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1 (Suite)
Sur le reste de la ligne de l'Yser,
l'ennemi couvrit son déploiement en
canonnant les digues 1
Le centre de l'armée du duc de
Wurtemberg atteignit le front Dixmu-
de-Staden-RouIers-Menin-Lille, refou
lant le corps de cavalerie française
sur la forêt de Houthulst et contenant
Passchendaele la 3e division de ca
valerie britannique.
Au delà, les lignes de l'armée du
maréchal French se développaient par
Zonnebeke-Gheluvelt-Zandvoorde 7e
division) Kortewilde-Garde Dieu-
Saint-Yves (corps de cavalerie Allen-
by) Le Gheir-Frelinghem-Premes-
ques-Radinghen (3e corps) Herlies-
Givenchy (2e corps). Le Ir corps ar
rivait Ypres.
Les Allemands avaient poussé con
tre ces troupes des attaques très vives,
notamment Le Gheir (est de Ploeg-
steert) et Herlies (nord-est de La Bas-
sée).
Le Gheir, pris par l'ennemi, fut re
pris par un énergique retour offensif
de 2 bataillons du King's Own Régi
ment et des Lancashire Fusiliers. Près
de Herlies, un bataillon du Royal Irish
Fusiliers, retranché dans le Pilly qu'il
avait enlevé la veille la baïonnette,
fut cerné et pris. Ailleurs, l'action se
poursuivait avec violence sur tout le
front du 2e corps britannique.
Ce jour-là, la garde prussienne tenta
un coup de force sur Arras que défen
dait la 1 Oe armée sous le général de
Maud'huy. Il y avait douze jours que
les positions françaises étaient bom
bardées lorsque le général von Biilow
s'engagea fond. La bataille se ter
mina le 26 par un échec allemand.
Si l'on considère que les Allemands
s'acharnèrent emporter Arras, en
même temps qu'à rompre la défense
de l'Yser, il semble que le plan de leur
état-major fut d'abord de cerner l'ar
mée britannique en enfonçant sa
droite les Français, sa gauche les
Belges et d'acculer notre armée
la mer.
Quoi qu'il en soit, des succès alle
mands Arras ou sur l'Yser auraient
eu une répercussion considérable.
Tout au moins pouvaient-ils abou
tir refouler l'armée belge hors de
son territoire national et la trans
former en une sorte de corps d'exi
lés, ainsi que ce fut le cas pour les ré
giments des Pays-Bas la fin du
XVIlle siècle. Peut-être aurait-il per
mis aux Allemands d'atteindre, au
delà d'Arras, l'une des deux voies fer
rées qui reliaient la région des Flan
dres au reste de la France. Ainsi se
seraient trouvés compromis les ravi
taillements et les renforts urgents des
Alliés pendant les journées critiques et
dures de leur contre-manœuvres. Dans
une éventualité comme dans l'autre, la
campagne d'hiver eût fini par un dé
sastre.
Dans la journée du 2 1l'armée alle-
(1) Liste des oficiers tués le 20 octobre
Dixmud Capitaine-commandant Pou-
plier, du 12e de ligne. - Saint-Georges
Capitaine-commandant Gauthier, du 5e de
ligne. Oud-Stuyvekenskerke Capitaine
Deom, du lr carabiniers. Lombaertzyde
Lieutenant Biebuyck, du 9e de ligne.
Lombaertzyde Lieutenant Wauthoz, du
9e de ligne. Tervaete Sous-lieutenant
Salmoo, du 13e de ligne. Schoobakke
Sous-lieutenant Lienard, du 23e de ligne.
Lombaertzyde Sous-lieutenant Pierad,
'du 9e de ligne. Lombaertzyde Sous-
lieutenant Vilain, du 9e de ligne. Per-
wse Sous-lieutenant Hanlet, du 2e carabi-
niets. i-
mande, dont le déploiement était ache
vé, prépara le passage de l'Yser par
un bombardement d'une violence
inouïe et prononça des attaques sur
Dixmude et sur Ypres.
Les forces s'échelonnaient comme
suit
4e division d'ersatz, en face de
Nieuport
Ille corps de réserve, de Nieu
port Keyem
XXIIe corps de réserve, au nord
de Dixmude
XXIIle corps de réserve, en face
de Dixmude et au sud
XXV le corps de réserve, vers la
forêt de Houthulst
XXVlIe corps de réserve, entre
West-Roosebeke et Becelaere.
L'armée du général von Fabeck,
composée du XVe corps et de deux
corps bavarois, bordait la Lys sur la
rive gauche de laquelle elle avait des
têtes de pont Wervicq, Comines et
Warneton. Elle se raccordait vers
Lille l'armée du kronprinz de Ba
vière.
Sept divisions ennemies étaient en
face de l'armée belge. Elles mettaient
en jeu, outre des troupes fraîches, une
artillerie formidable sans cesse accrue
par l'appoint de pièces de siège ame
nées d'Anvers.
Le feu de cette artillerie s'abattit
avec une extrême violence pendant la
nuit du 20-21 et la journée du 21,
sur les premières lignes et sur le terrain
en arrière. Sur un front de 20 kilo
mètres, plus de 400 pièces de cali
bres variés, du 77 au 210, entrèrent
en action. Notre artillerie leur oppo
sait 350 pièces de campagne de 75 et
24 obusiers de 150, dont l'approvi
sionnement était extrêmement réduit.
Les tranchées de la 2e division vers
Nieuport et Saint-Georges, celles de la
I re division vers Schoorbakke furent
bouleversées, hachées par les obus. A
Dixmude, les explosions retentissaient,
certains moments, raison de 20
30 par minute.
Cependant les troupes belges te
naient bon. Profitant d'une accalmie,
le 6e de ligne, appuyé de deux batail
lons de chasseurs pied, avait même
regagné du terrain dans la direction de
Lombaertzyde.
Deux attaques de la tête de pont
de la Ire division d'armée de Schoor
bakke, défendue par le 3e de ligne
une autre sur Tervaete tenue par le
8e de ligne deux tentatives de pas
sage en face de la ferme Dupré par
des troupes partant de Schoore et de
Spermalie furent repoussées.
Dixmude, dont une partie de la
garnison avait été relevée par deux ba
taillons du 2e chasseurs pied, essuya
quatre assauts dans la journée. Dans
le dernier, les Allemands prirent pied
dans les tranchées de la ligne sud
quatre compagnies de fusiliers marins
les en chassèrent la baïonnette. Les
jeunes soldats du XXIIle corps qui at
taquaient là s'avançaient en masses
épaisses de parfois huit rangs. Ils
éprouvèrent des pertes terribles. En
face de Saint-Jacques-Capelle, quel
ques éléments ennemis atteignirent la
rive gauche de l'Yser, où ils furent dé
truits.
En résumé, l'armée belge avait ré
sisté partout mais sa situation deve
nait critique, car pouT maintenir ses
positions elle avait considérablement
entamé ses réserves, et le développe
ment de la poussée allemande ne per
mettait pas aux Alliés de la secou
rir.
Aux attaques d'Arras, de La Bassée
et de l'Yser. l'ennemi avait ajouté un
effort violent sur Ypres.
Le l r corps britannique, commandé
par sir Douglas Haig, s'était porté
d'Ypres sur Poelcappelle et Paschen-
daele. A sa gauche, se trouvaient le
corps de cavalerie du général de Mitry
et les divisions territoriales du géné
ral Bidon. A sa droite, la 7e divi
sion le reliait au corps de cavalerie du
général Allenby.
Les troupes britanniques progressè
rent, malgré une résistance qui exigea
un emploi tréquent de la baïonnette.
Mais, hauteur de Saint-Julien, elles
durent s'arrêter sous la menace d'at
taques sur leurs deux flancs.
L aile gauche du XXIIle corps et la
droite du XXVIe refoulèrent sur l'Y
ser le corps du général de Mitry et pri
rent la forêt de Houthulst. Zonnebeke
et Gheluwelt, attaqués avec acharne
ment, avaient été victorieusement dé
fendus par les troupes britanniques.
Des forces ennemies, débouchant de
Comines, avaient refoulé la 2 e divi
sion de cavalerie de Houthem sur
Hollebeke, où la contre-offensive d'u
ne brigade tirée de la réserve du 1 r
corps les repoussa.
Le front général des Alliés passait
ce soir-là par l'Yser jusque Knokke,
l'Yperlée jusque Driegrachten, puis les
agglomérations de Bixschoote, Lange-
marck, Saint-Julien, Zonnebeke, Ghe-
luvelt, Zandvoorde, Kortewilde, Gar
de-Dieu et le bois de Ploegsteert (1).
La journée du 22 fut marquée sur
le front belge par un événement
grave.
Depuis 48 heures, la boucle formée
par l'Yser Tervaete était battue de
feux croisés par l'artillerie allemande.
Les batteries ennemies postées l'est
de Schoore, Leke, Keyem et Kaesteel-
hoek, prenaient les tranchées la fois
d écharpe, d enfilade et revers. La
canonnade secouait, les briser, les
fenêtres de l'Ecluse 45 kilomètres
en arrière). Sous le couvert de ces
feux, les Allemands réussirent s'em
parer, pendant la nuit du 21/22, d'une
passerelle construite l'est de Ter
vaete et s'infiltrèrent dans la boucle.
Ils y transportèrent aussitôt de nom
breuses mitrailleuses et s'efforcèrent
de multiplier les passerelles.
Un combat acharné s'engagea au
tour des points de passage. A plu
sieurs reprises, les attaques belges ac
culèrent les Allemands l'Yser. Un
bataillon du 2e de ligne atteignit la
digue nord de la boucle, refoulant
les assaillants jusque Schoore, en mê
me temps que le 4e de ligne, Schoor
bakke, repoussait une violente attaque
faite sur la tête de pont.
A hauteur de Tervaete, le 8e de li
gne se maintenait sur ses positions aux
prix de pertes sensibles. Le 1 r carabi
niers et un bataillon du 2e carabi
niers contre-attaquèrent pour alléger sa
tâche. Ces troupes arrivèrent dans la
boucle jusqu'à 300 mètres des digues.
Mais, décimées par les mitrailleuses.
(1) Liste des officiers tués dans la jour
née du 21
Keyem Major Guffens, du 8e de li
gne. Schoorbakke Capitaine-comman
dant Rollen, du 23e de ligne. Ramscap-
pelle Capitaine-commandant Peteau, de
l'artillerie. Dixmude Sous-lieutenant
Dryvel, du lr de ligne. Schoorbakke
Sous-lieutenant Speybroeck, du 4e de li
gne. Schoorbakke Médecin auxiliaire
Van der Schelden, du 2e de ligne.
Schoorbakke Médecin auxiliaire Adant,
du 2e de ligne. Saint-Jacques-Cappelle
Sous-lieutenant Thys, du 5e d'artillerie.
Dixmude Médecin de bataillon Thieren,
du lr chasseurs pied. Pervyse Sous-
lieutenant Neetesom, du lr grenadiers.
elles ne purent aller plus loin I"e~:
de Stuyvekenskerke pourtant, la digue
fut réoccupée. A la chute du jour, de
furieuses contre-attaques ramenèrent
la ligne oelge 600 mètres en arrière.
Les 6e et 44e divisions allemandes
prirent ainsi pied sur la rive gauche.
Devant Nieuport, les patrouilles du
6e de ligne constatèrent, l'aube du
22, que Lombaertzyde était faiblement
tenu par l'ennemi. Des compagnies en
voyées en reconnaissance ayant con
firmé ces renseignements, la reprise
de Lombaertzyde fut ordonnée. Le
1 r chasseurs pied marcha entre la.
mer et Lombaertzyde le 9e de li
gne, sur Lombaertzyde et Bamburg.
Malgré une contre-attaque refoulée, au
sud du village, par le 3e bataillon du
9e, le front fixé fut atteint dans la soi
rée, l'exception de la ferme Bam
burg qui resta au pouvoir de l'enne
mi.
Devant Dixmude, où le 1 r de ligne
et le 2e chasseurs pied avaient re
levé une partie de la garnison, l'en
nemi épuisé s'était retiré, abandonnant
deux mitrailleuses, que prit le 3e ba
taillon du 2e chasseurs. La ville était
bombardée sans relâche.
Au sud, Woumen, Vyfhuisen, Luy-
ghem et Merckem tombèrent au pou
voir des troupes du XXIIle corps. Un
coup de main tenté sur Driegrachten
fut repoussé par des cavaliers de la
l re division et des territoriaux fran
çais.
Vivement assaillie sur divers points
de son front par les XXVIe et XXVIIe
corps de la 3e division d'ersatz, du
XVe corps et du Ile corps bavarois,
l'armée britannique repoussa partout
ces attaques, sauf vers Saint-Jean où
fut écrasée une fraction des Camerons
Higlanders.
L'arrivée imminente de l'armée du
général d'Urbal, dont le premier élé
ment, la 42e division, débarquait
Fumes, fit envisager, le 22, malgré
1 épuisement de l'armée, une offensive
que rendaient possible les trois tête»
de pont de Nieuport, Schoorbakke et
Dixmude toujours entre nos mains.
Mais 1 offensive des Allemands pré
vint celles des Alliés.
Le 2 5 octobre, 1 ennemi continua
son effort sur le centre belge, sans
pouvoir toutefois ébranler les posi
tions de repli établies sur la corde de
la boucle de 1 Yser. Ce résultat ne fut
obtenu qu au prix des plus grands ef
forts et par l'intervention de toutes le»
réserves disponibles.
Dans la nuit, la tête de pont de
Schoorbakke fut Tendue intenable par
des feux de mitrailleuses qui la pre
naient d enfilade. Le bataillon du 4e
qui s y trouvait fut ramené sur la rive,
gauche et le pont fut détruit.
Tervaete resta aux mains du 8e de
ligne jusqu midi. La ligne belge s'ap
puya alors au château Vicogne et
Stuyvekenskerke, d une part, au ha
meau de Schoorbakke, d'autre part.
Sur cette ligne s'échelonnaient, de
nord au sud, le 4e de ligne, le 2e de
ligne, les grenadiers, les carabiniers et
le 8e. tous fortement éprouvés et épui-
sés par 120 heures de bombardement
et trois journées d'un combat sans ré-
pit.
Les tranchées, la ville et les voies
accès de Dixmude furent canonnés
avec intensité. Dans la nuit, une sur
prise avait échoué grâce au 2 e chas
seurs et au 1 r de ligne. Une nouvelle
attaque débouchant de Woumen et
Ewsen Jans ja so;r£ei repOUSSée
a la baïonnete par les défenseurs.
(A îuitTt).