Les Valeurs Economiques de la Fl. Occidentale
L'agriculture
LA FLANDRE-OCCIDENTALE
ET L'AGRICULTURE.
IMPORTANCE ET SIGNIFICATION
DE L'AGRICULTURE
EN BELGIQUE.
IMPORTANCE de L'AGRICULTURE
EN FLANDRE-OCCIDENTALE.
VARIETE DES CULTURES
EN FLANDRE-OCCIDENTALE
ETAT DE L'AGRICULTURE
DANS LE MONDE
ET EN BELGIQUE.
Comme nous l'avions promis nos lec
teurs, nous donnons le discours prononcé
par M. le Gouverneur BAELS l'occasion
de l'ouverture de la session du Conseil pro
vincial. Nous sommes convaincus que tous
liront avec le plus vif intérêt cette remar
quable étude.
Il m'a été donné de vous dire l'an der
nier que la Flandre Occidentale est en soi
un monde par les richesses qu'elle contient,
par la splendeur de son passé, ses trésors
artistiques, les manifestations les plus di
verses de sa vie économique. La West-Flan-
dre est la province la plus belle, la plus
complète
Je me propose d'illustrer cette concep
tion et, si vous voulez bien me le permettre,
d'exposer en ce discours d'ouverture et
dans les suivants si l'occasion m'en est don
née, quelle place importante la Flandre
Occidentale occupe dans l'activité profes
sionnelle et la vie intellectuelle du pays
Flamand et de la Belgique.
Je voudrais ainsi mettre en relief les va
leurs économiques et spirituelles de la West-
Flandre.
Dans l'ordre économique nous trouvons
l'agriculture, l'activité maritime, les indus
tries, le tourisme.
Dans l'ordre spirituel se tangent la litté
rature, l'architecture, la sculpture, la pein
ture, la musique et tout ce qui forme l'his
toire de nos régions si lourdement chargée
de gloire.
Il est tout naturel que ma pensée se
porte tout d'abord vers l'agriculture. Cette
industrie est en effet, considérée juste
titre comme la première et la plus néces
saire, parce que son but et sa mission con
sistent assurer la subsistance de la po
pulation ou tout au moins de la ma
jeure partie de celle-ci et procurer
des matières premières nos principales
usines.
D'autres industries, il est vrai, occupent
dans notre pays un nombre plus grand
d'ouvriers en raison même de cette cir
constance le caractère industriel du pays
est, sinon prédominant, tout au moins con
sidéré comme tel. Il reste acquis toutefois
que la production agricole contrebalance,
peu près, celle de toutes les autres indus
tries réunies.
En réalité, dans tous les pays de l'uni
vers, l'agriculture prédomine. Dans cer
tains pays d'Europe en France, en Rou
manie, en Pologne, le pourcentage des agri
culteurs atteint 60, 70, 80 de la popu
lation et cette proportion se retrouve en
core en Amérique et dans d'autres par
ties du monde.
Il s'ensuit que la crise mondiale est in
timement liée la situation précaire de
l'agriculture. En effet, la masse innombra
ble des travailleurs de la terre constitue la
vaste clientèle et l'immense débouché des
productions industrielles les plus diverses.
Quelle noble mission que de pourvoir
aux besoins de l'humanité Et ce qui
donne cette mission un caractère remar
quable, c'est qu'elle peut s'accomplir sans
détruire le sol, sans en diminuer la va
leur. L'extraction des minerais, des pierres,
du charbon, produisent un vide dans les
mines et mène l'épuisement. Par contre,
les moissons succèdent aux moissons, les
plantes revivent, les fleurs refleurissent et
le sol garde sa substance et sa fertilité.
Bien plus, la société trouve dans l'agricul
ture un élément primordial de conservation,
car c'est dans les campagnes que les villes
trouvent se repeupler Les éléments sains
et vigoureux du dehors viennent combler
les vides causés par la vie énervante et la
baisse de la natalité, dans les centres ur
bains.
C'est juste titre que dans son ouvrage
sur l'économie domestique rurale. M. Vlie-
bergh insistait sur la nécessité de mainte
nir les ponulations la campagne pour le
plus grand bien de la Société et de 1 Etat.
Jusqu'en ces dernières années l'opinion
publique nationale et étrangère paraissait
considérer l'agriculture comme une indus
trie très inférieure, voire insignifiante. Il a
fallu bien des efforts pour modifier ce cou
rant d'opinion. Celui-ci reposait sans au
cun doute sur l'extraordinaire capacité d'ex
portation du pays. Avant la guerre nous oc
cupions le 5e rang dans la balance com
merciale et, compte tenu du chiffre de no
tre population, nous avions pris avec éclat
la première place. L'erreur de conception
était dûe encore et surtout la constata
tion, au reste très exacte, que la Belgique
dépendait de l'étranger pour les trois quarts
de son approvisionnement en blé. Cette dé
ficience en pain, alimentation quotidienne
de tous, avait principalement sauté aux
yeux.
Il est acquis que nous importons 12 mil
lions de sacs de froment pour nos meu
neries et que 4 5 millions de sacs
peine, sont récoltés sur notre sol. Une par
tie notable de cette production se consomme
d'ailleurs directement dans les exploitations
rurales. Il n'est pas moins vrai que l'agri
culture belge pourvoit, directement ou in
directement, dans la proportion de 87
aux nécessités du pays directement par
les cultures de consommation indigène, in
directement par l'exportation de marchan
dises, dont la valeur couvre, concurrence
de un milliard et demi, le prix d'achat des
matières alimentaires importées.
D'après les chiffres de 1929 et de 1930,
la production agricole atteignait 14 mil
liards, l'importation était de près de 3 mil
liards dont la moitié était couverte par nos
exportations. Si une baisse peut être consta
tée dans les statistiques actuelles, la rela
tivité reste la même car tous les prix ont
baissé.
Cette importance de notre agriculture est
remarquable il faut tenir compte en effet
de ce que 2 millions d'hectares peine
de notre territoire, qui est le plus restreint
des pays d'Europe, peuvent être utilisés
comme terres arables Des résultats aussi
appréciables sont dus l'incomparable puis
sance de travail de nos agriculteurs et de
nos horticulteurs, aux modes de leur acti
vité culture intensive, multiplicité des
productions, cultures de plantes industrielles
et de luxe.
Seules les méthodes rationnelles et scien
tifiques onn permis d'obtenir les rende
ments les plus élevés sur les espaces les
moins étendus. La multiplicité des produc
tions s'explique par le nombre des pe
tites exploitations existant dans nos ré
gions flamandes subdivisées et morcelées,
peuplées de familles nombreuses. La cul
ture des plantes industrielles et de luxe
est due aux dons affinés, aux soins, aux
recherches patientes, de nos agriculteurs et
de nos horticulteurs si hautement appré
ciés.
Il n'eut servi de rien d'emblaver la moi
tié de nos terres au détriment des cultures
industrielles, des productions de plantes et
de légumes de choix, de l'élevage du bé
tail et des animaux de basse-cour, alors
que le froment se tfouve en abondance et
bon compte, sur le marché mondial.
A mon sens la Car, pania del Grano
d'Italie était une conception risquée,
moins qu'on ne l'envisageat sous l'angle de
considérations autres que des considérations
de paix.
Nous avons vu ainsi que, pendant les
années 1926 1930, le cheval de trait
belge, considéré comme le plus beau et le
plus fort du monde, était acquis par l'étran
ger concurrence de 200 millions nar an.
Nous avons vu exporter nos chicorées de
Bruxelles (witloof)nos asperges, nos cos-
settes de chicorée, nos pommes de terre
hâtives, pour un montant de cent millions.
Nous avons vu les marchés anglais et
allemands, acquérir nos ceufs raison de
700 millions, le marché intérieur restant
abondamment pourvu, alors qu'avant guerre
notre balance était déficitaire de 60 mil
lions.
Nous avons vu les raisins d'Hoeylaert
garnir les tables riches des capitales d'Eu
rope, tandis que les plantes ornementales
et les fleurs de nos serres ornaient l'étran
ger les palais, les jardins et les habitations
A coup sûr la crise et les barrières doua
nières viennent assombrir ce riant tableau,
mais lorsque les temps anormaux auront
pris fin, le mot d'ordre de notre politique
agricole devra rester Le triomphe de la
belle culture
L'agriculture de la West-Flandre joue un
rôle prépondérant dans l'économie natio
nale, grâce une race de paysans tenaces
dont l'audace et l'activité sont connues par
delà nos frontières, aussi bien dans les cen
taines de fermes françaises où maint tri-
mard ou franschman s'est établi, qu'au
Canada où des chercheurs d'aventures s'éle
vèrent au rang de gentleman-farmer
Race de paysans courageux, dont la vie do
mestique est exemplaire.
Notre province possède un sol riche et
varié au Nord, les régions sablonneuses
coupées par les polders, au Sud, les régions
argileuses, au Centre, les régions sablo-
argileuses.
Ajoutez ces avantages, les méthodes
de travail déjà soulignées plus haut cul
ture intensive, variée, spécialisée.
On remarque sur tout notre territoire,
mais en particulier dans presque toutes nos
fermes si petites soient-elles, la diversité
des cultures et des élevages.
Il n'est pas d'un particularisme téméraire
ou naïf de constater que la Flandre-Occi
dentale rient de loin la première place dans
cette diversité. J'en prends témoin la
statistique suivante
Diversité des cultures
Espèces en Flandre dans tous
Occidentale le Pays
Ha. Ha.
25.700 150.000
26.800 230.000
3.000 31.000
35.000 295.000
5.350 11.000
3.500 7.000
6.000 11.000
1.500 3.000
5.400 7.000
8.000 55.000
26.000 170.000
12.000 80.000
7.000 67.000
18.000 250.000
45.000 280.000
Froment
Seigle
Orge et escourgeon
Avoine
Fèveroles
Pois
Lin
Tabac
Chicorées
Betteraves sucre
Pommes de terre
Betteraves fourragères
Vergers
Prés faucher
Pâtures
Diversité des élevages.
Chevaux
Vaches laitières
Cheptel bovin total
Porcs
Volailles
unîtes
37.000
115.000
230.000
185.000
3.000.000
unités
250.000
936.000
1.850.000
1.140.000
20.000.000
Culture intensive en Flandre Occidentale
Le rendement moyen par hectare est, pres
que pour toutes les cultures, plus élevé en
Flandre Occidentale que dans les autres
provinces. La cause de cette supériorité ne
gît pas tant dans la qualité du terrain mais
encore et surtout, comme le déclarait une
personne autorisée, dans l'activité industri
euse et la compétence des agriculteurs West-
Flamands. Il n'est pas contesté d'ailleurs
qu'à ces points de vue ils dépassent leurs
collègues de tout le pays.
Rendement par hectare en 1932.
Espèces en Flandre Occ. en Belgique
Froment 2.859 Kgr.
Seigle 2.821
Escourgeon 3.175
Orge 2.624
Avoine
3.351
2.637
Sarrazin
2.000
1.696
Fèveroles
3.068
2.766
Pois
3.099
2.664
Lin (graines)
641
610
Lin (fibres)
847
812
Tabac
2.681
2.325
Houblon
1.201
1.212
Racines chicorées
31.837
31.545
Better. sucre
33.955
32.473
Better. fourrag.
85.052
73.293
Carottes
29.444
30.037
Navets et raves
51.554
46.222
Pommes de terre
26.546
25.115
Trèfle français
9.130
»-
Trèfle commun
4.300
3.445
Trèfle incarnat
6.504
4.909
Luzerne
6.855
5.275
Prés faucher
5.375
4.438
Raygras, etc.
6.295
4.322
2.679 Kgr.
2.642
2.950
2.200
Spécialités, Cultures industrielles
et Cultures de luxe en Flandre Occidentale
La Flandre Occidentale s'est appliquée
la culture des principales essences de la.
production agricole belge. Il serait difficile-
de découvrir dans une autre province un
aussi riche ensemble.
Nos pommes de terre sont connues com
me étant les meilleures. Les emblavements
de nos betteraves sucre ont triplé depuis
la guerre. La culture de la racine de chi
corée occupe les 6/7 de la production to
tale du pays. L'élevage de basse-cour a pro
gressé depuis la guerre d'une manière in
ouïe. L'élevage du porc est tout indiqué
pour alimenter le marché anglais. Le beurre-
très réputé mérite d'être apprécié encore
davantage. Notons enfin comme spécialités
le houblon, le lin, le tabac, les produits
horticoles.
Dans l'univers entier, la situation de l'a
griculture est déplorable. Cet état calamiteux
a succédé une prospérité réelle qui dura
de 1924 1928. La dépression des prix
de vente sans abaissement correspondant des
prix de revient est symptomatique ce sont
les effets d'une surproduction intensive et
d'une diminution de la consommation.
La tendance l'autarchie qui vise uti
liser exclusivement les produits agricoles re
cueillis sur le sol même du pays, a sus
cité certaines cultures nouvelles dans des
états qui jadis étaient importateurs.
La conséquence naturelle en a été l'or
ganisation d'un système de défense sous
forme de droits douaniers, de primes
l'exportation, de restriction des importations-
et de contingentements.
Longtemps la Belgique lutta contre la
crise menaçante. Si le rendement des cé
réales fut sérieusement déficitaire en 1928
et 1929, le produit de l'élevage comblait
ce déficit et l'on parvenait balancer les
comptes. Mais en 1930 chaque exploita-
tarion clôturait en mali, tout comme dans
les autres pays. L'index des prix de revient
étant 130. celui des prix de vente s'ef
fondrait 80. Certes ce phénomène fut
plus sensible dans la région wallonne où,
en règle générale, les fermes s'étendent sur
50 hectares et plus, avec un personnel nom
breux et où l'on ne s'occupe que des cul
tures principales. Il fut moins sensible dans
les provinces flamandes où l'exploitation
est nlus divisée, plus réduite, plus diverse
et olus familiale.
En Flandre Occidentale surtout la dé
pression fut la moins profonde, car nous-
avons ici des fermes peu étendues, une di
versité très nuancée dans les cultures et
beaucoup de familles nombreuses. Cepen
dant toute comptabilité industrielle, tenant
compte du salaire des enfants, devait abou
tir inévitablement un solde débiteur plus
ou moins grand.
(Suite dans le prochain numéro).