Le Les Bonnes Soirées De HearM La Société Nationale se défend La Société Nationale des chemins de 1er vient d'éditer une brochure intitu lée Le Rail et la Route Comme nous avons plusieurs reprises traité ce sujet dans LE SUD nous don nons ici la défense de la Société Na tionale. Le problème est compliqué, et cet article est fatalement ardu. Il faudrait en conclure que le public a tort de donner trop rapidement un avis catégorique sur ce délicat pro blème. Comparaison des prix de revient de la route et du rail. Quand on veut établir le prix de revient moyen des transports par route, on se heur te immédiatement une difficulté capitale, le manque de documentation. Aucun orga nisme de transport routier ne publie de statistique ni de compte d'exploitation et l'on en est réduit procéder des évalua tions et émettre des hypothèses. Les unes et les autres peuvent être contestées. Nous nous sommes efforcés, pour éviter toute critique, d'adopter des bases défavo rables la thèse que nous développons* ici. C'est avec ce souci constant que chacun des postes des prix de revient faisant l'ob jet du tableau annexe a été établi. Ainsi qu'on pourra le constater, nous avons adopté 0 fr. 45 comme prix 4c l'es sence, éliminant ainsi le montant total des taxes dont est frappé ce produit. En ne retenant, dans le prix de revient, que les taxes qui, frappent le véhicule lui- même, nous sommes sûrs d'avoir porté en compte une charge inférieure aux frais d'en tretien et de renouvellement de la route qui, incontestablement devraient être incor porés dans le prix de revient, comme le sont les frais d'entretien et de renouvelle ment de la voie dans le prix de revient des transports par fer. Nous n'avons pas porté en compte les frais d'intérêt et d'amqrtissement financier des capitaux engagés dans le matériel. Nous répondons ainsi l'objection si souvent présentée de l'absence de charges finan cières fixes dans les comptes de la Société Nationale des Chemins de fer, pour les immobilisations antérieures 1926. Pour les dépenses de capital depuis cette date, la Société supporte les charges d'intérêt et d'amortissement. Le parcours moyen annuel des camions et camionnettes a été pris égal 30.000 km. et le chargement moyen 70 p. c. de la capacité. Ce sont plutôt, semble-t-il, des maxima rarement dépassés. Tous les autres éléments des dépenses ayant été établis avec la même modération, on peut en conclure que les prix de revient en résultant sont plutôt en dessous de la moyenne et peuvent représenter les dépenses effectives des transports par camions. Ces prix de revient qui sont en moyenne de 1 franc par tonne kilomètre, varient de 0,44 1 fr. 28, suivant le type de véhicule utilisé. Que peut y opposer le rail La réponse se trouve dans les statis tiques de la Société Nationale des Chemins de fer belges. On y voit que le prix de revient moyen de la tonne était en 1929 de 22 centimes en 1933, il s'élève 26 centimes. Cette augmentation importante s'est pro duite malgré une baisse de 15 p. c. des salaires et une baisse plus forte encore du prix des matières de consommation de toute nature. Toutes les mesures d'organisation prises par la Société Nationale n'ont pas non plus pu l'enrayer. L'origine de cette augmentation doit être trouvée exclusivement dans la baisse du trafic marchandises qui a atteint 47 p. c. de 1929 1933. En exploitation de che mins de fer, plus peut-être que dans toute autre industrie, les frais fixes, c'est-à-dire ceux qui restent presque invariables quelle que soit la production, influencent consi dérablement le prix de revient ainsi que rétablissent les chiffres suivants. Le prix de revient de 1929 peut se dé composer en deux parties 0,12 fr. de dépenses proportionnelles au trafic et 0,10 fr. correspondant aux dépenses fixes. Avec le même trafic qu'en 1929, ces deux éléments seraient devenus en 1933 respectivement 0 fr. 102 et 0 fr. 085 comme conséquence de la baisse des salaires et des prix. Toute augmentation de trafic n'influence que la partie variable des dépenses et n'aug mente par conséquent les dépenses totales qu'à raison de 0 fr. 10 environ par tkm. On peut donc dire que si les transports enlevés par la route étaient restés au che min de fer, il les eût effectués un prix de revient de 0 fr. 10. C'est ce prix de revient très réduit de la tonne en plus qui a permis au chemin de fer d'accorder des réductions de tarifs atteignant parfois 35 40 p.c. quand ces réductions avaient pour résultat peu près certain d'augmenter, dans une proportion suffisante, le tonnage transporté. Ces réductions ont fait dans la presse l'objet de critiques très vives des défenseurs de la route et de l'eau qui ne peuvent admettre que leur concurrent jouisse, dans une mesure très limitée d'une liberté dont ils ont toujours bénéficié sans restriction. Mais ce prix de revient très réduit de la tonne en plus ne peut être invoqué en faveur d'une réduction générale des tarifs qui n'aurait pas pour conséquence peu près certaine une augmentation importante du trafic. Il serait osé de prétendre qu'une réduction de 10 p. c. ou 15 p. c., chiffres qui ont été mis souvent en avant en ces derniers temps, auraient eu une telle con séquence. Ainsi qu'il est établi ci-dessus, on peut donc opposer le prix de revient de 10 centimes par rail celui de 1 franc de la route, pour tout le trafic enlevé par celle- ci'. Ainsi donc, côté d'un prix de revient par route de 1 franc environ pour le trafic qui a été enlevé au chemin de fer, nous trouvons un prix de 10 centimes s'il était resté au rail. Chaque tonne-km. qui passe du rail la route entraîne donc une dépense supplé mentaire de 90 centimes. C'est là le prix dont on paie les avantages d'ordre par ticulier et souvent plus théoriques que pra tiques que présente le transport par auto. Ce que la concurrence injustifiée de la route coûte au pays. Et cependant, malgré cet écart énorme des prix de revient, la route a pris au rail un trafic important que nous allons tenter d'évaluer. L'absence de statistique routière nous obligera d'ailleurs recourir des estimations que nous nous efforcerons d'é tablir avec le souci constant de la modé ration. Pour déterminer l'importance du trafic passé du rail la route, nous rechercherons ce qu'eût été en 1933 le trafic de la route et du rail s'ils s'étaient partagé les trans ports dans la même proportion qu'en 1929, c'est-à-dire si l'un et l'autre avaient subi dans une mesure identique les effets de la dépression économique. Nous n'envisagerons que le trafic inté rieur, excluant du calcul le trafic interna tional ou de transit. En 1929, le trafic intérieur des chemins de fer belges, comportait 2.809 millions de tonnes-kilomètres. En 1933, il n'est plus que de 1.755 millions de tonnes-kilom. Quant au trafic sur route, nous l'éva luerons de la façon suivante. Nous admet trons comme parcours annuel les chiffres suivants résultant de renseignements puisés auprès de spécialistes des transports par route, renseignements que nous avons con trôlés dans toute la mesure du possible. Camions légers de moins de 2 tonnes... 18.000 km. Camions de 2 tonnes20.000 km. Camions de 2 3 tonnes22.000 km. Camions de 3 4 tonnes25.000 km. Camions de 4 5 tonnes30.000 km. Camions de plus de 5 tonnes... 40.000 km. Nous admettrons comme charge moyenne transportée 70 p. c. de la capacité de char gement, en remarquant que si les véhicules roulent souvent avec des charges incom plètes, d'autres aussi admettent des charges supérieures au maximum prévu par le con structeur. Appliquant ces chiffres au nombre de véhicules de différentes catégories tels qu'ils figurent dans la statistique annuelle du Ministère des Finances, nous trouvons pour le trafic par route En 1929, 1.367 millions de tonnes-km en 1933 1.947 millions. Pour 1933, nous déduirons cependant dix pour cent soit 194,7 millions pour tenir compte de ce que par suite de la crise, un certain nombre de camions sont sans emploi ou insuffisamment utilisés. Les trafics seraient ainsi 1929 1367 mil lions de tonnes-km. 1933 1752 mill. Le trafic intérieur total, rail plus route, est donc passé de 4.177 millions en 1929 3.507 millions 1933. De ce trafic total, la part du rail était en 1929 de 67,26 p. c. Si cette proportion s'était maintenue en 1933, la part du rail aurait été de 2.359 millions au lieu de 1.755, chiffre réel, soit une augmentation de 604 millions de tonnes-km. Ce trafic aurait pu être transporté par rail au prix de revient de 10 centimes par ^km., soit avec une dépense totale de 60,4 millions de francs. Comme il s'agit en général de marchandises chères, la So ciété Nationale aurait pu percevoir une recette que l'on peut estimer 40 centimes par tonne-km, ou au total 241,6 millions. D>oi un bénéfice de 180 millions qui eût permis la Société d'envisager une réduction importante des tarifs généraux. En admettant que tous les transports pris aux chemins de fer aient été effectués par des camions de plus de 1,5 tonnes, ce qui est excessif, le prix de revient du trans port par route s'est élevé 604 millions de francs. Cependant, avant de conclure, il faut comparer le service rendu dans les deux cas. Dans le cas de la route, la marchan dise est prise au domicile de l'expéditeur et remise au domicile du destinataire, sans débordement. Dans le cas du rail, plusieurs situations peuvent se présenter 1) Expéditeur et destinataire sont tous deux raccordés au chemin de fer 2) L'expéditeur ou le destinataire est raccordé au chemin de fer, l'autre pas 3) Ni l'expéditeur ni le destinataire ne sont raccordés. Dans le premier cas, au coût du transport de station station, il faudra ajouter les frais sur le raccordement. Dans le second cas, il faudra ajouter au prix de transport pour le raccordé, les frais sur le raccordement pour le non rac cordé, le coût du transbordement dç wagon sur camion et le coût du transport par camion de la station au domicile ou vice versa. Dans le troisième cas, les frais supplé mentaires comprendront le transport par ca mion du domicile de l'expéditeur la sta tion de départ, les frais de transbordement de camion sur wagon, les frais de transbor dement de wagon sur camion la station d'arrivée et enfin les frais de camionnage de la station d'arrivée au domicile du des tinataire. On est ici obligé, pour déterminer le» dépenses probables, de recourir des hy pothèses et des évaluations extrêmement difficiles établir. Nous nous sommes ef forcés de le faire avec toute l'objectivité désirable. Nous avons supposé que le trafic enlevé au chemin de fer se répartissait comme suit 20 °/0 de raccordé raccordé, 30 de raccordé non raccordé, 50 de non raccordé non raccordé. Nous avons pris pour base une distance moyenne de 1,5 km. du point de départ ou de destination la station voisine et nou» avons fixé comme suit les frais de prise ou de remise domicile a) frais sur raccordement 50 centime» par tonne-km. b) frais de camionnage 4 francs par tonne-km. c) frais de transbordement de camion sur wagon ou vice versa 2 francs par tonne. Le prix de revient total de prise et re mise domicile calculé sur ces bases se rait de 110 millions de francs. Le transport des 604 millions de tonnes- km. enlevées aux chemins de fer aurait donc coûté au total (prix de revient) 60,4 -f'IlO 170 millions. A ce chiffre, nous ajouterons encore 3(y millions pour tenir compte du coût des emballages supplémentaires qu'exige le transport par chemin de fer et nous arrive rons ainsi au total de 200 millions com parer aux 604 millions qu'a coûté le trans port par autos. Nous sommes donc autorisés conclure que, ainsi que nous l'avons dit au début de cet exposé, le transport des marchandise» par auto est un transport coûteux, au même titre que le transport des voyageurs par auto particulière ou par autobus et auto cars. Les transporteurs par autos ne peuvent donc vivre qu'à la faveur de la tarification la valeur en usage sur les chemins de fer, en prenant ceux-ci les seuls transports rémunérateurs et en leur laissant les au tres. Toute l'industrie devrait être aux côtés des chemins de fer dans la lutte pour la vie qu'ils mènent actuellement. En s'adres sant l'auto, les industriels bejges gaspil lent annuellement plias de quatre cent mil lions en pure perte. Et c'est d'autant plus grave qu'une bonne partie de ces millions va l'étranger, four nisseur d'essence, d'huile, de caoutchouc, d'auto-camions, sans aucun bénéfice com pensatoire pour le pays. JADOT, G. RULOT, N. Directeur des Finances Directeur Général m hebdomadaire illustré avec un radio-programme, de l'humour, du cinéma, des actualités, etc. 1 fr, le a*. Journal illustré, publie un roman complet par semaine. 1 fr. le n°. publiceert wekelijks een volledigen roman. Geïllustreerd. 1 fr. per nr.

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Le Sud (1934-1939) | 1934 | | pagina 6