PRIX 35 ceath»*» le numwe. WMANCHE 5 AOUT 1934.
ABONNEMENT UN AN 18 FRANCS
Direction Ch. van RENYNGHE, Ypres. Rédaction-Administration A, BREYNE, 16, rue d'Elverdinghe, Ypres. Compte chèques postaux 4086.97
Disons-le sans détours les fêtes
d Y près furent un gros succès. Nous
ne refons pas un fastidieux compte
rendu analytique de tout ce que nos
lecteurs ont vu dans les rues de notre
ville le samedi 28 et le dimanche 29
juillet. Essayons plutôt de donner
des notes qui fixeront l'atmosphère de
ces journées.
Le mercredi soir déjà des phares
éclairent une des faces du Beffroi.
Lanternes magiques qui préludent au
film splendide qui allait avoir comme
cadre la Ville reconstruite. On se hâte
d'achever la décoration des places et
de parfaire certains détails, tels que
les détails d'architecture de la Don-
kere Poort Les pierres non sculp
tées des pinacles font songer un jeu
de blocs.
De chaque côté des Halles s'élève
une estrade l'officielle et la payante.
Place van den Peereboom une ran
gée de mâts garnis d'oriflammes, une
sobre ornementation de la place Co-
laert et de la Grand'Place donnent
la Ville une parure du meilleur
goût, dont il faut féliciter l'archi
tecte, M. Gits, secrétaire de la sec
tion de l'ornementation.
Chaque soir les essais d'illumina
tion du Beffroi attirent de nombreux
Yprois la Grand'Place. Vendredi
on ne sait où allers Répétition au Ma-
joorgracht de la fête de nuit. Illumi
nation du Beffroi. Et de tous côtés co
mités et conciliabules.
Le temps a l'air de se gâter. C'est
le souci de chacun. Samedi matin
tous les Yprois se promenaient le nez
en l'air, et échangeaient des bulletins
météorologiques, qui n'étaient pas
plus erronés que les bulletins officiels.
Vraiment le temps se gâtait, et
pour la sortie du géant le vent ren
dait bien dure la tâche des porteurs.
A 7 heures du soir la musique Ypria-
na ouvrit la marche, et le bon géant
la longue barbe et la cuirasse
d'argent rentra en ville. Avez-vous re
marqué l'aspect de la foule au départ
du géant Le géant fut reçu par les
vieux Yprois, ceux qui avaient connu
l'autre géant, celui d'avant la guerre.
C étaient pour eux, vingt après, un
rappel joyeux du passé, et une certaine
fierté de représenter la tradition, et
pour certains d'avoir vécu le règne de
trois géants celui qui flamba en
1891, celui qui périt dans les Halles
le 22 novembre 1914, et le géant
d'aujourd'hui qui a troqué le cime
terre des ancêtres contre une épée mo
derne.
Reusje Goliath s'arrêta Grand'
Place et autour de lui dansèrent les
Reuzinnetjes et les Kabouters
Les autorités communales assistaient"
cette danse, et la foule animée ap
plaudissait. Le Géant et le bourgmes
tre étaient face face, la légende du
passé et la simple réalité du présent.
Et Reusje Goliath fit tout le tour
de la ville, guidé par M. Valère Seys,
ordonnateur et grand-maître de la cé
rémonie. Il fut pour le Géant, et son
escorte, et ses lutins, un guide parfait
et qui provoqua tout le long du par
cours de l'entrain et de l'animation.
Le soir concert de Carillon. Foule
la Grand'Place. Quelques gouttes de
pluie, et surtout une panne d'électri
cité éloignant l'Harmonie Ypriana du
kiosque. Elle donne son concert au
Théâtre, où il y a foule également.
Tous s'associent l'aubade faite au
dévoué président M. Aimé Gruwez.
Et 1 on s attarde longtemps encore
Grand'Place. Nouveau concert de ca
rillon, cette fois exécuté par le maître
Jef Denyn. Le Beffroi est splendide.
Cri de fierté d'Ypres ressuscitée, musi
que des cloches qui chantent cette fier
té et cette résurrection. Dentelle de
pierres, cascade de notes. De loin ce
Beffroi blanc, svelte, couronné d'ai
glons dorés, et surmonté du dragon
protecteur, c'est Ypres-la-Belle che
villée au coeur de la Flandre, c'est le
cri indomptable d'un peuple qui veut
vivre dans 1 histoire, fier de son passé,
certain de son présent, confiant dans
son avenir. C est la Flandre dans sa
sérénité qui cache une volonté calme,
obstinée. La Flandre des Communes,
la Flandre de Belgique, la Flandre tou
jours 1
Il y eut bien le samedi soir, après le
Concert de Carillon, une retraite 1830.
Mais il vaut mieux n'en point parler.
C'est le grand jour. Dès huit heures
la place est pleine d'animation. On
garnit les estrades, et il faut féliciter
ies décorateurs. Richesse et bon goût,
l'estrade officielle note plus fraîche
et coloris plus gais pour la seconde
estrade décoration simple et parfaite
l'intérieur de l'Hôtel de Ville.
9 h. l/2. Monseigneur Lamiroy quitte
le Doyenné, et le cortège se rend la
Cathédrale St Martin. Assistance nom
breuse et receuillie. En termes par
faits, M. le Doyen avait invité, le ma
tin, ses fidèles la prière. L'exécution
de la messe 4 voix de Rheinberger
fut parfaite. La chorale mérite les élo
ges qui lui furent prodigués. L'or
chestre, l'orgue tenu par M. Hanoulle,
tout contribua donner cette céré
monie le caractère qu'il fallait. M. le
Doyen avait voulu que le dimanche
29 juillet commençât par une belle cé
rémonie religieuse. Dans notre pays
catholique, en enlevant ce mot toute
acception politique, il n'existe point
de fête vraie, si elle ne commence par
rendre Dieu ce qui appartient
Dieu la consécration de la fête,
l'hommage du fidèle, l'offrande de la
joie.
1 1 heures. Il pleut. Et la foule
arrive, en trains, en autos, de partout.
Beaucoup de Français, surtout de
Dunkerque et d'Hazebrouck.
Midi. La pluie cesse. On annonce
l'arrivée du Roi en train, et non plus
en auto. Une demi-heure avant l'ho
raire prévu. Et les officiels chucho
tent une nouvelle qui provoquera une
grande désillusion. A cause du mau
vais temps et des nuages bas LL. MM.
ne peuvent venir en avion. Comme
Sa Majesté la Reine ne peut s'absen
ter trop longtemps, cause de ses de
voirs de mère, le Roi viendra seul...
T rois heures. Les rues sont noires
de monde sur tout le parcours du cor
tège royal. Combien de milliers, de
dizaines de milliers de personnes la
Grand'Place et la Porte de Menin,
et sur tous les trottoirs et toutes les
fenêtres
Le Roi va arriver Place René Co-
laert. Nous évoquons le nom du bourg
mestre qui a voulu qu'Ypres soit re
construite, comme avant-guerre, entiè
rement. L'artisan de la reconstruction
est présent la fête c'est Jules Coo-
mans. Les morts sont trop vites ou
bliés. M. Coomans nous disait lui-
même Il faut rendre M. Colaert
tout l'immense mérite auquel il a
droit. Sans lui je n'aurais, évidem
ment, rien pu faire Le Roi arrivera
pour la fête de la résurrection d'Ypres
la Place René Colaert. Il est juste
que ce nom soit placé au seuil de cette
cérémonie.
Les autorités attendent, groupées
autour de notre sympathique gouver
neur M. Baels. Nous n'énumérerons
point la liste des noms. Vous l'avez
lue dans la presse quotidienne. Devant
la porte par où passera Sa Majesté,
tous les journalistes sont présents. La
presse du Nord de la France s'est fait
représenter par des collègues char
mants, qui participent aux joies de cette
fête, comme si elle se passait chez eux.
Tous apprécient le geste de M. le Mi
nistre Sap, qui a facilité l'entrée du
pays aux excursionnistes français. Ils
regrettent, cependant, qu'il n'ait pas
été fait plus de publicité autour de
cette mesure.
Le train royal est en gare Bruit
dans la foule. Et ici ce sont tous les
anciens combattants d'Ypres et de l'ar
rondissement.
La porte s'ouvre. Clameur immen
se. Vive le Roi I Entouré de sa suite,
le Roi se dirige aussitôt vers les an
ciens combattants. Pendant un quart
d'heure d'émotion intense, le Roi s'ar
rête devant les Présidents des déléga
tions, les Invalides, reçoit des fleurs,
écoute des compliments. Et chaque fois
des cris enthousiastes. Quand Sa Ma-
LA SEMAINE PROCHAINE
DANS LE SUD
Un article sur la suppression de la ligne
Armentières-Comines.
Une page sur le Centenaire du Collège
St Vincent Ypres.
Le compte rendu de l'excursion franco-
belge Marche-les-Dames et Lae-
ken.
Une nouvelle lettre de l'abbé Pecquet.
Un article sur les routes de l'arrondisse
ment d'Ypres.
jesté a passé toutes les délégations en
revue Elle monte dans l'auto royale.
L'enthousiasme est débordant. A
côté du Roi, le Comte de Broqueville
a pris place, toujours jeune, toujours
souriant. Les autos se mettent en
marche, et ce sera triomphal tout la
long du parcours. L'auto s'arrête de
temps autre un enfant remet des
fleurs au Roi. Scène touchante. Ova
tion. Ici c'est une délégation des
amitiés franco-belges de Lille. Le cor
tège arrive Grand'Place. L'ovation est
assourdissante. Tout le long de la rue
de Lille, ce n'est qu'un cri d'enthou
siasme.
On tourne par la rue Patteel, et le
parcours prend un caractère intime
dans ces rues étroites, dans la rue Buk-
ker et la rue des Chiens. C'est un
dialogue entre le peuple qui crie Vi
ve le Roi et Sa Majesté qui remer
cie en saluant.
Grand'Place. Explosion d'une foule
immense. Le Roi est visiblement ému
le Premier Ministre est rayonnant de
joie.
Réception l'Hôtel de Ville. M.
Vander Ghote souhaite la bienvenue
au Roi. Présentation des personnalités.
Le Roi fait toutes une grande impre»-
sion. Son attitude est vraiment royale
très simple, d'une dignité faute d'ai
sance, de bonté, et avec un magnifi
que regard qui lui attache si profondé
ment tout son entourage. Pour chacun
il a un mot aimable familier. Au
bourgmestre il demande si la culture
ne souffre pas trop de cet été sec. Au
bourgmestre de Zuydschoote, il rap
pelle la cérémonie de Steenstraete.
Ce sont tous les bourgmestres de le
région. Le Roi s'entretient quelques
minutes avec Mlle Keingiaert. Il signe
le registre et quitte l'Hôtel de ville
pour aller pied jusqu'à l'estrade
royale. Nouvelle explosion d'enthou
siasme.
Le Roi arrive la Tribune offi
cielle, et aussitôt le Bourgmestre lui
adresse un discours, auquel Sa Majesté
LISEZ DANS a LE SUD
Page 2 Ypres ressuscitée (suite).
Chronique d'Ypres.
Page 3 Programme des fêtes com
munales d'Ypres.
Page 4 Chroniques de C on unes
Wervicq Ploegsteert Le Bi-
zet.
Page 5 Ypres Distribution des prix
au Collège St Vincent.
Page 6 Page de la femme.
Page 7 Chronique d'Ypres (suite)
Discours de M. Vander Ghote et
de S. M. le Roi). Feuilleton.
Page 8 Programmes choisis de T.
S. F.
Page 9 Chronique de Bizet-Ploeg-
steert Cyclisme Annonce no
tariale.
Page 10 Ypres Distribution des prix
l'Ecole de Musique Annonce
notariale.
Page 11 Chronique sportive. Chro
nique agricole.
Page 12 Chronique de Mouscron.
