Veille d'échéance "AU SUD" AVIS AUX CULTIVATEURS, ABONNEZ-VOUS CHRONIQUE AGRICOLE L'AGRICULTURE ET LES POUVOIRS SPECIAUX. Le monde agricole attend avec impatience, et une impatience grandissante, la décision du gouvernement sur deux problèmes d'une importance considérable, posés depuis des mois la valorisation des céréales et la dé fense de la betterave sucrière. Les semaines passent, et malgré certai nes promesses la veille du vote des pou voirs spéciaux, les agriculteurs, gens pa tients et tranquilles, ne voient rien venir. La moisson est terminée et l'on se de mande toujours quelle est la formule de valorisation des céréales, qui sera adoptée •et qui doit avoir pour but d'essayer d'amé liorer l'équilibre entre nos productions ani males et végétales. Le gouvernement n'igno re certainement pas les vœux des agricul teurs, ni les conclusions des études aux quelles ils se sont livrés, par exemple la Commission de la Chambre d'Agricul ture du Brabant. Pour ce qui concerne la betterave sucre, le silence du gouvernement est tout aussi étrange et inquiétant. Dans quelques jours, la récolte sera commencée et les sucreries vont se mettre l'œuvre... Le monde agricole est inquiet et il ne laisse pas de manifester son inquiétude. On le serait moins, il faut en con venir. On annonce un grand discours du Mi nistre de l'Agriculture Namur, diman che prochain, l'Assemblée générale de l'Alliance Agricole Belge. Nous esperons que M. Van Cauwelaert saisira cette occa sion pour définir sa politique sur ces ques tions capitales, qui ne peuvent plus rester sans solution. Nous ne voulons pas croire que certaine campagne de presse, très récente, soit pour quelque chose dans le silence du gouver nement, ou même dans le retard qu'il met 1 se prononcer. Nous ne sommes plus il faut l'es pérer en 1930, au temps où l'on essayait encore de garer la question de la péré quation du droit d'entrée sur l'avoine, sous CULTIVATEURS, commandez l'avance vos engrais potassiques, car la demande est tellement forte, cette année qu'en achetant tardivement vous risquez de ne pas être servis en temps utile. No 38 EipH MUET par HONORE DE BALZAC Eugénie frissonna en entendant son père s exprimant ainsi sur la plus sainte des douleurs. Dès ce moment, elle commença juger son père. Quoi que assourdis, les sanglots de Charles retentissaient dans cette sonore mai son et sa plainte profonde, qui sem blait sortir de dessous terre, ne cessa que vers le soir, après s'être graduelle ment affaiblie. Pauvre jeune homme I dit ma dame Grandet. Fatale exclamation Le père Gran det regarda sa femme, Eugénie et le sucrier il se souvint du déjeuner ex traordinaire apprêté pour le parent malheureux, et se posa au milieu de la salle. Ah j'espère, dit-il avec son calme habituel, que vous n'allez pas continuer vos prodigalités, ma dame Grandet. Je ne vous donne pas le hangar commode du Conseil économi que. La manœuvre cependant a échoué. Nous ne sommes plus en 1931, cette même Assemblée générale de l'Alliance Agricole Belge Namur, où tout le monde, y compris le Ministre de l'Agriculture d'a lors, M. Van Dievoet, croyait, disons mê me pour serrer la réalité des choses de plus près, avait la certitude que la valori sation du froment était acquise et qu'elle serait réalisée au cours de la semaine Au cours de cette semaine-là, on apprit avec stupeur que la valorisation du fro ment réalisée dans tous les pays d'Eu rope, cette époque venait d'être tor pillée Bruxelles au Conseil des ministres. Nous avons connu depuis des systèmes de valorisation boiteux et honteux, améliorés sans doute d'année en année, mais qui n'ont jamais constitué un régime normal et com parable ceux dont jouissent les agricul teurs de tous les autres pays, même de ceux pour lesquels les céréales sont beaucoup moins importantes que pour nous, la Hol lande par exemple. Nous ne rappelons pas ces souvenirs dé cevants pour nous donner le plaisir facile, mesquin et stérile, de récriminer envers et contre tout. La critique est facile mais l'art est difficile. Nous le savons. On doit ce pendant convenir qu'au cours des dernières années, les agriculteurs se sont exercés aux vertus de patience et de résignation. N'est- il pas établi et démontré qu'ils ont vu se réaliser sur leur dos dans ce qu'elle avait sans doute de réalisable, suivant la ligne de moindre résistance la politique de déflation du gouvernement, cette poli tique que jugeait, hier encore, en termes tout fait caractéristiques, la plus haute mon argent pour embucquer de sucre ce jeune drôle. Ma mère n'y est pour rien, dit Eugénie. C'est moi qui... Est-ce parce que tu es ma jeure, reprit Grandet en interrompant sa fille, que tu voudrais me contra rier Songe, Eugénie. Mon père, le fils de votre frère ne devait pas manquer chez vous de. Ta, ta, ta, ta I dit le tonnelier sur quatre tons chromatiques, le fils de mon frère par-ci, mon neveu par- là. Charles ne nous est rien, il n'a ni sou ni maille son père fait faillite et quand ce mirliflor aura pleuré son soûl, il décampera d'ici je ne veux pas qu'il révolutionne ma maison. Qu'est-ce que c'est, mon père, que de faire faillite demanda Eugé nie. Faire faillite, reprit le père, c'est commettre l'action la plus déshono rante entre toutes celles qui peuvent déshonorer l'homme. Ce doit être un bien grand pé ché, dit madame Grandet, et notre frère serait damné. Allons, voilà tes litanies, dit-il autorité financière du pays pour l'appe ler par son nom. A certains moments, il faut savoir faire le point et tirer la leçon des expériences vécues. Nous sommes arrivés un de ces mo ments-là pour ce qui concerne la politique agricole. Et que dire de nos méthodes dans les négociations avec les pays étrangers Il ne se passe pas de jour que nous ap prenions par les journaux, par quelque va gue communiqué d'agence, que des pour parlers se nouent, se dénouent ou se re nouent Paris, Berlin, La Haye, Copenhague. Mais c'est tout ce que nous en savons, moins que nous ayons la bonne fortune d'apprendre les résultats de ces né gociations par la presse étrangère... Nous ne mettons pas en cause la bonne volonté, Îi même la compétence de ces négociateurs, eur tâche est difficile. Sous de pompeuses étiquettes, c'est une guerre économique que nous vivons au jour le jour. Nous savons ce que valent, dans la simple réalité des choses, les mensonges conventionnels, peut- être nécessaires et inévitables, qui servent de toile de fond ces négociations qui ne sont que des marchandages. Nous le sa vons pour l'avoir appris par l'expérience, et les agriculteurs en ont fait souvent les frais. Que de fois n'ont-ils pas été mis devant le fait accompli Nous devons réformer nos méthodes de préparation de ces négociations commercia les avec l'étranger. Certains pays nous don nent des exemples et nous dispensent de faire un effort d'imagination cet égard. La Hollande par exemple a créé un In stitut central pour favoriser les relations commerciales normales entre la Hollande et l'Allemagne comprenant les délégués des principaux groupements de producteurs in dustriels, agricoles et commerçants. Les ré sultats ont été si concluants que la com pétence de cet organisme a été étendue et sa femme en haussant les épaules. Faire faillite. Eugénie, reprit-il, est un vol que la loi prend malheureuse ment sous sa protection. Des gens ont donné leur denrées Guillaume Gran det sur sa réputation d'honneur et de probité, puis il a tout pris, et ne leur laisse que les yeux pour pleurer. Le voleur de grand chemin est pré férable au banqueroutier celui-là vous attaque, vous pouvez vous défen dre, il risque sa tête mais l'autre... Enfin Charles est déshonoré. Ces mots retentirent dans le cœur de la pauvre fille et y pesèrent de tout leur poids. Probe autant qu'une fleur née au fond d'une forêt est dé licate, elle ne connaissait ni les maxi mes du monde, ni ses raisonnements captieux, ni ses sophismes elle ac cepta donc l'atroce explication que son père lui donnait dessein de la faillite, sans lui faire connaître la dis tinction qui existe entre une faillite in volontaire et une faillite calculée. Eh bien, mon père, vous n'a vez donc pu empêcher ce malheur Mon frère ne m'a pas consulté. D'ailleurs, il doit quatre millions. Qu'est-ce que c'est donc un généralisée. Il est devenu l'Institut cen tral pour favoriser les relations commercia les entre la Hollande et les autres pays Chez nous, c'est le Ministère des Affaires étrangères qui assure les relations commer ciales avec les pays étrangers. Il consulte le Ministère de "Agriculture. Il demande sa collaboration quand il s'agit de ques tions agricoles et qu'il estime devoir le faire. Ce système pouvait peut-être suffire autre fois, en période normale. Il se révèle in suffisant et inadapté aux conditions et cir constances de la bataille économique d'au jourd'hui. Car il n'y a pas que des mesures prendre contre tous les procédés de con currence déloyale, il faut encore veiller maintenir ces mesures toute leur effi cacité. Ce travail demande une action con stante, rapide et énergique. On n'exagère pas en disant qu'il n'en a pas toujours été ainsi Il est certain, par exemple, que les né gociations en cours avec l'Allemagne, la Hollande, la France, le Danemark, les Etats- Unis auront des conséquences sur l'éco nomie agricole. Les agriculteurs se deman dent quelles seront ces conséquences. Rien ne leur permet de s'en, rendre compte. Ce ne serait pas le cas pour nos voisins du Nord. Dimanche prochain, M. Van Cauwelaert parlera Namur. Des milliers d'agricul teurs iront l'écouter, parce qu'ils désirent savoir et qu'ils veulent être fixés. Les parlementaires agricoles ont voté les pouvoirs spéciaux, il y a trois mois, dans un large geste de confiance et de néces sité. Nous espérons que l'orateur de grand ta lent qu'est M. Van Cauwelaert se sou viendra cette tribune qu'il est le Ministre de l'Agriculture belge et que les paroles seules ne suffisent pas. Louis DELVAUX (Le vingtième siècle.) Pour profiter des bas prix de la POTASSE appliquez dès maintenant sur chaumes les sels de potasse destinés aux cultures du printemps. million, mon père demanda-t-elle avec la naïveté d'un enfant qui croit pouvoir trouver promptement ce qu'il désire. Deux millions dit Grandet, mais c'est deux millions de pièces de vingt sous, et il faut cinq pièces de vingt sous pour faire cinq francs. Mon Dieu I mon Dieu I s'écria Eugénie, comment mon oncle avait-il eu lui quatre millions Y a-t-il quel que autre personne en France qui puisse avoir autant de millions (Le père Grandet se caressait le menton, souriait, et sa loupe semblait se dila ter.) Mais que va devenir mon cousin Charles Il va partir pour les Grandes- Indes, où selon le vœu de son père, il tâchera de faire fortune. Mais a-t-il de l'argent pour aller là Je lui payerai son voyage... jusqu'à... oui, jusqu'à Nantes. Eugénie sauta au cou de son père. Ah mon père, vous êtes bon, vous (A suivre). Cultivateurs Si vous voulez devenir propriétaires d'une ferme, de terrains, rembour- ser des hypothèques intérêt élevé, ou augmenter votre cheptel. Adressez-vous au Comptoir Agricole sous la garantie de U Caisae d'Épargne et de retraite de l'Etat. Conditions très avantageuses remboursable par 14 annuités. INTÉRÊTS 4.2S pour les capitaux jusque et y compris 20.000. 4.75 pour les capitaux maximum 60.000 Réduction 50 de frais d'enregistrement. AdreM".T0"ri^n%0.7énér^ 24, Rue de Stuers, 24, YPRES Renseignements gratuits même par correspondance. Bureau ouvert les lundi, mercredi, samedi de 8 U, 12 heures.

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Le Sud (1934-1939) | 1934 | | pagina 7