CHRONIQUE AGRICOLE
QUAND ON SE DÉBROUILLE.
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TRIBUNAUX AGRICOLES
Dans le tome II du Traité d'Eco
nomie rurale par Alb. DELOS, ingé
nieur agronome et Professeur l'Insti
tut agronomique de Gembloux, qui
vient de paraître, nous trouvons sous
ce titre un chapitre de haute impor
tance. Le voici
Nous ne pouvons clôturer cette étude
du Bail ferme sans reprendre cette ques
tion des Tribunaux Agricoles, depuis long
temps posée, méditée et... restée sans écho.
11 semble que les circonstances actuelles lui
donnent un regain d'intérêt C'est que
les multiples problèmes de Technique agri
cole et d'Economie rurale déjà étudiés, ver
sés récemment dans le domaine de la pra
tique, appellent l'intervention d'agronomes
spécialistes loi relative au commerce des
substances fertilisantes et alimentaires, des
semences, indemnité au fermier sortant avec
ses multiples aspects, taux de fermage, bail
mobile, index agricoles etc... et ce dans
une mesure comparable aux affaires com
merciales, relevant des Tribunaux de Com
merce.
Certains projets de loi relatifs aux tribu
naux agricoles, ne visent qu'à la constitu
tion de prud'hommes agricoles ayant
pour mission de résoudre les différends sur
gissant entre ouvriers et patrons d'autres
envisagent en plus, les difficultés entre pro
priétaires et fermiers enfin il y a des pro
jets visant la création de Tribunaux agri
coles constitués l'instar des Tribunaux de
Commerce comme il en existe chez nous
ceux-ci auraient pour mission de trancher
les difficultés entre personnes s'occupant
d'agriculture, du chef d'entreprises agri
coles.
En Angleterre, une juridiction agricole
spéciale, étayée sur la création du corps d'ex
perts agronomes, continue donner de pré
cieux résultats (v. pages 266 - 267).
En Belgique une première solution a été
préconisée au Conseil Supérieur d'Agricul
ture. Elle s'inspire du fait que l'on se trou
verait arrêté dans notre pays par l'art. 94
de la Constitution, en venu duquel il ne
peut être créé des Commissions ni de tri
bunaux extraordinaires sous quelque déno
mination que ce soit...
Il y a lieu de noter que l'institution
des Tribunaux de Commerce datant d'a
vant notre indépendance et la Constitution,
n'a fait que reconnaître une situation exis
tante.
Dès lors la solution consiste en ceci
Au lieu d'entériner, le Juge de Paix
serait aidé de deux assesseurs compétents en
matières agricoles, nommés par le Ministre
de la Justice, sur proposition des Chambres
d'Agriculture, assesseurs choisis, par exem
ple, parmi les ingénieurs agronomes spé
cialisés
le Juge seul déciderait, mais on pour
rait stipuler que son jugement a été rendu
de l'avis conforme de ses adjoints.
Les avantages sont évidents
a) au lieu que des rapports d'experts dé
cident du sort d'un procès, ici le Juge
(tout en suivant la même procédure no
mination d'experts) serait éclairé de
ses deux assesseurs pour discussion, et pour
tendre donc un jugement plus conforme
la réalité des choses
b) la solution des litiges par voie de
conciliation plutôt que par voie de procès
serait plus fréquente l'adjonction de deux
personnes compétentes en matière agricole
donnerait certes plus de poids aux efforts
conciliants du Juge, et plus de confiance
aux partis en cause.
La seconde solution qui avait d'ailleurs
prévalu au Conseil Supérieur est plutôt d'ac
tualité.
Elle consiste simplement créer de tou
tes pièces les Tribunaux agricoles, l'instar
des Tribunaux de Commerce.
Il faut reconnaître que malgré la criti
que dont ceux-ci ont été l'objet, les prin
cipaux intéressés apprécient beaucoup et se
montrent très satisfaits en général de cette
Juridiction spéciale.
Des notions de droit spéciales en ces ma
tières juridiques agricoles mettraient aisé
ment nos ingénieurs agronomes même
de remplir convenablement cette mission
(programmes de la 4e année d'études des
Instituts Supérieurs d'Agriculture).
La création du corps d'experts agrono
mes dont il s'agit serait d'ailleurs indiquée
pour dresser un état des lieux, aplanir les
difficultés au cours du bail, faire les pri
sées en fin d'occupation, mettre au point
les formules de bail mobile, etc... etc...
FEUILLES ET COLLETS
DE BETTERAVES SUCRIERES
Avec la campagne sucrière, arrive la sai
son d'abondance de nourriture pour le bé
tail. Là où l'on fait beaucoup de bette
raves sucre, il arrive assez souvent que,
par négligence sans doute, beaucoup de
fourrage est gaspillé, alors qu'avec peu de
peine on pourrait pratiquer l'ensilage et con
server pour des périodes de disette un ali
ment de grande valeur.
Les feuilles et collets de betteraves
sucre ont en moyenne la composition sui
vante
1.3 d'albumine digestible.
6.1 d'hydrates de carbone, avec un
équivalent féculier de 7
Ainsi la valeur alimentaire de 1.000 Kgr
de feuilles et collets de betteraves sucre
ont sensiblement la même valeur que 100
Kgr. de farine de seigle.
On récolte en moyenne 20.000 Kgr. de
feuilles et collets l'hectare. Quand on
conduit les collets dans les pâtures, comme
cela se pratique assez souvent, un tiers au
moins sont piétinés et perdus. Soit une va
leur de 500 frs. environ.
Quand on les laisse sur champ pour être
enfouis et servir d'engrais il se fait qu'alors
encore il y a une perte assez conséquente.
Mille kilogrammes de collets et feuilles de
betteraves sucrières ont une valeur engrais
de maximum 20 francs.
Le fermier aurait tout avantage prati-
quer l'ensilage, soit d'après la méthode tra
LE TABAC
Mr Baels, gouverneur de la province, a,
dans son discours inaugural de la session
ordinaire du Conseil provincial, marqué
toute sa sollicitude pour les différentes spé
cialités de l'agriculture de la province. Il
a aussi parlé du tabac et laissé entrevoir
une action en faveur de l'amélioration de la
qualité et des débouchés du tabac de la
région de Wervicq.
Ne serait-ce pas le moment de songer
reprendre les expositions de tabac qui se
tenaient il y a une dizaine d'années
ditionnelle en fosse rectangulaire sans ad
dition de n'importe quel produit, soit d'a
près les méthodes finlandaise ou allemande
de date plus récente.
Alors que dans l'ensilage traditionnel il
y a une perte de 20 50 sur la valeur
nutritive du fourrage ensilé, l'ensilage mo
derne ne laisse qu'une perte de 5
Les cultivateurs que la chose intéresse peu
vent obtenir tous les renseignements voulus
chez les Agronomes de l'Etat de leur région.
SUITE DE LA T. S. F.
RADIO-TOULOUSE 328 m. 6
LUNDI 22 20 h. 15 conc. symph.
21 h. belle sélection de Lohengrin
Caveau de Minuit
MARDI 23 20 h. 30 y4 h. du pianiste.
Caveau de 10 h. 22 h. 30
Parler d'amour
MERCREDI 24 20 h. 30 Violon.
21 h. Rigoletto de Verdi. 22 h. 30
A l'enseigne du bœuf sous le toit
JEUDI 25 13 h. «Cabaret Toulou
sain 18 h. 30 Matinée de Grande
Sœur. 21 h. La Damnation de Faust
de Berlioz.
VENDREDI 26 20 h. Le loup et
l'agneau 20 h. 15 Violoncelle.
21 h. «Petite revue d'opérettes».
22 h. 30 Cabaret.
SAMEDI 27 20 h. 15 œuvres de Wa
gner. 21 h. Mamz'elle Ni touche
d'Hervé. 22 h. 30 Chantons nos Py
rénées
DIMANCHE 28 21 h. Les Pêcheurs
de perles de Bizet. Le Défilé des
cols bleus
Nous avons eu l'occasion de visiter les installations de M. Lucien
DE PUYDT, rue de l'Hôpital Poperinghe. M. De Puydt est un con
structeur d'appareils de Radio les appareils B.A.R.C.O. Cela nous in
triguait, étant donnée la réputation acquise par BARCO, de voir le
constructeur poperinghois dans ses ateliers.
Cette visite était très intéressante Première salle la carcasse d'acier du châssis
est découpée. Il faut une pression de 30.000 Kg pour cette opération. La plaque
d'acier perforée et pliée selon la forme du châssis, passe la peinture et au
craquelage. C'est une seconde opération. La carcasse ainsi apprêtée est
aussitôt portée dans la salle de montage, où une nombreuse équipe d'ouvriers
la couvre de tous les accessoires nécessaires. Travail la chaîne selon les mé
thodes les plus modernes. Et l'appareil ainsi monté reçoit sa garniture. Aussitôt
après il est mis l'essai. Dans une salle spécialement aménagée cet effet,
chaque appareil est soigneusement vérifié. Un technicien habile veille ce
qu'il soit parfaitement étalonné. Il ne reste plus qu'à le mettre en boîte
Des petits meubles d'un extrême bon goût, renferment ce que nos ancêtres
eussent appelés la boîte musique Nous sortons émerveillés tant par l'acti
vité que par la méthode qui règne dans les ateliers de M. DE PUYDT.
Vraiment il mérite des félicitauons, et nous sommes amenés constater que
pour ceux qui se débrouillent la crise n'existe pas, mais condition qu'ils
s'acharnent être la page et donner satisfaction leur clientèle, oomme
c'est le cas pour les appareils BARCO.
No 41
P«
HONORE DE BALZAC
Ah 1 depuis que ce mirliflor
a mis le pied dans ma maison, tout
y va de travers. Vous vous donnez
des airs d'acheter des dragées, de
faire des noces et des festins. Je ne
veux pas de ces choses-là. Je sais,
mon âge. comment je dois me con
duire, peut-être D'ailleurs, je n'ai
de leçons prendre ni de ma fille
ni de personne. Je ferai pour mon
neveu ce qu'il sera convenable de
faire, vous n'avez pas y fourrer le
nez. Quant toi, Eugénie, ajouta-t-il
en se tournant vers elle, ne m'en
parle plus, sinon je t'envoie l'ab
baye de Noyers avec Nanon voir si
j'y suis et pas plus tard que de
main, si tu bronches. Où est-il donc,
ce garçon est-il descendu
Non, mon ami, répondit ma
dame Grandet.
Eh bien, que fait-il donc
Il pleure son père, répondit Eu
génie.
Grandet regarda sa fille sans trou
ver un mot dire. 11 était un peu
père lui. Après avoir fait un ou deux
tours dans la salle, il monta prompte-
ment son cabinet pour y méditer
un placement dans les fonds publics.
Ses deux mille arpents de forêts cou
pés blanc lui avaient donné six
cent mille francs en joignant cette
somme l'argent de ses peupliers, ses
revenus de l'année dernière et de
l'année courante, outre les deux
cent mille francs du marché qu'il
venait de conclure, il pouvait faire
une masse de neuf cent mille francs.
Les vingt pour cent gagner en peu
de temps sur les rentes, qui étaient
quatre-vingt francs, le tentaient. Il
chiffra sa spéculation sur le journal
où la mort de son frère était annon
cée, en entendant, sans les écouter,
les gémissements de son neveu. Na
non vint cogner au mur pour inviter
son maître descendre le dîner
était servi. Sous la voûte et la der
nière marche de l'escalier. Grandet
disait en lui-même
Puisque je toucherai mes inté
rêts huit, je ferai cette affaire. En
deux ans, j'aurai quinze cent mille
francs, que je retirerai de Paris en
bon or.
Eh I bien, où donc est mon
neveu
Il dit qu'il ne veut pas manger,
répondit Nanon. Ça n'est pas sain.
Autant d'économisé, lui répli
qua son maître.
Dame, voui, dit-elle.
Bah I il ne pleurera pas tou
jours. La faim chasse le loup hors du
bois.
Le dîner fut étrangement silencieux.
Mon bon ami, dit madame
Grandet lorsque la nappe fut ôtée, il
faut que nous prenions le deuil.
En vérité, madame Grandet,
vous ne savez quoi inventer pour dé
penser de l'argent. Le deuil est dans
le coeur et non dans les habits.
Mais le deuil d'un frère est in
dispensable, et l'Eglise nous ordonne
de.
Athetez votre deuil sur vos
six louis. Vous me donnerez un crê
pe, cela me suffira.
Eugénie leva les yeux au ciel
sans mot dire. Pour la première fois
dans sa vie, ses généreux penchants
endormis, comprimés, mais subite
ment éveillés, étaient tout moment
froissés. Cette soirée fut semblable en
apparence mille soirées de leur exis
tence monotone, mais ce fut certes la
plus horrible. Eugénie travailla sans
lever la tête, et ne se servit point du
nécessaire que Charles avait dédaigné
la veille. Madame Grandet tricota ses
manches. Grandet tourna ses pouces
pendant quatre heures, abîmé dans
des calculs dont les résultats de
vaient, le lendemain, étonner Saumur.
Personne ne vint ce jour-là visiter la
famille. En ce moment, la ville en
tière retentissait du tour de force de
Grandet, de la faillite de son frère et
de l'arrivée de son neveu. Pour obéir
au besoin de bavarder sur les intérêts
communs, tous les propriétaires de
vignobles des hautes et moyennes so
ciétés de Saumur étaient chez mon
sieur Grassins, où se fulminèrent de
terribles imprécations contre l'ancien
maire. Nanon filait, et le bruit de son
rouet fut la seule voix qui se fit en
tendre sous les planchers grisâtres de
la salle.
(A suivre).