La réforme de l'Etat en France. FOURRURE F.Vandevoorde YPRE/ Garage Moderne 31, Rue au Beurre CÉSAR MOTTRIE Avant que le froid ne vous surprenne achetez votre chez le Maître-Fourreur Expert Spécialiste du Manteau. Visitez ses Ateliers Modernes. Il ne fait que du BEAU et du BON aux meilleurs prix, Grâce l'importation directe en grande quantité des pelleteries brutes. Qualité d'abord est sa devise. La question de la Réjorme de l'Etat re- vêtra cette semaine une toute particulière actualité en France. C'est pourquoi nous of frons au lecteur ce remarquable article d'Hi- laire Belloc, paru dans la Revue Catholique des Idées et des Faits. Il vous démontrera qu'il y a parlementarisme et parlementa risme, démocratie et démocratie. La faiblesse croissante de la France, dans l'après-guerre, est, en ce mo ment, la cause principale des dangers qui menacent l'Europe. Quand l'un des principaux vainqueurs d'un grand con flit s'affaiblit, alors que l'un des vaincus ne cesse de se renforcer, de toute évidençe l'instabilité s'ensuit. Le renforcement au moins apparent de la Prusse est dû l'incompréhen sion désespérante de la politique an glaise depuis l'Armistice jusqu'au mo ment où la récente révolution alleman de surprit, soudainement, nos politi ciens anglais ignorants. Quelqu'un leur avait dit que, de nature, la Prusse était pacifique et gentille. Ils le crurent. Mais ceux qui, en France, prétendaient le croire n'étaient pas national ils étaient le produit d'un système de gouvernement tout fait anti-natio nal. Les choses en sont arrivées, l'in térieur comme l'extérieur, cette extrémité que le système français de gouvernement ne peut plus durer. 11 doit changer, et radicalement, si la France doit vivre. Tout le monde le sent, en France. Tout le monde recon naît qu'une réforme politique s'impose pour sauver le pays. Mais il semble Lien qu'une tentative de réformer l'E tat français va être entreprise dans un sens où l'insuccès est certain. Que si pareil échec devait se produire, la situation européenne qui en résulterait serait pire encore que celle que nous avons sous les yeux. La réforme de l'Etat qui est l'or dre du jour en France est basée sur ce qu'on imagine là-bas être le mo dèle britannique. Le projet est l'oeuvre de M. Tardieu, homme fort intelligent et fort instruit. C'est son projet que M. Doumergue a fait sien. Il propose de donner l'initiative de toute légis lation financière au gouvernement, au lieu de la laisser l'initiative privée des députés et de stabiliser les gouver nements en leur donnant le pouvoir d'en appeler l'électeur, par la disso lution, quand ils seront mis en mino rité et même en cas de menace de mise en minorité. Les réformateurs français, confondant la cause et l'effet, s'imagi nent que ces deux facteurs de la con stitution parlementaire anglaise sont les causes de sa stabilité. Or, quiconque connaît un peu 1 An gleterre sait que la stabilité, non seu lement du parlementarisme anglais, mais de tous les rouages de l'Etat an glais. n'a absolument rien voir avec n'importe quelles règles particulières de l'action parlementaire. Nos usages parlementaires anglais ne sont que des effets, souvent éloignés, de cette cause primordiale qui est l'origine de tou tes les manifestations de la vie politi que et sociale de l'Angleterre la na ture aristocratique de l'Etat) anglais. Sans doute, cete conception aristocra tique s'est trouvée affaiblie depuis quelque temps, gravement peut-être, mais son ossature persiste, même si certains tissus sont atteints. L Angle terre est toujours un pays où la masse du peuple, non seulement accepte la direction d'une petite classe de diri geants, mais aime d'être gouvernée de la sorte. Plus que cela. Cette masse du peuple anglais ne peut imaginer ce que pourrait devenir le monde si elle n'é tait pas gouvernée ainsh Cet état de choses est pratiquement inconcevable par la plupart des esprits continentaux, plus particulièrement par les Français. Qu'un peuple ait sup porter le gouvernement de quelques- uns, mais en se résignant, en endu rant l'inévitable, cela on le comprend. Mais qu'un peuple aime le gouverne ment de quelques-uns, qu'il le recher che, qu'il le considère comme normal, comme allant de soi qu'un peuple se sente inconfortable mal l'aise, quand on lui parle d'égalité de tous les citoyens, voilà qui est particulier un Etat aristocratique. Et un Etat aris tocratique est un cas tellement rare, que les citoyens d'autres nations ne parviennent jamais le comprendre entièrement. Il y a des précédents his toriques, et Venise en est le plus ob vie. Mais Venise en tant du moins que grande puissance est morte de puis longtemps, tandis que l'Angle terre est là, sous nos yeux, l'une des grlandes puissances européennes, et pourtant tellement différente, sociale ment, de toutes les autres, comme d'ailleurs de tout le Nouveau Monde. Combien de Français y a-t-il se rendre compte que si Stavisky avait opéré en Angleterre, il n'y aurait ja mais eu de scandale Stavisky La classe dirigeante l'eût étouffé. Com bien de Français y a-t-il pour compren dre que des événements qui, en Fran ce, provoqueraient des scandales de première classe et mettraient en péril l'ordre social tout entier, sont accep tés en Angleterre comme allant de soi tout comme dans la France d'Ancien Régime on acceptait comme allant de soi que les ministres du Roi s'enrichissent Combien de Français y a-t-il qui connaissent la part prise par les gens de loi dans le fonction nement du Parlement anglais Com bien y en a-t-il qui savent qu'un avo cat arrivé la Chambre des Commu nes acquiert le droit un revenu im portant payé par le contribuable, et cela pour le restant de ses jours Le salaire varie de mille livres ster ling l'an dix mille livres, payées aux magistrats importants et trente-six emplois subsidiaires un homme de loi qui quitte les Communes est, nor malement, nommé l'une ou 1 autre de ces fonctions. Cela est reçu comme allant de soi. De même est accepté comme allant de soi que les places données aux familles, aux amis, aux collaborateurs d'hommes occupant de hautes charges politiques, que ces pla ces leur reviennent de droit. Les moins fortunés ne taxent pas le système d in juste. Depuis le XVIIe siècle, ce sys tème est devenu la structure même de la société anglaise. Et une société ainsi constituée doit, par sa nature même, jouir d'une sécurité et d'une stabilité permanentes. Evidemment, ces avantages sont ac quis au prix d'autres choses. Par exemple, nous n'en sommes arrivés là, en Angleterre, qu'en détruisant notre classe paysanne. On peut soutenir, aussi, que le prix moral payé pour l'acceptation de pareilles moeurs est infiniment trop haut, et prétendre que le gouvernement par les riches est le plus vil des gouvernements. Mais toute discussion quant au prix payé en morale ou en institutions pour les avantages d'une telle stabilité est côté de la question. Il s'agit de la pos sibilité d'imitation d'un Etat aristocra tique par un peuple qui ne possède pas le tempérament aristocratique. Ce tem pérament-là est celui qui fait ressentir aux hommes un dégoût réel pour l'éga lité et qui fait tendre instinctivement obéir une petite classe riche car, comme on l'a bien dit, l'aristocratie vient d'en bas... Que si un pareil instinct n'existe pas plus que cela s'il est détesté et répudié il n'y a aucune chance d'en imiter, avec suc cès, les fruits Pour un observateur anglais des choses françaises, la vérité lui appa raît ainsi jamais des institutions par lementaires ne travailleront bien dans une société où les hommes s'estiment des citoyens égaux et où la plupart sont activement intéressés dans la ma chine gouvernementale. Il semble éga lement évident, cet observateur an glais, que jamais vous ne porterez re mède aux maux inhérents tous les Parlements par une action des parle mentaires. Pour guérir les maladies que le parlementarisme introduit dans les pays non-aristocratiques, il n'y a qu se défaire du Parlement. Ayez un pou voir central fort et de grandes liber tés locales, mais finissez-en avec le po liticien professionnel. L'idée que 1 on peut rétablir la situation par un chan gement de personnalités parlemen taires ou par un changement des règles du jeu parlementaire est aussi dérai sonnable que celle qui veut guérir un joueur qui court la banqueroute en lui faisant abandonner le baccara pour la roulette ou un ivrogne en le priant de renoncer au brandy pour s'adonner la vodka. Hilaire BELLOC. ACHETEZ VOS CAMIONS ET VOITURES D'OCCASION AVEC GARANTIE A DES PRIX TRES AVANTAGEUX. m PAS UN VÉHICULE NE QUITTE LES ATELIERS SANS AVOIR ÉTÉ REVISÉ ET MIS EN PARFAIT ÉTAT DE MARCHE ACHETEZ EN CONFIANCE ET VOUS AUREZ ENTIÈRE SATISFACTION au Boulevard Malou, 30, YPRES, Tél. 149.

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Le Sud (1934-1939) | 1934 | | pagina 7