Eugénie 6MMET
SALVATOR
8izet=Pioegsîeert
CHRONIQUE AGRICOLE
Comment les Parlementaires apprécient
les froments indigènes
Nous ne pouvons songer repro
duire toutes les lettres qui nous sont
parvenues la suite de notre envoi
de pain indigène MM. les Ministres
et Parlementaires. Faute de place, nous
devons nous borner n'en donner que
quelques-uns. La grande presse a bien
voulu signaler également notre initia
tive et nous tenons remercier nos
confrères, qui ont bien voulu nous
faire écho.
Monsieur le Directeur, Je vous re
mercie vivement de votre gracieux
envoi. I ai apprécié beaucoup votre
pain de froment indigène, ses qualités
organoleptiques et sa conservabilité
remarquable ont mis en évidence et
vulgarisé la valeur indiscutable des
bons froments belges. Votre initiative
est particulièrement heureuse et je
vous en félicite.
signé G. Mullie, sénateur.
Monsieur le Directeur, Je m'em
presse de vous remercier de l'excel
lent pain que vous avez bien voulu
m'envoyer. Je souhaite que tous les
belses puissent en manger du pareil
et je vous félicite chaleureusement
pour la campagne que vous menez en
vue de la valorisation des cultures cé-
réalières et de la consommation du
pain provenant de froment belge.
Continuez, persévérez, nous députés
agricoles, nous vous soutiendrons de
toutes nos forces car le salut de l'agri
culture est ce prix.
signé Maenhout, député.
Monsieur le Directeur 11 ne m'a pas
été possible de vous accuser plus tôt
réception du pain que vous avez bien
voulu m'envoyer et je m'en excuse. Ce
pain était excellent et confirme ce que
je ne cesse de répéter, savoir qu'on
devrait, en Belgique, faire une con
sommation plus élevée de froment in-
dieène dans la fabrication de notre
pain. Comme vous, Monsieur le Direc
teur, je voudrais aue tous les Belges
sachent qu'on peut sans inconvénient
aucun, consommer du pain fait de pur
froment belge.
Agréez, Monsieur...
Signé de Burlet, député.
Messieurs, je vous adresse mes re
merciements pour le pain que vous
m'avez envoyé et que moi-même et
tout mon entourage avons trouvé ex
cellent.
Signé Vicomte Simonis, Sénateur.
Monsieur le Directeur du Sillon
Bel^e. Je tiens vous dire que j'ap
prouve complètement l'initiative que
vous avez prise d'envover un excel
lent pain indigène. Celui qui m'était
destiné est parvenu ici pendant mon
absence en Scandinavie, mais il fut
très apprécié des miens. Encore une
fois merci et bien sincères félicitations.
Signé E. de Pierpont, député.
Monsieur le Directeur du Sillon
Belge. Je tiens vous remercier pour
l'envoi de l'excellent pain de froment
indigène. La qualité de cet échantil
lon était telle que je regrette vraiment
qu'il ne nous soit pas possible, nous
citadins, de consommer régulièrement
du pain de froment indigène. Ceux qui
auront dégusté celui-ci n'apprécieront
plus guère le pain de ville. Au sur
plus votre initiative aura pour consé
quence de faire revenir beaucoup de
mes collègues sur un préjugé hostile
l'emploi du froment indigène en
meunerie.
Veuillez... Signé (Illisible), député.
'S
Rédaction du Sillon Belge. Mes
sieurs, J'ai bien reçu dimanche le pain
fait au moyen de froment belge, que
vous avez bien voulu m'envoyer, et
je vous remercie de cet envoi. Ce pain
était de toute nremière qualité, et je
regrette de n'avoir plus souvent l'oc
casion d'en déguster d'aussi bon.
Recevez... (Signé (Illisible), sénateur.
Messieurs. Je vous accuse bonne ré
ception du pain que vous avez bien
voulu m'envoyer et que j'ai trouvé
excellent. Je n'ai d'ailleurs jamais
douté de la possibilté de faire du bon
pain avec du froment indigène. Mais
je regrette qu'en général nos boulan
gers ne nous vendent que du pain
beaucoup moins bon aue le vôtre.
Agréez, Messieurs, avec mes remer
ciements... Signé: E. Rubbens, député.
Du Député Piercot, dans le journal
La Hesbaye Le pain que le
Sillon Belge a envoyé aux Ministres et
aux parlementaires était d'aspect ma
gnifique et d'un goût exquis et ainsi
il a été coupé court cette légende
répandue dans les villes, suivant la
quelle le pain fabriqué au moyen de
froment belge serait de qualité infé
rieure celui ne contenant que de la
farine exotique. Ce journal repro
duit en entier la lettre que nous avons
envoyée aux Ministres et Parlemen
taires.
DECHAUMER C'EST EXCELLENT,
MAIS C'EST INSUFFISANT.
On peut augmenter l'efficacité de cette
pratique culturale en épandant sur chau
mes un produit bon marché susceptible de
détruire les mauvaises herbes en germina
tion, les larves d'insectes et les spores des
champignons nuisibles.
Les produits tout indiqués, surtout cette
année cause de leur prix exceptionnelle
ment bas, sont la sylvinite-kaïnite et le
chlorure de potassium, dont l'action net
toyante est connue de tous les bons pra
ticiens, et dont l'action fertilisante n'est
plus démontrer.
Suivant les cultures envisager, on ap
pliquera de 1000 1500 Kg. de sylvi
nite-kaïnite par hectare, ou bien 300
500 Kg. de chlorure de potassium.
Les prix des grains ont heureusement
haussé, tandis que les prix des sels de po
tasse sont exceptionnellement bas.
CONCLUSION. Ne laissez pas un
seul hectare de céréales sans y appliquer
une bonne dose d'engrais potassiques.
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LE PROBLEME QUI SE POSE
Voici qu'approche une heure grave pour
les parents celle où ils devront faire choix
d'une école pour leurs enfants.
Les parents ne peuvent échapper l'o
bligation de ce choix mais ils sont li
bres dans ce choix.
Il aura une importance considérable sur
la formation de leurs enfants, et par con
séquent, sur leur avenir. Les parents ne
s'en convaincront jamais assez leur dé
termination cet égard est lourde de con
séquences. Leur amour et la conscience de
leurs responsabilités doivent les guider.
L'école n'est pas une institution auto
nome, juxtaposée ou superposée au foyer.
C'est son complément naturel, destiné
coopérer avec lui l'œuvre capitale entre
toutes de l'éducation.
L'éducation n'est pas l'affaire de quel
ques instants, ou de préoccupations inter
mittentes. C'est une entreprise continue,
et longue, qui ne peut s'imaginer rai
sonnablement et se poursuivre efficacement
qu'à la condition essentielle d'être conçue
suivant une doctrine, et réalisée dans la
constante harmonie de ses principes.
L'éducation est un monument. Les pa
rents en sont l'architecte c'est eux qui doi
vent dresser les plans et déterminer la na
ture des matériaux. Mais pas plus que l'ar
chitecte ne construit lui-même, les parents
ne peuvent assurer seuls leur tâche éduca-
trice. L'architecte fait exécuter ses plans
par un entrepreneur qu'il dirige et qu'il
contrôle les parents, de leur côté, recou
rent la collaboration de l'instituteur.
Les parents sont davantage que l'archi
tecte ils sont les maîtres de l'ouvrage.
Toute participation leur œuvre relève de
leur direction et de leur contrôle un de
gré suréminent. Car il ne s'agit pas d'éri
ger un édifice périssable, dont les malfa
çons peuvent se corriger ou s'atténuer par
quelques retouches ultérieures il s'agit de
préparer la forme définitive d'une œuvre
qui, plus tard, ne se prêtera plus guère
des corrections notables.
L'architecte qui conçoit un édifice dont
le faîte s'élancera très haut dans le ciel
prévoit des fondations profondes, assises
sur le roc ou le béton. L'éducateur qui am
bitionne de conduire une conscience d'en
fant vers les sommets doit, lui aussi, pro
portionner l'étendue et la profondeur de
ses fondements l'altitude qu'il souhaite
voir atteindre par son enfant ou son dis
ciple.
Voilà le problème que soulève le choix
de l'école.
C'est en fonction de l'enfant (c'est-à-
dire de l'homme) le problème des fonde
ments ou, en d'autres termes, de la doc
trine qui l'inspirent.
Ch. du BUS de WARNAFFF.
No 33
par
HONORE DE BALZAC
Combien tu es bonne, ma chère
maman I
Ces paroles firent îayonner le vieux
visage maternel, flétri par de longue
douleurs.
Le trouves-tu bien demanda
Eugénie.
Madame Grandet ne répondit que
par un sourire puis, après un mo
ment de silence, elle dit voix basse
L'aimerais-tu donc déjà Ce
serait mal.
Mal, reprit Eugénie, pourquoi
Il te plaît, il plaît a Nanon, pourquoi
ne me plairait-il pas Tiens, maman,
mettons la table pour son déjeuner.
Elle jeta son ouvrage, la mère en
fit autant en lui disant
Tu es folle
Mais elle se plut justifier la folie
de sa fille en la partageant. Eugénie
appela Nanon.
Quoi que vous voulez encore,
mademoiselle
Nanon, tu auras bien de la crème
pour midi.
Ah pour midi, oui, répondit la
vieille servante.
Eh bien, donne-lui du café bien
fort, j'ai entendu dire monsieur des
Grassins que le café se faisait bien fort
Paris. Mets-en beaucoup.
Et où voulez-vous que j'en
prenne
Achètes-en.
Et si monsieur me rencontre
Il est ses prés.
Je cous. Mais monsieur Fessard
m'a déjà demandé si les rois Mages
étaient chez nous, en me donnant de
la bougie. Toute la ville va savoir nos
déportements.
Si ton père s'aperçoit de quel
que chose, dit madame Grandet, il est
capable de nous battre.
ELH bien, il nous battra, nous
recevrons ses coups genoux.
Madame Grandet leva les yeux au
ciel pour toute réponse. Nanon prit
sa coiffe et sortit. Eugénie donna du
linge blanc, elle alla chercher quel
ques-unes des grappes de raisin qu'elle
s'était amusée étendre sur des cor
des dans le grenier elle marcha lé
gèrement le long du corridor pour ne
point éveiller son cousin, et ne put
s'empêcher d'écouter sa porte la res
piration qui s'échappait en temps
égaux de ses lèvres. Le malheur
veille pendant qu'il dort, se dit-elle.
Elle prit les plus vertes feuilles de la
vigne, arrangea son raisin aussi co
quettement que l'aurait pu dresser un
vieux chef d'office, et l'apporta triom
phalement sur la table. Elle fit main
basse, dans la cuisine, sur les poires
comptées par son père, et les disposa
en pyramide parmi les feuilles. Elle
allait, venait, trottait, sautait. Elle au
rait bien voulu mettre sac toute la
maison de son père mais il avait les
clefs de tout. Nanon revint avec deux
oeufs frais. En voyant les œufs, Eugé
nie eut l'envie de lui sauter au cou.
Le fermier de la Lande en avait
dans son panier, je les lui ai deman
dés, et il me les a donnés pour m'être
agréable, le mignon.
Après deux heures de soins, pen
dant lesquelles Eugénie quitta vingt
fois son ouvrage pour aller voir bouil
lir le café, pour aller écouter le bruit
s
que faisait son cousin en se levant, elle
réussit préparer un déjeuner très
simple, peu coûteux, mais qui déro
geait terriblement aux habitudes in
vétérées de la maison. Le déjeuner de
midi s y faisait debout. Chacun prenait
un peu de pain, un fruit ou du beurre,
et un verre de vin. En voyant la tablé
placée auprès du feu, l'un des fau
teuils mis devant le couvert de son
cousin, en voyant les deuxassiettées
de fruits, le coquetier, la bouteille de
vin blanc, le pain, et le sucre amon
celé dans une soucoupe, Eugénie
trembla de tous ses membres en son
geant seulement alors aux regards que
lui lancerait son père, s'il venait ren
trer en ce moment. Aussi regardait-
elle souvent 11 pendule, afin de calcu
ler si son cousin pourrait déjeuneT
avant le retour du bonhomme.
Sois tranquille, Eugénie si ton
pere vient, je prendrai tout sur moi,
dit madame Grandet.
Eugénie ne put retenir une larme.
Oh ma bonne mère, s'écria-
t-elle, je ne t'ai pas assez aimée I
(A suivre).