sa
(Suite)
Au nord de la boucle, vers la ferme
Dupré, le 3e de ligne accueillit coup
de feu une tentative de déboucher de
Schoore les Allemands ne persistè
rent point 1
Vers Saint-Georges, par contre, la
situation du 7e de ligne, soumis au
canon, aux mitrailleuses et aux gre
nades était terrible. Les soldats ac
croupis dans les tranchées, travaillaient
sans relâche rétablir leurs parapets
constamment bouleversés. Une section
de la 6e batterie et une de la 27e,
poussées bras, 600 mètres des po
sitions ennemies, s'employaient depuis
le début du combat détruire les abris
des mitrailleuses allemandes. Le 1 4e
de ligne et le 3e bataillon du Ir chas
seurs vinrent relever le 7e de ligne.
Heureusement, vers Nieuport, la si
tuation s'était améliorée.
Dans la matinée, une attaque vio
lente avait été victorieusement refou
lée par le 9e de ligne et le 1 r chas
seurs qui avait pris, Lombaertyde,
2 mitrailleuses et de nombreux fan
tassins ennemis. Pendant la journée le
151e régiment français et un batail
lon de chasseurs vinrent relever les
Belges et firent quelques progrès vers
Westende.
C'étaient les premiers éléments de
la 42e division (16e corps), comman
dée par le général Grosetti, qui inter
venaient sur l'Yser. En outre, vers 16
heures, 4 pièces de 120 étaient en
trées en action vers Boitshoucke.
Les pertes de l'armée belge étaient
ce moment très grandes. Pas une
unité des divisions d'armée qui n'eût
été fortement éprouvée par le fusil et
le canon. Le 1 r bataillon du 2e cara
biniers comptait encore 6 officiers et
326 hommes (2).
F.n arrière du front, la nuit se passa
réunir des débris de compagnies
pour en faire des réserves.
Le commandement français décida
d'engager une brigade de la 42e divi
sion sur Westende le lendemain,
l'aube, et d'affecter l'autre brigade
la reprise de la boucle de Tervaete.
Autour d'Ypres, le 9e corps fran
çais (général Moussy), vint se placer
(1) Liste des officiers tués le 22 octobre
Tervaete Major Salpetier, du 8e de li
gne. Tervaete Major Blairon, du 8e
de ligne. Stuyvekenskerke Capitaine-
commandant Van de Putte, du 2e carabi
niers. Termaete Capitaine Van Lae-
them, du 8e de ligne. Schoorbakke
Lieutenant Legrand, du 2e de ligne.
Schoorbakke Lieutenant Berg, du 2e de
ligne. Tervaete Lieutenant Pire, du 8e
de ligne. Stuyvekenskerke Lieutenant
Dome, du 2e carabiniers. Stuyvekens
kerke Sous-lieutenant Lefebvre, du 2e ca
rabiniers. Tervaete Sous-lieutenant Ma
thieu, du 2e de ligne. Stuyvekenskerke
Sous-lieutenant Lambert, du 8e de ligne
sous-lieutenant Bonnami, du 3e chasseurs
pied sous-lieutenant Kneipe, du lr cara
biniers.
(2) Liste des officiers tués le 23 oc
tobre
Pervyse Major comte d Oultremont, du
lr grenadiers. Saint-Georges Major
Houart, du 7e de ligne. Schoorbakke
Capitaine-commandant Van der Cruyssen,
du 4e de ligne. Saint-Georges Capi
taine-commandant Ruth, du 5e de ligne.
Saint-Georges Lieutenant Cambrelin, de
l'artillerie. Pervyse: Sous-lieutenant
Binamé, du lr carabiniers. Saint-Geor
ges Sous-lieutenant Desrousseaux, du 14e
de ligne. Pervyse Sous-lieutenant Pin-
get, du lr carabiniers. Pervyse Sous-
lieutenant Flesch. du lr grenadiers.
Boitshoucke Sous-lieutenant Lambrechts,
du lr chasseurs pied. Schoorbakke
Médecin adjoint de Vierman, du 3e de
ligne.
entre le 1 r et le 4e corps britanniques.
Saint-Jean fut repris la baïonnette
par une énergique attaque du Queen's
Ragiment, des Northampton's Rifles
et des King's Royal Rifles, sous les
ordres du général Bulfin ces belles
troupes firent 600 prisonniers. Une
attaque sur la 3e brigade britannique,
près de Langemarck, coûta 1.500 tués
aux Allemands, le quart des effectifs
engagés. Le 9e corps français dépassa
Saint-Julien et Zonnebeke, progressant
vers Passchendaele. Le 4e cprps bri
tannique repoussa de vives attaques
sur le front Poezelhoek-Zandvoorde-
Hollebeke. Le corps de cavalerie
Allenbv se maintint sur ses positions
entre Messines et Hollebeke, avec
l'appui de la 7e brigade d'infanterie
hindoue.
Le 24, l'armée belge s'efforça de
remettre de l'ordre dans les unités mé
langées et confondues au cours des
attaques répétées des jours précédents.
Le travail était d'autant plus difficile
qu'il fallait tenir outrance entre
Schoorbakke et Stuyvekenskerke pour
donner l'intervention française le
temps de produire ses effets.
Mais l'ennemi montra dans cette ré
gion une recrudescence d'activité. II
avait jeté sur l Yser, dans la boucle,
3 ponts et 4 passerelles. Sa droite était
1.000 mètres environ au sud de
Schoorbakke sa gauche, en avant de
Tervaete.
Le front belge longeait le Klein
Beverdijk, derrière lequel étaient dé
ployées les 3e et 2e de ligne, appuyées
droite par les grenadiers. Le 8e de
ligne et le 1 3e de ligne raccordaient,
par Stuyvekenskerke et la ferme
Kloosterkoeck, le front l'Yser, dont
les digues étaient tenues par le 1 0e de
ligne.
Sous la pression continue de l'infan
terie allemande, Stuyvekenskerke est
abandonné l'ennemi, sans cesse ren
forcé, s'étend peu peu vers le sud. A
l'ouest de Schoorbakke, la 1 re divi
sion d'armée marque également un lé
ger recul.
Cependant, deux bataillons du 9e
de ligne et deux du 1 r chasseurs pied
viennent étayer la résistance l'est de
Pervyse. La brigade française qu'ils
accompagnent marche sur Stuyve
kenskerke. A sa droite, un bataillon
de grenadiers, un bataillon de carabi
niers, le 10e de ligne s'accrochent au
chemin pavé de Stuyvekenskerke
Oud-Stuyvekenskerke. Le 2e chasseurs
et un détachement de fusiliers marins,
appuyés par le 1 r de ligne, attaquent
la ferme Den Torren, l'est de la
quelle une nouvelle passerelle a été
jetée sur l'Yser.
Mais la contre-ataque dans ce pays
nu et balayé par l'artillerie ennemie
progresse lentement. Stuyvekenskerke
ne fut pas repris.
Devant Saint-Georges, le 4e de
ligne est bombardé furieusement. Tour
né par sa droite, il se replie sur le
Noord-Vaart. Une contre-attaque de
deux bataillons du 5e de ligne main
tient l'ennemi dans Saint-Georges.
A l'extrémité opposée, l'ennemi
tenta un mouvement suprême sur Dix-
mude. Pendant la nuit, il avait battu
de feux concentrés les tranchées. la
ville et tous ses abords. Des projectiles
de tous calibres pleuvaient de toutes
parts, soumettant le 1 I e et le 12e de
ligne une épreuve terrible.
Les attaques qui alternèrent avec ce
bombardement ne furent pas menées
avec une moindre fureur par une in
fanterie dont les formations massives
et profondes rappelaient les méthodes
de combat de l'antiquité. A quinze
reprises, au cours de la nuit du 23 au
24, les lignes denses des Allemands fu
rent fauchées par la fusillade ou re
foulées l'arme blanche.
Quand vint le jour, I infanterie en
nemie semblait lassée mais la canon
nade redoubla bientôt Bientôt les
coups de bélier se renouvellent. Un
moment, vers 10 heures, la défense
fléchit les tranchées du sud de la
tête de pont tombent aux ma:ns des
Allemands. Mais un retour offensif
des Belges secondés par les fusiliers
marins les leur arrache. Ce succès fu
gitif fut la seule compensation des
pertes sanglantes éprouvées par l'en
nemi.
De leur côté, les défenseurs victo
rieux étaient exténués. Sur les six ba
taillons (2.500 hommes) engagés,
l'un avait combattu soixante-douxe
heures consécutives dans les tranchées
deux autres quarante-huit. On les re
leva dans la journée du 26 seule
ment I
L'armée du général d'Urbal accen
tua son offensive vers Passchendaele.
Le soir, les tirailleurs de la 1 7e divi
sion atteignaient les lisières du vil
lage.
Sur le flanc droit de cette attaque,
les Allemands dirigèrent une contre-
manoeuvre en cherchant forcer l'in
tervalle Zonnebeke-Gheluwelt. Mais
les bois du polygone, qu'ils atteigni
rent, leur furent bientôt repris.
Sur le reste du front, deouis Holle
beke jusque Armentières, le combat
se déroula sans progrès marqués de
part et d'autre. Neuve-Chapelle était
le centre d'une action acharnée.
La journée du 25 marqua un temps
d arrêt dans la poussée de l'ennemi
le bombardement fut en général moins
violent les attaques d'infanterie,
plus rares et moins opiniâtres. L'une
d'elle fut faite sur Nieuport par le
Groot-Noord-Nieuwland-Polder une
autre, sur Dixmude.
Les Allemands résistèrent d'autre
part a 1 attaque de leur flanc gauche
par la 83e brigade française, le 1 r de
ligne et le 2e chasseurs pied belges.
Le village de Stuyvekenskerke fut ré
occupé, mais pour quelques instants,
tandis que les Belges s'approchaient
de la ferme Den Torren sous une très
vive canonnade et parvenaient l'oc
cuper, pour quelque temps aussi.
Le soir, l'armée belge maintenait
ses positions sur le Noord-Vaart, le
Beverdijk, Oud-Stuyvekenskerke et
sur la digue de l'Yser au sud de la
ferme Den Torren. Les têtes de pont
de Nieuport et de Dixmude restaient
au pouvoir des Alliés, quoique celle
de Dixmude eût été le théâtre d'une
chaude alerte. Vers 20 heures, une at
taque soudaine, sortant d'Eessen, en
fonça une compagnie du 1 I e de li
gne heureusement, les réserves ac
courues rétablirent la ligne de défense
après avoir livré un combat de rues.
Néanmoins un bataillon allemand avait
percé il passa l'Yser et arriva jusqu'à
la halte de Caeskerke. Là, s'arrêta
(1) 24 octobre. Liste des officiers
tués
Pervyse Major Delbauve, du 2e chas
seurs pied. Saint-Georges Major
Marnette, du 14e de ligne. Pervyse
Capitaine-commandant Maghe, du 3e chas
seurs pied. Oud-Stuyvekenskerke Ca
pitaine-commandant Maistriaux, du 13e de
ligne. Saint-Georges Lieutenant de
Halloy, du 14e de ligne. Stuyvekens
kerke Sous-lieutenant Massart, du 4e de
ligne Sous-lieutenant Scarceriaux, du 10e
de ligne Sous-lieutenant Petit, du 10e de
ligne. Caeskerke Médecin-adjoint De-
lange, du lie de ligne. Oud-Stuyve
kenskerke Sous-lieutenant Depierreux, du
2e chasseurs pied Sous-lieutenant Da-
moisseaux. du 13e de ligne.
son aventure les survivants furent
pris le lendemain l'aube.
Le calme relatif de la journée permit
de reconstituer les compagnies et de
rendre quelques cohésion aux unités
supérieures. Les effectifs étaient consi
dérablement affaiblis. Le nombre des
blessés évacués par chemin de fer
était de 9.145. Les blessés hospita
liser sur place ou morts pendant le
transport étaient évalués un millier
Ajoutez les tués, les blessés non rele
vés, les disparus (1).
L'armée belge eut alors recours au
moyen suprême de la défense des
Flandres l'inondation. Il fallait pour
cela ouvrir marée haute les écluses
de Nieuport et limiter l'extension du
blanc d'eau au chemin de fer de Nieu
port Dixmude qui deviendrait ainsi
une digue et une ligne de défense. Le
travail d'obturation des ponts du che
min de fer commença le 25 octobre
1 6 heures.
Dans la région d'Ypres, le 9e corps
français progressa difficilement vers
Passchendaele et le 1 r corps britanni
que, vers Becelaere. Le reste du front
fut défendu au prix d'efforts extrêmes,
notamment vers Neuve-Chapelle où les
troupes des Indes vinrent seconder le
2 e corps épuisé.
Un nouveau danger vint compliquer
la situation dans la journée du 26.
Depuis le 1 8 octobre, les canons de
campagne belges n'avaient cessé de
compenser par leur activité leur infé
riorité numérique et la supériorité des
Allemands en batteries de gros ca
libre. Ce service intensif avait mis
hors d'usage de nombreuses pièces et
vidé les réserves de munitions. II res
tait 161 coups par pièce la 6e di
vision, 100 la 2e, 90 la 4e. C'est
dans ces conditions terribles qu'il fallut
résister des attaques pressantes.
Dès les premières heures de la ma
tinée, la ligne du Beverdijk, prise en
enfilade, fut abandonnée. Ordre fut
donné de tenir coûte que coûte la ligne
du chemin de fer.
En plus d un point, les troupes épui
sées ne résistaient aux attaques répétées
qu au prix d efforts considérables
et là, elles abandonnèrent momentané
ment leur position pour s y raccrocher
ensuite. Cette fluctuation fut particu
lièrement émouvante entre Ramscap-
pelle et Pervyse. En outre, l'artillerie
enemie fit son apparition l'ouest de
1 Yser, vers Stuyvekenskerke.
Le 12e de ligne, épuisé par la der
nière nuit d'alerte, fut remplacé Dix
mude par deux bataillons de Sénéga
lais et le 3e bataillon du I r de ligne.
Le bombardement de la ville n'avait
pas cessé (2).
(1) Liste des officiers tués le 25 oc
tobre
Schoorbakke Capitaine commandant
Den Turk, du 3e de ligne. Dixmude
Sous-lieutenant Ponsaert, du lie de ligne.
Oud-Stuyvekenskerke Sous-lieutenanr
Ravet, du lr de ligne sous-lieutenant Hal-
voet, du lr de ligne capitaine Deudon,
du 2e chasseurs pied.
(2) Liste des officiers tués le 26 oc
tobre
Schoorbakke Major Sterpin, du 2e gre-
na iers. Saint-Georges Capitaine-com
mandant Gérard, du 9e de ligne. Oud-
Stuyvekenskerke Lieutenant Stouthuyzen
du 2e chasseurs pied. Ramscappelle
Sous-lieutenant Mandiaux, du 6e de ligne.
Oud-Stuyvekenskerke Sous-lieutenant
Getteman, du lr de ligne. Dixmude
Sous-lieutenant Poncin, du 12e de ligne.
Schoorbakke Sous-lieutenant Lewilly, du
2e grenadiers. Dixmude Lieutenant
Van Eeckhoute, du lr de ligne.
(A suivre).